samedi 4 mai 2013

Tara, la goélette des glaces
a fait escale à Bordeaux


Le long des quais, non loin de la place de la Bourse, là où ont été aménagées des zones piétonnes où promeneurs et cyclistes se donnent volontiers rendez-vous dès que le soleil darde ses rayons, Tara a fait son apparition. Cette goélette des glaces raconte une belle histoire…


Dans le cadre de la semaine du développement durable, Tara, l'Antarctica de Jean-Louis Etienne, aujourd'hui propriété de la société Agnès B dont est responsable Etienne Bourgois, a fait étape à Bordeaux.
Ce bateau est exceptionnel : en pionnier, il est allé jusqu'à l'extrême Nord de la planète. Pour étudier, pour mieux comprendre. Ce routard des glaces, qui ne s'en laisse pas compter, a connu bien des épreuves et bravé des froids intenses ! A une époque où le réchauffement climatique inquiète les scientifiques, les résultats qu'il rapporte de ses expéditions sont étudiés à la loupe.

L'équipage reçu à la Mison Flottante. Tara, c'est (entre autres) Etienne Bourgois, responsable de l'entreprise Agnès B, Bernard Buigues, armateur (les mammouths prisonniers de glaces de Sibérie n'ont pas de secret pour lui !), Romain Troublé, Christian Marliave, coordinateur scientifique, etc. Durant sa septième expédition (50 escales, 30 pays) , l'équipage comprenait 70 membres et 126 scientifiques qui se sont relayés.

Reçu au pavillon du futur musée de la mer, dans la fameuse Maison Flottante de Norbert Fradin, l'équipage de la goélette, transformée en laboratoire d'observation, a bien sûr abordé ces questions d'actualité. « Il n'était pas question de venir à Bordeaux sans s’y arrêter ! C'est pour nous l'occasion de présenter le travail réalisé » a souligné Romain Troublé, secrétaire général du fonds de dotation Tara. Les constatations sont préoccupantes : la surface de banquise se réduit dans l'Arctique (une superficie de 18% environ depuis 2007) et les diverses simulations effectuées sur le futur climat du pôle prévoient la disparition de la glace de mer durant l'été. D'où une élévation du niveau des eaux.
« Nous avons constaté les effets de ce réchauffement en dérivant deux fois plus vite que la normale. Ce qui se passe actuellement est dommageable » estime Romain Troublé.

Des aménagements sont prévus dans le secteur des bassins à flots de Bordeaux où sera situé le futur Musée de la Marine
La septième expédition de Tara s'est déroulée de 2009 à 2012, soit quelque 115000 kilomètres autour du monde. Ce sacré périple, qui a réuni une centaine de scientifiques internationaux, a duré 938 jours sur tous les océans du globe ou presque !
Au programme, l'étude des écosystèmes planctoniques dans les deux hémisphères. En effet, on ne connaît pas grand chose sur ce maillon essentiel qu'est le plancton, au départ de la chaîne alimentaire. 

Les chercheurs ont prélevé 27000 échantillons. Selon le chef de l'expédition, Eric Karsenti, « nous avons constaté que le plancton était colonisé par un nombre gigantesque de virus, qu'il s'adaptait au réchauffement, tout en continuant à fabriquer la moitié de l'oxygène, à capter la moitié du gaz carbonique et donc à réduire l'effet de serre. Toute variation de la composition du plancton pourrait avoir un impact sur l'équilibre gazeux de la planète ». Donc sur l'humanité.
Un regard a également été porté aux massifs coralliens qui présentent « un bon état de santé général ». Par contre, l'équipage a fait une bien mauvaise rencontre. Elle a trouvé du plastique dans l'Antarctique, entre « 956 et 4282 morceaux au kilomètre carré ». Que faisait-il là ?...

Le 19 mai prochain, Tara partira de Lorient pour de nouvelles aventures.

 Bientôt, un musée de la Marine à Bordeaux 


L'équipage de Tara a profité de son escale dans la capitale girondine pour découvrir l'étonnante Maison Flottante où est exposée la maquette du futur musée de la Marine.
« A Bacalan, je participe à la transformation du quartier des bassins à flots. J’y possède des terrains et compte mener à bien une tranche de 500 logements. Cet endroit, qui sera l’un des plus prisés de Bordeaux, me semble intéressant pour y implanter un futur musée de la Marine  » a expliqué Norbert Fradin, investisseur à qui l'on doit (entre autres) la rénovation du château de Lormont, à l'entrée du Pont d'Aquitaine.


Norbert Fradin et Romain Troublé. « L'entreprise Tara se situe dans la tradition des explorateurs qui parcourent le monde. Les océans n'ont pas livré tous leurs secrets. Chaque jour, on fait de nouvelles découvertes » a déclaré Norbert Fradin. Et d'ajouter : « Le Musée de la Marine de Bordeaux combinera passé et avenir. Nous sommes invités à être les acteurs de l’histoire ».



Allocutions à la Maison Flottante
Des plans ont été élaborés. Le musée, d’une superficie de 4000  m2, s’insérera dans un complexe plus vaste, avec restaurant et boutiques, de 13000  m2. «  En fait, il s’agit d’un vieux rêve. Enfant, je voulais faire l’École Navale et devenir officier de marine. J’ai pris une autre direction.  L’objectif poursuivi est de rendre à Bordeaux son riche passé de port maritime. Aujourd’hui, la capitale de l’Aquitaine est associée aux grands vins. Or, elle possède d’autres facettes non négligeables  ».

 Son projet a été bien accueilli : «  De nombreuses personnes m’encouragent et m’apportent leur soutien. En 1978, le déménagement de l’ancien musée, situé place de la Bourse, a été mal vécu. Les objets ont été stockés dans des réserves qui n’étaient pas suffisamment sécurisées. Conséquence, ils ont été envoyés au Musée de la Marine à Paris. Il serait souhaitable de les récupérer ».
Comment Norbert Fradin conçoit-il cette structure ? «  Dotée des nouvelles technologies, elle développera une dizaine de thèmes. S’y ajoutera un atelier qu’animera l’association des maquettistes de Guyenne. Outre l’organisation de conférences et de colloques, j’imagine une salle où le visiteur sera plongé au cœur de scènes maritimes en 3 D  ». Norbert Fradin devrait y présenter ses propres collections.

Le projet de Norbert Fradin
En l'attente de cette réalisation, Norbert Fradin a bien sûr visité Tara qui a ouvert exceptionnellement ses portes au public sous la conduite du capitaine. Un public ému à la pensée de pénétrer dans un véritable sanctuaire dédié à la défense de l'environnement…

 • Tara, bateau ambassadeur
des citoyens du monde

« Tara Expéditions est née d’une formidable envie de garder espoir. C’est une quête collective, celle de comprendre ce qui se passe sur le plan climatique et l’expliquer simplement. Quand nous avons acquis Tara en 2003 pour créer le projet Tara Expéditions, la démarche environnementale, de surcroît initiée par un chef d’entreprise, était encore marginale. Aujourd’hui, je ne me sens pas écologiste intégriste. Je pense qu’il faut vivre avec nos contradictions et essayer de les résoudre. Cela tient en fait de la révolution des mentalités. Pour agir en écologie, il faudra sortir d’un monde individualiste. C’est la clé. C’est ce que nous avons tenté et réussi sur Tara. Ce que nous ferons encore. Un travail d’équipe au service de la planète. Ce bateau exceptionnel doit poursuivre sa mission d’ambassadeur des citoyens du monde, il doit rester un catalyseur d’énergie et d’envie pour aborder la question essentielle qui se pose à tous : quel avenir préparons-nous à nos enfants ? Telle est ma motivation pour Tara Oceans » souligne Etienne Bourgois, responsable de l'entreprise Agnès b, président du Fonds Tara et co-directeur de Tara Oceans. 


Bienvenue dans la géolette !

• Lancement
de Tara Oceans Polar Circle 


Le voilier polaire Tara partira de Lorient le 19 mai prochain pour une nouvelle expédition : Tara Oceans Polar Circle. Une aventure scientifique de sept mois autour de l'océan Arctique de 25 000 kms qui empruntera les passages du Nord-Est et du Nord-Ouest.
Soutenue par le CNRS, le CEA, l’EMBL et d’autres partenaires privés et publiques, cette mission réunira biologistes et océanographes. Elle s’intéressera à la biodiversité planctonique en Arctique ainsi qu’à d’autres problématiques propres à cette région sensible aux changements climatiques, à un moment où l’on assiste à une fonte accélérée de la banquise arctique en été.
 En incluant l’océan Arctique, Tara Oceans Polar Circle parachèvera l’ambition de Tara Oceans 2009-2012 : récolter du plancton dans tous les océans du monde. Durant Tara Oceans, seul l’océan Arctique avait manqué dans l’effort de collecte et d’analyse.
Il y a donc un intérêt très important à pouvoir comparer la biodiversité marine arctique avec la biodiversité des autres provinces océaniques, dans un contexte de transformations majeures de cette région.



• A la découverte du plancton arctique,
principal objectif de Tara Oceans Polar Circle 


Mieux connaître l’écosystème arctique, en partant à la découverte des espèces planctoniques méconnues et en tentant de décrypter leurs interactions avec le milieu. Le plancton séquestre une grande partie du C02 que nous émettons.
Forts de l'expérience de Tara Oceans, les scientifiques effectueront une étude intégrée et pluridisciplinaire des écosystèmes marins arctiques afin de mieux comprendre leur évolution en cours et futur. La science a un besoin urgent de ces données. L'écosystème planctonique (des virus aux larves de poissons) n'est pas encore trop impacté par les prélèvements industriels et reste un bon indicateur des changements.
 L’expédition Tara Oceans Polar Circle prévoit un programme multidisciplinaire et unique d'échantillonnage du plancton : il englobe des méthodes océanographiques, optiques et génomiques et permet de décrire le plancton (virus, bactéries, archées, protistes et métazoaires) dans son environnement physico-chimique de manière originale et inédite.
Diverses disciplines, comme l'océanographie, la télédétection, l'écologie, la génomique, la biologie moléculaire, cellulaire et des systèmes, la taxonomie, la bioinformatique, la gestion des données ainsi que la modélisation, seront mises à contribution lors du traitement des données.

Tara, quai Richelieu à Bordeaux

• L’Arctique, une région affectée
par les changements en cours 


En complément de cette approche biologique globale, d’autres questions spécifiques à l’Arctique seront abordées du point de vue océanographique et chimique, comme par exemple l’évaluation des taux de mercure présents dans l’atmosphère et dans la mer ou encore la concentration de particules de plastique. Le but sera ainsi de comprendre quelle est la vulnérabilité de la biodiversité polaire aux activités humaines, comment la fonte de la banquise impacte l’écosystème polaire marin, quelles pollutions s’immiscent dans ces régions reculées.

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