vendredi 9 juin 2017

Didier Quentin, candidat sur la cinquième circonscription de Royan : « Il ne s’agit pas pour nous de céder à la "Macromania" ambiante, mais d’avoir un comportement constructif »

Didier Quentin est intimement lié à la ville de Royan dont il est maire depuis 2008 (les Municipales n'y sont pas un long fleuve tranquille !) et député depuis 1997. On ne présente plus cet élu, fin observateur et amateur de bons mots, qui a occupé des postes importants à Paris et accomplit en Charente-Maritime un parcours politique volontaire et engagé. Membre de la Commission des Affaires étrangères et de la Commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale, il poursuit sur sa lancée en briguant un cinquième mandat dimanche prochain. 
De par son nombre de "participants", cette élection sera suivie avec attention. La "nébuleuse" qui entoure les candidats se disant de la Majorité Présidentielle (aucun n'a reçu officiellement l'investiture d'En Marche) pourra-t-elle jouer en faveur du député sortant ? Réponse le 11 juin en soirée...

Didier Quentin répond à nos questions :

Enarque, Didier Quentin (Les Républicains) accomplit une longue carrière politique en Charente-Maritime. A l'Assemblée nationale où il défend les intérêts de sa circonscription, il est vice-président du groupe d’amitié France-Japon.
• Des 18 candidats qui se présentent sur la cinquième circonscription, vous êtes le député sortant LR. Dans le contexte actuel, est-ce un avantage en ce sens où l’on vous connaît de longue date ?

Il y a bien sûr les idées à la mode de « jeunisme, bougisme et dégagisme » qui risquent de déboucher sur un complet amateurisme… mais je crois que beaucoup de mes concitoyens me connaissent. Ils savent que je suis un député actif, assidu et accessible, en étant présent sur le terrain comme à l’Assemblée Nationale. J’ai toujours défendu avec constance les dossiers de la circonscription pour éviter, par exemple, la déconstruction inutile d’habitations sur Boyardville, après la tempête Xynthia, ou pour rejeter le projet d’extraction de granulats marins au large de la Gironde. J’ai toujours eu à cœur de me faire le porte-parole des populations en difficulté, car je partage la belle définition du mandat de député, donnée par le grand poète Aimée Césaire qui avait été député-maire de Fort-de-France : « Je suis la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche ! ».

• Emmanuel Macron est Président de la République. Si vous êtes élu, appartiendrez-vous au groupe des Républicains à l'Assemblée Nationale ou les curseurs peuvent-ils bouger vers En Marche ?

Je souhaite vivement que le groupe « Les Républicains » garde son unité, comme il a su le faire par le passé, malgré des crises profondes qu’il a su surmonter. Il ne s’agit pas pour nous de céder à la « Macromania » ambiante, mais d’avoir un comportement constructif pour sortir notre pays de l’ornière dans laquelle l’a fait verser le pitoyable quinquennat passé. Au risque de faire un mauvais jeu de mots, je crois être Macronpatible : je voterai pour tout ce qui me semblera aller dans le bon sens, comme la réforme du Code du travail, la prorogation de l’état d’urgence ou une nouvelle loi contre le terrorisme. Les réformes envisagées par le nouveau Ministre de l’Education Nationale me paraissent aussi intéressantes, avec les classes bi-langues, le retour des langues anciennes au collège et la mise en place de soutien scolaire. En revanche, je ne voterai pas la hausse de la CSG de 1,7%, pénalisante pour les petites retraites et je demande à voir les modalités de l’exemption de la taxe d’habitation pour 80% de la population. Elle risque, en effet, d’amputer gravement les ressources des collectivités locales.

La culture occupe une place importante à Royan. Ici, l'exposition Picasso où Didier Quentin accueille l'écrivain Bernard Pivot
• Autour de quels thèmes avez-vous axé votre campagne ? Quels sont les défis actuels que doit relever la circonscription ?

J’ai axé ma campagne autour de l’emploi, notamment par l’instauration de « zones franches rurales », pour maintenir ou créer de l’activité dans nos zones péri-urbaines, grâce à un dispositif d’exonération de taxes et de charges lié à l’embauche. Il s’agit aussi de développer les emplois de service à la personne, grâce à la « silver-économie » et au maintien à domicile. Il convient de lutter contre le sentiment d’abandon ressenti par nos populations rurales, en sauvegardant les services publics et les commerces de proximité, en accompagnant la création de maisons pluri-disciplinaires de santé. Il importe également de favoriser le développement de notre économie touristique, qui demeure notre premier gisement d’emplois, par le déploiement des communications numériques et l’amélioration des formations professionnelles. Il est impératif, enfin, d’assouplir l’application des normes et réduire les contraintes administratives, par un véritable "choc" de simplification. Tout est devenu « course en sac » dans notre pays. « Arrêtons d’emmerder les Français », comme le disait déjà le Président Pompidou !

• Quel regard portez-vous sur les autres candidats, le différend entre Christian Gerin et Gérard Potennec se revendiquant tous les deux d’En Marche par exemple ? Pensez-vous que l'élection d'Emmanuel Macron ait déstabilisé le paysage politique traditionnel ? 


Généralement, je m’abstiens de parler de la concurrence… Mais là, je note que dans la 5ème circonscription de la Charente-Maritime, aucun candidat n'a été dûment investi par le parti « La République En Marche » (LREM). Certains se permettent, néanmoins, de se targuer de cette étiquette jugée porteuse, ainsi que de s'afficher avec la photo d’Emmanuel Macron, parfois plus grande que la leur...  Ils en sont même maintenant à se faire des procès entre eux ! Il s'agit de manœuvres subalternes, visant à tromper l'électorat et de nature à fausser le scrutin. Je remarque également que le candidat socialiste met un sigle PS microscopique. Il est vrai que cette étiquette n’est plus très porteuse… Je ne peux m’empêcher enfin d’ironiser sur le fait que le candidat de la « France Insoumise » met une photo énorme de Jean-Luc Mélenchon. On pourrait croire que celui-ci n’est pas candidat à Marseille, mais chez nous…
Quant à la déstabilisation du paysage politique, il va y avoir à coup sûr des reclassements, mais il faut attendre le résultat des élections législatives.

L'aéronaute Bertrand Piccard, Didier Quentin aux côtés de Bettina Laville et François Marot, organisateurs du premier Festival des Nouvelles Explorations à Royan en 2016
• Votre regard face à l'actuel Gouvernement ? 

Il est contrasté. Je note d’abord que le Président de la République a incontestablement fait une brillante entrée sur la scène internationale. De plus, après Hollande qui avait la scoumoune ; il a une baraka insolente !
Certains ministres ont aussi fait de bons débuts, à l’image du Premier qui annonce une « guerre contre le chômage de masse ». Le Ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, excellent germanophone, a fait un voyage prometteur en Allemagne. Le Ministre de l’Education Nationale a de bonnes idées, comme je l’ai déjà dit, en remettant l’apprentissage des fondamentaux au cœur de la politique éducative.  En revanche, la présentation de loi sur la soi-disant moralisation de la vie publique par le Ministre de la Justice ne m’a pas vraiment convaincu et je regrette qu’il n’y ait pas un « statut de l’élu ». Et puis, il y a l’affaire Ferrand qui vient renforcer le climat de défiance, avec un mélange des genres choquant… Sans oublier la Secrétaire d’Etat à l’Egalité Hommes-Femmes, Marlène Schiappa, qui remet en cause la loi sur le port du voile à l’école…

• Si vous êtes réélu député, vous démissionnerez de votre mandat de maire de Royan selon la nouvelle législation. Qui sera alors votre successeur ? 

Oui, si je suis réélu, mais il ne faut pas vendre la peau de l’ours… , je devrai le faire avant le 18 juillet… Je n’ai pas fait mystère de mon choix en faveur de Patrick Marengo. Durant 3 ans, il a été un premier adjoint d’un zèle et d’une loyauté exemplaires. Il a fait preuve de rigueur, d’esprit de responsabilité et d’un sens du commandement, ce qui n’est pas étonnant de la part d’un Général de Corps d’Armées (e.r) ! Il a toute ma confiance et il sait aussi pouvoir compter sur moi, pour l’accompagner au mieux dans sa mission, car je resterai membre du Conseil municipal ; mais je n’entends pas être une « statue du commandeur », et je lui laisserai les coudées franches. Je continuerai seulement à défendre à Paris certains dossiers d’avenir pour la ville.

Didier Quentin et le président du Sénat Gérard Larcher

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