jeudi 22 novembre 2007

Pour sauver le théatre, Marcel Maréchal fait des scènes !

Marcel Maréchal rêve d’un monde où le théâtre retrouverait toute sa place. Comme dans le temps d’avant. Il a mis ce songe en scènes.



Cette année, les Tréteaux de France ont changé de chapiteau. Il est plus petit que le précédent et rouge. Comme le nez d’un clown. Installé sur la place du Champ-de-Foire, on remarque aussitôt cette toile colorée qui scrute l’horizon jonzacais.
Pour célébrer la saison nouvelle, Marcel Maréchal propose un “rêve de théâtre“ mettant en scène des extraits de pièces célèbres. Vifs, les passages s’enchaînent sans se contrarier, à la manière d’une grande famille qui se mettrait à défiler sur les planches.
Le parrain ne pouvait être que Molière ! Il apparaît, fringuant et séducteur dans son habit de lumière. Il n’a pas pris une ride et la façon dont il regarde ses propres “créatures“ - les tourtereaux du Malade imaginaire - est touchante. Combien de comédiens ont incarné ces deux rôles depuis que leur père spirituel a tiré sa révérence au monde ?
Non loin, se trouve le Cid du fertile Corneille : Chimène et Rodrigue sont réunis dans une tragédie cousue de fils rouges, épaisse comme le sang. Plus léger est Dom Juan, le mythique bourreau des cœurs. Pour l’occasion, Molière endosse la peau de ce personnage qui vivait le moment présent. « On ne badine pas avec l’amour » aurait rétorqué Musset.
Le passage le plus émouvant reste la superbe tirade qu’Edmond Rostand décoche au nez de Cyrano de Bergerac. Quelle formidable description de l’appendice nasal...
Ce rêve de théâtre se termine joyeusement par une satire qui vise la télévision. L’attaque s’adresse aux émissions grand public qui gomment l’envie de s’instruire et privent l’esprit du vagabondage nécessaire (tout le monde ne regarde pas Arte !). Les artistes se moquent de ces présentateurs qui mènent la danse devant les caméras, illuminés par leurs sourires Email diamant. Dans les mémoires, ces animateurs pédants ne dureront pas aussi longtemps que Perdican !
Le songe s’achève sur une note d’espoir et des chansons qu’on fredonne encore quand le rideau est tombé !
Cet hommage aux classiques cache, en réalité, la sombre crainte qu’éprouve le héros de l’histoire, Merlin L’enchanteur. Son théâtre ayant été détruit par la tempête, il ignore si les comédiens y reviendront un jour. Pire, que dira-t-il à la relève quand il n’y aura plus de spectacles à présenter ? Angoisse. Qu’il fasse rire ou pleurer, l’essentiel n’est-il pas que le théâtre continue à exister ? Marcel Maréchal y croit, c’est pourquoi il se bat avec la volonté qui le caractérise en tendant la main à la jeune génération...

Une mission

En parcourant le pays, les comédiens des Tréteaux de France poursuivent leur vie de saltimbanques et accomplissent courageusement la mission qui est la leur : faire découvrir et apprécier le théâtre aux populations. Leur tâche n’est pas évidente face aux nouveaux vecteurs de communication, aux grandes salles de spectacles magnifiquement agencées et aux copieuses programmations.
Aller de ville en ville, un chapiteau sur le dos, peut-il sembler ringard ? La réponse est bien sûr négative en ce sens où ce chapiteau immense rappelle le temps d’avant, celui où l’on se rassemblait pour partager une aventure humaine. Plaise au ciel qu’elle se perpétue car la disparition de ces espaces de proximité culturelle ressemblerait à une partition vide de résonances.



Photo 1 : Les Tréteaux de France vous saluent bien !
Photo 2 : Les spectateurs sont encore une fois ravis !

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