Jusqu’au 1ᵉʳ septembre, l’association Darouma présente une exposition "double" consacrée à Lucien et Henri Jonas au Temple de Mortagne. Une même famille avec des styles différents qui accrochent le regard et éclairent le XXème siècle. Lucien immortalise le pays minier, l'armée mais aussi les années folles. Il réalise des portraits dont celui, ravissant, de sa femme Suzanne. Henri a donné son cœur et son pinceau à la nature, hymne à la sérénité et la joie. Ajoutons Henriette Lebras, la mère d'Henri Jonas, qui imaginait de panneaux décoratifs sur bois d'une grande délicatesse
Le vernissage avait lieu samedi en fin de journée. Assis aux côtés de Nadu Marsaudon, artiste qu’on ne présente plus, Henri Jonas a répondu aux questions de Martine Bel, présidente de l’association Darouma. Autour d’eux, s’était regroupé un public intéressé par cette expo exceptionnelle qui réunit deux membres éminents de la famille Jonas, le grand-père Lucien et le petit-fils Henri qui s’est installé définitivement à Mortagne. A 90 ans, Henri Jonas a témoigné sur sa vie d’avant, un univers peuplé de confidences et d’anecdotes…Henri Jonas au côtés de Martine Bel et Nadu Marsaudon |
Né en 1934 à Anzin, commune du Nord proche de Valenciennes, il a fait trois ans d’études « formidables » à l’école Saint-Luc de Tournai en Belgique avant de suivre la voie royale et picturale tracée par son aïeul. « Mon grand-père adorait Paris, Montmartre, et tant d’autres lieux. Il aimait beaucoup le Pont Neuf. Nous partions de la porte de Passy en métro avec le matériel et il peignait sur de grandes toiles. La capitale le changeait du Nord. Figure importante, peintre de la mine et des armées, il a marqué son époque et sa région par ses portraits, ses tableaux, ses dessins. Lucien était un monument » remarque Henri Jonas.
Le père d’Henri, pharmacien, l’encourage à vivre la même aventure artistique. « Il était heureux des succès que j’ai eus dans la capitale ». Sa première exposition se déroule rue Lauriston en 1965, à l’âge de 31 ans. « Le public était surtout composé de mes amis » plaisante-t-il. Il fait de nombreuses rencontres, dont Georges Ball, buriniste et illustrateur américain. Les expositions s’enchaînent chez Ror Volmar, faubourg Saint-Antoine, à la Galerie du Marais tenue Guy Max Hirri, puis salle Saint-Médart dans le 5ème arrondissement. En 2013, il présente ses œuvres dans une galerie du 16ème arrondissement. La dernière a lieu en 2017.
Les bouquets de fleurs préalablement composés par Claude Jonas |
« Ces œuvres, qui devraient être dans des musées, Henri nous les a généreusement prêtées pour l’exposition de Mortagne. Ce sont des peintures exceptionnelles, celles d‘une famille post impressionniste dont l’histoire passe par le dessin et la peinture. Henri, j’espère que tu vas continuer une vie heureuse à Mortagne avec nous tous et que cette expo t’apportera du plaisir » déclare Martine Bel. Et d’enchaîner : « Avec Henri, le quotidien est toujours lumineux. Il célèbre la couleur, la nature et la joie de vivre. Dans cette expo, c’est toute sa vie qui défile, les marines, les fleurs, les oliviers, les paysages ». Elle remercie ceux et celles qui ont aidé l’association à proposer ce rendez-vous qui fait partie des grands moments de Mortagne ainsi que Corinne Danielian, pasteur, Stéphane Cotier, maire et le conseil municipal, Seamus « qui a offert de nouvelles cimaises pour accrocher encore plus de tableaux ».
La plage, œuvre de Lucien Jonas |
• « Dans les années 50, c’était comment Mortagne ? » demande Martine Bel à Henri Jonas (sa femme Claude, qu’il épouse en 1957, était originaire de cette commune) : « ll y avait plus de commerces que maintenant, des épiceries des bouchers, etc. Je me souviens de la Saint-Fiacre et des rues barrées. Ici, j’ai découvert le monde viticole et j’ai fait les vendanges. J’ai été dans la vinasse pendant 15 jours et à l’époque, il n’y avait pas de douche. L’ambiance était assurée » .
• Né à Valenciennes, Lucien Jonas, grand-père d'Henri, était le fils d'un industriel du Nord, fondateur d'une distillerie d'huiles essentielles. Après avoir fréquenté l'Ecole des Beaux-Arts à Paris, il devient membre de la Société des Artistes Français dès 1901. La suite est édifiante : second prix de Rome en 1905, Prix National du Conseil Supérieur des Beaux-Arts pour le tableau La Consultation, peintre officiel de la Marine en 1916, nombreuses décorations murales dans le style Art Déco, décors, fresque de 14 mètres comportant quelque 120 personnages "Furor Teutonicus". « Dessinateur hors pair, portraitiste virtuose, témoin talentueux de son temps, il a croqué une véritable Comédie Humaine où de nombreux sujets sont dépeints, des scènes de plage lumineuses, des vues de Paris, d'Annecy, d'Aix-les-Bains, de Nice ou de la Flèche, des portraits de magistrats, généraux, simples soldats, mais aussi ses célèbres tableaux de mineurs dont un sera choisi pour illustrer un timbre commémoratif lors du centenaire de la catastrophe minière de Courrières 1906-2006 » précise la critique.
Venise, Lucien Jonas |
Superbes, les panneaux d'Henriette Lebras ! |
• L’exposition précédente, les photographies de Seamus Yore, a rencontré un vif succès (plus de 300 visiteurs en une semaine).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire