Après avoir été détruit par un violent incendie en août 2002, le château de Dampierre, connu pour sa célèbre galerie des alchimistes, a retrouvé son apparence d’antan. Néanmoins, pour survivre, l’édifice a besoin d’un nouvel élan. Soucieux de promouvoir ce site qui reçut François 1er en d’autres temps, les propriétaires, Marine et Jean-Louis Hédelin, envisagent plusieurs pistes...
Il est des lieux qui attirent les foudres du destin. Confronté à l’adversité, le château de Dampierre en fait malheureusement partie. Les observateurs vont plus loin en invoquant les quatre éléments, la terre, l’eau, l’air et le feu. Curieusement, il a été victime de la tempête, la sécheresse, les inondations et enfin, le feu a failli l’anéantir voici quelques années.
Au lendemain du sinistre, sa carcasse décharnée faisait peine à voir et les spécialistes craignaient fort pour la galerie des alchimistes dont les mystérieux symboles étaient endommagés.
Comme un spectre, l’étrange demeure gisait au milieu de la suie et ses propriétaires ne savaient que faire. Comment relever la tête quand le sort s’acharne ? Pourquoi cette demeure philosophale, où un alchimiste aurait laissé un grimoire secret au XVIe siècle, subissait-elle, une fois encore, les assauts de la destruction ? Aujourd’hui, beaucoup de questions restent posées, mais ne dit-on pas qu’il faut toujours regarder de l’avant ?
La première restauration entreprise par Philippe Oudin, architecte des Monuments Histori-ques, concerna les précieux caissons. Certains avaient explosé en centaines de morceaux. Comme des puzzles, il fallut donc les reconstituer. Cette tâche délicate fut confiée à une société spécialisée dont il faut saluer le travail et la patience.
Au fil des mois, d’autres travaux furent engagés. La tragédie se transforma peu à peu en histoire grâce au talent de Ghislaine Escande. Faisant preuve d’une véritable imagination, cette artiste mit en scène les livres calcinés de la bibliothèque qui devinrent les témoins privilégiés de cette terrible épreuve. En complément, un film retraça le travail effectué par les Compagnons pour restaurer les quatre-vingt-treize caissons sculptés de la galerie alchimique.
Récemment, la toiture en ardoise a été refaite. « Désormais, le gros œuvre est terminé, les échafaudages ont été enlevés en septembre » souligne Marine Hédelin.
Si l’édifice a retrouvé son apparence architecturale, il reste malheureusement vide de tout mobilier puisque les pièces n’ont pas été restaurées. Seule la cheminée monumentale du premier étage, qui s’était effondrée, a été reconstruite grâce à un don d’Europa Nostra, complété par celui des Amis du Château. Cette opération a été réalisée par Sylvain Raud, meilleur ouvrier de France et sculpteur à Lozay. Quant à son ancien décor, plutôt que de le repeindre, il pourrait être projeté sur la pierre. Ce procédé est du meilleur effet, dit-on.
Un cabinet de curiosités...
Dans les combles, l’objectif de Marine et de Jean-Louis Hédelin est d’aménager un cabinet utopique (dans l’idée des cabinets de curiosités) où seront exposés des portulans, grandes planches qui représenteront des cartes maritimes et célestes.
L’ensemble sera orchestré - vous l’avez deviné - par Ghislaine Escande qui conduira les visiteurs dans l’espace privé de ses créations. « Nous devons réenchancher ce lieu » admet Marine Hédelin. Seuls, les grands murs ne pas suffisent pas à provoquer un nouvel élan qui sensibilisera le public. Bien sûr, il y a les jardins aux thèmes mythologiques, les jachères fleuries qui content le monde magique de Merlin, mais ce château, que les flammes ont inanimé, doit retrouver son âme. « En fait, nous aimerions devenir Site en scène comme la Roche-Courbon. Ainsi, nous pourrions exister pleinement. Bien sûr, nous avons obtenu des subventions pour rebâtir le château, mais à quoi bon le restaurer s’il ne vit pas pleinement ce renouveau ? C’est un lieu ouvert à tous » ajoute cette universitaire, géographe de formation. En effet, Dampierre ne peut pas se transformer en sarcophage !
Cette année, les chiffres de fréquentation sont bons, comme pour l’ensemble des sites.
Malgré les difficultés, Dampier-re n’a jamais fermé ses portes, même aux heures les plus sombres. Après avoir reçu quelque 10 000 visiteurs par an, ce chiffre est tombé à 2 500 après l’incendie pour revenir à 6 000 en 2007. Parmi la clientèle, les Anglais sont les plus tolérants : « ils nous comprennent et voient les efforts que nous déployons pour l’animation ». Parmi les projets, une pièce de théâtre (Don Juan) sera présentée en août 2008 par la compagnie de Serge Dangleterre qui vient de s’installer dans la région. Les expositions, quant à elles, se poursuivent et vous pouvez découvrir les jolies toiles de Colette Privat (natures mortes, bouquets).
Dampierre renaît doucement de ses cendres et ses propriétaires ont le moral : « nous durons et endurons » avouent-ils avec un sourire qui en dit long sur leur volonté !
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