Anne-Marie Molinié nous prie d'insérer
Ces dernières semaines, nous avons été sollicités par une vaste campagne médiatique à venir manifester le samedi 12 novembre en gare de Pons, et tous les samedis à venir, afin de maintenir dans notre ville les arrêts de trains existants. L’objectif : arrêter symboliquement trois trains.
La population, venue nombreuse le jour J, a joué le jeu. Les élus également, toutes étiquettes confondues.
Cependant, bien naïf est celui qui croit avoir fait un bras de fer avec la direction de la SNCF. Un observateur avisé aurait pu voir ceci…
Cette manifestation a été organisée par un Comité de Défense avec l’appui de la municipalité de Pons et d’une partie des syndicats de la SNCF. Au-delà de la vie pontoise, la société française est étroitement associée à de larges mouvements de contestation orchestrés par des syndicats réputés puissants et arc-boutés sur les acquis de la société salariale et de l’Etat providence d’Après-guerre. Normalement, ces mêmes syndicats servent les intérêts des salariés de leur entreprise et défendent logiquement l’intérêt public.
Les élus descendent sur la voie ferrée avec une banderole. Ils changeront bientôt de position, le train Nantes-Bordeaux- Saintes arrivant dans l'autre sens...
Cependant, la réalité est parfois un peu « arrangée » aux yeux des personnes non averties. Les tractations ressemblent alors à un jeu d’échecs où chacun essaie de tirer ses propres marrons du feu.
Samedi dernier, à la gare de Pons, les règles du « jeu », annoncées par voie de presse, étaient les suivantes : « Arrivée à 11 heures, amenez vos sandwiches pour faire passer le temps : il faut bloquer au moins 3 trains dans la matinée jusqu’à 13 h 30 ». Les dirigeants de la SNCF étaient dépeints comme « faisant preuve d’inertie et d’un véritable autisme ».
Je vous assure que tel n’a pas été le cas puisque la personne qui tirait les ficelles de la manifestation a bel et bien été l’un des dirigeants de la SNCF, présent sur les quais ! Téléphone en main, il orchestrait la circulation des trains, leurs départs, leurs retards, leurs arrivées, le tout dans un consensus affiché par les syndicats qui faisaient dégager les voies censées rester occupées.
Nous n’étions plus là dans une manifestation pour maintenir un service public dans notre ville, mais plutôt dans un rassemblement qui recouvrait une forme partenariale et bonne enfant, les trains n’ayant pas été bloqués mais retardés, filtrés.
Ces nouvelles règles du jeu, par avance négociées, n’avaient pas été annoncées aux manifestants qui sont venus là en toute bonne foi. Et lorsque nous avons interpellé les syndicalistes et le responsable de la SNCF, ils nous ont fait – c’est un comble - la réponse suivante : « vous prenez en otage les usagers ». Ceux qui prennent le train régulièrement apprécieront leur humour!
Dans ces conditions, nous n’étions pas dans le cadre d’un bras de fer, mais dans un consensus. J’ai eu la désagréable impression que nous avons été manipulés.
J’espère, sincèrement, que nos parlementaires, quels qu’ils soient, feront preuve de plus de fermeté et d’efficacité que la pauvre naïve que j’ai été. Aujourd’hui, la seule obligation qu’aura la SNCF sera de rembourser les billets des usagers qui attendaient dans le train.
Anne-Marie Molinié
Sociologue
Sociologue
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