Michel Boujenah était au casino de Jonzac samedi soir où les histoires de la famille Boutboul ont conquis le public...
Il en faut de l’énergie pour tenir plusieurs heures sous les spotlight ! Michel Boujenah arrive sur la scène avec son costume gris, celui qu’aime sa mère. Silhouette allégée, il déroule le film de Maxo et Simone Boutboul, deux personnages qui allient sincérité, poésie, drôlerie et humour. Parce que le rire est souvent près du cœur et qu’à force de « naître, grandir, jouer, pleurer, parler, enfin vivre et puis mourir... mais pas tout de suite », les hommes écrivent leur véritable histoire. Celle dont les ratures sont effacées, les tâches séchées au buvard pour laisser place à la vérité. « Après pratiquement trente ans de scène en solitaire et après avoir découvert le plaisir de changer, d’improviser et d’inventer tous les soirs des prolongements au texte écrit, j’ai décidé de faire un nouveau spectacle où je serai en liberté » explique l’artiste.
Durant ce spectacle, il aborde les évolutions de la société, la difficulté d’être soi-même, de s’accepter tel qu’on est, tout en recherchant le graal, autrement dit « où se cache la véritable beauté d’un être humain ».
Les personnages imaginaires sont légion sur le pont du bateau. Embarquement immédiat pour les terres inconnues de l’existence, là où l’on peut s’écorcher vif, s’apitoyer sur son sort, se vanter, raconter son passé, se poser les vraies questions en entraînant le public dans une ronde dont le seul but est de pas tomber et de rester, avec la tête qui tourne parfois, dans un monde dont personne ne connaît les repères.
Michel Boujenah n’a jamais oublié sa terre natale, la Tunisie, où il a vécu jusqu’à l’âge de 11 ans. Son fameux accent juif tunisien, obstacle à son entrée à l’École Supérieure d’Art dramatique de Strasbourg, est aujourd’hui un atout. Charmeur d’accent, il le dompte du bout de son bâton ! Attentif, le public l’écoute, les « folles » comme il les appelle exprimant bruyamment leur contentement !
Si l’envie lui vient de lire un poème, il ne s’en prive pas. S’il vient à taquiner un spectateur, il le transforme en myope du cerveau (pourquoi a-t-il mis ses lunettes sur la tête ?) et s’il veut conduire la salle dans des prononciations parfaitement im-parfaites, il y parvient sans difficulté. C’est ça, le talent qui permet d’exister et de mourir, mais pas tout de suite !
Il est libre, Boujenah, dans les dédales de la lumière, du judaïsme et de l’amitié. On dit qu’il ne raconte pas sa famille, qu’il l’invente. Finalement, on n’est pas si loin de « trois hommes et un couffin », film pour lequel il a obtenu le César du meilleur second rôle masculin. La source ne tarit pas tant que l’eau de la création coule dans la veine des comédiens.
Michel Boujenah a remporté un vif succès au casino, espace qui offre une intimité et une proximité appréciables. Il a cependant exprimé un vœu : que la ville se dote d’une grande salle de spectacle. Gageons qu’il aimerait bien revenir chez les Jonzaquiens. Pardon, chez les Jonzacais qui ne regarderont plus “La nouvelle star“, ils l’ont promis !!!
Photos : Michel Boujenah à Jonzac "naître, grandir, jouer, pleurer, parler, enfin vivre et puis mourir... mais pas tout de suite ". On a tout le temps, en effet !
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