dimanche 15 mars 2009

Saintes : Qui veut acheter un musée ?...


Le Présidial est à vendre





Les agences immobilières de Saintes à l'affût...


Depuis que la nouvelle a été annoncée, les Saintais s’interrogent. L’hôtel du Présidial, qui abrite le musée des Beaux-arts, fermerait définitivement ses portes à la fin de l’année 2009. Cet hôtel particulier, dont l’architecture date du tout début du XVIIe siècle avec sa belle façade Henri IV, ses hautes fenêtres, son toit en pente aigüe et ses petites lucarnes à fronton triangulaire était, jusqu’à la Révolution française, la demeure des présidents du tribunal, d’où son nom. En plein centre historique de la cité santone, on ne peut pas le manquer puisque ce musée, sis dans la rue Victor Hugo, est placé sur la très ancienne artère principale, en prolongement de la rue Arc-de-Triomphe, de l’autre côté de la Charente.

Un legs du Comte Lemercier

Ses collections, remarquables, sont le fruit de nombreuses donations, achats et legs dont celui du Comte Louis Lemercier, sénateur, ayant offert une importante collection de tableaux à sa ville en 1864. Quelque cent ans plus tard, en 1967, la municipalité fait l’acquisition de cette demeure de la rue Victor Hugo pour y exposer ses nombreux trésors.
Qu’on en juge. On y trouve des collections de peintures anciennes présentant un riche panorama des écoles flamandes (Shooten, Coignet), française (influence de Nicolas Poussin), italienne, hollandaise du XVe au XVIIIe siècles avec des portraits, des scènes bibliques ou mythologiques, des paysages (Rigaud, Allegrain, de la Traverse). La pièce maîtresse est «L’allégorie de la Terre Nue» des artistes flamands Jan Brueghel, dit de velours, et H . Van Bolen. Sur trois niveaux et six pièces, on peut évoluer dans ce beau musée et admirer également la céramique saintongeaise, très bel hommage à Bernard Palissy et à son héritage artistique avec des pièces du centre de production de la Chapelle-des-Pots (XIVe – XIXe siècles) débutant à la Renaissance avec, entre autres, des poteries, des épis de faîtage, des objets. Le service éducatif de la Conservation des Musée a d’ailleurs conçu deux dossiers pédagogiques à destination des enseignants des différents cycles pour une présentation du musée de manière ludique.

De nombreuses interrogations

Alors, pourquoi se débarrasser d’un édifice emblématique appartenant, qui plus est, au patrimoine saintais ? La nouvelle politique culturelle voudrait que l’on recherche les économies et l'aspect pratique que représenterait un seul endroit, le musée de l’Echevinage, situé à deux pas, avec une possible extension par l’annexion de la salle centrale - l’ancien tribunal où exerçait le locataire du Présidial - et l’école primaire des Jacobins. Ce nouvel espace permettrait de réaffecter les collections du Présidial dans des volumes plus grands et fonctionnels.
Si l’intention de restructurer est tout à fait louable, que penser de l'état de délaissement du Présidial ?
Il semblerait que son toit soit en piteux état et qu’il faille engager une dépense de près de 70 000 euros pour sa réparation. Doit-on vendre cet immeuble parce qu’il y a des fuites au toit ? L’arc de triomphe, sur la place Bassompierre, qui subit des désagréments dus aux intempéries et au temps qui passe pourrait très bien faire l’économie d’une réfection, si l'on se base sur ce même principe. Contactons-donc un négociant en matériaux et procédons au démantèlement de ce monument qui ferait des pierres de construction très appréciables !
Ou alors mettons-le aux enchères chez Christie's ! En poussant le raisonnement à l’outrance, comblons les thermes de Saint Saloine en piteux état et parce que le prix du mètre carré constructible devient prohibitif, construisons à leur place un immeuble de bureaux ou d’habitations.

La notion de patrimoine et de propriété commune doit bien évidemment entrer en jeu. Le musée du Présidial appartient bel et bien à la collectivité et il semble qu’une réflexion poussée devrait avoir lieu. Nous avons contacté quelques professionnels de l’immobilier saintais et leur avons posé la question de cette vente annoncée. Quelques uns ont été embarrassés car, à leur connaissance, il n’y a pas de précédent, en tout cas sur le secteur, de vente d’un tel lot historique. D’autres se sont risqués, sur notre demande insistante, à une évaluation comprise entre 1,5 et 2 millions d’euros. Cet immeuble, ce musée saintais vaut-il vraiment ce prix ? En tout cas, tous s’accordent à dire que le moment n’est vraiment pas propice à une telle vente, vu le contexte économique général actuel.

Il nous appartient peut-être alors de faire une suggestion. Puisque les collections du musée du Présidial seront déménagées dans le contexte d’un musée plus grand et mieux étudié, pourquoi ne pas conserver le Présidial et l’offrir à l’Office du Tourisme, actuellement à la villa Musso, qui souhaite changer de décor ? Les touristes ne perdraient pas au change et les Saintais conserveraient ainsi un héritage patrimonial aux richesses reconnues. Toutes les richesses. La réflexion est lancée.

L'info en plus

Déjà, du temps de Bernadette...

«L’idée de vendre le Présidial, trop cher à entretenir, ne date pas d’aujourd’hui» souligne Jean Rouger, maire de Saintes. L’actuelle municipalité ne fait donc que reprendre le flambeau. Son objectif est de créer un pôle des activités artistiques autour de la bibliothèque François Mitterrand.
Le musée serait officiellement en vente même si les agences immobilières de la ville, dont la Forêt, ne l’ont pas encore en « magasin ». Le premier magistrat pense que ce bel immeuble, peu fonctionnel cependant, pourrait intéresser la Fondation du Patrimoine. Affaire à suivre.

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