mardi 6 mai 2014

Départ du Crédit Agricole
de Saintes
à Lagord : La messe est dite ?


Malgré les manifestations hostiles au départ de la Caisse régionale du Crédit agricole de son siège historique de Saintes (en incluant Niort par la même occasion), les responsables ont tranché : en septembre 2016, le transfert devrait être opérationnel. 


Il faut avouer que la Caisse régionale du Crédit agricole de Saintes connaît des agitations médiatiques dont elle se serait bien passée. Depuis que la direction a décidé de transférer son siège social de Saintes dans les environs de La Rochelle, les réactions sont vives. Après un premier site qui ne faisait pas l’affaire, un terrain situé à Lagord a été retenu. Dès lors, les mouvements que provoque cette délocalisation ponctuent la vie locale saintaise habituellement calme.
Dernièrement, le sujet s’est invité aux Municipales. Un autre fait a mis le feu aux poudres quand la Caisse, craignant les perturbateurs, a convoqué son assemblée annuelle le 1er avril à la Base de Paban. Cette date célébrant généralement le poisson, craignait-on la présence de piranhas puisqu’un filtrage était prévu à l’entrée ?
Cette attitude a été vivement critiquée par les opposants dont l’association Aremut qui défend les intérêts mutualistes. Bilan, la réunion a été annulée vu l’ampleur prise par l’événement et Médiapart s’est fait un plaisir d’épingler la banque verte « dont le bon sens près de chez vous semblait avoir un hameçon dans les nageoires ».

Un nouveau rendez-vous a donc été organisé la semaine dernière au hall Mendès France, un lieu plus neutre et moins fréquenté par les militaires, en exercice tout au moins. Cela n’empêchait pas certaines dispositions ! A la porte, deux men in black avaient pour mission de vérifier si chaque arrivant avait le "bon" carton d’invitation. Sinon « circulez, il n’y a rien à voir ». Quelques journalistes, ne disposant pas du fameux sésame, pâtirent de cet ostracisme quand une âme charitable les reconnaissant favorisa leur accès.


La nervosité des organisateurs était-elle liée à la présence des syndicats ? Il y avait là les unions locales CGT et FO, l’Union Syndicale Solidaire avec le soutien de la FSU Charente-Maritime. Au programme, distributions de tracts, discussions et un vent assez persistant qui gonflait les banderoles. La suite allait se corser à l’intérieur, certains participants, sociétaires du CA, ayant la possibilité de s’y exprimer publiquement.


Les sociétaires étaient invités à s’opposer « à toute décision contraire à l’esprit du mutualisme ». 
S’y ajoute la perte d’emplois sur les bassins de Saintes et Niort avec le transfert du siège du C.A. « C’est un conseil d’administration composé d’une vingtaine de personnes qui décide pour les 138000 sociétaires » constatent les manifestants. 
Deux poids, deux mesures 

Laissons la parole à Louis Tercinier, président de la Caisse locale : « en un mois, nous avons eu sept articles dans la presse quotidienne. On nous reproche la réunion de Paban. Or, ce n’était pas une première. Déjà, dans le passé, nos sociétaires y avaient été conviés et avaient apprécié ce lieu. Le Colonel a préféré que l’assemblée soit annulée pour des raisons d’ordre public et de circulation devant la Base en raison des manifestations ». 
Il rappelle que « les salariés du CA ont été largement informés des intentions de la direction et que chaque cas a été étudié ». Il ne comprend donc pas pourquoi les attaques se poursuivent.
Les travaux du nouveau siège de Lagord, qui s’étendra sur 18000 m2, devraient commencer en 2015 pour une inauguration en septembre 2016. Le dossier est bouclé et le permis de construire a été déposé le 15 avril dernier. 500 salariés venant de Saintes et Niort y seront employés.
Resteront à Saintes deux agences - une troisième pourrait ouvrir vers le Cours Reverseaux - ainsi que la plate-forme téléphonique, soit 170 employés.

A gauche de la photo, M. Tercinier, président de la Caisse locale, accueille les sociétaires
Quant aux locaux vacants, situés en centre ville, ils intéressaient Jean Rouger à l’époque où il était président de la CDA. La collectivité les aurait alors loués pour abriter les différents services. Jean-Philippe Machon, qui vient de lui succéder, n’a pas encore fait savoir s’il poursuivrait le projet. Les bâtiments niortais, quant à eux, seront vendus plus aisément, sans travaux à effectuer.


 Philippe Callaud « hors délais » ? 

Au nom de l’Aremut dont ils sont respectivement président et trésorier, Richard Baron et Lucien Normandin ont interpellé les dirigeants du C.A sans vraiment être entendus. Pour Lucien Normandin, le départ du Crédit Agricole de Saintes est une catastrophe : « les réflexions préalables à un éventuel transfert n’ont pas été conduites avec les sociétaires dans le respect des règles coopératives précisées par la loi de 1947. Nous nous opposons catégoriquement à ce départ ». S’y ajoutaient moult griefs (non respect de convocation des sociétaires, rejet de la résolution, refus d’une candidature indépendante au conseil d’administration) : « cette réunion est donc invalide ». C’est pourquoi, l’Aremut n’exclut pas d’introduire une action en justice. Sentiment partagé par les syndicats. « Saintes doit vivre avec le Crédit Agricole. Nous refusons la disparition de plusieurs centaines d’emplois. Le malaise des salariés impactés doit être entendu. La caisse annonce une croissance de 4% pour 2013, soit un résultat net de 86,5 millions d’euros. Que devient l’esprit mutualiste ?» déclarent-ils.

Philippe Callaud, élu du Parti radical de gauche et membre de l'opposition au conseil municipal de Saintes, avait posé sa candidature pour devenir administrateur de la Caisse locale. Elle n’a pas été retenue au motif qu’elle avait été déposée « hors délais ».

Si l’Aremut est que jamais décidée à faire entendre sa voix, « les sociétaires sont les propriétaires du Crédit agricole », la messe pourrait être dite. Saintes, la capitale de la Saintonge, doit-elle se préparer à perdre le siège du Crédit Agricole qui profitera bientôt à l’Aunis ? Il n’est pas interdit de le penser. Au Conseil général, on se souvient des échanges musclés qui ont opposé à ce sujet Isabelle Pichard Chauché (Saintes), Jacky Quesson (Saint-Genis) et d’autres élus, très partagés sur la question.

500 salariés (Saintes et Niort) iront travailler au siège de Lagord
• Jean-Pierre Boutet-Petit, conseiller municipal de l’opposition, a demandé des explications en qui concerne l’obligation d’avoir un compte depuis un an pour être éligible au micro-crédit. La réponse des dirigeants fut évasive. Le directeur du CCAS a déploré devoir recourir aux services du Crédit Municipal de Bordeaux pour les personnes qui ne remplissent pas cette condition.

• Situation économique préoccupante dans la région avec le départ du CA de Saintes vers Lagord, à Saintronic (projet de cession), Wesper à Pons (redressement judiciaire) et au Comptoir du biscuit à Saint-Jean d’Angély où des dizaines de familles luttent pour retrouver du travail.

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