dimanche 12 janvier 2014

Saintes : Exclu du parti socialiste, la révolte de Jean Rouger


Il y a déjà plusieurs semaines que cette épée lui pesait sur la tête. Elle est tombée mercredi dernier. Le Parti socialiste a exclu Jean Rouger de ses rangs, mais il garde son sang-froid. Maire sortant, il conduira une liste, quelles que soient les décisions des apparatchiks…


Mercredi après-midi, devant la presse réunie en sa permanence de campagne, Jean Rouger a expliqué la situation dont il a rappelé les principaux événements. En tant que maire sortant, il pensait bien que les primaires socialistes le désigneraient. Or, il s’est retiré face à des « manœuvres » qui lui semblaient suspectes. Un nombre important d’inscrits aux primaires l’ont, en effet, surpris.
Vainqueur de cette consultation interne, Isabelle Pichard-Chauché a été investie officiellement par le parti socialiste. Dès lors, Jean Rouger a décidé de faire bande à part.
Aujourd’hui, deux listes, fraternelles mais opposées, représentent la gauche : celle d’Isabelle Pichard-Chauché, conseiller général de Saintes-Ouest et celle de Jean Rouger, dont les membres sont pour la plupart socialistes (encartés de longue date).

Dernièrement, les instances du PS ont envoyé un courrier à Jean Rouger, avec accusé de réception. « Ta démarche dissidente est contraire aux objectifs du parti socialiste. Elle est de nature à entraîner la confusion dans l’esprit des électeurs dans une période où les socialistes doivent plus que jamais être rassemblés. Le bureau national a donc souhaité que tu prennes publiquement l’engagement de renoncer à ta candidature de manière à dissiper tout malentendu avant le 6 janvier » ont écrit Alain Fontanel, secrétaire national aux fédérations et Christophe Borgel, secrétaire national aux élections. 

« Nous avons honte de ces comportements »

Réaction immédiate de Jean Rouger qui n’a pas franchement apprécié. Il a pris sa plus belle plume pour répondre à ces messieurs : « Le contenu de votre courrier s’apparente à un salmigondis mal ficelé. Je vous accuse, l’un et l’autre, non seulement de n’avoir pas répondu à mes courriers et mails des mois d’octobre et novembre 2013 et en plus, de vos attitudes dilatoires à mes différentes sollicitations téléphoniques : " je te rappelle plus tard… ", «"Je suis interpellé par Harlem… ". Je vous ai posé des questions précises sur les irrégularités et les manipulations de la désignation des candidats dans la section du PS de Saintes. Et le Premier Secrétaire fédéral de Charente-Maritime en a été informé en temps réel. Ces manœuvres disqualifient n’importe quelle élection en temps ordinaire. C’est ce qui a valu mon retrait éclairé et contraint, deux jours avant la mascarade de désignation. Vous êtes demeurés silencieux, immobiles. Vous avez cautionné cette mascarade et ainsi, vous érigez en règle statutaire des manœuvres frauduleuses. Vous avez validé des errements de certains partisans locaux très activistes. L’analyse logique des événements est sévère. Et ce n’est plus un secret. Nous avons tous honte de ces comportements. J’ai accepté le seul choix compatible avec ma morale personnelle et des valeurs socialistes généralement observées : La révolte ».

Le ton est donné, Jean Rouger et ses colistiers, qui ne comprennent pas pourquoi le PS les a abandonnés (tous lui ont été fidèles), se maintiendront contre vents et marées. « Nous confirmons notre candidature aux élections de mars prochain ».
L’exclusion du PS du maire sortant ne l’émeut pas outre mesure, même si elle l’affecte (sans doute se souvient-il de la façon dont Michel Baron, ex-maire de Saintes, l’a débarqué en 2002 pour choisir un autre poulain, Jean Moulineau). « Je reste socialiste, indépendant, libre et je m’installe en vacances du parti auquel j’appartiens depuis des années ».
Pourquoi le PS le traite-t-il ainsi ? En tant que député, il pense qu’il a fait son travail. L’affaire serait davantage liée au contexte local. Est-ce un hasard si le fils de Michel Baron figure sur la liste d’Isabelle Pichard-Chauché ? En tout cas, Jean Rouger veut avancer. Se référant à Mandela et à Mitterrand qui ont pris le temps de la réflexion pour conduire leurs actions, il a établi une feuille de route avec des centristes, des communistes (ils étaient 5 dans l’ancienne équipe dont deux adjoints, Michèle Carmouse et Thierry Leblan) et des Verts, Brigitte Arnaud et Jacques Boisset.
« Nous animerons 15 réunions dans les quartiers et ferons une campagne de proximité ». Même si « toute cette histoire lui reste en travers », il ne baisse pas les bras et présentera sa liste le 16  janvier à 19 h 30 dans la salle Geoffroy Martel.

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