jeudi 16 octobre 2025

Académie de Saintonge : Le prix de la ville de Rochefort remis au musée de l’Aéronautique navale de Rochefort

La cérémonie de remise des prix de l'Académie de Saintonge a eu lieu dimanche 6 octobre salle Jean Gabin à Royan. Le prix de la Ville de Rochefort a été décerné au musée de l’Aéronautique navale de Rochefort

Rapport de Francette Joanne :  Visiter le musée de l’Aéronautique Navale de Rochefort est une véritable aventure. Paysage plat, quelques avions à l’élégant profil jalonnent le chemin d’accès au hangar Dodin, propriété du département de la Charente-Maritime et siège de l’Association Nationale du Musée de l’Aéronautique Navale que l’Académie à l’honneur de primer cette année, et dont le président est Michel Lafrette. L’aventure commence dans le vaste hangar à l'architecture caractéristique des années 1930 en béton armé. À perte de vue : des avions ailes repliées pour gagner de la place sur les porte-avions, à ailes basses, doubles, hautes ; une forêt d’hélices, des fuselages pointus, ronds, en fer, en bois, en toile, de toutes longueurs de 6,7m jusqu'à 28 mètres ! Il y a même un avion sans moteur qui servait, à partir de 1947 à la formation des pilotes de l’aéronautique navale.

L’aventure continue avec les aéronefs sans aile mais pourvus d’immenses hélices à pales multiples et plus de 1500 maquettes. Le plus ancien objet du musée date de 1879 (un treuil à vapeur hippomobile pour ballons captifs) évoquant le passé du Centre d’Aérostation Maritime créé à Rochefort en 1916.

Enfin, l’aviation n’est rien sans propulsion : pistons, turbo, à 18, 6 ou 9 cylindres, en simple ou double étoile, turbo propulseur ou turbo réacteur, turboréacteur à postcombustion, turbo moteur, sont présentés déshabillés et écorchés dans un souci pédagogique.

Dans ce musée unique en Europe, l’équipe de votre association s’emploie à réparer à l’identique, repeindre, faire connaitre avec la précision et l’exigence qui est la vôtre, présenter sous forme la plus pédagogique possible l’évolution de l’aéronautique navale pour que les visiteurs, des enfants aux retraités, puissent déjà et encore rêver.

Académie de Saintonge : Le prix de la Haute Saintonge remis à à Jean-Paul Dous pour Jacques Chardonne 1884-1968, un gentilhomme en littérature

La cérémonie de remise des prix de l'Académie de Saintonge a eu lieu dimanche 6 octobre salle Jean Gabin à Royan. Le prix de la Haute-Saintonge a été décerné à Jean-Paul Dous pour Jacques Chardonne 1884-1968, un gentilhomme en littérature (Ed. L'Harmattan)

Jean-Paul Dous
Rapport de Christophe Lucet : Le quasi effacement de Jacques Chardonne (1884-1968) a amputé le paysage littéraire et intellectuel français d’une figure essentielle. Si ce prix pouvait contribuer à réparer une injustice, ce serait merveille. Car l’œuvre de l’auteur de Claire et des Destinées sentimentales, profonde et légère, précise et détachée, exprime ce que l’esprit français peut avoir de plus subtil et pénétrant, dans un style cristallin, capable d’épouser les facettes de la réalité et les mouvements de l’âme. En 1940, le choix de l’écrivain charentais d’appuyer Vichy et la collaboration au nom d’une certaine idée de la civilisation européenne, voyant dans le national-socialisme triomphant – et non dans les horreurs nazies – une chance de régénérer la France, lui a coûté cher. Mais le rejet dont il a été l’objet après avoir gagné une belle audience dans l’entre-deux-guerres, tient aussi à la nature d’une œuvre qui n’a jamais cherché l’éclat de la parure, préférant le charme discret d’une belle porcelaine et d’un vieux cognac.

Avec une finesse et une justesse dignes de son modèle, Jean-Paul Dous nous entraîne sur les pas d’un écrivain qu’il n’hésite pas à comparer à Montaigne. Loin des fausses grandeurs, attentif à nos élans et nos contradictions, plus intéressé par les tempéraments que par les idées, Chardonne plonge dans le présent pour y dénicher ces instants de grâce qui sont le précieux de la vie. Et après-guerre, de jeunes écrivains emmenés par Roger Nimier ont vu en lui un maître. A notre tour, lisons ou relisons ces romans déroutants, ces essais vivifiants, mais aussi la correspondance étincelante qu’il échangea avec un autre réprouvé, Paul Morand, et qui vaut bien mieux que la réputation sulfureuse qui lui a été faite.


Académie de Saintonge : Le prix de la ville d'Aigrefeuille décerné à Sorenza Phelippeau « c'est très chouette » !

La cérémonie de remise des prix de l'Académie de Saintonge a eu lieu dimanche 6 octobre salle Jean Gabin à Royan. Le prix de la Ville d’Aigrefeuille a été remis à Sorenza Phelippeau pour ses films sur les chouettes effraies

Eric Depré et Sorenza Phelippeau
Rapport d'Eric Dépré : Sorenza est un prénom rare comme les noms « Dames blanches » ou « Dames de cœurs » donnés aux chouettes effraies que Sorenza Phelippeau a filmées en 2023 en Charente-Maritime. Ornithologue passionnée et passionnante originaire de Saint-Xandre près de la Rochelle, Sorenza Phelippeau est diplômée de l’Institut Francophone de Formation au Cinéma Animalier de Ménigoute dans les Deux-Sèvres et est déjà auréolée de plusieurs prix en France et à l’étranger. 

Elle nous emmène dans la nuit noire avec le magnifique documentaire Le temps d’une nuit où ces admirables rapaces ornés de sagesse et de délicatesse mènent leur vie nocturne. Elle filme avec la rigueur du temps qui passe où patience, discrétion et observation sont les maîtres mots. Avec l'invisibilité de sa présence, Sorenza nous fait voyager par le biais de son objectif infra-rouge vers ces vies si fragiles où tout peut basculer en un instant. La vie, l’amour, la mort ! Si la Nature n’a pas de morale, elle n’est pas non plus immorale mais bien amorale comme le démontre magnifiquement le film de Sorenza Phelippeau. A l’affût de ce rapace au sommet des clochers, la réalisatrice n’a pas dépassé deux heures de sommeil par nuit. 

Amoureuse de cet oiseau au visage en forme de cœur et au regard si humain, Sorenza Phelippeau va nous transporter prochainement avec Thomas Pottier dans un nouveau documentaire animalier inédit Un espoir pour l’effraie. Le style de Sorenza Phelippeau est comme un cristal : sa pureté fait son éclat, même dans la nuit.


Académie de Saintonge : le prix de la Corderie Royale décerné à Anne de la Sayette et "les couleurs naturelles d'antan"

La cérémonie de remise des prix de l'Académie de Saintonge a eu lieu dimanche 6 octobre salle Jean Gabin à Royan. Le prix de la Corderie Royale avé remis à Anne de la Sayette pour ses travaux sur les plantes tinctoriales

Anne Richard et Anne de la Sayette

Rapport d'Anne Richard : « Anne de La Sayette est directrice, entre autres, du Critt horticole de Rochefort (Centre régional d’innovation et de transfert de technologies) qu’elle a créé en 1989. Il y a juste 30 ans, le Critt a été contacté par une restauratrice d’œuvres d’art qui souhaitait retrouver les couleurs naturelles d’antan. Cette demande a conduit au démarrage d’une nouvelle activité sur les colorants végétaux naturels. En effet, depuis le XIXe siècle, l’avènement des colorants obtenus par la chimie de synthèse a entraîné la disparition de la production et de l’utilisation des pigments végétaux usités depuis des millénaires.

De ce fait, les savoirs relatifs à la culture et à l’utilisation des plantes tinctoriales, ont été perdus. Des institutions comme l’Opéra-Comique de Paris et le Théâtre du Châtelet, soucieuses de retrouver les couleurs d’époque de leurs costumes et de leurs décors, ont fait appel au Critt horticole de Rochefort, travail mené avec des historiens.

En 2011, Anne de La Sayette a organisé à La Rochelle un symposium international sur les colorants naturels, qui a réuni plus de 500 personnes de 50 nationalités. Cette même année, elle a été élue « Rochefortaise de l’année » par la jeune Chambre de Commerce de Rochefort pour son travail et ses initiatives dans le domaine de l'innovation horticole. En juin 2024, elle a été invitée comme conférencière au prestigieux événement international Biocolours 2024 à l’Université de Helsinki. Elle a présenté ses recherches récentes sur l’intérêt de l’utilisation des colorants bio-sourcés pour une industrie de la couleur plus respectueuse de l’environnement. Ce court propos illustre très partiellement le parcours exceptionnel d’Anne de La Sayette, à qui nous sommes très heureux de remettre aujourd’hui le Prix de la Corderie Royale ».

Académie de Saintonge : Le prix Dangibeaud décerné à Christophe Bertaud et Patrick Sembel pour leur livre consacré au peintre "Omer Charlet, un oublié exemplaire"

La cérémonie de remise des prix de l'Académie de Saintonge a eu lieu dimanche 6 octobre salle Jean Gabin à Royan. Le prix Dangibeaud a été remis à Christophe Bertaud et Patrick Sembel pour leur livre consacré au peintre "Omer Charlet, un oublié exemplaire" (1809-1882) (Ed. La Geste)

Peinture d'Omer Charlet : Allégorie du Temps, Varsovie, musée de la collection Jean-Paul II
Rapport de Philippe Ravon : L’Académie récompense Patrick Sembel et Christophe Bertaud pour leur formidable travail d'historien qui remet à l’honneur un artiste, né au Château d’Oléron en 1809, célèbre à son époque et presque oublié aujourd’hui. Le titre Omer Charlet - Un oublié exemplaire (1809-1882) résume parfaitement le propos qui permet, non seulement de redécouvrir un grand peintre du XIXe siècle, mais également d'étudier ce processus d'oubli qui touche tant d'artistes. Au regard des œuvres illustrant ce livre, on se demande comment nous avons pu passer devant ces grandes compositions qui figurent aux côtés d’œuvres de Bouguereau dans la cathédrale et le musée de La Rochelle et sont exposées au musée de Rochefort, dans les églises de l’île d’Oléron ou de Marennes, mais aussi de Douai, Blois, Figeac. Elève des plus grands maîtres de son époque, Guillon de Lethière, le Baron Gros et le grand Ingres, Omer Charlet expose au Salon de 1833 à 1880. Il s'intéresse au paysage qu'il associe à la religion dans une démarche classique et romantique et possède aussi un talent de portraitiste.

Mais je réalise que je parle d’Omer Charlet alors que ce sont les auteurs de ce magnifique ouvrage que nous voulons mettre à l’honneur. Je pense qu’ils me pardonneront, connaissant leur souhait de nous faire partager cette incroyable redécouverte qui nous évoque le vers de Louis Aragon : « Tout ce qui fut sera pour peu qu’on s’en souvienne ».

Philippe Ravon aux côtés de Patrick Sembel et Christophe Bertaud