mardi 12 août 2025

Jonzac/Patrimoine : Autrefois « Roquefort » était le nom du quartier de l'église Saint-Gervais

L'office de tourisme de Jonzac propose des visites nocturnes de la ville tous les lundis à partir de 21 h 30 (22 h si canicule). Une bonne idée que de découvrir le patrimoine sous la lune !

Les monuments éclairés dévoilent leurs secrets à commencer par le châtelet, dont le musée vient d'ouvrir ses portes. Guidé par Savana, le groupe emprunte la rue de Champagnac, se dirige vers l'église après avoir découvert le temple protestant, redescend par la rue de Verdun, fait halte à la Porte de Ville, repart vers le Pont de pierre, le cloître des Carmes, s'arrête aux ateliers de la Corderie, emprunte l'ancien chemin de ronde pour rejoindre la place de la République et celle du Château. Belle promenade !

La rue de Champagnac
L'église de Jonzac et ses lumières qui symbolisent d'anciennes sépultures
mérovingiennes et du Haut Moyen âge
Jonzac aux XVIe et XVIIe siècles

Les textes relatifs au Jonzac des XVIe et XVIIe siècles sont rares. Par chance, les minutes d’un notaire catholique, Me Jean Couillaud (premier XVIIe), sont parvenues jusqu’à nous et ont été étudiées par Marc Seguin, de l’association des Archives Historiques de l'Aunis et de la Saintonge. 

A l’époque, Jonzac est un bourg comprenant deux parties distinctes, la « ville », et le quartier de l’église. A l’intérieur de la « ville » (désignation utilisée à la fin du Moyen-Age), l’ensemble présente un système de défense. Il est entouré de fossés qu’on appelle des douves et les maisons forment une enceinte avec des murs épais à l’arrière. 

D’un côté, la Seugne est doublée par des fossés ; de l’autre, se trouvent également des fossés qui, une fois comblés, sont devenus un sentier mieux connu de nos jours sous le nom de « rue de Champagnac ». En conséquence, contrairement à ce qu’on pourrait croire, la rue de Champagnac n’est pas une rue médiévale, mais un fossé comblé au début des temps modernes ! 

Jonzac a compté deux châteaux, le premier, ruiné, dont il subsiste des vestiges près du chemin de ronde, puis le nouveau construit à la fin du XVe siècle. Le seigneur de l’époque avait besoin d’un donjon symbolique qui figure sa puissance et face à une guerre éventuelle entre Louis XI et le duc de Guyenne, il était plus prudent de fortifer les édifices. 

L'ancien chemin de ronde

Devant, la basse cour correspond à la ville de Jonzac, avec deux places : les halles et le minage. On compte alors deux portes pour entrer et sortir : celle qui subsiste rue James Sclafer et une autre, aujourd’hui disparue, située au niveau de l’actuelle police municipale (peut-être portait-elle le nom de porte de Champagnac ?). Chez Fillaudeau, se trouvait un petit village rural. Dans le secteur, existait un lieu de culte, l’église Sainte-Marie (on ignore où elle était située). 

Sur l’autre colline, près de l’église dédiée à Saint-Gervais et Saint-Protais, le quartier, situé près de la rue d’Alvy et la rivière, s’appelle « Roquefort ». En se promenant, on devine la falaise et des carrières sont encore visibles. C’est un secteur dont on ne sait pas grand chose sinon que subsiste une maison du XVe siècle dans la rue de l’église. L’immeuble Nouguès, quant à lui, était vraisemblablement la maison du prieur au XVIIe siècle. 

Quartier d'Alvy : de la rue, il est difficile de deviner la présence
de carrières à l'arrière des maisons...


Présence d'une meurtrière dans le sous-sol d'une maison de la place de l'Eglise
L’ancienne épicerie Robin, aujourd'hui en rénovation, correspond à une habitation construite sur le rocher surplombant la rivière (d’où des éléments de défense en sous-sol). 

Sur le roc, dominant l’environnement, se trouvait la fuie (pigeonnier) d’Isabeau de Jonzac (XVIIe). L’église était entourée d’une vaste nécropole qui englobait la place du marché et allait jusqu’au champ de foire (cimetière de la Grand Croix). Une croix hosannière était sans doute située à l’emplacement de la balance publique (à proximité, se trouvait une structure de charité où étaient accueillis les indigents).

Jonzac comptait deux abreuvoirs, celui de chez Robin et celui du Château. En raison du tannage des peaux, règnait alors une odeur pestilentielle dans les rues de Jonzac à partir du château jusque chez Robin. En conséquence, les animaux ne voulaient plus boire à l’abreuvoir de chez Robin et lui préféraient celui situé en amont où les eaux étaient plus claires !

Dans le quartier, le sol a été surélevé d’au moins deux mètres.

Tous ces éléments permettent d'en savoir un peu plus sur cette période où la renommée de la ville était liée au commerce des peaux !

Le pont de pierre construit au XIXe siècle

Les fontaines des Carmes
Le marché
Une étape au temple protestant
Le châtelet et son chemin de ronde illuminé
Chapiteau de l'église Saint-Gervais Saint-Protais

Photos Nicole Bertin

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