dimanche 31 mai 2009

Europe : Comme une Communauté de Communes ?


Pauvres élections européennes : moins médiatiques que la grippe porcine, elles
passent au second plan de l’actualité. Bilan, l’abstention pourrait être importante. Et pourtant, elles influenceront largement notre quotidien.
Selon le principe des Communautés de Communes (où les communes délèguent à la Communauté), les états membres de l’UE ont transféré une partie de leurs compétences à l’Union. Ce sont ces fameuses compétences que le Parlement Européen exerce en lieu et place des parlements nationaux (dont l’Assemblée Nationale).


Heureux les invités au repas de Strasbourg car le royaume européen leur est ouvert ! Pour la France, ces représentants seront au nombre de 74, à désigner le 7 juin prochain par les électeurs.
Ils rejoindront les sept groupes politiques du Parlement européen et permettront ainsi de dégager une majorité (actuellement détenue par la droite) : Philippe de Villers chez Libertas et les Irlandais, Rachida Dati et Marielle de Sarnez au PPE avec les amis d’Angela Merkel, Daniel Cohn-Bendit au groupe vert qui pourrait être puissant, Bernadette Vergnaud avec les socialistes européens et l’extrême gauche... avec l’extrême gauche.

Pour l’instant, la campagne est frileuse. Depuis longtemps, les états brandissent le spectre de la législation européenne pour expliquer les désagréments dont sont victimes les citoyens. Quand tout va bien, le gouvernement tricolore jubile. Dès que le ciel s’obscurcit, l’index est aussitôt pointé vers les technocrates bruxellois qu’on accuse d’être loin des peuples. Avec le temps, les habitants ont fini par se convaincre que le grand méchant loup se cachait au Parlement européen.

Rappelez-vous les réactions qu’entraînait la directive Natura 2000 qui visait à classer certains territoires en zones naturelles. « Non aux sanctuaires » clamaient les détracteurs. Claude Belot avait failli s’étrangler en apprenant la protection des chauves-souris siégeant aux carrières de Bellevue tandis que Bernard Lalande assurait que les pinèdes du Sud Saintonge ne deviendraient pas une réserve d’indiens. Dommage, le tipi fait plutôt écolo !
Eurosceptique, la population est restée sur ses positions. En 2005, elle a voté non au traité établissant une Constitution. Il faut dire que ses griefs sont variés. Les chasseurs, par exemple, l’ont dans leur ligne de tir : « si le jour de l’ouverture, je ne puis m’exprimer, alors, élus de tous poils, gare à vos nez ! On ne touche pas aux acquis révolutionnaires ». Les anciens agriculteurs évoquent l’époque où l’Europe ne mettait pas les pieds dans la PAC. Elle ne régentait pas non plus les horloges instituant les heures d’été et d’hiver.

Bref, nombreux se demandent quel rôle exact joue l’Europe : « on y met des planqués, ceux qui ont raté un scrutin national et que leur parti cherche à recaser. Ils coûtent cher aux contribuables » insinuent les plus remontés. Leur cible préférée est Rachida Dati qui devrait trouver en ce nouvel hémicycle une quiétude qu’elle n’a pas eue en gardant les sceaux. Elle y croisera Daniel Cohn-Bendit qui lui racontera les barricades de mai 68. A chacun ses turbulences !

Les jeunes, quant à eux, sont soucieux de l’avenir européen. Pour accomplir leurs humanités, ils savent qu’ils devront “circuler“. Ils veulent une Europe unie et forte qui pèse de tout son poids dans la balance mondiale.
En constituant un marché unique basé sur le libéralisme avec la libre circulation des marchandises et des capitaux, Jean Monnet, négociant en cognac, a cru que l’on passerait d’une économie de marché à une organisation politique qui sauvegarderait le salaire des travailleurs. Ce fut un échec. On ne navigue pas ainsi du marché à la démocratie.L’espace créé a conduit à une politique libérale avec la bénédiction des gouvernements, socialistes y compris.

La crise actuelle, qui résulte de ce système, a changé les mentalités. L’Europe sera-t-elle capable d’imposer une autre politique et de nouvelles solidarités, notamment l’application de règles et d’avantages sociaux qui permettront à la concurrence de s’exercer tant au niveau des hommes que des entreprises ? La concurrence humaniste peut être un vrai projet politique.
« La vieille Europe, elle ne revivra jamais : La jeune Europe offre-t-elle plus de chances ? » : Qui répondra à cette interrogation que posait déjà François René de Chateaubriand ?...

Photo : Vue du Parlement Européen. Le désintérêt des Français pour cette élection tient au fait que les députés européens ne sont pas proches de la population. « De parfaits inconnus la plupart du temps » regrettent certains électeurs qui aimeraient davantage de communication, et pas seulement à huit jours du scrutin…

• L'info en plus

Le Parlement sortant compte sept groupes
• Le Parti populaire européen (Démocrates-chrétiens) et des Démocrates européens (PPE-DE) : 288 députés ;
• Le Parti socialiste européen (PSE) : 216 députés
• L’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ALDE) : 99 députés ;
• L’Union pour l’Europe des Nations (UEN) : 44 députés ;
• Les Verts /Alliance libre européenne : 43 députés ;
• Le Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL) : 41 députés ;
• Le groupe Indépendance et démocratie (IND/DEM) : 22 députés.
• En outre, 30 députés n’appartiennent à aucun groupe. Ils sont qualifiés de “non-inscrits“.

Combien gagne un député européen ?
Indemnité mensuelle (brut) 7 000 €, indemnité mensuelle représentative de frais de mandat : 3 500 € brut, indemnité journalière pour frais de bouche et de logement : 251 €, remboursements de frais de voyage : calculés sur une base kilométrique aérienne forfaitaire en fonction du lieu d’élection. Durée du mandat : 5 ans.
Les députés européens reçoivent une indemnité identique à celle de leurs députés nationaux. Les frais sont pris en charge par le Parlement européen. Un statut commun à tous les euro députés a été adopté en
septembre 2005.

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