lundi 4 novembre 2013

SMIDDEST : Jacky Quesson s'étonne du grand nombre d'études...


La réunion du Smiddest (Syndicat Mixte pour le Développement Durable de l’Estuaire de la Gironde), qui réunit la Gironde et la Charente-Maritime, s’est tenue lundi à Royan sous la présidence de Dominique Bussereau. Si les acteurs des deux départements se retrouvent sur certains points, d’autres entraînent des tiraillements…


À l’heure où les Bretons ont démontré qu’ils tenaient à leur terroir, les Charentais-Maritimes et les Girondins veulent pareillement défendre leurs intérêts au cœur d’un syndicat qui réunit les deux rives de l’estuaire de la Gironde. Les représentants en sont les conseils généraux et régionaux ainsi que la CUB de Bordeaux (depuis la tempête Xynthia) et la CARA que préside Jean-Pierre Taillieu à Royan. Des communautés de communes, comme la CDC de Haute Saintonge, voudraient bien y faire leur entrée, mais elles devront attendre un peu.

Lundi dernier, il fut une nouvelle fois question du SAGE (syndicat d’aménagement et de gestion des eaux), sujet qui divise manifestement les décideurs. Depuis la tempête de décembre 1999 qui faillit provoquer d’importants dégâts sur la centrale nucléaire de Braud Saint-Louis (depuis, elle a rehaussé ses digues), les élus sont vigilants. Récemment, le Smiddest a lancé une étude sur les risques que provoquerait une inondation dans le secteur de la CUB bordelaise. Il en ressort plusieurs pistes pour éviter que Bordeaux n’ait les pieds dans l’eau. La première serait de créer des zones d’expansion vers les marais. Certaines communes y sont catégoriquement opposées en raison d’habitats isolés et de terres agricoles. La seconde serait de réduire les dégâts de la crue en provoquant un débordement minimum sur Bordeaux.

Réunion présidée par Dominique Bussereau (la présidence changera l'été prochain)
« De toutes les manières, l’eau s’écoulera quelque part, c’est la loi de la nature » souligne Benoît Biteau, conseiller régional. Pour Jacky Quesson, conseiller général de Saint-Genis, il n’est pas question d’opposer les uns aux autres, mais de répartir les zones d’expansion sur des deux départements : « je vous rappelle que la CUB de Bordeaux devrait doubler sa population d’ici 2050 et qu’en conséquence, elle voudra se protéger des inondations. Ce sera forcément au détriment de tous les autres ». Et de citer l’exemple de logements haut de gamme en cours de construction sur les quais de la capitale girondine, dans le cadre de la défiscalisation. « Il est évident que les futurs propriétaires ne voudront pas jouer les Vénitiens ! ». Pour Dominique Bussereau, il est urgent de définir des priorités.
Les Aquitains recherchent, quant à eux, une solution acceptable sur l’aire urbaine étendue. La volonté des élus de Gironde est de se cantonner aux marais du haut Médoc, Blanquefort, presqu’île d’Ambès. « Les impacts doivent être équilibrés sur ce secteur. Il est faux de dire que nous allons inonder la rive droite de l’estuaire. La partie des marais du Blayais, qui s’étend de Meschers à Blaye, ne sera pas touchée » explique la députée Pascale Got.
« Il faudrait une étude sur la totalité de l’estuaire » suggère Jean-Pierre Taillieu, président de la Cara. Jérôme Baron, chargé de mission au Smiddest, estime qu’une stratégie est à élaborer à l’échelon global. « Faisons une note claire sur le sujet » propose Dominique Bussereau tandis que Jacky Quesson s’exclame : « Nous n’arrêtons pas de faire des études qui coûtent cher pour le moindre sujet. Dans quatre générations, on y sera encore ! On dit tout et son contraire. Nous avons d’abord eu un plan d’ensemble, puis nous revenons sur des zones ciblées. Il serait bon de prévoir une modélisation sur la totalité des communes de l’estuaire ».

Jacky Quesson, Régine Joly.
Même s’ils ne s’expriment pas tout haut, plusieurs participants abondent dans son sens. Inutile de dépenser encore et toujours : « En ce qui concerne les crues, l’expérience des anciens pourrait être utile, mieux que des bureaux d’études, et nous savons ce qui s’est passé avec Klaus et Xynthia. Nous avons donc des références. À nous d’en tirer parti pour élaborer une action qui ne sera pas préjudiciable aux riverains ». Affaire à suivre…

• Un logo pour le Smiddest

Il est des sujets moins stressants ! Le cabinet ABC a présenté les conclusions de l’audit quant à la stratégie de communication du Smiddest. Chacun a bien conscience que l’estuaire est ‘‘extra-ordinaire’’ ! Parmi les actions envisagées, la création d’un logo qui mettra en scène le phare de Cordouan. Après Fort Boyard, qui est aujourd’hui l’emblème de la Charente-Maritime, cette sentinelle fait l’unanimité car « elle est la porte de l’estuaire ». L’édition du magazine sera poursuivie, un site internet sera ouvert et des événements organisés. La présence du Smiddest à « Bordeaux fête le fleuve » est envisagée en 2015. Budget prévisionnel de ces actions 61 000 euros. Les responsables pensent que le Smiddest doit porter un message fort sur l’estuaire en y associant tous les acteurs du tourisme (CRT, CDT).

Jérôme Baron, Pascal Ferchaud, Yves Pérochin
• Orientations Budgétaires du SMIDDEST (budget voté le 21 décembre prochain)
Budget principal = 779 000 € ; budget annexe "gestion de l'eau" comprenant SAGE et PAPI = 1025000 € dont 600 000 € pour une seule action du SAGE en 2014 concernant le plan de gestion des vases ; budget annexe Cordouan = 288 000 €

• Les grands axes de la stratégie estuarienne 2014-2020 

Le Smiddest a compétence pour encadrer le PAPI Estuaire (programme d’action de prévention contre les inondations) tandis que le Conseil général sera maître d’ouvrage sur l’ensemble du département. Le Smiddest doit élaborer avec ses partenaires des stratégies, prendre en compte les besoins de la population, innover, intégrer les aires urbaines, mettre en place les programmes (Dial, ex Leader, plan Adour Garonne nouvelle génération, rechercher des crédits européens, nationaux et régionaux). Un plan d’action sera présenté dans les mois à venir (les présidents des CDC sont invités à faire remonter leurs projets). Un rendez-vous aura lieu avant mi-décembre entre Philippe Plisson et Alain Rousset. La région Poitou-Charentes y sera-t-elle invitée ainsi que les préfets ?

• Le phare de Cordouan nécessite des travaux


Désormais géré par le Smiddest, le phare connaît une fréquentation record. Et c’est sans doute là que le bât blesse : le plus beau phare de France peut-il supporter une telle fréquentation, banc de sable y compris. La sonnette d’alarme est tirée par Jean-Pierre Taillieu qui souligne l’urgence d’y accomplir des travaux. D’autant que le dossier pour un classement à l’Unesco est dans l’air du temps. « On est en insécurité dans ce phare et aux environs immédiats, il y a trop de monde. Normalement, il faut un guide pour encadrer trente personnes. Un de ces jours, on va se retrouver en correctionnelle. L’été dernier, un hélicoptère de la Sécurité civile a failli ne pas pouvoir se poser sur le banc pour secourir un blessé. On ne peut pas laisser le phare dans cet état » déclare Dominique Bussereau.
Une commission de sécurité a été chargée de dresser un état des lieux. L’Association de sauvegarde du phare sera sollicitée pour apporter une contribution financière aux travaux. En ce qui concerne la gestion proprement dite, il manque actuellement 25 000 euros. Jacky Quesson suggère d’augmenter le prix d’entrée (de 8 à 9 euros).

• Aire marine 
Alors que celle d’Arcachon serait sur les rails, l’aire marine charentaise-maritime est au point mort. En octobre dernier, l’Association « une Pointe pour tous » a adressé un courrier à Philippe Martin, ministre de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie, l’interpellant sur le retard inquiétant pris dans la signature du décret de création du Parc Naturel Marin Estuaire de la Gironde Pertuis Charentais. Pour sa part, Dominique Bussereau rappelle qu’il a, à plusieurs reprises et de diverses façons (courrier, entretien, questions écrites), interrogé le ministre sur ce dossier.
Il réaffirme également son attachement à la mise en œuvre d’une politique maritime intégrée et à la création de ce Parc…

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