lundi 25 février 2013

Unicognac en Asie,
« le marché où il faut être


Période faste pour les ventes de cognac

Le cognac Jules Gautret, produit par Unicognac, poursuit sur sa lancée. Rencontre avec le directeur général, Michel Villemin, qui envisage une extension de son entreprise située à la sortie de Jonzac, sur la ZI de Saint-Germain de Lusignan.


Le cognac est la liqueur des dieux, dit-on. Ils semblent l’accompagner, en effet, puisque les chiffres réalisés dans ce secteur portent à l’optimisme. Mieux, des niveaux « historiques », entre 21 et 25 millions de caisses, seraient atteints en 2016, selon une étude réalisée par le cabinet conseil Eurogroup. Dans un contexte économique parfois difficile, les deux Charentes tirent leur épingle du jeu ! Le soleil brille sur cette activité qui fait vivre de nombreux exploitants dans la région.

A Jonzac, l’entreprise Unicognac est en pleine ascension. Installée de longue date dans la capitale de la Haute Saintonge, son chiffre d’affaires est de 20,3 millions d’euros. « Nous terminons l’exercice avec une progression de 11,66% » précise Michel Villemin, directeur général. Encore une fois, c’est l’Asie qui apporte de l’oxygène et plus précisément la Chine. Pour pénétrer ce marché, Unicognac a fait appel à la société C and D dont les responsables ont été reçus à la mairie de Jonzac en décembre 2010. « Nos liens se sont renforcés avec l’Empire du Milieu grâce à notre collaboratrice Jian Sun en poste à Shanghai. Elle travaille en étroite relation avec cette société dont le siège social se trouve à Xiamen, ville du Sud Est de la Chine. Avec un CA de cinq milliards d’euros, c’est la première entreprise de la province de Fujian ».

Globalement, le marché asiatique – Chine, Hong Kong, Corée, Japon, Taiwan, Singapour, Macao -  a un fait un bond de 31%. Les résultats sont également bons aux USA (+22,09%) ainsi qu’en France (+23%). « Nous souhaitons poursuivre notre implantation sur le marché asiatique. C’est là où il faut être ! » admet Michel Villemin. Globalement, Unicognac produit 5 millions de bouteilles (cognac, pineau et vins de pays).

Unicognac, une longue histoire !
Stocks insuffisants ?

Si cette croissance est symbole d’expansion, se pose la question des stocks. Permettront-ils de couvrir toute la demande ? Le sujet est d‘autant plus délicat que les eaux de vie vieillissent en chai « plusieurs années, deux au minimum pour le cognac VS, beaucoup plus pour les qualités achetées par les asiatiques ». Il y a donc un roulement. Aujourd’hui, on produit environ 700.000 hectolitres d’alcool pur : « à fin décembre 2013 le total des sorties s'établissait à 513 140 hectolitres d'alcool pur. Le reliquat constitue les stocks ». Au cas où les nouvelles commandes seraient importantes, risquent-ils d’être insuffisants si l’Inde ou le Brésil, pays du Brics (1), augmentent leur consommation ?

Un éventail d'échantillons
Si l'on se fie à l'étude d'Eurogroup, la réponse est clairement non. Dans ces conditions, faudrait-il replanter, c’est-à-dire libérer les droits de plantation ? Les avis divergent.
En effet, en 1992, après l’effondrement du marché japonais, la profession s’est retrouvée dans une phase de surproduction entraînant une baisse des prix et un arrachage massif. A l’époque, le ministre de l’Agriculture et le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, avaient demandé à un ingénieur général de l’Agriculture, M. Zonta, de faire un rapport sur « l’avenir du cognac ». Il avait conclu, sans doute hâtivement, qu’il s’agissait d’un produit « obsolète » et qu’il fallait réduire le vignoble. D’où l’émergence des vins de pays charentais. Dix ans plus tard, la demande américaine d’abord pour des cognacs jeunes qu’on boit le soir dans les discothèques, puis celle des Chinois, amateurs d’eaux de vie vieilles et coûteuses, a renversé le marché.
Toutefois, les viticulteurs savent bien que les arbres ne poussent pas jusqu’au ciel ! Augmenter massivement la production ferait baisser le coût de la matière première, c’est-à-dire du vin. Ce que peuvent souhaiter les négociants, mais sûrement pas eux ! Un équilibre est donc à trouver entre l’offre et la demande dans le cadre d’une discussion interprofessionnelle au sein du BNIC…

Le packaging est différent selon les pays
Sous forme de coopérative

Le principe d’Unicognac, qui fonctionne sous forme de coopérative, est simple : « il s’agit d’écouler la production de nos adhérents, de la mettre en bouteilles et de la commercialiser » explique Michel Villemin. Unicognac achète la quasi-totalité de sa production à la maison-mère, Charentes Alliance, qui regroupe 7000 agriculteurs sur le territoire dont environ 300 viticulteurs en Charente et Charente-Maritime.
Le marché du pineau, quant à lui, subit le contrecoup du cognac. Financièrement, les viticulteurs préfèrent destiner leur récolte à ce produit emblématique que de faire du pineau : « cette attitude peut se comprendre » remarque Michel Villemin. En conséquence, les ventes ont baissé.  le Benelux, le Québec et la France bien sûr restent consommateurs de cet apéritif. Uicognac exporte aussi au Japon, à Taiwan et à Singapour.
En ce qui concerne les vins de pays, Thalassa et Père Fouras, de gros efforts ont été réalisés en matière de vinification. « Ils sont de bonne qualité » assure le directeur d’Unicognac. D’ailleurs, les Chinois en achètent, même s’ils préfèrent le Bordeaux !

En mars prochain, Michel Villemin se rendra en Asie, dont en Chine, une partie du monde qu’il connaît bien. Forte d‘une quarantaine de salariés, Unicognac, unité dynamique de Haute Saintonge, est prête à affronter l’année 2013 ! Une extension des locaux de l’entreprise, située de la ZI de Saint-Germain de Lusignan, est envisagée dans un proche avenir.

1- BRICS est une organisation qui regroupant cinq pays : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud

• Selon les chiffres du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), l'équivalent de 168,5 millions de bouteilles de cognac ont été vendues dans le monde du 1er août 2011 au 31 juillet 2012, soit une progression de 4,3 %. Chiffre d'affaires global de près de 2,4 milliards d'euros, en hausse de 17,3%. Conséquence de cette embellie : les négociants achètent au prix fort la production. Les expéditions de cognac XO (mention indiquant que l'eau-de-vie entrant dans l'assemblage a au moins six ans d'âge) ont progressé en valeur de 22,9 % en un an et celles de VSOP (very superior old plate avec une eau-de-vie d'au moins quatre ans) ont augmenté de 8,6 %. Par contre, les ventes de digestif en Europe ont sérieusement chuté.


Chaque année, Michel Villemin passe environ quatre mois à l’étranger à visiter ses différents clients, de l’Asie aux Etats-Unis.
• En vente

Les anciens bâtiments de l’UCC situés avenue Foch, sur la route d‘Archiac, sont à vendre, bureaux et chais, pour la somme de 500.00 euros. Soit 5000 m2. Cet emplacement, au cœur de Jonzac, pourrait convenir à un projet immobilier par exemple.



 Cognac : Des hauts et parfois des bas…

Depuis des décades, de nombreux pays de par le monde cherchent à exploiter leurs propres vignobles. Pour l’instant, le cognac bénéficie d’une appellation contrôlée. Obtenu ailleurs, cet alcool s’appelle brandy. « Ce ne sont pas les mêmes terroirs et les produits sont inférieurs » remarque Michel Villemin qui souligne au passage la bonne qualité du brandy de Xérès en Espagne.
A l’avenir, la concurrence sera rude, d’autant que les goûts évoluent. S’il faut se réjouir de l’excellent résultat des ventes de cognac, les responsables sont réalistes. Le marché connaît régulièrement des fluctuations !

1 commentaire:

Delcourt d a dit…

Bravo pour .jules Gautret .mon mari décédéetait un directeur de cette maison .Nous sommes arrivés il y a 28 ans.il serait si content d'apprendre ces bonnes nouvelles