Dernièrement, était inaugurée au musée de Royan l’exposition Picasso en présence de Bernard Pivot, écrivain, Didier Quentin, député maire et une nombreuse assistance. Suivez le guide !
Didier Quentin et Bernard Pivot |
Bernard Mounier et Claire Lise Boulch |
Sensible au monde de l’art, Gérard Dufaud, qui a consacré un ouvrage au peintre cognaçais Géo Maresté, ne pouvait que s’intéresser à ce maître éminent. Or, Picasso est intouchable ! Maya, sa fille, lui a ouvert des portes. Elle avait cinq ans quand elle a accompagné son père dans la cité balnéaire occupée par les Allemands. De confidence en confidence, des liens se sont tissés et Gérard Dufaud a publié un livre intitulé ‘‘Picasso, un réfugié à Royan 1939-1944’’. De là à imaginer une exposition, il n’y avait qu’un pas franchi par Bernard Mounier, journaliste de télévision qui vit à Talmont. Le sujet lui a plu. Avec la complicité d’une artiste talentueuse, Claire-Lise Boulch, de Didier Quentin, député maire et du musée de Royan, le projet s’est concrétisé.
Les œuvres, 84 au total, sont des fac-similés dont le tirage a été confié à une imprimerie de Barcelone. Les originaux ont été prêtés par des collectionneurs ou des musées. On y trouve des croquis, des dessins, des peintures, des encres. S’y ajoutent des photos dénichées auprès d’habitants ayant conservé des archives. La mise en scène a été soignée, dont cette fenêtre par laquelle Picasso voyait le monde extérieur. L’univers angoissant de la guerre, les bruits de bottes.
C’est en 1930 qu’il s’est installé au troisième étage de la Villa des Voiliers, près du port. Dans son périple, il était accompagné par Marie-Thérèse Walter, sa fille Maya et la photographe Dora Maar. « On ne peint pas dans la solitude » disait-il. L’ombre de Guernica était encore bien présente dans l’esprit de Picasso qui ne vécut guère son escale comme une villégiature. Malgré la présence des casinos qui tenaient encore débout ! Le café des bains qu’il a immortalisé semble avoir le tournis, comme s’il était pris dans un engrenage. C’est d’ailleurs à cette époque que le peintre s’est plu à disloquer et disproportionner les corps qui s’offraient sur la toile. En cette ville de la côte atlantique, il a exorcisé sa tristesse et sa colère, donnant vie à des scènes aux formes indécises : « une fenêtre qui s’ouvre quand tout s’écroule, c’est quelque chose. Non, c’est l’espoir ».
L’intérêt de cette expo (et sa richesse) réside en son agencement : le visiteur suit la démarche de l’artiste, des dessins antérieurs au tableau final. « S’il y avait une seule vérité, on ne pourrait pas faire cent toiles sur le même thème ». Picasso était infatigable. Sa thérapie à lui, c’était le crayon, la toile, la palette. Comme une volonté exprimée d’en finir avec un monde ancien et cruel que viendrait remplacer un nouveau. Plus attrayant, plus fraternel. « Si l’on sait exactement ce qu’on va faire, à quoi bon le faire ? ». Par sa fraîcheur, sa fille Maya fut un bain de jouvence pour cet écorché vif.
Découverte de l'exposition |
Que Royan vive un événement exceptionnel, Didier Quentin en a pleinement conscience. Aux côtés de Claire Pépin, directrice du musée, Bernard Mounier, Gérard Dufaud, Bernard Giraud, premier adjoint, Marie-Jo Dauzidou et Bernard Pivot, le premier magistrat a souligné le plaisir qu’il avait d’accueillir en sa ville cette magnifique exposition. Elle constitue un éclairage particulier sur la venue de Picasso en Charente-Maritime. « Nous allons placer un panneau à l’endroit où se trouvait le café des bains sur le boulevard Thiers » dit-il. Au musée, les rendez-vous se succèdent : « après le témoignage rendu à Guillaume Gilet, architecte de l’église Notre-Dame, cette nouvelle exposition devrait attirer un large public. Elle sera ouverte pendant les vacances, jusqu’en novembre ».
Gérard Dufaud rappela que sans Maya, absente pour des raisons de santé, cette aventure extraordinaire n’aurait pas eu lieu. « C’est elle qui a choisi les œuvres qui sont présentées ici. Les fac-similés sont des tirages de qualité ».
Un nombreux public lors des allocutions |
Cette période critique de l’histoire contemporaine, Bernard Giraud la détailla en rendant hommage aux réfugiés espagnols, massés dans les camps de Bordeaux, Toulouse ou Montendre. « On imagine leur misère dans un Sud-Ouest livré aux nazis ».
Invité d'honneur, Bernard Pivot |
• L’hispano Suiza, magnifique. Pablo Picasso en avait une identique. 32 CV, 6 cylindres, vitesse 130 km/h. Chassis dessiné par Marc Birkigt en 1918, propulsé par un moteur en alliage léger muni de chemises en acier nitruré. Un bijou !
• À Royan, où Picasso a séjourné du 2 septembre 1939 au 25 août 1940 sur les conseils de son ami André Breton, il a réalisé 750 œuvres environ. 84 ont été sélectionnées pour l’exposition.
L'expo est ouverte tout l'été au musée de Royan |
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