jeudi 20 janvier 2011

Ségolène Royal
et la Présidentielle 2012 :
Une primaire nommée désir


Lundi dernier, Ségolène Royal présentait ses vœux à la presse. En toile de fond, sa dernière sortie : « Depuis longtemps, au fond de moi, j’ai envie de succéder à François Mitterrand ». Un désir d’avenir explicite. Provocation ou intime conviction ?

C’est en présidente de la Région, et non en candidate aux primaires socialistes, que Ségolène Royal recevait lundi dernier à Poitiers. En la voyant face aux journalistes, une idée traverse l’esprit : cette femme aurait pu être actrice ou comédienne. L’héroïne d’un film. Elle en a la présence et la volonté.



Son histoire, elle préfère la mettre en scène. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Après tout, en manquant de peu la palme élyséenne, elle compte sur la scène nationale. Sarkozy l’a certes devancée, mais sans triomphe insolent. Face à lui, elle s’est battue, comme un mec. Dans les magazines, elle est devenue une “people“. En changeant son image, elle a appris à poser sa voix, à occuper l’espace. Les agences de communication ne laissent rien au hasard.

Dans cet univers scénique, Ségolène Royal a trouvé sa place. Énarque, cette fille de militaire, partagée entre le politiquement correct et l‘envie d’en sortir, a compris que pour séduire, elle devait respirer l’air du temps. Durant la campagne, elle a troqué ses tenues classiques pour des tailleurs branchés. Et tandis que les mauvaises langues s’attardaient sur les talonnettes de Sarkozy, sa tunique bleue du Zénith avait quelque chose de touchant, les cheveux bouclés sur l’épaule, comme un rêve d‘enfant qu’elle a déposé au pied de la foule. L’être et le paraître d’un seul tenant.

Mon Dieu, gardez-moi de mes amis

Aujourd’hui, tout redevient possible avec l’élection présidentielle de 2012. On efface tout et on recommence en ravivant la flamme de ceux qu’on nomme grands. De Gaulle et Mitterrand ont des anniversaires utiles. Les cimetières de Colombey et Jarnac sont devenus des lieux de pèlerinage où les cameramen se pressent et s’empressent.
Les intéressés se retournent-ils dans leurs tombes ? Qu’importe si les morts profitent aux vivants, leurs héritiers prétendus n’ont pas besoin de leur consentement !
Que Ségolène Royal invoque les mânes de François Mitterrand n‘a rien d’étonnant. Il lui a mis le pied à l’étrier. Conseillère à l’Élysée, elle a conquis une circonscription impossible des Deux-Sèvres.

Après avoir occupé plusieurs ministères, elle poursuit sur sa lancée. Aux Régionales, elle a chassé Raffarin de ses terres du Poitou-Charentes et envoyé Élisabeth Morin garder les moutons au Parlement européen avec Rachida Dati. Dominique Bussereau, qui conduisait la liste en 2010, n’a pas fait long feu rue de l’Ancienne Comédie. Il a démissionné. « Ségolène Royal est la réincarnation de Charles Martel. Elle arrête les élus UMP à Poitiers » plaisante un historien à son sujet. Pour le reste du territoire, la conquête est plus ardue. Il y a du monde placé en embuscade.

Faire la différence

Sa prochaine bataille sera d’envergure : elle veut l’Élysée, l’ancien palais d’une femme célèbre, la marquise de Pompadour. Elle y compte peut-être une alliée, Carla Bruni, qui aurait voté pour elle en 2007.
Depuis quatre ans, le paysage politique s’est modifié. Peut-elle encore faire la différence face aux jeunes loups que sont Manuel Valls ou Arnaud Montebourg, Dominique Strauss Khan, la coqueluche des médias, ou les tactiques subtiles de son ancien compagnon François Hollande ?

Pour s’imposer, elle doit innover en apportant des idées neuves et fortes qui convaincront les militants aux primaires (désignation du candidat officiel à l’automne prochain). Son ouverture au centre se perd dans les contradictions des partis du milieu. Quant au reste, sa « France juste » se heurte évidemment à l’anticapitalisme absolu d’un Mélenchon et maintenant d’un Chevènement.


Chez les Socialistes, on s’agite et Martine Aubry essaie de ne pas perdre le Nord ! DSK est un poids lourd, même si Ségolène Royal n’a pas peur de lui. « Ce n’est pas parce qu’il plaît à la Droite qu’on doit nous l’imposer » remarque un conseiller régional, en rappelant les mesquineries qu’ont fait subir les éléphants du PS à la présidente de Région. « J’espère que le vote des primaires s’effectuera dans de bonnes conditions et que le scrutin sera régulier, si vous voyez ce que je veux dire » glisse l’intéressée, en allusion au vote pour le poste de Premier Secrétaire en 2008.
En l’attente, Ségolène Royal avance ses pions sur l’échiquier comme une star dévoile ses atouts devant les projecteurs. Combien faudra-t-il de représentations pour qu’elle puisse l’emporter ?

Nicole Bertin


• Samedi dernier, le mécène Pierre Bergé était à Jarnac. Aux dernières Présidentielles, il a soutenu Ségolène Royal. Jusqu’à un différend avec le député européen Vincent Peillon en 2009. « Vous ne me ferez pas choisir entre Vincent Peillon et Ségolène Royal qui défendent peu ou prou la même conception de la liberté, de la politique. Si demain, il y devait y avoir une élection présidentielle, Ségolène Royal serait la meilleure candidate, mais en 2012, les jeux sont ouverts. Nous verrons qui je soutiendrai quand la primaire arrivera en 2011 » a déclaré Pierre Bergé. Ségolène Royal restera-t-elle l’étoile du Bergé ?

• Sondages aux primaires socialistes :
36 % des sympathisants de gauche interrogés se prononcent en faveur de Dominique Strauss Kahn, actuel directeur général du Fonds Monétaire International, 20 % pour Martine Aubry, 15 % pour Ségolène Royal et 13 % pour François Hollande qui pourrait devenir un outsider intéressant.

La presse guette les déclarations de Ségolène Royal…

• Parmi les actions de la Région Poitou Charentes en 2010

- Soutien aux sinistrés de la tempête Xynthia avec plus de 2 500 aides directes aux familles, 195 véhicules prêtés, 26 opérations de soutien aux communes sinistrées, fonds d’aide économique. Effort financier global de 11 millions d’euros
- Soutien à la croissance verte avec le sauvetage d’Heuliez décidé en juin. La Région reste dans le capital de Mia Electric qui a succédé à Heuliez Véhicule Électrique aux côtés d’investisseurs allemands.
- Commande de nouveaux matériels pour les TER, soit dix trains neufs représentant un investissement de 72 millions d’euros.

• La grande cause des jeunes en 2011

Le pacte de confiance pour l’emploi des jeunes sera déployé, soit une enveloppe de 15 millions d’euros pour 4 500 actions. Objectif : lancement du service civique, places de formation supplémentaires et d’apprentissage, création de stages découvertes des métiers, aide à la mobilité des apprentis, aide aux stages d’étudiants en milieu rural.
Pour une meilleure information, un TER se déplacera dans la région. Mise en pace de chapiteaux régionaux. Sensibilisation auprès des entreprises pour l’embauche de jeunes.

• Seniors : Touchés par le chômage et le recul de l’âge de la retraite, ils ne seront pas oubliés. Des actions seront conduites pour réduire la pénibilité du travail et mieux utiliser les ressources d’expérience des personnes de plus de 50 ans (possibilité de tutorat). Présentation de ces actions en mars prochain.

• Mutation écologique :

Phase de commercialisation des voitures électriques : la Simplicity est déjà disponible, les voitures destinées aux flottes et au grand public le seront dès l’été prochain.
Photovoltaïque : La Région entend reprendre le flambeau de l’État qui fait une pause dans ce domaine. Au printemps, elle prendra une initiative qui contribuera au renforcement de l’autonomie énergétique.
Chauffage au bois : éviter la spéculation en faisant émerger une filière non spéculative et source d’emplois.
Aide aux ménages modestes pour réaliser des travaux d’isolation dans leurs habitations.

• Nouveau modèle économique territorial :

Promouvoir l’avenir de la Région en fixant des orientations claires de développement durable. Soutenir les entreprises les plus agiles en reprenant en main les activités essentielles telles que l’alimentation, l’eau et l’énergie, les productions industrielles, création de filières de proximité. Ne pas laisser le capital dicter sa loi. Meilleure prise en compte des salariés dans les entreprises. La Région va renforcer ses efforts pour le soutien aux formes coopératives d’entreprises. L’économie solidaire constitue un levier prioritaire de développement. Le prochain numéro d’Alternatives Économiques (au printemps) illustrera le caractère innovant des actions de la Région. Développement du micro-crédit avec un soutien de la Région quand les banques sont trop frileuses.

Un déjeuner a suivi les vœux de Ségolène Royal à Poitiers. Parmi les convives, deux vice-présidents du Conseil régional, Benoît Biteau (Sablonceaux) et Régine Joly (Royan)

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