vendredi 13 janvier 2012

36 000 communes, 36 000 sujets
de mécontentement ?


En ce début 2012, faisons nôtre cette réflexion de Rochefort ! En mai 1868, dans le premier numéro de La Lanterne, journal satirique du Second Empire, il écrit : « la France contient, selon l’almanach impérial, 36 millions de sujets, sans compter les sujets de mécontentement ». Henri Rochefort sentait bien que de la critique ou plutôt de l’analyse des événements, sortiraient des vérités qu’il n’était pas toujours aisé d’exprimer sous peine d’exaspérer le pouvoir. Condamné pour avoir offensé ceux qu’on nomme “grands“, le rédacteur en chef fut contraint de partir en Belgique. Sa revue étant interdite en France, elle fut éditée à Bruxelles, ville où s’était réfugié un autre opposant à « Napoléon le Petit », Victor Hugo.

Autres temps, autres mœurs ?

Forcément puisque l’évolution est passée par là. La liberté d’expression est une valeur précieuse au pays des Droits de l’Homme et les outils de communication, multiples et variés, véhiculent en quelques clics les informations de New-York à Hong Kong. Cette concurrence, la presse papier la ressent cruellement et sa santé pourrait être meilleure. Si Victor Hugo vivait de nos jours, il aurait un blog et plus si affinités ! Dans les émissions littéraires, il lancerait quelques belles diatribes sur le politiquement correct qui corsètent les langues. Et, de sa maison de l’Île de Ré, il enverrait des pamphlets et des SMS.
Qu’aurait-il pensé de N. Sarkozy, ce « travailleur de l’amer » qu’une destinée fâcheuse a placé dans une période troublée ? Le sort s’acharne sur le président. Que n’eût-il pas donné pour un azur rayonnant et des Glorieuses au nombre de trente ? Il aurait gouverné tranquillement, droit comme un chêne et enfin apaisé. Nenni !
Le voyez-vous ramer contre l’océan déchaîné sous l’œil narquois d’Angéla ? Cette chipie qui travaille bien à l’école et décroche des bonnes notes. Tout l’accable. Crise financière, chômage, dette, crainte de la perte du triple AAA : 501 millions d’habitants en Europe, et moi, et moi, et moi ? Quand il se lève, Nicolas Sarkozy ne pense pas seulement à sa fille qui est un don du ciel, mais à la manière dont il pourra convaincre les électeurs aux Présidentielles. Ces ingrats le rejettent dans les sondages comme s’il n’avait rien fait pour eux !

N’ayant plus rien à craindre de DSK, le mec le plus sexy de la création, il est opposé à François Hollande, celui que les femmes de son parti envient car elles voudraient être à sa place. Observé par Lille et Poitiers, il ne compte pas rester en cale sèche en Corrèze et multiplie les déplacements. Il sait qu’il ne doit pas décevoir, c’est pourquoi il s’endurcit. Son adversaire n’est pas seulement un homme politique expérimenté, c’est un chef de guerre. Et ses troupes sont rodées : Premier tambour en jupette Nadine Morano, Généraux Claude Guéant et Jean-François Copé. Le patron de l’UMP attaque François Hollande : « Nous l’inviterons, de manière démocratique mais déterminée, à ne pas se cacher derrière le petit doigt de la couardise en politique » dit-il. La bataille sera dure avec des gentils mots d’amour !!! Tout autour, il y a les satellites, François Bayrou, Dominique de Villepin, Marine le Pen et les autres qui triment pour obtenir leurs 500 signatures.
Dans ce contexte, les Français ont le moral en berne. Les sujets de mécontentement sont nombreux. Autant dans les 36 000 communes, dont les ressources se sont réduites avec la perte de la taxe professionnelle, que chez les citoyens dont l’horizon s’est obscurci par manque de visibilité. Qu’importe les futurs conseillers territoriaux, les coups bas entre partis ou les excentricités des élus, le Français moyen n’en a que faire quand il boucle ses fins de mois. Paupérisation, pouvoir d’achat réduit, des vents mauvais les ballottent au gré d’intérêts qu’ils ne comprennent pas.

Quand des sociétés menacent d’affamer la planète en empêchant les agriculteurs d’utiliser librement leurs semences ; quand l’État impose des plans de rigueur sans rogner sur son train de vie et celui de ses représentants ; quand des salariés sont licenciés sans ménagement ; quand la compassion se tarit ; quand les œillères de l’apparence évincent les valeurs sur lesquelles reposent les fondements de la société : alors oui, le système a du plomb dans l’aile ! Avec la perte du tripe A, ne faudrait-il pas tout reprendre à zéro en retrouvant le goût formidable d’entreprendre, d’imaginer le futur et d’ouvrir les chemins nouveaux qu’appelle la modernité ?

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