jeudi 12 mars 2015

Quand la France d’en bas se rebelle...

Jean-Pierre Raffarin, qui est à l’origine de l’expression « La France d’en bas » n’y est pour rien et pourtant, cette France des humbles et des sans grade dit tout haut ce qu’elle pense tout bas sur les réseaux sociaux. Un véritable phénomène de société à prendre en compte pour les prochaines élections départementales. 

Longtemps, la France a vécu au rythme régulier du balancier, un coup à droite, un coup à gauche. Les deux partis principaux de la vie politique, en maîtres souverains, vivaient l’alternance. Les uns succédaient aux autres avec en commun la même haute administration qui n’avait pas grand chose à craindre des changements de feuilletons. Sur la scène, il y avait de nouveaux comédiens, apportant leur fraîcheur à la pièce, tantôt attachants, tantôt désagréables : qu’importe, ils seraient bientôt remplacés par une autre promotion. Des directions éphémères autrement dit. Les fonctionnaires ont au moins un avantage, eux ne sont pas désignés au suffrage universel !

La situation semblait tellement immuable que les élus eux-mêmes avaient fini par se persuader de sa pérennité : en agitant les épouvantails de l’extrême droite et de l’extrême gauche, ils suscitaient la peur chez les électeurs qui se rangeaient aux côtés des valeurs dites « classiques ».
Or, la crise a tout bouleversé et les fameux réseaux sociaux permettent à des anonymes de s’exprimer en dehors des tribunes des journaux où les rédactions n’auraient d’ailleurs pas accepté leurs publications.

Cette France qui souffre et s’interroge, on la retrouve sur Facebook et ses réactions sont importantes. Que disent-elles ? D’une part que les politiques sont des nantis (une réflexion qui ressort régulièrement), qu’ils n’ont pas de problème d’emploi, ni de retraite ; d’autre part que les citoyens ne sont suffisamment entendus, d’où leur irritation. Finalement, ils se retrouvent dans les thèses que défend Marine Le Pen. Mélenchon pourrait être à sa place, mais curieusement, il a raté le coche.
Cette France, elle n’est pas extrémiste ; elle est loin des fours crématoires et des croix gammées. Ce sont les conditions de vie actuelles qui l’ont conduite à cautionner les grandes lignes du Front National. Elle veut seulement qu’on l’écoute et qu’on ne la rejette pas d’un revers de la manche.
Certains sont acculés par le RSI, la Sécurité sociale des privés dont les cotisations peuvent être accablantes, d’autres n’ont pas de travail et en conséquence vivent des aides du RSA. Les uns, tétanisés par les attentats qui ont touché Charlie Hebdo, craignent les intégristes musulmans ; les autres n’ont plus confiance en leur classe politique, qu’elle soit UMP ou PS. Echaudés. Alors, ils se tournent vers la blonde « Marine » : elle utilise des mots qui les touchent, leur manière à eux d’entrer dans la protestation.

Le FN devrait faire un score non négligeable aux prochaines élections départementales. Comme disait un candidat l’autre soir, « si le 22 mars, le FN obtient entre 25 et 30% des voix, le PS et l’UMP devront vraiment se poser des questions » (en ce sens, les récentes inquiétudes de Manuel Valls semblent légitimes).
Les partis traditionnels réagiront-ils, eux qui sont habitués à gommer les apparents problèmes et à repartir du bon pied comme si de rien n’était ? Les ors de la République s’écaillent parfois comme les roses du poète Ronsard qui vivent « l’espace d’un matin ». Serions-nous à l’aube de changements ou tout au moins d’une remise en cause du système basé, il est vrai, sur le matérialisme et le dictat des actionnaires ?

Les citoyens veulent être reconnus et entendus en dehors des périodes électorales. Si certains élus sont aujourd’hui comparés à des gallinacés engraissés dans les cours de l’Elysée ou des Parlements - une comparaison exagérée et peu flatteuse - comme l’a été la noblesse avant la Révolution avec « ses goules enfarinées », c’est qu’il existe une réelle incompréhension entre le peuple et ses représentants (d’où une large abstention lors des scrutins). 
Les gouvernants en font généralement fi, reprenant à leur compte cette expression de John Petit-Senn : « La souveraineté du peuple est une plaisanterie prise au sérieux par ceux qui n’en profitent pas ». Toutefois, une autre expression, de La Fontaine cette fois, dit que « tant va la cruche à l’eau qu’à la fin, elle casse »…

• Des réflexions parmi tant d'autres sur Facebook...









2 commentaires:

olivier a dit…

La France d'en bas, pour J.P.R., ou celle des "sans dent" pour F.H. se ressemble et elle s'exprime, parfois avec véhémence, sur les réseaux sociaux qui sont aussi le réceptacle de toutes les frustrations et les regrets que font naître les politiciens d'aujourd'hui, de Cahuzac à Balkany, de Tibéri à Thévenoud,... et je ne cite que des cas "nationaux", pour les "locaux, on verra plus tard. Autre fois, il y avait le Café du Commerce, mais on trouve de moins en moins de ces petits bistrots où on allait "taper le carton" avec les potes et refaire le monde !

Anonyme a dit…

Ca sent mauvais !
Ces messieurs en cravate feraient bien de changer d'attitude et de laisser un peu la (bonne) place aux autres !

Et de redescendre sur terre, eux qui sont à l'abri du besoin grâce à nos sous !