lundi 11 avril 2022

Présidentielles : Le duel Emmanuel Macron/Marine Le Pen peut-il encore passionner les électeurs ?

Ceux qui s’attendaient à une autre configuration qu’un duel E. Macron/M. Le Pen sont déçus. Ils devront trancher entre le président sortant et celle qui le talonne depuis des lustres sans jamais pouvoir s’affirmer. De guerre lasse, certains électeurs s’abstiendront tandis que d’autres respecteront les consignes de vote pour le second tour dans le cadre du pacte républicain. Quant aux autres, ils se retrouveront dans ce monde qui n’est ni ancien, ni nouveau. Un monde d'incertitudes où les réalités du quotidien motiveront leur choix le 24 avril prochain. 

Dimanche soir chez des retraités de Haute-Saintonge. Chez Bernard et Jacqueline, pas question de film à la télé, ils suivent les élections. D’une part parce que les acteurs sont finalement aussi talentueux que dans leurs séries préférées et qu’ensuite, il s’agit de l’avenir du pays. Depuis de Gaulle qui a laissé dans leurs mémoires le souvenir d’un passé glorieux où l’honneur de la France passait avant le matérialisme triomphant, ils en ont vu des présidents ! Des grands, des petits, des clinquants, des normaux ! Avant 20 heures, ils sont impatients : y aura-t-il du suspense… au moins pourront-ils narguer leur voisin qui leur a annoncé, comme s’il était Nostradamus, que le duel opposerait Emmanuel Macron à Marine Le Pen. 

Bureaux de vote à la mairie de Jonzac 

Le repas est dressé : entre les asperges s’étirant sur un long plat destiné à les accueillir et le fromage de chèvre odorant qu’ils achètent au marché, ils regardent attentivement les résultats défiler et les journalistes « dégoiser ». Pas de grande surprise, c’est bien le duo annoncé. « Et voilà ! Ceux qui critiquaient Emmanuel Macron ou Marine Le Pen la semaine dernière appellent maintenant à voter pour eux. C’était pas la peine de dépenser des sommes folles en affiches, bulletins et prospectus pour en arriver là » remarque Bernard qui n’aime pas trop les esbroufes. Comme au jeu des petits chevaux, on revient à la case départ. Dimanche 24 avril, ils ignorent pour qui ils voteront, mais ils se rendront aux urnes « par respect pour ceux qui se sont battus pour une vie démocratique ». Et Jacqueline d’ajouter « C’est pas facile de faire un choix, on est saturés d’infos ! Macron, on le connaît, Marine Le Pen, on ignore ce que pourrait être sa politique puisqu’elle n’a jamais été au pouvoir. Nous, on veut simplement vivre tranquillement et que nos enfants soient heureux ». La formule est simple, mais tellement révélatrice du « carpe diem » ambiant… quand, à tout moment, le monde risque de s’embraser avec la guerre en Ukraine.

Emmanuel Macron en tête à Jonzac et dans des communes du canton, Marine Le Pen dans le Sud Saintonge 

Mercredi dernier dans la salle des fêtes de Jonzac. Grande réunion de soutien à Emmanuel Macron en présence du député LREM sortant, Raphaël Gérard. A ses côtés, Claude Belot, en routier aguerri de la politique, rappelle qu’il a croisé moult présidents. A ses yeux, certains sortaient du lot dont « Emmanuel Macron qui pourra apporter sa pierre à l’édifice s’il est réélu dans quinze jours ». Il est un peu moins enthousiaste quant aux appréciations concernant François Hollande ou Nicolas Sarkozy. Idem chez Bernard Lalande, ancien maire de gauche de Montendre « universaliste et socio-démocrate ».

Réunion à Jonzac en soutien à Emmanuel Macron : de gauche à droite, Bernard lalande, Raphaël Gérard, Claude Belot, Christophe Cabri
Claude Belot (ex UMP-Rad) et Bernard Lalande (ex PS) se sont ralliés à Emmanuel Macron quand ce dernier, devenu président, a composé un gouvernement réunissant des hommes et des femmes de droite et de gauche. En ce sens, il ne faisait que suivre l’air du temps où les Français, exaspérés par le balancier, souhaitaient le changement. Conséquence de cette stratégie qui s'est avérée payante, les Républicains et les Socialistes ont été vidés de leur substance par la République en Marche. Dès lors, ils sont dans une bien mauvaise posture, comme en témoignent les scores extrêmement bas de Valérie Pécresse et d'Anne Hidalgo. Les deux partis ont perdu leurs plumages respectifs, sans savoir s’ils les récupéreront un jour. A l’exception de Jean-Luc Mélenchon l’insoumis et du score réalisé par le communiste Fabien Roussel, la gauche s’est effritée. Les deux camps historiques peuvent-ils reprendre leur envol ? Voilà bien la question. Les Verts, quant à eux, ont été victimes du gel. Pourtant, il y a tant de choses à faire pour protéger le vaisseau Terre ! 

Que retenir de ce premier tour en Haute-Saintonge ? Claude Belot a démontré qu’il avait encore de l’influence à Jonzac et dans des communes du canton de Jonzac/Archiac, situation qui se traduit par le score obtenu par Emmanuel Macron au premier tour. Ce n’est pas le cas à Montendre, Archiac, Mirambeau, Saint-Genis, Montlieu, Saint-Fort ou Saint-Aigulin où Marine Le Pen arrive en tête. Aux Présidentielles, l'influence du Rassemblement National dans le Sud n’est pas une nouveauté. Jean-Luc Mélenchon parvient néanmoins à s’imposer à Sainte-Colombe et Boresse et Martron. Dans les villes importantes, Royan et Saintes, Emmanuel Macron devance les autres candidats. 

Quid du second tour ? La grande interrogation est de savoir si le pacte républicain sera appliqué ou pas. Les jeunes en particulier, non patinés aux grandes ères que furent la gauche et la droite traditionnelles, peuvent créer la surprise. Attendre et voir, comme disent les British…

• Résultats en Saintonge et Haute Saintonge (tableaux © Ministère de l'Intérieur)













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