lundi 24 octobre 2022

Académie de Saintonge/Remise des prix 2022 : Elsa Fottorino, Charline Bourgeois-Tacquet, Joël Selo, Benoît Lebreton et Pierrick Aupinel distingués

La remise des prix de l'Académie de Saintonge, que dirige Marie-Dominique Montel, s'est déroulée à Royan le 9 octobre dernier. Ont été distingués : 

• Prix de littérature décerné à Elsa Fottorino pour son roman Parle tout bas (éditions Mercure de France)

Rapport de Christophe Lucet : 

Prix de littérature décerné à Elsa Fottorino

« Avec son quatrième roman « Parle tout bas » (au Mercure de France), Elsa Fottorino s’est hissée dans la première liste du Goncourt 2021 et dans celle du jury Fémina. Une belle reconnaissance pour la romancière de 36 ans, fille de l’écrivain-journaliste Eric Fottorino. Que son père, qui a ses attaches à La Rochelle, ait déjà été primé par notre académie, ne doit pas faire penser à un quelconque népotisme. Car l’auteure de « Mes petites morts » (2009), « Une Disparition » (2012) et « Nous partirons » (2017) trace sa voie avec talent.

Ce roman est, selon ses termes, « un livre de l’intime ». Elsa Fottorino revient sur le viol dont elle fut victime à l’âge de dix-neuf ans lors d’une promenade en forêt. Une nouvelle variation dans la saga « #Metoo » ? Pas vraiment. Ce qui frappe dans ce roman distancié et subtil, c’est sa retenue, sa pudeur. Quinze ans après les faits, le temps a permis la décantation. La douleur est passée. L’auteure a attendu d’être en paix avec elle-même avant de prendre la plume.

Elle le fait à la faveur du resurgissement du passé, causé par l’arrestation fortuite du violeur présumé, et par les convocations que la police judiciaire adresse à la jeune femme. La surprise est brutale. Mais douce aussi puisque les mots pour dire le traumatisme reviennent, alors que la parole était enfouie. D’où l’atmosphère presque apaisée de ce livre où l’Elsa d’aujourd’hui semble s’adresser à sa cadette, dans un dédoublement qui permet de passer du récit au roman.

Maniant l’ellipse, Elsa Fottorino s’exprime en mode mineur (ce qui n’étonnera pas de cette pianiste amateure) rédactrice en chef de la revue « Pianiste », collaboratrice à « Classica » qui s’attache à retrouver la trace de compositrices oubliées comme Hélène de Montgeroult. « La musique est ma vie, elle m’a ramené dans le monde du langage » confiait-elle. Elle parle tout bas et sans acrimonie de ce qui fut et avec ferveur de la douleur dépassée, de la vie qui renaît. Aussi tout un chacun peut-il y trouver une source vive ».

• Prix Royan-Atlantique décerné à Charline Bourgeois-Tacquet pour son film "Les amours d'Anaïs"

Rapport de Pascal Ferchaud : 

Pascal Ferchaud présente Charline Bourgeois-Tacquet

« Née en 1986 à Royan, elle a été élève au lycée Cordouan et s’est très tôt passionnée pour le théâtre. Après son bac, elle est partie vivre à Paris, où elle a suivi de longues études de lettres tout en fréquentant le cours de théâtre de Jean-Laurent Cochet, mentor de Luchini et Depardieu. Hésitant longtemps entre la littérature et le cinéma, elle a travaillé dans l’édition chez Grasset, où elle a notamment rencontré Laure Adler et Jérôme Garcin. Elle décide alors de tout quitter pour faire des films. N’ayant suivi aucune formation, ni de scénariste, ni de réalisatrice, elle a tout appris sur le terrain, en réalisant d’abord des courts métrages autoproduits.

Elle est remarquée en 2018 avec son premier court métrage fabriqué dans des conditions professionnelles, Pauline asservie, sélectionné à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes, puis au Festival de Clermont-Ferrand où il reçoit la Mention Spéciale du Jury et le Prix de la Presse Télérama. Il est présélectionné aux César 2020 et récompensé dans de nombreux festivals internationaux.

Son premier long métrage, Les Amours d’Anaïs, avec Anaïs Demoustier, Valeria Bruni Tedeschi et Denis Podalydès, a été sélectionné en séance spéciale à la Semaine de la critique lors du Festival de Cannes 2021. Ce triangle amoureux se passe dans la nature, à la campagne, au bord de la mer et semble évoquer son lien avec la Saintonge Maritime. Les décors, baignés dans la lumière de l’été, apportent de la sensualité à cette comédie romantique. Dans ses interviews, Charline évoque régulièrement son attachement à sa Saintonge natale ».

• Prix Champlain décerné à Joël Selo pour "L'étonnant destin de Samuel Champlain" (éditions La Geste)

Rapport de Emmanuel de Fontainieu : 

Joël Selo et Emmanuel de Fontainieu, membre de l'Académie de Saintonge

« Les liens très personnels qui rattachent Joël Selo à Brouage (pourtant né à La Rochelle en 1943) ont dicté ce livre : sa famille y plonge ses racines et la découverte d’une géographie enfantine attribuée à Samuel Champlain ouvre sur le monde d’autrefois. Les souvenirs du petit garçon qu’il fut s’y articulent avec l’enfance imaginée du jeune Champlain, quatre siècles et demi plus tôt. Le livre s’appuie aussi sur de longues recherches conduites par Selo dans les fonds d’archives de l’Ouest.

En dépit du titre, il n’est question dans cette biographie romancée que des premières années de la vie de Samuel Champlain à Brouage, années d’apprentissage de 1572 à 1592, avant ses premiers voyages, dans une période troublée où Catholiques et Protestants s’entretuaient au nom de Dieu. Fils d’un capitaine de navire et d’une jeune femme issue d’une famille de négociants enrichis par le sel, Samuel Champlain grandit dans cette ville neuve ouverte sur le monde. Formé dans l’atelier d’un architecte cartographe, il est bientôt pris sous l’aile d’un oncle par alliance, Guillaume Allène, « le Capitaine provençal », corsaire réputé au service de la cause protestante à La Rochelle. Allène sera son modèle et son mentor. La mise au jour de la trajectoire exceptionnelle de ce personnage peu connu est l'un des meilleurs aspects du livre.

Un livre facile d’accès et bien informé sur ce que furent les Guerres de Religion en Aunis et Saintonge. Avec de belles pages sur les subtilités de la navigation à la voile dans les pertuis par un auteur qui connait les bateaux et raconte l’Histoire en amoureux de la mer ».

• Prix La Rochelle Université décerné à Benoît Lebreton pour ses cinq films didactiques sur les vasières

Rapport de Jean-François Girard : 

A la découverte des vasières

« Entre le Pertuis de Maumusson au sud et le phare du Grouin du Cou au nord, les côtes de nos territoires sont profondément découpées et depuis longtemps le mouvement des marées y permet l’ostréiculture et la mytiliculture, activités essentielles dans l’économie de notre région.

Animée par Benoit Lebreton, une équipe de chercheurs de l’Université de La Rochelle, associée à des chercheurs du CNRS, a mis en évidence le rôle des vasières qui se développent sur l’estran, entre la hauteur de la pleine mer et celle de la basse mer. La vase est un sédiment argileux qui, dans un mélange d’eau douce et d’eau de mer, se transforme en particules de plus grande taille et se recouvre de micro algues : c’est le microphytobentos qui constitue la base de la nutrition dans la conchyliculture (huîtres et moules).

Ces travaux, conduits par des chercheurs de l’Université de La Rochelle avaient retenu l’attention de l’Académie de Saintonge bien avant la décision de l’Université de parrainer un prix "Science et Innovation". D’autres chercheurs de cette Université ont déjà été lauréats d’un des prix de l’Académie de Saintonge. C’est pourquoi nous sommes particulièrement heureux que le premier prix parrainé par l’Université de La Rochelle, dans le domaine des Sciences et de l’Innovation, soit attribué à une équipe de cette Université pour ces films, soutenus par la Fondation de France, qui mettent en évidence la richesse et la qualité de ses travaux ».

• Prix Aunis Sud décerné à Pierrick Aupinel et ses travaux pour contrer les interactions chimiques néfastes aux abeilles 

« Apis est une unité expérimentale de l’INRAE, située sur le site du Magneraud à Surgères, dont la direction est assurée par Pierrick Aupinel.

Pierrick Aupinel et Christine Sebert-Badois, membre de l'académie de Saintonge

Après des études en biologie et écologie à l’université de Rennes, Pierrick Aupinel intègre l’INRAE (INRA à l’époque) dans les années 80 où il travaille sur la biologie de l’escargot et son élevage. Avec la société Natural Plant Protection, il met au point un procédé industriel de production d’un insecticide utilisé en lutte biologique respectueuse de l’environnement contre le ver de la pomme avant de se consacrer au bourdon terrestre, utilisé en pollinisation des tomates sous serre avec la Société bretonne SAVEOL. Son intérêt se porte ensuite sur l’abeille domestique. Il développe une méthode et fait valider à l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) des tests concernant l’évaluation des effets de certains insecticides sur les larves ainsi que les facultés de retour des abeilles à la ruche grâce à des micropuces RFID (Radio Frequency Identification). Plus les tests sont nombreux et plus on sécurise l’utilisation des nouvelles molécules. 

Indicateurs de qualité de milieu, les abeilles doivent également s’adapter au changement climatique et à ses conséquences sur l’environnement. Aujourd’hui, le dialogue entre les apiculteurs, les firmes et les agriculteurs a bien évolué pour trouver des solutions de cohabitation intelligente ».


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