Samedi, la société des Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis a visité l'église de Bouteville en Charente, guidée par Gérard Rousseau, président de l’Association pour la Sauvegarde du Patrimoine, et Jean-Paul Gaillard. Cette église, ancien prieuré, a beaucoup souffert, perdant sa nef lors de la Guerre de Cent Ans et les guerres de religion opposant Catholiques et Protestants. Ne subsistent de cette partie qu'un mur et des colonnes. Remaniée, elle conserve toutefois une partie historique intéressante et des fresques dont Sainte-Catherine, vierge et martyre qui aurait vécu au début du IVᵉ siècle. Des restaurations de ce bel édifice, qui souffre de l'humidité en particulier, seraient les bienvenues.
L'ancienne entrée de l'église |
Vestiges de colonnes et mur de la nef |
Le portail actuel |
Visite guidée par MM. Rousseau et Gaillard |
Le chœur |
Intéressants chapiteaux Un peu d'histoire : |
L'église primitive de Bouteville daterait du XIème siècle. Au XIIème siècle, est ajoutée la chapelle du sud, édifiée sur une crypte. Pétronille, épouse du Comte d'Angoulême, G. Taillefer, est enterrée devant l'église et on peut encore lire son épitaphe près de la porte d'entrée.
En souvenir de Pétronille, épouse du comte d'Angoulême |
Reconstruction de l'église par Louise de Luxembourg |
Sépulture du frère Jean Mercier (1534) |
Cet ensemble est à valoriser |
Fresque de Sainte-Catherine |
« La cloche de l'église a été souvent remplacée ou refondue. Brisée en 1548 lors de la Révolte de la Gabelle, elle est encore détruite lors de l'incendie de l'église en 1569. Le 20 mars 1609, Mathurin Bedoire, marchand, et Guillaume Mongin, sergent royal, demeurant au bourg, tant en leur nom que comme ayant la charge expresse des autres habitants de la dite paroisse, suivant procuration du 23 février 1607 reçue par Me Roy, notaire royal, traitent avec les frères Poupeau, maîtres-fondeurs à Angoulême, pour la refonte de la cloche.
En 1731, le curé Jean Rullier demande une somme de 200 livres pour la refonte de la cloche. Le 21 décembre 1731, le syndic, Pierre Virollaud, réunit les habitants devant l'église et leur communique la demande du curé. Après avoir déclaré que la paroisse était accablée par les impositions, ils acceptent, pour montrer leur foi et en reconnaissant d'ailleurs que la cloche avait besoin d'être refondue, de prendre à leur charge les dépenses nécessaires. Toutefois, ils estiment que 180 livres sont suffisantes. La cloche ne peut terminer son siècle. Fêlée le 25 avril 1829, le curé doit, une fois de plus, la faire refondre.
Le 28 février 1830, il traite avec Jean Ibry, fondeur et poêlier, à Barbezieux. Celui-ci s'engage à fournir une cloche pesant 635 livres pour 532 Francs. Il en livre une pesant 772 livres et demanda un supplément de prix. Le curé accepte de lui verser 212 Francs de plus, mais, en montant la cloche, Ibry la casse. Il doit en fondre une autre. Son poids est de 750 livres seulement : Ibry veut exiger le prix accepté pour celle qu'il avait cassée. Le curé refuse et un procès est intenté. Finalement, on transige et la cloche est payée 726 Francs.
Ibry prend l'engagement de l'installer dans le clocher avant une semaine. Elle est mise en place en février 1834. Fatalité, son existence est courte. Elle est cassée en 1848.
Découragé par l'expérience précédente, le curé Bruneteau des Mesnards hésite à la faire remplacer et continue à s'en servir. Prudent, l'Evêque interdit de la faire sonner et le 29 juin 1850, de nouveau, le curé est obligé de traiter avec Léonard Lanouaille-Dumas, fondeur à Saintes, qui prend l'engagement de fournir une cloche de 380 kilos pour un prix de 579 Francs. La cloche est montée le 12 novembre 1850. Elle a pour parrain Antoine Marcombe, maire, et pour marraine, Henriette Charbonnier, sa femme.
Comme la précédente, elle ne dure pas longtemps. En 1873, de jeunes mariés, pour se conformer à l'usage, veulent avant de quitter l'église l'associer à leur joie. Dans leur désir de se rendre le sort plus favorable, ils la font sonner avec tant de vigueur qu'ils la cassent !
La cloche qui carillonne joyeusement aux heures d'allégresse, qui tinte plaintivement aux jours de deuil, associée intimement à tous les évènements de la paroisse, ne peut rester longtemps sans faire entendre sa voix. Elle est donc refondue en mai 1875 par Vauthier, fondeur à Saint-Emilion, et bénite le 6 juin 1875 par le curé de Verrières.
La refonte de la cloche coûte 790 Francs. Une souscription permet de recueillir 375 Francs. Le ministre des Cultes alloue 250 Francs et le conseil municipal verse 165 Francs.
Pour que nul, à l'avenir, ne puisse faire sonner la cloche sans la présence et l'assistance du sacristain, la corde est enfermée dans un placard, le long d'un pilier, à gauche en entrant dans l'église. Depuis longtemps, on lui a rendu la liberté !
Au cours d'une visite faite dans le clocher en septembre 1937, il est apparu qu'une des pièces qui soutiennent la cloche, était cassée et qu'elle pouvait s'écrouler d'un moment à l'autre. Comme il n'existe au dessous qu'un plancher qui n'aurait pu résister à un tel poids, le sonneur risquait d'être écrasé. Averti, le maire fit, le jour même, exécuter les réparations nécessaires. Le danger n'était pas imaginaire. Coïncidence curieuse, le même jour, la cloche de Montguyon tombait sur le plancher du clocher et le défonçait. Elle fut heureusement arrêtée par la voûte en pierre de l'église. A Bouteville, il n'y aurait pas eu de voûte pour la retenir.
Elu maire en 1989, Jacques Deslias fait motoriser le mécanisme de la cloche. Depuis elle sonne régulièrement. Lorsqu'il arrive parfois que celle-ci soit en panne, elle manque beaucoup aux habitants.
La demi-coupole du clocher, qui devenait dangereuse (pierres descellées et tombées par terre), a été restaurée par les membres du conseil municipal en 1990, dirigés par l'un d'entre eux, Michel Lagarde.
Deux échafaudages superposés l'un sur l'autre furent installés pour atteindre la hauteur de 18 mètres par Alain Vincent, menuisier-charpentier, voisin de l'édifice, président du comité des fêtes de la commune. En même temps, furent changées des poutres et les planches du plancher du clocher. M. Croiset, propriétaire du Logis de Flaville à Bonneuil, fit don de plusieurs chênes de sa forêt « les Garennes » débités en planches. Par un montage astucieux, l'ensemble fut monté là-haut par un câble, une poulie et un tracteur. C'est grâce à ces personnes de bonne volonté que le clocher fut restauré à moindre coût.
Le battant d'origine de la cloche a été changé en 2009 ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire