Il y a ceux qui sont opposés au mariage des prêtres et les autres qui comprennent la nature humaine et rappellent que le protestantisme, l'islam ou le judaïsme autorisent les unions. Le célibat sacerdotal, dans l'Église catholique latine, est une règle selon laquelle seuls des hommes célibataires peuvent être ordonnés prêtres. Les Églises catholiques orientales n'imposent pas ce célibat. Cette question se pose souvent et les récents événements qui ont secoué la paroisse de Jonzac permettent d'ouvrir le débat.
Revenons sur l'affaire révélée par la presse l'été dernier : une relation entre un prêtre et une jeune majeure. Le communiqué de l'Evêque, Mgr Jacolin, était clair : « C’est le 11 juillet qu’une amie de cette jeune fille qui avait déjà pris contact avec moi, m’a laissé un message me disant qu’elle avait la preuve de la relation sexuelle de son amie avec le curé de Jonzac. Le 13 juillet, ce dernier a demandé à rencontrer l’abbé Bertrand Monnard, vicaire général, et a reconnu sa grave faute. Le diocèse de La Rochelle et l’Institut du Verbe Incarné sont en train de compléter le dossier de cette affaire avant de lancer des procédures ecclésiales et, si nécessaires, civiles. Il devrait être envoyé dans une communauté de l’Institut en Italie ». Inutile de préciser que cette annonce a provoqué la stupéfaction des paroissiens, dès lors scindés selon leurs sensibilités respectives.
Récemment, au civil, le tribunal de Saintes a écarté toutes poursuites envers le père del Castillo accusé dans un premier temps d'avoir séduit « une jeune fille vulnérable ». « Le parquet de Saintes a décidé de classer sans suite les procédures visant le prêtre. Il a considéré que les faits dénoncés n’étaient pas fondés d’un point de vue pénal ».
La jeune fille a témoigné « d'une histoire d’amour vraie, réelle et forte » avec Anthony del Castillo qui a renoncé à son sacerdoce. Pour l'heure, la congrégation du Verbe Incarné à laquelle il appartenait est toujours en place à Jonzac pour un an. Le père Pablo y célèbre les offices aux côtés du père Domenech. Le nouvel évêque, Mgr Bozo, viendra en début d'année 2026 dans la capitale de la Haute-Saintonge réunir les équipes du doyenné afin d'apaiser le climat d'interrogation qui règne.
L'Eglise exige le célibat des prêtres. « Le moment ne serait-il pas venu d’accorder à ceux qui le souhaitent la possibilité de se marier ? Cela mettrait fin aux hypocrisies et à des situations douloureuses. Et ne changerait pas notre foi en Dieu » soulignent des croyants. Facile à dire mais difficile à mettre en œuvre. « À partir du 11ᵉ siècle, les prêtres mariés sont considérés comme des hérétiques par l'Église. Pour séparer davantage le clergé du monde laïc, la papauté impose le célibat à tous les prêtres. Toute activité sexuelle et vie conjugale est à présent proscrite » rappellent les historiens qui ajoutent : « Le célibat, comme le disait Saint-Ignace, est en l’honneur de la chair du Seigneur. Il établit une relation intime avec la personne humaine de Jésus-Christ. Le prêtre célibataire a ainsi l’opportunité d’être consacré directement au Christ dans toute son humanité, âme et corps ».
Toutefois, certains intéressés faisaient bien ce qu'ils voulaient dans les siècles passés. « Ainsi le Pape Alexandre VI au XVe siècle. Rodrigo Borgia n'observe pas les exigences du célibat sacerdotal. Il ne cache d'ailleurs pas son attirance pour les femmes. Il a été le père de six enfants reconnus. Il en aurait eu sept ou huit de trois ou quatre maîtresses différentes. Un des témoins les plus crédibles de son inconduite est Johann Burchard de Strasbourg. Ce prélat, maître des cérémonies, a tenu de 1483 à 1508 un journal très précis, jour par jour, parfois même heure par heure, de tous les événements qui se sont déroulés à la Cour pontificale ». Évidemment, il s'agit d'un cas extrême...
• Question : Etes-vous pour ou contre le mariage des prêtres ?Quelques témoignages
• Église catholique de France : « Pourquoi les religieux et les prêtres s’engagent-ils à vivre dans le célibat ? Ni mépris du mariage, ni aversion à l’égard de la sexualité, le célibat est une façon particulière de vivre cet appel à l’amour. Vécu dans la chasteté, il est un signe prophétique : il signifie que leur vie vient d’un Autre qu’eux-mêmes et qu’elle se réalise pleinement quand ils deviennent don pour les autres. En dehors des prêtres diocésains, certains religieux sont aussi appelés par leur institut à devenir prêtres. A l’image du Christ resté célibataire pour faire alliance avec tous les hommes, le prêtre renonce à aimer une personne en particulier pour être signe de l’amour de Dieu pour tous les hommes. Le Christ y fait allusion dans l’Évangile : « il y a des personnes qui ont choisi de ne pas se marier à cause du Royaume des cieux ». C’est donc le critère de l’amour qui doit guider la personne dans son discernement pour devenir prêtre. Répondant librement à l’appel de Dieu, il ne vit pas le célibat comme une contrainte, mais comme une ouverture à une grande fécondité, certes différente de celle d’un couple, mais tout aussi riche ».
• Sylvie Marcilly, présidente du Conseil départemental : « Je ne vois pas pourquoi aujourd'hui, au XXIe siècle, on empêcherait des prêtres de se marier et d'avoir des enfants. Au nom de quoi est-ce que le célibat ferait vaciller la foi chrétienne de tous les fidèles ? Je suis moi-même chrétienne et suis absolument pour. Enfin, de la même façon, je ne vois pas pourquoi nous n’aurions pas des femmes prêtres. Je pense qu'il faut évoluer avec son temps. La foi chrétienne, c'est une croyance d'espoir, de conviction. La bonne parole, la foi, l'amour de son prochain, l'entraide, la solidarité ne se mesurent pas à l'aune d'un célibat ».
• Sophie : « L’Eglise doit suivre la société. Elle avance trois fois plus vite qu'elle et cela lui fait du tort. Les diacres sont mariés. Pourquoi pas les prêtres ? Et pourquoi ne pas confier la prêtrise aux femmes ? Les Protestants ont bien des femmes pasteurs ! ».
• Jean-Michel : « Ce serait bien que les prêtres puissent vivre leur vie pleinement et je suis persuadé que de nombreux fidèles ne verraient aucun obstacle à leur mariage. Si un jour il y a un référendum sur le mariage des prêtres, je voterai oui. Ainsi que pour les religieuses d’ailleurs. Les protestants, les orthodoxes, les rabbins, les imams peuvent se marier. Pourquoi l’Eglise catholique reste-t-elle sur ses positions ? ».
• Philippe : « Pour ma part et sans doute comme pour beaucoup, en tant que citoyen de culture catholique, je ne peux pas ne pas m'interroger sur le lien entre l'interdiction du mariage des prêtres et des scandales de pédophilie dans l'église catholique. Nous savons bien que l'abstinence sexuelle imposée peut conduire à des dérèglements. Ainsi, des prêtres commettent des actes en contradiction avec le message d'amour des Evangiles. Jamais peut-être cette fameuse citation de Pascal ne nous a autant éclairés : "L'homme n'est ni ange, ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête ". L'autorisation du mariage des prêtres, à ceux qui le souhaitent, serait donc à mes yeux la bienvenue ».
1 commentaire:
Il y à bien longtemps que les prêtres catholique auraient dû se marier, j’ai bien connu cette affaire dans ma commune de naissance et la le prêtre a quitter la soutane pour se marier, c’était en 1962. Il faut réellement qu’il y ai une évolution dans le sens du mariage des prêtres
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