vendredi 2 juin 2017

S’ils n’étaient pas morts à la guerre, que seraient ces écrivains devenus ?

Un projet littéraire innovant sur fond de devoir de mémoire contemporain et d’amitié franco-allemande : l'Avant-garde perdue. Les 6,7 et 8 juin, à l’Hôtel du Département à Nancy, neuf auteurs franco-allemands liront des textes qu'ils ont créés à partir de l'œuvre inachevée d'artistes français, allemands et irlandais fauchés par la guerre. Les lectures seront suivies d'échanges avec le public sur le destin de ces artistes afin d'imaginer ce qu'ils seraient devenus, ce que leurs œuvres auraient apporté et comment elles auraient évolué.

 

À l’occasion de la Foire du livre de Francfort de 2017 dont la France est le pays invité d’honneur, le Goethe-Institut Nancy souhaite mettre en lumière L’Avant-garde perdue (Die verlorene Avantgarde). Ce projet franco-allemand se consacre en effet aux auteurs, artistes et intellectuels qui ont perdu la vie en France sur les champs de bataille de la Première Guerre Mondiale. Il pose la question suivante : quel cours leurs œuvres auraient-elles pu prendre, quel rayonnement auraient-elles pu atteindre et quelle forme aurait pu prendre l’histoire culturelle de l’Europe sans cette catastrophe fondatrice du XXème siècle ?
Comme aucun autre conflit auparavant, la Première Guerre Mondiale a décimé dès le début du siècle, toute une génération d‘intellectuels. Une Avant-garde, qui voulait oser la sortie du classicisme bourgeois, s’est trouvée subitement brisée par l’éclatement de la Grande Guerre. Qu’ils aient été volontaires enthousiastes, suivistes apolitiques ou contraints à l’enrôlement, tous moururent. La plupart d’entre eux avaient à peine trente ans et se trouvaient à l’aube de leur activité créatrice.
Des auteurs et artistes comme Apollinaire, Franz Marc, Henri Gaudier-Brzeska, August Macke, Robert Gregory ou Jacques Vaché furent victimes du « grand massacre », comme l’écrit l’expressionniste Alfred Lichtenstein en parlant des années 1914-1918.
Que seraient-ils devenus s’ils avaient continué de vivre ? Aucun d’eux n’eut l’opportunité de continuer à marquer le profil du XXème siècle. Le projet souhaite se consacrer à ces hommes et à leurs oeuvres pour mettre en lumière une possible autre histoire culturelle de l’Europe, une histoire restée jusqu’à présent dans l’ombre du passé.

Neuf auteurs français et allemands — Nora Bossong, Philippe Claudel, Marie Darrieussecq, Mathias Enard, Philippe Forest, Helene Hegemann, Alexis Jenni, Ilija Trojanow et Frank Witzel — se sont appropriés l’un de ces auteurs, artistes ou intellectuels disparus. Partant de son œuvre inachevée, ils ont conçu un récit qui suggère quel aurait pu être son développement artistique ou l’impact sur la société de son activité créatrice.
Les auteurs présenteront leurs textes du 6 au 8 juin au Conseil Départemental de Meurthe-et-Moselle et débattront ensemble de cette histoire culturelle alternative de l’Europe.

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