samedi 19 mai 2012

Phare de Cordouan :
pleins feux sur l’estuaire 2012


Le Smiddest, syndicat qui réunit les départements de la Gironde et de la Charente-Maritime, a dévoilé les grands rendez-vous de l’été 2012. Pour saluer l’événement, un havre mythique a été choisi : le phare de Cordouan, au large de Royan…


Vendredi aux alentours de midi. Sur le port de Royan, les journalistes se pressent devant le bateau qu’on nomme “Cap Cordouan“. Comme son nom l’indique, c’est dans cet endroit magique que Jacky Quesson, représentant le Smiddest que préside Dominique Bussereau, détaillera la saison 2012.


La traversée s’engage, ponctuée de rires et de soleil. « Attention, il y aura un bizutage à l’arrivée » annonce l’un des organisateurs. Les participants se regardent : quand ils descendront, ils comprendront de quoi il s’agit. Pour l’instant, ils admirent le paysage…

Parmi les hauts lieux à découvrir, l’estuaire de la Gironde, le plus grand d’Europe, est un royaume à part, un espace où l’on pêche le maigre, le poisson qui grogne, la civelle, baptisée l’or gris, l’alose et la lamproie, une drôle de bestiole qui fait des envieux quand elle est cuisinée à la bordelaise. Jadis, on y trouvait l’esturgeon et son fameux caviar dont le renouveau est annoncé à Saint-Seurin d‘Uzet.

Situé au large de Royan, le charme du phare de Cordouan réside en sa situation. Sentinelle de l’estuaire, on y aborde à des heures précises, en fonction des marées. Quand l’eau se retire, elle dévoile des bancs de sable, dont l’un s’étire en longueur. Chassant les mouettes pour un court moment, les touristes peuvent y jouer les Robinson Crusoé. Le dépaysement est d’autant plus précieux qu’il est à temps compté. Bientôt, les vagues recouvrent cette terre avec la promesse de la dévoiler une fois encore, selon une chronologie immuable. De l’éphémère, naît une étonnante sensation !

La chapelle du phare de Cordouan
(construit sous Louis XIV
)

À l’abordage !

La voici, la fameuse épreuve ! Pour les non-initiés, l’arrivée vaut son pesant de rigolade. Pantalons retroussés, jupes relevées, les passagers sont invités à quitter le bateau en pataugeant dans l’eau. Et finalement, elle n’est pas bien chaude ! Les uns ne sont guère rassurés, les autres bravent l’adversité rafraîchissante au milieu des patelles et des bigorneaux.


En atteignant l’allée dallée, ils sont encore hésitants. Conscients de vivre une escapade peu ordinaire, ils s’immortalisent pour le meilleur et pour la frise, celle qui ornera leur bureau. Avec une légende du style « le jour où j’ai marché sur les eaux de Cordouan ! ».


À la porte d’entrée, les gardiens sont amusés. Ce genre de spectacle, ils ont vu maintes fois, même si la question la plus courante posée par les arrivants concerne l’élément liquide : « quand la mer est déchaînée, l’eau passe-t-elle au-dessus de la balustrade ? ».
« Bien sûr »
répond Serge Andron, le patriarche. Mais elle s’évacue. Et puis, est-il besoin d’ajouter que gardien de phare est un métier viril et sportif puisqu’il faut gravir et descendre de nombreux escaliers ! Quant au phare, sa solidité a traversé les siècles. Vivre une grande tempête entre ses murs doit être exaltant…


Pleins feux sur l’estuaire

Depuis 2010, la gestion de Cordouan, propriété de l’État, est assurée par le syndicat mixte pour le développement durable de l’estuaire de la Gironde. L’objectif du Smiddest est de rapprocher les deux rives autour d‘un projet ambitieux et partagé. L’an dernier, des cérémonies ont accompagné l’anniversaire des 400 ans du phare. Cette année, un programme copieux a été élaboré dont voici les principaux rendez-vous. « En 2012, l’estuaire s’invente et se réinvente en gardant le même objectif, permettre la découverte d’un patrimoine à travers la rencontre entre des artistes à l’œuvre et un public réunissant habitants, amoureux de la nature et visiteurs de passage » explique Jacky Quesson.

Jacky Quesson dans le phare de Cordouan, en tenue de combat !

Chaque vendredi de l’été, neuf sites seront à l’honneur : 6 juillet à l’île de Pataras, 13 juillet au port de Lamarque, 20 juillet au phare de Saint-Georges de Didonne, 27 juillet au phare de Saint-Palais sur Mer, 3 août au phare de la Pointe de Grave au Verdon, 10 août au phare Richard, 17 août au pour des Callonges à Saint-Ciers sur Gironde (commune du prochain président du Smiddest, Philippe Plisson), 24 août au port de Plagne à Saint-André de Cubzac et le 31 août au phare de la Coubre à la Tremblade.

Quant au phare de Cordouan, il reste ouvert à la visite toute l’année. Le Smiddest en assure la gestion, l’animation et la promotion, en étroite collaboration avec l’Association pour la sauvegarde du phare de Cordouan. Il y a 150 ans qu’il a été classé monument historique en même temps que Notre-Dame de Paris !

Serge Andron (notre photo) et Jean-Paul Eymont, gardiens, prendront leur retraite fin juin

Dominique Perez, Lionel Got et Christophe Montgoff prendront le relais (photo prise dans la partie du phare réservée aux gardiens)

Un grand rituel aura lieu le 29 juin avec la relève : les quatre gardiens se verront remettre officiellement la grosse clé de la porte anti-marée. Un moment émouvant puisque les deux aînés, Serge Andron et Jean-Paul Eymont, regagneront ensuite et définitivement la terre ferme après avoir vécu dans ce “vaisseau“ inoubliable.

Le retour à Royan... dans les mêmes conditions !

• Artiste en résidence : Après le peintre Richard Texier, le photographe de l’agence Magnum Jean Gaumy a passé quelques jours à Cordouan. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter le nouveau site internet ww.estuaire-gironde.fr

Du sommet du phare, la vue est plongeante ! Au loin, à gauche, on aperçoit l'île nouvelle de Cordouan, banc de sable malmené par les courants...

• Selon les spécialistes, Cordouan fait partie des pièces majeures du patrimoine maritime mondial. Comme tous les trésors, il est fragile et son statut de “monument historique” le protège des intentions mercantiles de certains promoteurs.
Ses gardiens veillent au grain dont Serge Andron (Bruno et Elisabeth Vaesken lui ont consacré un bel ouvrage paru aux Éditions Ouest France) et J.P. Eymont. Ils prendront leur retraite en juin prochain. Leur succéderont D. Perez, Lionel Got (en poste depuis trois ans) et le petit nouveau, Christophe Manglof, 32 ans.
Photos Nicole Bertin

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bravo pour ce billet qui retranscrit très bien l'ambiance du moment.
Mes photos ici: http://www.flickr.com/photos/romualdgoudeau/sets/72157629685436854/show/