dimanche 29 septembre 2013

Sentiers des Arts
sur la côte royannaise :
Quand les ruines
inspirent des artistes


Regards hors saison sur le Mur de l’Atlantique, ainsi se nomme l’exposition proposée par l’Agglomération Royan Atlantique en divers lieux stratégiques de la côte, là où le temps a déposé des sentinelles. Celles de la Seconde Guerre mondiale en particulier.


Le soleil darde ses rayons sur la pointe de Suzac. Ce lieu protégé de l’estuaire avance le bout de son nez jusqu’aux flots en dévalant les falaises du Crétacé. Promontoire que festonnent des bosquets de chênes verts, il est un havre de paix. Bien avant les vacanciers, il a séduit les populations des premiers siècles de notre ère. À quelques encablures, se trouvait l’étrange et mystérieuse cité de Novioregum.

Visite guidée par l'historien André Voisin
Sur le plateau, le regard est attiré par d’anciens blockhaus que les Allemands ont construit durant la Seconde Guerre mondiale. Au XXe  siècle. Leur façon à eux de reconnaître l’aspect stratégique de cette côte qui regarde le Verdon. Ils appartenaient au Mur de l’Atlantique dont l’efficacité - ou plutôt l’inefficacité - fait penser à la ligne Maginot. Témoins de l’inutile, ils sont abandonnés aux aléas du temps, tagués et enfoncés dans la terre comme s’ils voulaient disparaître du paysage. Mais une évidence s’impose : ils sont terriblement résistants.

L'œuvre de Régis Crozat à la Pointe de Suzac

De là à inspirer un artiste, il n’y avait qu’un pas. Dans le cadre des Sentiers des Arts, Régis Crozet a installé des cubes aux facettes miroitantes. Des cubes qui tournent et font apparaître les ruines des monuments qu’il a immortalisés à travers le monde. Quel effet a-t-il recherché ? « Les modules du musée ambulant sont tombés du ciel. L’histoire et son patrimoine se déplacent sur un lieu où la trace de l’homme est toujours présente. Ici, nous sommes face à une architecture militaire. Il s’agit d’une nouvelle mise en scène de ma collection des sites militaires en ruine pour laquelle les dimensions esthétiques et didactiques sont privilégiées. Je souhaite démontrer qu’il existe depuis près de 2000 ans une architecture internationale, fruit des invasions et des échanges commerciaux. La pointe de Suzac incite à la découverte d’un beau chaos ». L’endroit a été bombardé et en porte encore les stigmates.
Un peu plus loin à Saint Palais sur Mer, Thierry Montoy propose « L’horizon inverse » sur la plage de la Grande Côte tandis que Philippe Vaz Coatelant, au phare de la Coubre, écrit « Le nom de la mémoire » sur le sable. Toujours à Saint-Palais sur Mer, Woïtek Skop imagine des « paysages éclatés » dans le jardin de l’ancienne maison des douanes et Violaine Dejoie-Robin fait chanter « le silence » sur la plage du Chay. Ces œuvres sont une invitation à la promenade à ne pas manquer.

Originales et surprenantes, elles font des ruines les braises immobiles d’un monde que le souffle ravive.

Phare et art... L'art phare !
L'escalier en colimaçon du phare de la Coubre (dont le régisseur est Catherine Bouyer)
Mémoire, j'écris ton nom (phare de la Coubre)/ Photos Nicole Bertin




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