samedi 18 avril 2009

Photovoltaïque : ses avantages et ses inconvénients


Changer tout pour changer d’ère ?
Tour d’horizon dans un domaine en pleine évolution…


Depuis le Grenelle de l’Environnement, on ne parle plus que d’énergies renouvelables et du respect de la nature. « Il faut changer d’ère » clame Jean-Louis Borloo, ministre de l’Ecologie. Pour mobiliser les Français, souvent victimes de leurs (mauvaises) habitudes, il est bon de les motiver par une “carotte“ qui les fait avancer.
Avant d’investir, le particulier doit éprouver la délicieuse impression d’y gagner. C’est actuellement le cas des toitures photovoltaïques puisque le kilowatt d’électricité acheté par EDF est largement plus cher que celui qu’il facture habituellement. Il en est de même avec les centrales qui devraient “fleurir“ dans la région de Haute Saintonge.
Montendre et le pôle mécanique de la Genétouze sont sur les rangs. Dans ce cas précis, il s’agit de panneaux posés au sol qui entraîneront des déboisements.

Pour Montendre, par exemple, vingt six hectares sont concernés. Vingt trois appartiennent à la municipalité, trois à des privés. En contrepartie, la mairie a l’obligation de replanter d’autres parcelles afin de préserver les équilibres.
A la lecture du bulletin municipal de Montendre, on sent tout l’enthousiasme qui anime l’équipe de Bernard Lalande. La centrale sera installée sur la zone industrielle du Lézard, où des terrains sont disponibles. Une structure plus vaste que celle de Narbonne est annoncée, mais sur ce chapitre, il semble que les collectivités se lancent des défis quant aux superficies respectives !
Claude Belot, président de la Communauté de Communes de Haute Saintonge, a senti le vent venir : lui aussi projette une centrale au Pôle de la Genétouze, où elle alimentera les bâtiments et les futurs véhicules électriques.
C’est ce que l’on appelle de l’intuition ou « un match nul » entre deux édiles dont l’un brigue la présidence du Conseil Général quand l’autre vient de quitter cette fonction, en laissant les rênes à Dominique Bussereau. Ils sont favorables au photovoltaïque : en fait, ils ne font que suivre les directives du Ministère de l’Environnement qu’accompagne EDF Energies renouvelables, filiale à 100 % d’EDF.

Récemment, Jean-Louis Borloo a annoncé une série de mesures concernant ce “ vert“ (ou censé l’être) domaine. Plusieurs objectifs ont été fixés : « En France, un plan de développement du photovoltaïque au sol sera mis en place sous forme d’appels d’offres. L’objectif de puissance à atteindre est de 300 megawatts pour 2011 ».
La répartition sur le territoire se fera en fonction du potentiel solaire de chaque région : 200 MW répartis sur les régions Aquitaine, Auvergne, Corse, Languedoc-Roussillon, Limousin, Midi-Pyrénées, Poitou Charentes, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Rhône-Alpes et dans les DOM. Soit 20 MW par région. 70 MW en Alsace, Basse-Normandie, Bourgogne, Breta-gne, Centre, Franche-Comté et le Pays de la Loire. Soit 10 MW par région. 30 MW en Champagne-Ardenne, Haute-Normandie, Ile-de-France, Lor-raine, Nord-Pas-de-Calais, Picar-die. Soit 5 MW par région. « Par ailleurs, une procédure spécifique pour les systèmes posés au sol et de taille supérieure à 5 000 m2 sera mise en place, intégrant une étude d’impact et une enquête publique. La limitation des 1 500 heures de fonctionnement sera supprimée pour les systèmes utilisant les technologies du solaire à concentration » est-il précisé. Voilà qui a le mérite d’être clair.


En ce qui nous concerne, la Région Poitou-Charentes est encouragée à produire 20 MW.
Ces perspectives attirent l’attention des collectivités qui y voient un investissement simple et lucratif : il suffit de trouver des hectares de terrains, d’avoir du soleil et l’affaire est faite, si l’on peut dire.
La mairie de Montendre, par exemple, a tout à y gagner : EDF achètera l’électricité produite par la centrale, tout en acquittant un loyer et une taxe professionnelle (si celle-ci est maintenue puisque le Gouv-ernement a annoncé sa suppression). En ce qui concerne le raccordement, car il faut bien se “relier“ au réseau EDF, il se fera à Chardes, rue de chez Maillet, à environ 4,5 kilomètres de la ZI de Montendre.
Bref, EDF Energies Nouvelles ne créera pas d’emplois (un ou deux), mais cette société s’inscrit dans “la vague verte“ actuelle. Mouvement qui suscite des réactions de la part des Ecologistes, précisément...

« Le développement du photovoltaïque se fait de façon ambiguë »...

En effet, pour installer une centrale photovoltaïque au sol, il faut souvent déboiser d’importants espaces qui accueilleront les panneaux. Les sites sont appelés “zones grises“ et vues du ciel, elles offrent d’intéressantes photos aériennes.
France Nature Environnement va plus loin que les apparences ou la simple bonne conscience. Elle rappelle que « tout effort visant au développement des énergies renouvelables doit s’accompagner d’un effort de réduction des consommations, classé à l’unanimité comme une priorité du Grenelle de l’Environnement ». Autrement dit, avant toute chose, les Français doivent apprendre à économiser l’énergie dans leur vie quotidienne.
En ce qui concerne le photovoltaïque, l’association soulève un certain nombre de points : «Pour la mise en œuvre de l’étape industrielle de cette énergie et pour son développement ensuite sur le terrain, cette énergie, comme les autres, pose un certain nombre de problèmes environnementaux que notre Fédération est résolue à faire prendre en considération en amont. Cela est d’autant plus important que le développement récent en France de cette énergie se fait de façon ambiguë».
Elle s’interroge sur l’attitude d’EDF : « Les exemples abondent d’un passage de tout, sauf les énergies renouvelables, au profit d’un méga développement du nucléaire, à ce que nous considérons plutôt comme une opération de greenwashing - image valorisée d’EDF auprès du public - que comme une opération visant à un véritable développement durable ».
Et d’enchaîner sur des observations : « Le mode d’installation est choisi pour être le plus facile à raccorder au réseau existant, malgré les problèmes posés. Les sites retenus sont donc proches des lignes haute tension du réseau d’EDF, à laquelle la loi fait obligation de racheter l’énergie ainsi produite. Cette philosophie conduit donc les entreprises - à commencer par EDF Energies Renouvelables - à privilégier délibérément des espaces à la fois proches des lignes et présentant le minimum de contraintes techniques : à savoir des espaces plats et dégagés, consacrés jusqu’à présent à la friche, à l’agriculture ou à la forêt. La conséquence de ce choix est de conduire l’entreprise à défricher ou à neutraliser biologiquement une superficie normalement consacrée à la biomasse. On le sait, celle-ci, et surtout dans le cas de la forêt, est un des moyens de neutraliser l’émission de CO2, c’est-à-dire d’avoir un impact positif sur l’effet de serre. Les scientifiques parlent à ce sujet de puits de carbone. Toute substitution d’une installation industrielle à un puits de carbone est certes positive en terme de fourniture d’énergie, mais critiquable en terme de bilan carbone. Or, les surfaces concernées sont considérables».

Espaces naturels à la trappe ?

La Fédération SEPANSO (1) souligne la perte de biodiversité et de terres agricoles disponibles qui accompagnera la destruction de surfaces considérables agricoles ou forestières ainsi que les problèmes éventuels qui seraient posés par la proximité de Zones Natura 2000. Pour elle, « la préservation des espaces naturels concernés passe à la trappe, alors que d’autres solutions existent ».
Le sujet est d’autant plus épineux que la Saintonge ou les Landes ont subi plusieurs tempêtes dévastatrices (1999, 2009). Mais que peuvent les forestiers face aux propositions des promoteurs du photovoltaïque « quand la rémunération du foncier proposée est 15 fois plus importante que le revenu forestier et 25 fois plus importante que le revenu agricole » ?
Bref, “cet univers“ est complexe et, par delà les annonces qui visent à laver plus vert et donc à convaincre la population que leurs élus jouent la carte “anti-gaspi“, il existe de vraies questions qui nécessiteraient de vraies réponses. Idée : Pourquoi ne pas organiser un grand forum sur le photovoltaïque où des spécialistes avisés répondraient de façon détaillée aux interrogations de la population ?...

1 - La SEPANSO est la Fédération Régionale des Associations de Protection de la Nature de la Région Aquitaine, affiliée à France Nature Environnement (FNE).


Photo 1 : La durée de vie des panneaux est d’environ trente ans. La future centrale de Montendre est actuellement au stade des études. Si tout va bien , elle pourrait être opérationnelle au deuxième semestre 2010.

Photo 2 : La plus centrale photovoltaïque de France sera construite dans les Landes

Photos 3 et 4 : Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes, en visite samedi 18 avril à Montendre sur la ZI du Lézard où une centrale photovoltaïque d'une trentaine d'hectares devrait voir le jour l'an prochain

Photo 5 : Réunion à Montendre avec Ségolène Royal

L'info en plus

• Le silicium noir : Une révolution ?

Eric Mazur, physicien à Harvard, a localisé un nouveau matériau « le silicium noir » qui pourrait être jusqu’à 500 fois plus sensible à la lumière que le silicium classique utilisé pour les panneaux solaires.
Le chercheur a soumis une plaquette de silicium à un rayonnement laser très puissant pendant une courte durée en employant de l’hexafluorure de soufre, gaz utilisé par l’industrie des semi-conducteurs pour réaliser des gravures.
Selon les observations réalisées, ce nouveau matériau est capable d’absorber deux fois plus de lumière que le silicium traditionnel et de détecter le rayonnement infra-rouge.
La société américaine SiOnyx (Massachussets) a été autorisée à exploiter les brevets du silicium noir. La production de galettes de silicium noir pourrait voir le jour assez rapidement.

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