mercredi 25 septembre 2024

Saintes : Inauguration du nouvel hôpital de jour d’oncologie

Le Groupe Hospitalier Saintes - Saint-Jean-d’Angély annonce l’ouverture du nouvel hôpital de jour d’oncologie de son site de Saintes. La rénovation de ce service permet de réaliser les différents types de traitements médicamenteux systémiques du cancer, dans un environnement moderne, accueillant et confortable


Un espace dédié aux soins et au confort des patients

Le nouvel hôpital de jour, d’une surface totale de 763m², est équipé de 6 chambres individuelles dont une PMR ; une grande salle de 12 places pour les traitements ; une salle de 6 places et une salle de 2 lits, permettant une flexibilité dans l’accueil des patients avec des besoins spécifiques ; des bureaux pour les consultations médicales, paramédicales et les soins de support.

Une équipe pluridisciplinaire au service des patients

L’équipe de l’hôpital de jour d’oncologie est composée de professionnels dédiés à l’accompagnement et aux soins des patients atteints de cancer : 4 médecins oncologues et et des attachés en oncologies digestives, oncologie thoracique, oncologie urologique ; 2 médecins hématologues dédiées aux consultations ; 1 cadre de santé ; 10 infirmières diplômées d’État (IDE), dont 8 présentes chaque jour, assurant des soins constants et de qualité, la coordination des parcours de soins, le dispositif d’annonce et la surveillance des patients en cours de traitement, ainsi que des missions d’éducation thérapeutiques ; 1 infirmière en pratique avancée (IPA), offrant un soutien clinique spécialisé ; 4 secrétaires médicales assurant l’accueil et la gestion administrative. Des diététiciennes, une socio-esthéticienne, un psychologue et une animatrice en activité physique adaptée complètent cette équipe et contribuent à la bonne prise en charge des patients dans leur parcours de soins.

Fonctionnement

L’hôpital de jour d’oncologie accueille les patients du lundi au vendredi, de 7h45 à 19h15. L’offre de soins en cancérologie comprend également un secteur d’hospitalisation complète, un service de radiothérapie et des équipes chirurgicales. Ces équipes s’appuient dans la phase diagnostique sur un plateau d’imagerie complet (scanner et IRM) et sur un plateau de médecine moléculaire.

Financement

La réalisation de ce nouvel hôpital de jour d’oncologie a été rendue possible grâce à un financement mixte, comprenant des fonds propres du Groupe Hospitalier Saintes - Saint-Jean-d’Angély et des dons. Parmi les donateurs, la ligue contre le cancer de Charente-Maritime.

Nuit du droit : Le 3 octobre à Saintes, La Rochelle, Angoulême, Poitiers, Bordeaux

À l’occasion du 66ème anniversaire de la Constitution de la Ve République, le 3 octobre prochain, La Nuit du Droit revient pour sa 7ème édition en région Nouvelle-Aquitaine. Plus d’une vingtaine d’institutions organiseront une soirée consacrée au droit, ouverte au public, dans plus de 15 villes. Au programme : conférences, tables rondes, « ciné-débat », procès fictifs et historiques, concours d’éloquence et bien plus encore !


Créée en 2017 à l’initiative de Laurent Fabius, Président du Conseil constitutionnel, La Nuit du Droit est un événement culturel étendu dès 2018 à toute la France et vise à sensibiliser le public à l’importance du droit, de ses métiers, des institutions qui le créent, l’enseignent et l'appliquent, d’aller à la rencontre des professionnels du droit (parlementaires, magistrats, avocats, notaires, universitaires, etc).

Comme chaque année, les thématiques sont librement retenues par les institutions organisatrices qui ont à cœur d’intéresser le public à leurs missions. Ces thématiques reflètent les préoccupations qui animent la société : environnement, harcèlement scolaire, violences familiales, crimes de guerre, constitution, etc. Plusieurs formats à dimension pédagogique et ludique seront proposés, tels que des procès fictifs ou historiques, le déroulement d’une enquête, des concours d’éloquence, des débats, des pièces de théâtre, des projections de films suivies d’un débat ainsi que des conférences. Certaines Nuits du Droit transforment, le temps d’une soirée, les concitoyens en enquêteurs, juges d’instruction, jurés d’Assises.

Parmi ces événements : 

• Saintes : Procès fictif et débat de 17 h à 20 h. Des lycéens mettent en scène deux affaires correctionnelles déjà jugées par le Tribunal judiciaire de Saintes. Par le Tribunal judiciaire de Saintes, le Barreau, le CDAD de la Charente Maritime, le Lycée Bernard Palissy. 

Square du Maréchal Foch. Réservation obligatoire par mail à l'adresse : evenements.proximite.tj-saintes@justice.fr

• Angoulême : Ciné-débat autour du film « Pupille » de 18 h à 22 h 30. Par le Tribunal judiciaire, Conseil départemental, Barreau, CDAD de la Charente

Palais de justice - Place Louvel. Évènement accessible à tous dans la limite des places disponibles avec inscription préalable en ligne à l’adresse : : cdad.charente@org

• La Rochelle : Soirée théâtre dédiée à un procès fictif sur l’intelligence artificielle : « L’I.A. en questions » de 18 h à 23 h. Par la Faculté de Droit, de Science Politique et de Management de l'Université de La Rochelle et le Tribunal de commerce de La Rochelle 

Université 45 rue François de Vaux de Foletier

Événement gratuit avec inscription préalable par mail à : abdouramane.diarra@univ-lr.fr

• Poitiers (Au sein de la Cité judiciaire - 2 bis bd Maréchal de Lattre de Tassigny)

 17 h : accueil du public – entrée libre et gratuite - 17 h 30-17 h 45 : ouverture officielle par Frédérique Pascot, bâtonnière au barreau de Poitiers, Patrick Payet, président de l’École des Avocats de Poitiers, et Benoît Tirant, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine ; 17 h 50-19 h 50 : Regard croisés « Quand le droit rencontre le sport »

- Le regard du magistrat : Claude Pascot, président de Chambre, et Catherine Figerou, avocate générale « De la jupette au short : la tenue des athlètes comme révélateur des valeurs véhiculées par le sport » ; Cyril Bousseron, président du Tribunal judiciaire de Poitiers « Le sexe à l’état civil et le sport » ;

- Le regard de l’avocat : Jean-Philippe Lachaume, « La conférence des conciliateurs du Comité national olympique et sportif français : une « juridiction » pour les sportifs ? » ;

- Le témoignage du sportif : Stéphan Bignet, multiple champion de France de triathlon ; Bénédicte Normand, directrice « Le CREPS au cœur du sport et du haut niveau » ;

- Le regard de l’universitaire : Marianne Faure-Abbad, doyenne de la Faculté de droit et des sciences sociales de l’Université de Poitiers : « Le e-sport est-il un sport pour le droit ? » et David Gantschnig, maître de conférences de l’Université de Poitiers : « Les avantages excessifs (?) des agents sportifs » ;

 20 h-21 h : intermède. Une petite restauration sur place est possible auprès du Bistrô des Feuillants ou de foodtruck.

 21 h-21 h 45 : exercice d’éloquence « Le droit, un sport de combat ! » par Chloé Gabory et Thomas Naitali, élèves-avocats, sous le regard de Sylvie Martin, vice-bâtonnière ; Cyril Bousseron, président du Tribunal judiciaire ; et Romain Ollard, professeur à l’Université de Poitiers et directeur de l’Institut d’études judiciaires de Poitiers ;

 22h : clôture.

 • Bordeaux : Le droit : un terrain pour le sport ? 

Les réponses par des conférences, des exercices d’éloquences et un procès du supporter

Cette soirée, animée par Claude Deriau-Reine, référent des jeux olympiques 2024 à la Délégation régionale académique à la jeunesse, à l'engagement et aux sports (Drajes), réunira sportifs, universitaires, avocats, élèves-avocats et lycéens. Des exercices d’éloquence, des mini-conférences ainsi qu’un procès décalé figurent au programme, construit pour mieux comprendre le monde du sport et les rapports qu’il entretient avec le droit.

 Programme de la Nuit du droit à l’Hôtel de Région à Bordeaux (14 rue François-de-Sourdis)

 17 h  : accueil du public – entrée libre et gratuite - Exposition de photos d’agents sportifs : « Le fonctionnaire est-il un sportif comme un autre ? »

 17 h 30 - 17 h 45 : ouverture officielle par Alain Rousset, président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine ;

18 h - 18 h 45 : exercices d’éloquence par les élèves du lycée agricole de Blanquefort, et des lycées Gustave-Eiffel et Tregey Rive de Garonne de Bordeaux, guidés par leurs professeurs Mathilde Cousinie, Antoine Som, Véronique Legouis et l’association Lysias ;

18 h 50 - 19 h 10 : conférence « 2 août 1536, 29 juin 1559 : mortelles rencontres sportives pour les deux fils du roi François Ier » par Anne-Marie Cocula, historienne et ancienne présidente de l’Université Bordeaux-Montaigne ;

 19 h 20 - 20 h 20 : intermède ;

 20 h 20 - 21 h 20 : procès décalé : « Le procès du supporter » par des élèves-avocats de l’école Aliénor d’Aquitaine, avec la participation de Patrick Guillemoteau, Grégoire Mouly et Thibault Saint-Martin, avocats au barreau de Bordeaux ;

21 h 30 - 22 h 30 : Regards croisés « Quand le droit rencontre le sport ou vice versa »

- Le regard de l’universitaire : Carlos-Manuel Alves, professeur à la faculté de droit de Bordeaux « Ethique environnementale et lex sportiva ou quand l’environnement rentre sur le terrain » ; Jean-Pierre Karaquillo, professeur émérite à l’Université de Limoges « Quelle place pour le droit des communautés sportives ? » ;

-  Le regard de l’avocat : Simon Takoudju, avocat « Le sport à l’épreuve du pénal » ;

- Le regard du sportif : Ariane Van-Guelue, joueuse de rugby en première division « Sport de haut-niveau et pluriactivité, quel statut au regard du droit du travail ? ».

 22 h 45 : clôture.

mardi 24 septembre 2024

Jonzac : Le premier sous-préfet a été nommé le 11 Germinal de l'an VIII (avril 1800)

Pierre Ratier, premier sous-préfet de Jonzac

Visite de la sous-préfecture organisée pour les Journées du Patrimoine

Historique présenté par le regretté Jean-Claude Arrivé (historien et conseiller municipal de Jonzac, il nous a quittés en 2020)

Partie du château occupée par la sous-préfecture qui a ouvert ses portes au public
 les 21 et 22 septembre

Création de la sous-préfecture

Quand les audiences du tribunal se tenaient... au presbytère

Après la création de la Charente-Inférieure réunissant les deux anciennes provinces de l'Aunis et de la Saintonge, le décret de Mars 1790 divise le nouveau département en sept districts. Les centres administratifs désignés sont Saintes, La Rochelle, Saint Jean d'Angély Rochefort, Marennes, Pons et Montlieu. Un nouveau décret du 23 Août de la même année désigne les villes où doivent siéger les tribunaux des districts. Les mêmes centres sont cités à l'exception de Montlieu où le tribunal est porté à Montguyon.

Il faut attendre dix ans pour que le Consulat, par le décret du 17 février 1800, érige Jonzac en sous-préfecture en raison de sa position centrale dans l'arrondissement. Cette décision implique la création d'un tribunal d'arrondissement.

Le siège de la nouvelle administration n'est pas encore bien connu quand intervient, deux mois plus tard, le 11 Germinal de l'an VIII (1er avril 1800), la nomination du premier sous-préfet de l'histoire de la cité. Il s'agit de Pierre Ratier dit Ratier de Montguyon. Originaire de Cercoux, avocat à Saintes, il s'est engagé en politique avant sa nomination au poste de sous-préfet. Il a été l'un des rédacteurs des cahiers de doléances de la sénéchaussée de Saintonge avant d'être élu député du Tiers aux Etats Généraux. Il représente la Charente-Inférieure à l'Assemblée Nationale de 1809 à 1815.

La ville de Jonzac devenue siège de la sous-préfecture, il faut trouver rapidement un logement provisoire au sous-préfet ; les locaux de l'ancienne maison curiale, rue Saint-Gervais, servent à cet effet. Ce bâtiment est une maison peu confortable que le malheureux Simon-Pierre de Ribeyreys, ancien prieur de Jonzac, avait fait rebâtir pour se loger. Victime de la vindicte révolutionnaire, l'ecclésiastique mourut sur l'échafaud en 1794. Ses biens furent confisqués et gérés par la municipalité provisoire qui venait d'être mise en place (délibération du conseil municipal du 9 thermidor de l'an II, 27 Juillet 1794).

Le logement est situé à l'emplacement de l'actuel presbytère reconstruit en 1870 sous la municipalité conduite par Georges Coindreau. 

Le successeur de Ratier de Montguyon est Jean-Baptiste Thénard-Dumousseau nommé le 17 décembre 1803. Né à Montguyon, fils d'un juge sénéchal de la baronnie de Montlieu, il a été élu représentant de Montguyon au Conseil départemental, puis président du Canton. Après Thermidor, il devient membre du conseil des Cinq Cents et siège à la commission de la justice. Il se distingue en participant activement à la commission chargée de l'élaboration du Code civil.

A son arrivée à Jonzac, il fait l'amer constat que, dans l'arrondissement, tous les services de l'administration restent à mettre en place. L'un des premiers rapports effectués au préfet du Département, le premier jour complémentaire de l'an 13 (1805) souligne les efforts que devrait déployer l'administration préfectorale pour l'organisation des services de l'Etat.

Thénard-Dumousseau déplore l'absence de locaux pour l'organisation des audiences du tribunal qui se tiennent à titre provisoire dans une partie du presbytère - décidément très fréquenté -, situé rue Saint-Gervais. Il estime que « le local ne convient pas, ni à la nature, ni à la dignité de la fonction » mais, optimiste, il rappelle qu'un plan a été tracé et des devis arrêtés « pour construire un prétoire dans l'église de l'ancienne communauté des Carmes ». C'est ainsi que le tribunal de l'arrondissement est déplacé dans la chapelle des Carmes en1806 (manuscrit sur l'histoire des Carmes rédigé en 1971 par Guy de Bois-Juzan, ancien juge).

La Maison d'arrêt de l'arrondissement est située également dans une partie de l'ancienne communauté des Carmes appartenant à la ville de Jonzac. Selon lui, « elle réunit la sûreté et la salubrité ! ». Il est moins prononcé concernant les autres cantons de l'arrondissement. Une maison de dépôt devait se tenir près de chaque justice de paix, mais il n'en existait pas à Saint-Genis, Archiac et Montguyon. A Mirambeau, la prison appartenait à la commune, elle avait besoin de réparations considérables que la municipalité était « dans l'impuissance de faire à cause de l'insuffisance de son revenu ». Il signale que dans ce lieu, plusieurs évasions de prisonniers se sont produites et qu'il y a urgence à entreprendre des réparations. A Montendre, une chambre de dépôts se tient dans les bâtiments de l'hospice servant au casernement de la gendarmerie.

Thénard-Dumousseau est beaucoup plus exigeant sur la gestion des communes de son territoire. Il pense que la plupart des maires pourraient être accusés de négligence en ne cherchant pas de ressources suffisantes pour « l'entretien des chemins vicinaux et la défense des ponts ». Plus grave encore, il déplore l'absence de dynamisme - et peut-être de compétence - du premier magistrat des différentes municipalités. Il remarque que « les maires portent en général peu de zèle dans l'exercice de leur fonction » et rappelle qu'il a déjà eu « l'occasion de présenter au premier magistrat du Département, la nécessité d'une réforme dans cette partie de l'administration ». 

Il est un fidèle serviteur de l'Empereur Napoléon ler en demeurant à son poste de 1803 jusqu'à sa démission en 1813 pour raison de santé. Il en profite pour demander une pension à l'Etat et accepte de représenter Jonzac à la Chambre des Cent jours. Au retour de Louis XVIII, il reprend ses fonctions de sous-préfet le 8 Octobre 1815, mais les royalistes déclenchent une véritable opposition qui le conduit à la démission. Il est élu conseiller général de Jonzac trois ans plus tard. Sa fille épouse en 1813 Jacques Julien Blancfontenille, maire de Jonzac de 1813 à 1848. 

Il est à noter que la municipalité de Jonzac, à l'image des autres municipalités de l'arrondissement, manifeste à plusieurs reprises une certaine indépendance à l'égard de la Préfecture implantée à La Rochelle. Pour des raisons liées à leur éloignement géographique, mais aussi à cause des liens historiques unissant le sud de la Saintonge à Bordeaux, une majorité de communes souhaitent le rattachement de l'arrondissement de Jonzac au département de la Gironde.

C'est ainsi que lors des changements de régime, et au moins à trois reprises au cours du XIXème siècle, les conseillers municipaux jonzacais souhaitent le transfert de la Préfecture de La Rochelle à Saintes, lieu plus central géographiquement pour les habitants du sud du département.

En mars 1815, ils votent une motion en ce sens, quelques mois après le retour de Louis XVIII au pouvoir. En 1831, après l'arrivée de Louis-Philippe aux affaires, lors de la séance publique du conseil municipal du 15 Novembre, les élus de Jonzac donnent à nouveau un avis favorable « à un rattachement de l'arrondissement de Jonzac au département de la Gironde, mais si la Préfecture était ramenée dans la ville de Saintes, ils accepteraient de demeurer au sein du département de la Charente-Inférieure ».

Une autre tentative allant dans ce sens est ratifiée par les élus jonzacais le 8 Mai 1852, après la prise de pouvoir du Prince-Président, le futur Napoléon III. Aucune de ces demandes n'est suivie d'effet, les élus du sud ne sont pas entendus.

Le château de Jonzac. Sur cette photo d'archives, le châtelet est en travaux (@ N. Bertin)
Installation de la sous-préfecture au château de Jonzac

L'entrée des bureaux de la sous-préfecture
Dès l'acquisition du château en 1818, les frères Gautret s'empressent de louer une partie de l'aile nord pour y loger la sous-préfecture (emplacement actuel de la salle des fêtes). Il est vraisemblable que ces locaux devaient être d'une grande vétusté. 

En 1841, Jacques Blancfontemille, maire de Jonzac, rachète aux frères Gautret pour le compte de la ville, « le donjon du château et l'aile droite jusque et y compris la tour de l'horloge » avec sans doute le secret espoir que l'administration préfectorale ne quitte pas le château. L'importance des bâtiments et la nécessité de procéder à des travaux considérables peuvent expliquer la volonté des anciens propriétaires de se séparer d'une partie des biens.

De leur côté, les élus du Conseil Général souhaitent que l'administration préfectorale soit mieux logée à Jonzac car elle représente l'Etat dans l'arrondissement. A l'époque, la construction d'une nouvelle gendarmerie (actuelle médiathèque de la Communauté de Communes de Haute-Saintonge) est engagée près du Cloître des Carmes, transformé en prison depuis le Premier Empire. Ce bâtiment d'une grande dimension pourrait recevoir d'autres administrations. Les élus du département adhérent à l'idée de transporter la sous-préfecture en ce lieu. Pendant ce temps, le conseil municipal de Jonzac, pressentant avec juste raison, que les moyens de la ville ne permettront pas d'acquérir la totalité du château, dont elle n'aurait pas l'usage, formule le vœu que « l'hôtel de la sous-préfecture s'installe définitivement au château par l'acquisition de son aile gauche par le Département ».

Dès cet instant, une partie de bras de fer s'engage entre le maire Jacques Blancfontenille et le Préfet de la Charente Inférieure, ce dernier souhaitant que la ville cède gratuitement au Département une partie des bâtiments qu'elle vient d'acquérir pour y aménager les locaux de l'hôtel de ville. Après quatre années d'intenses négociations, un accord intervient en 1847 par lequel le département de la Charente Inférieure s'engage à acquérir une partie du donjon, la partie sud (côté place du château) et l'aile du levant, côté prairie. Une grange située approximativement sur l'emplacement de l'actuel monument aux morts, les jardins qui formaient la terrasse haute, fermés par une clôture et un portail sont inclus dans l'accord de vente ainsi que les jardins en bas de la falaise, appelés terrasse basse. Ces derniers étaient reliés à la terrasse haute par un escalier fermé à ce jour (l'emplacement apparaît encore aujourd'hui).

En 1887, la ville de Jonzac rachète la terrasse haute au département « pour donner satisfaction aux habitants et créer une sorte de balcon sur la vallée, d'où ils pourraient jouir de la vue magnifique qu'elle offre ». Plus tard, la clôture et le portail sont démolis. En 1920, la ville de Jonzac fait édifier, à l'angle de la parcelle, le monuments aux morts en souvenir des victimes de la Grande Guerre.

Ainsi depuis 1847, l'administration préfectorale est localisée dans les lieux que nous connaissons aujourd'hui. Un mur d'enceinte séparant la propriété du Département de celle de la ville de Jonzac est édifiée en 1855 dans l'ancienne cour du château (séance du conseil municipal du 24 février 1855). Sous le Second Empire et la Illème République, de gros travaux sont entrepris pour rendre fonctionnels les locaux de l'administration et le logement des sous-préfets.

• Pierre Léger Ratier, dit Ratier de Montguyon, fut le premier sous-préfet de Jonzac. Il était parent de Jeanne Guilhier, seconde épouse de Jean Gautret. 

Le rez de chaussée de la sous-préfecture abrite des éléments de l'ancien château dont une fontaine Renaissance, un puits, un four à pain, etc


Photos Nicole Bertin

Jonzac : Combats au château !

Le châtelet étant maintenant restauré, place au spectacle pour les Journées du Patrimoine, samedi et dimanche derniers, avec la troupe médiévale Au Grès des Armes et l'association Si Pons m'était conté 

Hommes en armures, heaumes sur la tête, cottes de mailles, épées, artillerie, costumes médiévaux : tous les éléments étaient réunis pour attirer un nombreux public place du château. Au programme, la reconstitution d'un épisode de la Guerre de Cent ans quand Français et Anglais s'affrontaient pour le territoire. La faute à Aliénor qui avait épousé en secondes noces Henri Plantagenêt !

Rappelons le contexte : Jonzac et les terres avoisinantes passent en 1327 à la Guyenne, alors sous le gouvernement du roi d'Angleterre, duc d'Aquitaine. En 1352, Pierre de Sainte-Maure riposte aux Anglais. D'où le spectacle imaginé par la compagnie Au Grès des Armes qui oppose les deux camps ! La vie tranquille des habitants (association Si Pons m'était conté) est subitement troublée par l'apparition des belligérants. C'est l'affrontement. Les bannières flottent au vent et le canon médiéval fait entendre ses détonations cinq fois.

Reconstitution médiévale

Le combat s’engage. Le fer claque, le canon retentit...

Chacun pense à cette époque troublée où le quotidien était rude. Belle mise en scène et applaudissements fournis. Le décor se prête superbement à ces histoires d'antan. Avant de se séparer, les spectateurs se font photographier avec les chevaliers qui continuent à fasciner. Il faut dire que porter une armure de 40 kg demandait une vraie forme physique, sans compter le poids des armes...

Bravo pour ce retour dans le temps et faisons nôtre la devise de Jonzac : "Post bella, otia pacis" (Après les guerres, les loisirs de la paix) !

• Selon l’historien Marc Seguin, le premier château-fort, qui s’élevait non loin de la Seugne, a été ruiné par la Guerre de Cent Ans (XIVe, XVe siècles). Il était alors la propriété d’Arnaud de Sainte Maure, seigneur de Jonzac, Montauzier et Chaux. Certains seigneurs se sont rebellés contre le traité de Brétigny (1360) et ont refusé de l’appliquer. Courageux, il combat l’Anglais qu’il faut bouter hors de France. Mal lui en prend : les soldats d’Henri Plantagenêt le capturent et lui confisquent ses biens. Fait deux fois prisonnier, il passe plus de dix ans en captivité. Enfin libre, il préfère se réfugier derrière les solides murailles de la ville de Pons…

Les comédiens se préparent au spectacle

On a chaud sous le casque !
Parade improvisée
Photo souvenir


A quand un son et lumière médiéval à Jonzac ?
Delphine et les jumeaux d'Archiac

Les Emprunteurs du temps animaient les visites du château
 • David, passionné par le travail de la forge, présente les éléments historiques figurant sur son couvre-chef (dont des saints de protection). 

Plusieurs éléments dont une coquille en hommage aux pèlerins de Saint-Jacques

Photos Nicole Bertin

samedi 14 septembre 2024

Rochefort/Réouverture de la Maison Pierre Loti : ouverture le 10 juin 2025 au public

16 millions d'euros de travaux, un véritable défi financier !

A Rochefort, la maison Pierre Loti (monument historique, labellisée Musée de France et Maison des illustres) va rouvrir ses portes au public le 10 juin prochain (date anniversaire de la mort de Loti décédé le 10 juin 1923 à l'âge de 73 ans) après cinq ans de travaux. Cette maison, en effet, reflète la personnalité d'un écrivain renommé dont la particularité était de rapporter moult témoignages de ses lointains voyages (28 au total et Tahiti). Ainsi, les salles de la vaste demeure se succèdent à un rythme flamboyant, loin de l'ennui qui aurait été pour lui source d'uniformité. Pour l'instant, elles sont encore dans leur chrysalide de restauration. Le résultat devrait être magnifique...

Présentation par Elsa Ricaud, architecte en présence d'Hervé Blanché, maire,
et Caroline Campodarve, première adjointe
La partie basque et son oriel ont été entièrement refaits
La façade et ses élégantes statues

Demeure de l'écrivain Pierre Loti et démesure de son imagination fertile, c'est un lieu particulier, voire exceptionnel tant il regorge de souvenirs que l'officier de marine a rapportés de ses lointains voyages. Ceux qui l'ont connue dans sa version d'origine se souviennent de la foison de décorations et de mobilier reflétant les différentes cultures du monde. La mosquée agrémentée d'une fontaine en particulier (éléments venant de Syrie, semble-t-il) retient l'attention par son harmonie, ses couleurs et le dépaysement qu'elle procure, si éloigné de l'architecture charentaise du XIXe siècle ! Il y a aussi la salle chinoise dont le trône de l'impératrice sera refait à l'identique, la salle turque, l'espace médiéval, une grande salle d'apparat avec sa cheminée Renaissance... et un petit cabinet qui restera interdit au public selon le vœu de Loti (s'y trouvent des objets d'enfance). Dans son port d'attache, Loti voguait ainsi d'un pays à l'autre, au gré des styles et des pièces aménagées... 

La salle Renaissance avant restauration (archives Nicole Bertin)

La salle en travaux


D'importants travaux étaient nécessaires car la maison, construite sur un sol instable, s'enfonçait peu à peu. Jeudi, une visite était organisée sur le chantier. Ceux qui s'attendaient à trouver un édifice quasiment prêt à rouvrir ses portes ont été impressionnés par les échafaudages, les plafonds écaillés. La restauration complète entreprise est un sacré challenge ! Les équipes sont à l'œuvre et de nombreux éléments ont été confiés à des artisans spécialisés. M. Dupuy maître verrier, travaille actuellement sur les vitraux de fenêtres gothiques « dont certaines viennent de Marennes » a souligné Elsa Ricaud, architecte du patrimoine qui a fourni moult détails sur les opérations en cours. 

Outre l'écriture, Loti était un personnage talentueux et foisonnant, grand admirateur du patrimoine et des civilisations qui nous ont précédés. C'était aussi un homme qui aimait les fêtes costumées et les siennes étaient célèbres à Rochefort. En effet, il y invitait des personnalités dont des "peoples" comme Sarah Bernhardt. Un formidable coup de projecteur pour la ville ! 

Propriétaire des lieux depuis 1969, la municipalité a fait un musée de cet intérieur insolite (de 1973 à 2012). Beaucoup de visiteurs se sont succédé en ces lieux et d'autres sont attendus quand la maison sera entièrement rénovée. Il reste du travail comme vous pouvez en juger d'après les photos ! Hervé Blanché, maire, reste optimiste : elle sera inaugurée le 21 mai prochain (Pierre Loti est entré à l'Académie Française le 21 mai 1891) en présence du Président de la République et le public pourra la découvrir en juin. On notera le merveilleux travail de rénovation des collections confié aux artisans d'art. Tapis, rideaux, plafonds, lustres, objets, liste non exhaustive. Le dernier étage, qui correspond à la partie basque de l'édifice, a été entièrement refait et des statues ornent désormais la façade.  

Le plafond de la mosquée

la salle turque inspirée de l'Alhambra
La mosquée possède un minaret
Avec cette importante restauration, l'agencement de la maison permettra une circulation "organisée" des visiteurs qui bénéficieront des dernières technologies, tout en s'émerveillant sur l'environnement. Les guides accueilleront des groupes de dix personnes afin que chacun puisse profiter pleinement de cette porte ouverte sur un homme attachant et la façon dont il voyait le monde.

La rénovation des vitraux de la salle médiévale par l'atelier Dupuy
Le plafond
Travaux débutés en 2020 sur l'ensemble du bâti, restauration du plafond de la mosquée, des collections, réhabilitation de deux bâtiments jouxtant les maisons historiques (accueil du public et réserves) et de deux autres maisons rassemblées en une seule habitation en 1895.

• Le visiteur passera allègrement de la salle chinoise au salon turc, découvrant ambiances feutrées et objets authentiques. Sans oublier la mosquée, les salles gothique, Renaissance, etc. Au temps de sa splendeur, l'écrivain - qui d'ailleurs sauva le château de la Roche-Courbon en lançant son fameux appel dans la presse - organisait de grandes fêtes sur des thèmes variés. Il n'avait que l'embarras du choix et ses amis prisaient fort ces soirées costumées. A l'époque, les civilisations orientales et asiatiques suscitaient la curiosité...

L'entrée de la salle chinoise restaurée

Photo d'archive : les objets présentés dans cette salle (@ Nicole Bertin)
• Le maire a remercié tous les partenaires financiers, les entreprises, les artisans, les mécènes, les donateurs. Conférence de presse à Paris au musée de la Marine mercredi 25 septembre.  

Le maire a annoncé la date de la réouverture en mai/juin 2025 
• Financement : 16 millions d'euros dont 3,5 millions d'euros à la charge de la mairie. « La reconstitution du trône de l'impératrice dans la salle chinoise a provoqué un surcoût, mais nous ne le regrettons pas » a souligné le premier magistrat. 

• Les objets et mobiliers datent du XVe, XVIe, XVIIe, XVIIIe, XIXe siècles. On compte environ 2000 objets. Les boiseries de la salle gothique, des XVe et XVIe, viendraient de la région de Toulouse.  

Les rideaux du salon seront refaits à l'identique
Flamboyant !
                                                                  Photos Nicole Bertin

vendredi 13 septembre 2024

Jonzac/Site de chez Pinaud : Il y a 70.000 ans, l'homme de Néandertal y chassait les rennes !

• Découverte d'outils en os qui servaient à l'affûtage des silex

• Ouverture au public samedi 21 septembre de 9 h à 12 h et de 13 h 30 à 17 h 30

Aux côtés de William Rendu, Sylvain Renou, archéozoologue, travaille pour la société Hadès, bureau d'investigations archéologiques. Sur cette photo, il encadre des étudiants français qui fouillent le site de chez Pinaud. Le niveau néandertalien qui les intéresse aujourd'hui, où se trouve une multitude d'os brisés, mesure un mètre d'épaisseur environ.

On a du mal à le croire mais il y a 70.000 ans, il faisait bien froid à Jonzac (nom qui ne sera donné que beaucoup plus tard !). En conséquence, pour se nourrir, nos ancêtres néandertaliens chassaient la faune qui se trouvait là à l'époque, des rennes en migration en particulier. Le site de chez Pinaud était leur haut lieu d'abattage et de débitage, d'où la profusion d'os brisés localisés à cet endroit. L'autre jeudi aux Archives, William Rendu, chercheur au CNRS, directeur du Laboratoire International de Recherche ZooStan à Almaty (CNRS Université Nationale du Kazakhstan-Al Farabi) a fait le point sur les fouilles qu'il y conduit lors d'une conférence de l'Université d'Eté. Le chantier se trouve à la sortie de Jonzac, non loin du centre des congrès. Ce gisement préhistorique est internationalement connu, non seulement pour la grande quantité de rennes exploités sur place, mais aussi pour ses outils en os (ainsi que quelques dents de cheval utilisées comme percuteurs) qui servaient à l'affûtage des silex. « C'est l'un des plus grands sites de chasse en masse de Néandertal. Il atteste de l'existence d'une forte organisation annuelle des activités et de sa transmission à travers les générations » explique William Rendu.

Claude Belot, président de la CDCHS, et Philippe Gautret, président de l'UE, ont salué l'intervention de William Rendu

William Rendu, chercheur au CNRS, directeur du Laboratoire International de Recherche ZooStan à Almaty (CNRS Université Nationale du Kazakhstan-Al Farabi)

Néandertal, à la recherche du temps passé

Ce n'est pas la première fois que William Rendu ouvre les fenêtres du temps. Déjà, en 2019, il avait présenté un bilan des fouilles réalisées dans ce gisement préhistorique renommé. Depuis, il continue de fasciner les chercheurs par la profusion d'os mis au jour. Connu pour la grande quantité de rennes abattus par les Néandertaliens il y a 70.000 ans, le lieu de rendez-vous que nous appelons aujourd'hui chez Pinaud était l'endroit où les hommes se regroupaient chaque hiver pour chasser rennes et chevaux, les débiter avant d’en exporter les principaux morceaux vers d’autres sites. Moëlle, graisse et viande constituaient en effet leur survie.

Avec cette conférence qui clôturait l'Université d'été que préside Philippe Gautret, voilà qu’un passé lointain a ressurgi. Parmi nos ancêtres, Néandertal est l’une des nombreuses branches du bouquet humain. Arrivé il y a plus de 200.000 ans en Europe, il s’est incliné devant les hommes modernes, Sapiens, voici 30.000 ans. Disparu ? Pas tout à fait ! Dans notre génome, il nous a légué environ 2% d’ADN.

Le site préhistorique de chez Pinaud a été repéré par un ingénieur du BRGM dans les années 1980. Comprenant des couches du Paléolithique moyen et supérieur, il a fait l’objet de plusieurs chantiers encadrés par Jacques Jaubert, professeur à l’Université de Bordeaux, responsable de l’unité de recherches Pasea, et Jean-Jacques Hublin, directeur du département de l’évolution humaine au Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology de Leipzig. Jean Airvaux s’y est également intéressé.

Ces dernières années, une équipe menée par William Rendu, des spécialistes et des étudiants poursuivent les recherches. A quoi ressemblaient les Néandertaliens ? Ils mesuraient 1,65 m environ, possédaient un squelette extrêmement robuste avec des os épais, des insertions musculaires marquées. Leurs membres étaient relativement courts avec de fortes articulations. Leur cage thoracique était très large. Ils étaient présents de Gibraltar jusqu’aux contreforts de l’Altaï russe. Les Néandertaliens n'ont jamais été plus de 50.000 à vivre en même temps sur l’Eurasie (Europe et Asie, s’étendant de l'Atlantique à la Mongolie et la Sibérie). Ces chasseurs cueilleurs ne souffraient donc pas de promiscuité et devaient se déplacer sur des distances assez importantes.

Dans quel milieu vivaient-ils ? Quelle était la faune ? Quand la température était clémente, des herbivores, cervidés, gazelles, daims, chevaux, bisons, bouquetins. Des carnivores également avec les ours et les lions des cavernes. A titre d’exemple, on a trouvé en 2002, sur le site de chez Pinaud, les ossements d’une patte de lion qui présentait des traces de couteau. Car Néandertal façonnait des outils tranchants qu'on a baptisés « les couteaux suisses de l’époque ». Ces hommes avaient appris à s’organiser en inventant des procédés dans un contexte où ils étaient largement exposés aux dangers extérieurs.

Longtemps, on a cru que Néandertal était une brute épaisse. Cette image a été revue : ils enterraient leurs morts et avaient une recherche esthétique. « Ils n’étaient pas si différents » estime William Rendu. D’ailleurs, compte-tenu de leurs éloignements, les groupes néandertaliens possédaient leurs propres caractéristiques. Toutefois, ne sont parvenus jusqu’à nous que les éléments se conservant comme les silex, les os, les dents, les bois de cervidés. Les habitations ont disparu, de même que les pieux et autres éléments dégradables dont les ornements (plumes, etc).

Le Sud-Ouest est un paradis ! Puis le climat devient celui l’actuelle Norvège

(@ Alain Martin)
Reconstitution en 3 D du site de chez Pinaud

Après une période plutôt prospère, les choses changent brusquement. Vers 70.000 ans avant J.C, un coup de froid frappe la planète et divise par cinq le nombre de proies. Il réduit également les ressources végétales. Néandertal subit de plein fouet ce phénomène climatique et désormais, il doit suivre les rennes migrateurs. La température de l'actuelle Haute-Saintonge est alors celle de la Norvège.

Dans la région, les hommes grelottent et doivent s’adapter sous peine de disparaître. Ils développent de nouveaux procédés et mettent au point ce qu’on pourrait appeler « la première économie ». Ils apprennent à se répartir les tâches comme le montre la fouille de chez Pinaud. Les uns chassent et rapportent le gibier, les autres découpent et préparent la viande, constituent des réserves et exportent des morceaux. Parmi leurs outils, figure le fameux silex grain de mil qu’on a retrouvé jusqu’en Corrèze ; d'autres sont issus de la Haute-Vienne et du Massif Central. Les « sociétés de transport » apparaissent : les hommes effectuent plusieurs centaines de kilomètres à pied pour acheminer leur "garde-manger" en d’autres lieux. 

Au fil du temps, plusieurs milliers de rennes ont été tués, d’où une présence incroyable d'os qui suscite la curiosité. « Chez Pinaud est un vaste lieu de découpe. Les hommes s'organisaient pour les périodes de disette » explique William Rendu. Il n’est occupé qu’à certains moments de l’année et ne sert qu’à la même activité. Il a été utilisé par plusieurs dizaines de générations de Néandertaliens, d’où une transmission du savoir. Aucun ossement humain n’a été découvert à Jonzac, contrairement à Saint-Césaire où la célèbre Pierrette a fait beaucoup parler d’elle. « Ce site est intact. Il s’agit du sol que les Néandertaliens ont laissé, foulé. Il y a très peu de gisements semblables. C’est exceptionnel pour les chercheurs » remarque William Rendu. Il sera ouvert au public samedi 21 septembre de 9 h à 12 h et de 13 h 30 à 17 h 30 (réservations à l'office de tourisme 05 46 48 49 29).

Le sol tel que l'ont laissé les Néandertaliens, jonché d'ossements de rennes
(les os étaient brisés pour récupérer la graisse et la moëlle). 

• Chez Pinaud est un site majeur qui permet de mieux comprendre nos sociétés passées et un chantier école qui construit des ponts pour les sociétés futures.