dimanche 3 mai 2009

Cyclisme : Alain Meslet, de Meschers aux Champs-Elysées


Quand il était petit, la fée du cyclisme s'est penchée sur le berceau d'Alain Meslet. Elle l'a conduit sur les routes de France et d'Europe, jusqu'à Paris, où il s'est illustré sur les Champs Elysées. Après une carrière bien remplie, il s'est installé à Meschers, dans une maison qui surplombe l'estuaire de la Gironde. Il n'a pas oublié le vélo pour autant...


La passion est une qualité, elle donne un sens à la vie. Et quand elle vous envahit, l'ennui, qui naît généralement de l'uniformité, n'a plus droit de cité.
Quand il parle de cyclisme, les yeux d'Alain Meslet brillent de tous les podiums qu'il a gravis. Jusqu'à une étape du Tour de France, la plus belle, celle des Champs Elysées en 1977. Une victoire immortalisée par des centaines de journalistes et de photographes. Un moment comme celui-là ne s'oublie pas.

Rien ne prédestinait Alain Meslet à devenir cycliste professionnel. Né à Averton, près de Laval en Mayenne, il venait d'obtenir son diplôme d'ajusteur tourneur quand son père eut l'excellente idée de lui offrir un vélo de course, en récompense de son examen.

« J'étais doué, que ce soit en cross country ou athlétisme » avoue-t-il. Pour lui, il n'y a pas de secret : la bonne santé résulte d'une activité physique. Toutefois, entre un passe-temps et un engagement dans une équipe nationale, existe un certain fossé. Il le franchit allègrement en gagnant, dès l'âge de 17 ans, onze courses la première année.
Repéré par les chasseurs de tête, autrement dit les sélectionneurs, il fit son entrée dans l'équipe Gitane, un fabricant de cycles qui avait pignon sur rue en Loire Atlantique. Bien sûr, ce nom n'a rien à voir avec la marque de tabac et sa fameuse danseuse de flamenco !

Après avoir fait son service militaire au Bataillon de Joinville « avec les sportifs », il entra dans le sillon des « grands » tels que Bernard Hinault et Lucien Van Impe. Pendant des années, Alain Meslet parcourut des kilomètres et des kilomètres, dont six Tours de France et de multiples championnats. Il découvrit les Pays de l'Est qu'il ne connaissait pas et participa aux Jeux Olympiques de Munich et Mexico (d’où Colette Besson rapporta une médaille d'or).
En 1977, jour de chance, il remporta, à Paris, l'étape des Champs-Elysées (cette année-là, Bernard Thevenet décrocha le Tour de France). Un an auparavant, il s'imposa à la grande course organisée par le Midi Libre, ainsi que dans le Paris-Limoges. Sans compter de nombreuses épreuves...

« Le vélo, c'est la jungle »

Il a beaucoup pédalé, Alain Meslet, parce qu'il y croyait. « Le milieu est dur, il faut le savoir. Et puis, on ne touche pas des mille et des cents, contrairement aux footballeurs ou aux joueurs de tennis » souligne-t-il.
Pour les amoureux de la petite reine, le vélo est un moment sympa et convivial. On s'installe au bord de la route en attendant les coureurs et quand la caravane a bon cœur, elle lance des bobs et autres gadgets qui laissent un agréable souvenir. Voilà pour le spectateur !
Côté coureur, ce n'est pas tout à fait la même chose : « le vélo, c'est la jungle et le chacun pour soi. C'est un milieu très dur, exigeant. Il faut s'entraîner tous les jours. Les coureurs doivent avoir une hygiène stricte. Ils suivent un régime » constate Alain Meslet qui sait de quoi il parle.
Et le dopage ? « Apprendre que des coureurs prennent des produits est regrettable. C'est décevant, surtout pour les jeunes ».

A la question : « N'est-il pas normal de se booster quand on avale des centaines et des centaines de lieues par monts et par vaux ? Les coureurs ne sont pas des robots ! », Alain Meslet hoche la tête : « Je ne me suis jamais dopé. Tout est une question d'entraînement. Quand vous êtes au top, vous carburez bien. L'essentiel est d'être en parfaite condition ».
Il n'empêche que les coureurs, épinglés par les commissions de contrôle, jettent le doute. Le public déplore cette réalité qui altère l'image du cyclisme et son fonctionnement. Les autres disciplines n'échappent pas à ces aléas.

Alain Meslet est heureux du retour prochain de Lance Armstrong et, dès qu'il en a l'occasion, il parle des compétitions du passé : « Récemment, j'étais à Bordeaux où l'adjoint aux sports se souvenait de moi. Nous avons longuement discuté ». Si les victoires sont symboles de joie, il a connu des heures plus douloureuses. Il a dû abandonner le Tour parce qu'une tendinite le faisait souffrir, par exemple.
Il se souvient très bien de Bernard Hinault « garçon tenace et rigoureux, c'était un bon » et de Bernard Thevenet qu'il appréciait. Curieusement, il est plus discret quant à Raymond Poulidor « qui n'était pas d'une grande générosité » et sur Raymond Anquetil « grand amateur de fêtes ».


Meschers, port d'attache

Alain Meslet a raccroché naturellement. Il y a un temps pour tout, en effet. Il est alors devenu commercial pour les cycles Poulidor, puis il est entré chez Cotten, société spécialisée dans les vêtements de marine. Aujourd'hui, il travaille comme un poisson dans l'eau en vendant des piscines.

Meschers, son port d'attache, est tout indiqué pour cette activité. Depuis cinq ans, il habite une maison qui surplombe l'estuaire, endroit particulier où vagabondent des histoires de corsaires.
Dès qu'il en a l'occasion, il enfourche son vélo de course. Il longe la falaise jusqu'à Mortagne et bien plus loin quand les vents sont favorables ! Vous le croiserez peut-être samedi ou dimanche sur la route verte. Les sportifs, qui n'aiment pas rester dans un fauteuil, ont mille choses à faire. Il a transmis sa passion du sport à ses enfants Samuel, ophtalmologiste à Toulon, et à Stéphanie, demeurant à Laval.
Cet été, Il suivra le tour de France avec le journal l'Equipe. Sa façon à lui de rester dans l'ambiance !


Photos 1 et 2 : souvenirs cyclistes dont les Champs-Elysées

Photo 3 : Alain Meslet est heureux d'habiter Meschers, commune non loin de Royan qu'il apprécie pour sa qualité de vie et la gentillesse de ses habitants.

• L'info en plus

. Astiquer les rivets de la selle : Métaphore s'appliquant au coureur à la peine qui reste assis sur la selle de son vélo.
. Avoir les chaussettes en Titane : Avoir un bon coup de pédale.
. Avoir la Pancarte : Porter un maillot distinctif.
. Chasse Patate : Etre intercallé entre deux groupes de cyclistes.
. Cocottes : Poignées de frein
. Coup de cul : Elévation de la route sur une distance relativement courte qui nécessite de lever les fesses de la selle.
. Danseuse : Position du coureur lorsqu'il n'est pas assis sur la selle.
. éventail : Groupe de coureurs qui se place en diagonale pour se protéger du vent.
. Grupeto : Lors des étapes de montagne, groupe se formant à l'arrière de la course afin de ralLier l'arrivée avant les délais d'élimination.
. Keirin : Epreuve de Cyclisme sur piste. Épreuve originaire du Japon qui voit un peloton de six à huit coureurs suivre une motocyclette dont l'allure augmente progressivement de 35 à 45 km/h.
. Maillot à pois : lors d'un Tour de France, le coureur qui est en tête du classement du grand prix de la montagne.
. Maillot blanc : lors d'un Tour de France, le coureur qui est en tête du classement général des jeunes (coureur de moins de 25 ans).
. Maillot jaune : lors d'un Tour de France, le coureur qui est en tête du classement général
. Maillot rose : lors d'un Tour d'Italie, le coureur qui est en tête du classement général.
. Maillot vert lors d'un tour de France, le coureur qui est en tête du classement par point.
. Maillot d'or : lors d'un Tour d'Espagne, le coureur qui est en tête du classement général.
. Pédaler avec ses oreilles : Coureur dont le style manque de fluidité, balancant la tête au rythme de son pédalage.
. Sucer les roues : suivre ses adversaires sans jamais passer en tête du groupe.
. Tirer sur la meule : Accélérer vivement l'allure.

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