La communauté de communes de Haute saintonge est vraiment officielle puisque le Préfet Yves Mansillon a signé l’arrêté de sa création le 29 décembre 1992. C’est donc une action menée rapidement, en moins d’un trimestre et dans laquelle Claude Belot, sénateur maire de Jonzac, s’est largement impliqué. Il nous livre son sentiment sur ce que l’on peut considérer comme un événement important pour la région.
On reconnait Pierre Jean Daviaud (Saint Aigulin), Jacques Rapp (Saint Genis), Claude Belot (Jonzac), René Monory, Marie-Claude Drouet (canton de Pons) et d'autres élus de Haute Saintonge lors de la création de la CDCHS
• Deux mois de campagne ont été nécessaires - et suffisants - pour la création de cette Communauté de Communes de Haute Saintonge. Quel est votre sentiment aujourd’hui ?
Claude Belot : La campagne vient de se terminer. Le Préfet a signé, le 26 décembre, l’arrêté créant cette CDCHS entre toutes les communes inscrites dans le périmètre du Contrat de Pays. Il a donc pris cette décision en son âme et conscience en constatant que 106 conseils
municipaux, représentant plus de 80 % des communes de Haute Saintonge avaient délibéré favorablement, 22 se sont prononcées contre, et 4 n’ayant pas délibéré. Cela constituait une large majorité. Ceci à la suite d’un débat où l’on a entendu beaucoup d’avis divergents sur
l’intérêt de cette communauté.
• Très schématiquement, quel est l’enjeu réel de cette nouvelle CDCHS ?
Une large majorité de conseillers municipaux, près de 1500, après un débat intéressé et parfois passionnant, ont bien compris quel était l’enjeu. L’enjeu, c’est de forger un outil capable de donner à la Haute Saintonge un développement local indispensable dans cette
période fragile et d’accélération de la difficulté dans le secteur agricole et viticole qui représente l’essentiel de notre richesse locale. Il fallait donc faire ce que nous avons fait et une très large majorité l’a reconnu.
• Que va-t-il se passer dans les prochains jours ?
Les 22 communes qui se sont positionnées contre ainsi que les deux autres qui n’ont pas encore délibéré vont être invitées par le Préfet à dire si elles souhaitent maintenir leur position où si elles préfèrent se ranger aux côtés d’une très large majorité, c’est-à-dire rester dans la nouvelle unité. Je tiens à dire que, dans ce cas, elles seront les bienvenues et que nous participerons ainsi à une action collective de développement qui va être amplifiée dès le début de l’année 93 et dont elles bénéficieront. Pour celles d’entre elles qui ne souhaitent pas participer à cette communauté, les choses sont claires : une loi sur l’intercommunalité prévoit les conditions de retrait des communes. Il faudra donc qu’une majorité du Conseil de Communauté se prononce pour délibérer et qu’un tiers des conseils municipaux ne s’y oppose pas. Je pense que c’est un cas de figure assez facile à réaliser. Ce qui est certain, c’est que la vie effective de la communauté de communes ne pourra commencer que le jour où l’on connaîtra la volonté définitive des communes qui ont souhaité, jusqu’à maintenant, se retirer. Je pense que cela devrait intervenir dans les prochaines semaines.
• Difficile de ne pas aborder le cas particulier de Pons ?
Dans ce cas, les choses sont simples. Le Sivom de Pons, du moins une partie des communes membres, avait souhaité se transformer en une communauté de communes. Le Préfet leur a clairement signifié que la majorité qualifiée renforcée, nécessaire pour fonctionner, n’étant pas réunie, il n’était pas question de la créer. Cela veut dire qu’en l’état actuel des choses, les Pontois n’ont qu’une alternative : soit se retirer mais pour aller où ? On ne voit pas très bien ; soit continuer à faire partie du Contrat de Pays transformé en CDC qu’ils avaient rejoint de leur plein gré il y a 17 ans et dont, jusqu’à présent, ils n’avaient tiré que des avantages. Mais ce sont eux qui exprimeront clairement leur souhait.
Ce que je leur dis, c’est que les vieilles lunes de la rivalité entre Pons et Jonzac n’ont strictement aucun sens à mes yeux. J’ai toujours œuvré, avec le maximum de mes forces, lorsqu’un dossier m’était soumis, pour la réussite des affaires pontoises. Ce que j’observe, c’est qu’une bonne partie des communes de ce canton a choisi d’appartenir à la CDCHS. Cela me semble un choix qui les engage définitivement.
• Parlons d’avenir. Quelles seront les grandes lignes de cette nouvelle intercommunalité ?
La première mission sera d’abord de rassembler tous ceux qui veulent contribuer à la réussite de notre région et chacun pourra trouver sa place dans ce dispositif. Tout le monde sera intégré à un travail de commission important. Ensuite, si l’on aborde l’action effective, il faudra d’abord connaître notre budget exact afin de fixer plus précisément ce que nous pourrons faire. Les moyens dont disposera la CDCHS seront beaucoup plus importants que ceux du Contrat de Pays, avec un contrôle démocratique beaucoup plus évident.
• On peut les chiffrer approximativement ?
Pour une population identique, je pense que l’on devrait atteindre le doublement des moyens. Cela va permettre d’amplifier l’action de développement local en matière artisanale, touristique, industrielle, telle que la conduisait le Contrat de Pays, mais avec plus de force.
L’année 93 va être celle du rodage et de la mise en orbite de ce dispositif. En ce qui me concerne, j’exclurai tout ce qui peut diviser, notamment en matière de politique. Même si pour d’autres enjeux, elle peut être importante. Nous avons le devoir, devant l’opinion qui vient de nous faire confiance, de réussir cette affaire. C’est une priorité.
• Cette nouvelle Communauté de Communes a eu les honneurs de la presse nationale, lundi dernier. Cela signifie quoi pour vous ?
C’est vrai, la presse nationale comme Le Monde et d’autres journaux dont certains plus spécialisés comme la Gazette des Communes, et même une radio parisienne, s’intéressent beaucoup à ce qui se passe chez nous en ce moment. On a le sentiment qu’on est tout à fait pionnier.
On peut aussi noter que cette communauté de communes sera mise en place officiellement, en mars prochain, par le Président du Sénat René Monory, qui m’a fait l’amitié d’accepter l’invitation. Il l’a fait d’autant plus volontiers qu’il conduit chez lui, à Loudun, la même démarche que nous.
• Un vœu pour 1993 ?
Que l’ensemble des ceux qui auront la responsabilité de faire marcher cette maison se réunissent dans l’esprit constructif et novateur qui a toujours animé le Contrat de Pays. Je sais que nous y parviendrons.
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