Entretien avec Xavier de Roux, conseiller général :
« Les élections municipales ne sont pas une cour de récréation »
Xavier de Roux est sans doute l'un des élus les plus atypiques de Charente-Maritime.
Impossible de le mettre dans le moule où d'aucuns auraient bien aimé l'enfermer ! Dans la région de Saintes, il a réussi à se faire élire sur des terres traditionnellement situées à gauche. Même vaincu aux Législatives de 2007, il continue à compter sur la scène politique où ses prises de position, semblables à ses plaidoiries d'avocat, ont le mérite de la franchise ! Il dérange, non pas parce qu'il est grand et a le verbe haut, mais parce qu'il a la tête bien pleine et qu'en cela, il fait de l'ombre à ceux qui craignent la concurrence intellectuelle. Bref, le maire de Chaniers a du caractère et prône la liberté d'expression et d'action. Dans l'entretien qui suit, nous abordons plusieurs questions relatives aux prochaines échéances électorales.
Vous constaterez qu'il n'a pas la langue de bois...
Il y a quelques mois, vous vous êtes incliné aux Législatives et, le soir du deuxième tour, vous avez déclaré à la presse que vous souhaitiez vous retirer de la scène politique. Quel est votre état d'esprit aujourd'hui ?
J'ai pensé, en effet, qu'il était nécessaire de tirer les conséquences du suffrage universel et qu'il ne fallait pas pratiquer l'acharnement thérapeutique. J'ai donc clairement décidé de ne pas briguer un nouveau mandat de conseiller général, collectivité où je siège depuis 1985. Par contre, je me représenterai aux élections municipales de Chaniers en mars prochain. J'ai longtemps hésité à briguer un nouveau mandat, mais on me l'a beaucoup demandé. La mairie n'est pas un mandat vraiment politique, il s'agit de continuer à gérer une commune. En tous les cas, c'est ainsi que les Chagnolais qui m'en ont parlé l'entendent.
Avec le recul, quelles sont les raisons qui ont entraîné votre défaite aux élections législatives ?
C'est toujours difficile de trouver la cause d'une défaite. Je pense que la cause est multiple. J'avais dix points d'avance sur mon adversaire socialiste au premier tour, ils ont disparu au second tour. En faisant voter Catherine Quéré, le Modem de Jean-Philippe Ardouin a fait pencher la balance. Par ailleurs, l'affaire de la TVA sociale a eu, je le crois, des effets destructeurs dans de très nombreuses circonscriptions. D'une manière générale, je n'ai certainement pas mené une campagne suffisamment convaincante...
Actuellement, on parle beaucoup de municipales saintaises. En 2001, vous avez mis en scène un nouveau visage de la société civile, Bernadette Schmitt, alors que traditionnellement, vous étiez l'allié de l'UDF Alain Bougeret (lui-même, a présenté une autre liste). Comment voyez-vous la prochaine échéance ?
Aux dernières élections municipales, je pensais que Saintes avait besoin d'une équipe renouvelée pour l'emporter sur la succession de Michel Baron. Je ne pense pas m'être trompé puisque la liste de Bernadette Schmitt a été très confortablement élue. Depuis, il y a eu bien entendu l'exercice du pouvoir. Ce n'est jamais facile de gérer une ville de l'importance de Saintes. Il faut du temps pour apprendre le monde politique lorsqu'on est élu pour la première fois en dehors justement du microcosme ! Je crois que Bernadette Schmitt a fait un parcours méritant. Certes, ce ne fut pas un long fleuve tranquille, mais elle a fait aboutir un projet tout à fait majeur pour Saintes, celui de la Rénovation urbaine. Ce vaste projet va donner un visage nouveau à la ville, je comprends qu'elle ait envie de le mener à bien...
En plusieurs occasions, Bernadette Schmitt a regretté les relations "modestes" qu'elle entretenait avec son député, c'est-à-dire avec vous. Était-ce une réalité ?
Chaque fois que Bernadette Schmitt a sollicité mon aide dans un dossier et notamment dans celui de l'ANRU, je crois que je suis intervenu à bon escient. Il est vrai qu'elle ne m'a pas interrogé très souvent, mais après tout, le maire d'une grande ville peut prendre ses responsabilités sans demander au député !
Aujourd'hui, elle a contre elle une opposition de droite. Dans ses rangs, ses ex-amis Pierre Maudoux, Philippe Delacroix, M. Landreau, P. Terville. Quelle sera votre position à leur égard ?
Je pense que si les forces de droite et du centre veulent conserver la ville et continuer à la mener avec un programme équilibré, elles doivent, d'une façon ou d'une autre, faire l'unité.
Une élection municipale est une chose sérieuse. Ce n'est pas une cour de récréation où l'on règle des comptes, parfois très anciens. Certes, dans une affaire de femmes et d'hommes, les caractères peuvent s'opposer et ce n'est jamais très simple de composer une équipe et de devenir chef d'orchestre, mais c'est un objectif absolument nécessaire, me semble-t-il. Il suffit de regarder le résultat des Présidentielles et des Législatives saintaises pour voir où penche, et depuis longtemps, le cœur de la majorité des électeurs.
Bernadette Schmitt avait réussi, d'une certaine façon, à transcender les courants. C'est une tâche difficile que l'on ne réussit pas à chaque fois.
Toutefois, je reste persuadé que c'est encore possible à condition que de tous côtés, on en prenne conscience et que l'on discute de bonne foi avec la volonté d'aboutir. Si cette volonté d'union n'existe pas, je crois que la messe est dite et que la ville sera gérée par Jean Rouger ou un autre élu socialiste.
Est-ce que vous allez soutenir Bernadette Schmitt ?
J'ai dit haut et fort que je défendrai une liste d'union sans sectarisme et je le ferai...
Qu'en est-il de Pierre Maudoux, conseiller municipal de Chaniers ?
Je connais bien Pierre Maudoux. C'est un homme fin et intelligent, passionné de politique. Il me semble avoir tout à fait sa place dans la liste d'union que j'appelle de mes vœux.
La semaine dernière, le Parti socialiste de Saintes a désigné Jean Rouger pour conduire la liste de gauche. Votre avis sur cette désignation ?
Personnellement, j'ai de la sympathie pour Jean Rouger. Il a été mon adversaire aux élections législatives de 1997. Il a été particulièrement loyal et nous avons, je crois, conserver des rapports cordiaux. Toutefois, sur le fond, ce n'est pas un secret de dire que nous n'avons pas les mêmes options et donc pas les mêmes choix. Cela n'empêche pas d'en débattre librement et calmement.
Le juriste Dominique Barella - qui, comme vous, appartient au bureau des Entretiens de Saintes - semble avoir baissé les bras...
Vous comprendrez que ce n'est pas à moi de juger ou d'arbitrer les querelles qui agitent le Parti socialiste de Saintes.
Ses soixante adhérents votent pour qui ils veulent et je n'ai pas à faire de commentaires. Cependant, je connais bien Dominique Barella puisqu'il est administrateur des Entretiens de Saintes que j'ai créés il y a quatorze ans. De plus, lorsqu'il était président de l'Union Syndicale des Magistrats, j'ai eu à discuter avec lui de nombreux problèmes judiciaires en ma qualité de vice-président de la Commission des Lois. Là encore, sur un certain nombre de sujets, nous n'étions pas en harmonie. Il n'empêche qu'il me semble faire partie des personnalités de la ville de Saintes ayant une envergure nationale.
Que pensez-vous de votre successeur à l'Assemblée Nationale, Catherine Quéré ?
Je ne veux pas être cruel avec Catherine Quéré. Vous comprendrez que je ne ferai sur elle aucun commentaire, elle en fait suffisamment sur moi et de fort désagréables...
Revenons au Conseil Général. À votre avis, Claude Belot a-t-il une chance d'en retrouver la présidence ?
D'abord, j'ignore si Claude Belot brigue à nouveau la présidence du Conseil Général puisque, comme parlementaire, il doit choisir entre deux mandats. Or, il se dit beaucoup qu'il souhaiterait conserver le Sénat et retrouver la ville de Jonzac.
Au dernier renouvellement du Conseil Général, sa majorité a été étroite. Qu'en sera-t-il aux prochaines Cantonales ?
C'est très difficile à dire ! Dans le département, nous assistons actuellement à un renouvellement du personnel politique. Certes, ce sont souvent les troisièmes couteaux qui tentent de jouer dans la cour des grands, mais après vingt-deux ans de règne d'une majorité, il est bien évident que de nouveaux visages arrivent et que la parité fait son œuvre. Au Département comme ailleurs, on voit apparaître des élus qui auront peut-être un rôle à jouer...
Si Claude Belot ne se représente pas, quel élu UMP pourrait alors lui succéder ?
Je ne sais pas si Claude Belot a un "héritier" dans sa famille politique !
Cependant, si l'on regarde ses successeurs possibles dans le département, le premier nom qui vient à l'esprit est celui de Dominique Bussereau qui est un homme politique accompli avec une forte expérience ministérielle. Si, pour une raison ou pour une autre, il ne souhaitait pas se lancer dans l'aventure, il y a toute une génération brillante de conseillers généraux qui n'ont pas encore eu les premiers rôles, mais qui semblent très compétents. Parmi eux, on peut citer Jean-Pierre Tallieu, président de la CDA du pays royannais et maire de la Tremblade, Daniel Laurent, qui a fait de Pons non seulement une ville dynamique mais une grande réussite urbanistique, Bernard Drapeau, maire de Courçon ou Michel Parent, conseiller général de l'Île d'Oléron. Il y a beaucoup de talents dans la majorité du Conseil Général qui a fait, quelles que soient les critiques, considérablement progressé la Charente-Maritime.
Au Conseil Général justement, vous avez été sévèrement attaqué sur l'équilibre financier du Paléosite de Saint-Césaire par votre voisin de Burie, Sylvain Brouard ?
Dénigrer le Paléosite a été une idée fixe du Parti socialiste qui passe pourtant son temps à parler de service public, mais qui voudrait en même temps qu'un grand service public culturel soit aussi rentable qu'une start-up dans les nouvelles technologies. Le PS a presque réussi son coup. À force de critiquer un établissement qui est en passe d'être copié par la Corée et qui passionne la Russie, il a réussi à faire courir une rumeur destructrice avec cette particularité que le Conseiller général de Burie, Sylvain Brouard, serait maintenant à l'étranger d'où il doit donner quelques conseils sur la Saintonge lointaine. Quant aux élus rochelais ou montendrais, ils n'ont jamais mis les pieds au Paléosite ! D'ailleurs, il ne s'agit pas pour eux de juger de la qualité et de l'efficacité d'un équipement culturel, mais de tirer simplement au bazooka sur cette structure qui a été réalisée par l'équipe de Claude Belot...
Pour conclure, vous êtes le seul élu de Charente-Maritime à posséder son propre journal qui va d'ailleurs fêter ses dix ans. Pourquoi avoir créé l'Écho des Arènes à Saintes ?
Je suis pour la liberté d'expression, multiple et variée. Pour y parvenir, il n'y a qu'une solution, malheureusement : si l'on veut faire entendre son opinion, il est indispensable d'avoir son propre organe de presse pour échapper au monotone monopole de la pensée unique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire