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vendredi 30 novembre 2007
Cognac Delamain : La Russie est devenue son plus gros marché
Quand la maison Delamain a-t-elle été créée ?
La Maison Delamain a été créée, sous sa forme actuelle, en 1824. Mais les liens des Delamain avec le Cognac remontent à 1759, lorsque James Delamain arrive d’Irlande à Jarnac et s’associe avec son beau-père - dont la famille était négociants en Cognac depuis 1610 - pour fonder la société “Ranson et Delamain“, qui deviendra, avant la Révolution, la plus importante Maison de négoce de la région. Après la mort de James Delamain, la société a été dissoute pour des raisons de succession, et, après deux tentatives infructueuses, une nouvelle société a été fondée en 1824, sous le nom de « Roullet et Delamain ». Les Delamain ont racheté les parts des Roullet après la première guerre mondiale, et ont renommé la société «Delamain & Co.» en 1920. En 1994, la société Bollinger est entrée dans le capital et détient 34% des actions, la famille Delamain restant propriétaire de 66%.
Aujourd’hui, comment se porte-t-elle face aux grandes structures ?
Nous sommes en excellentes relations avec les grosses Maisons de la région, car nous ne leur faisons pas de concurrence, ne produisant pas une goutte de VS ou de VSOP. Par contre, notre spécialisation dans les vieilles eaux-de-vie de Grande Champagne ajoute un plus à l’image du Cognac... Nous faisons partie du «Syndicat des Maisons de Cognac», qui regroupe Hennessy, Martell, Courvoisier, Rémy Martin, Marnier Lapostolle ou encore Chateau de Cognac (Otard).
Quels sont les objectifs que poursuit une maison comme la vôtre ?
Nous sommes principalement exportateurs - à 87% - et expédions vers 70 pays environ, ce qui est intéressant pour une société qui ne compte même pas 20 personnes. Nous cherchons à être présents dans les meilleurs endroits : les plus beaux bars, restaurants, hôtels ou revendeurs. À Paris, ce sont le Ritz, le Crillon ou le Meurice, de même que Fauchon ou Hédiard. À Londres, Harrod’s, Fortnum & Mason ou le Connaught. À New York, le Pierre, Fifth Avenue Liquor Store ou Peter Morrell... C’est une politique que nous avons dans le monde entier.
Quels sont les marchés qui, selon vous, peuvent être développés ?
À l’heure actuelle, la Russie est devenue notre plus gros marché, mais le potentiel est énorme. Nous cherchons à développer nos ventes sur la Chine, où nous sommes présents depuis plusieurs années. Comme tout le monde dans la région, nous espérons que l’Inde quitte sa politique protectionniste et puisse enfin s’ouvrir. Autres marchés prioritaires pour nous : l’Europe de l’Est et du Nord où nous sommes déjà bien implantés. Une part importante de notre temps est passée en voyages, afin de « prêcher la bonne nouvelle » et convaincre la clientèle, en collaboration avec nos importateurs, qui sont eux-mêmes très spécialisés, et commercialisent les plus grands vins, Champagnes et spiritueux. Bien évidemment, nous essayons d’avoir les mêmes agents que Bollinger, mais sans aucune obligation, partageant des agences avec des Maisons comme Roederer, Taittinger, ou encore Salon ou Delamotte.
Votre point de vue sur le marché actuel du Cognac, en pleine embellie...
Le marché du Cognac est effectivement en progression, et, tout comme les grandes Maisons, nous sommes optimistes pour l’avenir. Compte tenu de notre petite taille, nous ne cherchons pas à réaliser de gros volumes mais, comme il est dit plus haut, nous préférons une distribution sélective.
Photo 1 : Patrick Peyrelongue (à droite) explique le vieillissement des cognacs Delamain (avec dégustation modérée !).
Dans l'intimité photographique de Jacques Chardonne
Marie-Dominique Montel, directrice de l’Académie de Saintonge, vient de publier un ouvrage consacré à un écrivain qu’elle connaît bien puisqu’elle lui a consacré un film. Il s’agit de Jacques Chardonne qui vécut à Barbezieux, non loin d’Henri Fauconnier, l’auteur de Malaisie. « Il y a longtemps qu’elle parlait de ce livre, mais elle ne faisait qu’y penser » glisse son éditeur et ami, François Julien Labruyère.
Il a rencontré cette jeune femme décidée à Anvers, non pas pour la couvrir de diamants, mais lors d’une réunion de banquiers internationaux. En soirée, lorsque la réunion s’acheva, ils se retrouvèrent autour de leur thème préféré, la littérature. « Chardonne est entré rapidement dans la conversation » se souvient-il. Il l’incita alors à publier.
Pour réaliser cette entreprise, Marie-Dominique avait une exigence : il lui fallait trouver des photos de cet homme séduisant, puisqu’elle entendait construire son histoire autour d’un album de famille.
La chance lui sourit : grâce à André Bay, fils de la seconde épouse de Chardonne, la belle Camille, elle est entrée dans le temps d’avant. Une seconde bonne surprise l’attendait : sa rencontre avec Olivier Tourna-fond, petit-fils de Maurice Delamain, qui fut le grand ami charentais de Jacques Chardon-ne. Maurice, qui adorait la photo, s’était doté d’un appareil « nouvelle technologie » et, par bonheur (de Barbezieux), des plaques avaient été conservées. Ces clichés, qui immortalisent la jeunesse de Chardonne, rappellent ceux de Lartigue. Il ne restait plus à Marie-Dominique qu’à les mettre en scène...
La vie de Jacques Chardonne, né Boutelleau, court le long des pages qu’elle a conçues. Cette période qui s’étale de 1909 à 1925, est contée au travers de 95 photos inédites et agréablement présentées (on voit Barbezieux, Jarnac, Royan). De l’enfance à l’écrivain, on découvre un homme élégant, issu d’un milieu aisé, dont la vie semble facile.
Son œuvre se lit dans ses yeux : il aime la beauté et c’est pourquoi il privilégiera toujours la pureté du style, malgré la complexité des sentiments. Il apprécie l’amitié, celle de Maurice Delamain (la photo où il pose délicatement la main sur son épaule est touchante), l’amour qu’il partage avec sa première femme, Marthe, la passion qui le pousse vers Camille (rencontrée dans un bus, dit-on).
Voilà pour le monde des apparences. Mais que se cache-t-il derrière ce regard que Chardonne reflète dans le jeu des miroirs ? Sans doute une prise de conscience à mesure qu’il comprend : la douceur de la jeunesse ne pouvait être qu’une parenthèse de son existence...
Photo 1 : « Une jeunesse charentaise, les photos retrouvées de Jacques Chardonne » par Marie-Dominique Montel au Croît Vif. Les photos couvrent une période allant de 1909 à 1925. Chardonne, né en janvier 1884, est mort en mai 1968. Après Barbezieux, il a vécu à Paris où il a travaillé chez Stock. Les noms de Delamain et Chardonne sont intimement liés à cette maison d’édition. Près de la Comédie française à Paris, se trouve toujours la librairie Delamain.
Photo 2 : Présentation du livre de Marie-Dominique Montel à Jarnac Charente vendredi matin, à la maison Delamain. Certaines photos sont annotées par Chardonne lui-même. On y voit une photo d’Henri Fauconnier, écrivain, dont la maison se trouve à Barbezieux. Il fut proche des familles Boutelleau (Chardonne est le nom d’un village suisse où Jacques Boutelleau séjourna durant la première guerre mondiale. Il devint plus tard son nom de plume) et Delamain.
Photo 3 : Camille, la seconde épouse de Jacques Chardonne.
Unique : le cabinet de curiosités de Clément Lafaille
Samedi, l’Académie de Saintonge était reçue par l’Académie des Belles lettres, Sciences et Arts de la Rochelle que préside l’historien Jean Flouret. Au programme, la visite du cabinet de curiosités de Clément Lafaille, qui sera ouvert au public en 2008.
Samedi matin, l’Académie de Saintonge, que dirige Marie Dominique Montel, était l’invitée de son homologue rochelaise. En ce port renommé, les deux sœurs n’ont pas armé un bâtiment ; elles ont préféré axer cette rencontre sur la découverte du Muséum d’Histoire Naturelle qui a rouvert ses portes après dix ans d’une (magnifique) restauration.
Après les travaux de la matinée, le groupe s’est donc retrouvé dans ce bel édifice - demeure du Gouverneur avant la Révolution - au milieu d’animaux et d’oiseaux variés, sous la haute protection de la girafe qui veille en haut de l’escalier.
À l’entrée, un crocodile souhaite la bienvenue au public. Pas de danger qu’il le croque, il est naturalisé ! En Papouasie, les habitants sculptent ce reptile sur la proue de leurs pirogues afin qu’elles voguent, comme lui, à grande vitesse.
De la rapidité au Muséum, les visiteurs n’en ont guère besoin. Ils prennent le temps de regarder, chaque élément méritant l’attention.
Créé à la fin du XIXe siècle, ce lieu dédié à la connaissance s’est constitué autour de deux fonds anciens : le cabinet de Clément Lafaille et le Muséum Fleuriau. Au fil des années, les collections se sont enrichies et s’y trouvent des témoignages insolites. Ainsi d’anciennes raquettes de neige qui rappellent la lointaine Nouvelle-France de Champlain (Québec actuel)...
Une grande partie des salles d’exposition est consacrée à la faune du monde entier, de la steppe aux forêts luxuriantes. Les thèmes, nombreux, gravitent autour de l’archéologie, les sciences de la nature, l’ethnologie et les arts primitifs. « L’intérêt scientifique des pièces rares est renforcé par l’aspect historique de certains spécimens. Ainsi, la girafe donnée au roi Charles X, l’orang-outan offert à l’impératrice Joséphine, les objets rapportés par les navigateurs dont Bougainville à la fin du XVIIIe siècle et par Dumont d’Urville au début du XIXe » soulignent les responsables. À ne pas manquer également, la bibliothèque regorge d’ouvrages et de cartes.
En avant-première, une visite du cabinet
Grâce à Jean Flouret, nous avons la chance de pénétrer dans le cabinet de curiosités de Clément Lafaille. En effet, il ne sera ouvert que l’an prochain et c’est un plaisir de vous le présenter en avant-première.
Pour mémoire, il est bon de rappeler que les cabinets de curiosités, qui ont vu le jour dès le XVIe siècle, « désignent des lieux dans lesquels on collectionne une multitude d’objets rares représentant les trois règnes du monde animal, végétal et minéral, en plus des réalisations humaines ».
Il y a trois ou quatre siècles, l’information ne circulait pas encore en ligne et les grands voyageurs étaient peu nombreux. Les expéditions maritimes étaient l’occasion de ramener des carnets de dessins ainsi que des espèces inconnues en Europe (plantes, graines, etc). Ces périodes de découvertes étaient exceptionnelles et les esprits curieux - savants, amateurs éclairés, dans la lignée des Encyclopédistes - n’hésitaient pas à regrouper leurs trouvailles inédites en un “cabinet“. Les amis y venaient pour admirer les étrangetés que recèle le vaste monde ! Clément Lafaille, qui vivait à la Rochelle au XVIIIe siècle, fait partie de ces heureux possesseurs.
« Après des études de droit, il a été nommé contrôleur ordinaire des guerres, charge fondée en 1710 qui consistait à surveiller les intendants militaires et la façon dont ils utilisaient les sommes qui leur étaient allouées » explique Jean Flouret. Cette tâche - qui ne devait pas être excitante - lui permet néanmoins de s’enrichir. Il peut alors s’adonner à ses passions que sont la conchyliologie, la botanique, la géologie et l’étude faunistique. Il correspond avec des érudits et ne dédaigne pas la peinture.
Membre de l’Académie royale de la Rochelle, il lègue ses collections renommées à cette docte assemblée, ainsi qu’un millier de livres et un médailler contenant de fort belles pièces.
La suite est un peu compliquée. L’exécution testamentaire est entravée par la Révolution et Clément Lafaille a la mauvaise idée de mourir à Paris. Pour les héritiers, les choses eussent été plus faciles s’il s’était trouvé à son domicile rochelais ! Après bien des péripéties, l’Académie (qui reprend ses activités en 1805) fait valoir ses droits auprès de la mairie. Elle est entendue.
Aujourd’hui, le fameux cabinet de curiosités a changé de rue et il est situé dans le Muséum d’Histoire Naturelle.
Les vitrines, aux frontons sculptés, ont trouvé leur place et les meubles, commandés à un ébéniste de la capitale, n’ont pas pris une ride. Ils abritent coquillages, reptiles, oiseaux. Sans doute l’esprit de Clément Lafaille règne-t-il dans cette pièce intime que d’aucuns préféraient « dans son jus », c’est-à-dire un brin poussiéreuse, avant qu’elle ne fasse l’objet d’un aménagement soigné. Selon les spécialistes, « il s’agit du seul cabinet naturaliste du XVIIIe siècle conservé actuellement en France ».
En y pénétrant, on remonte le temps, quand la Rochelle était un port bruyant. On imagine Clément Lafaille écrivant ses fines observations sur l’environnement : les insectes qui attaquent la vigne, la limace testacée, la taupe, la pholade, coquillage connu sous le nom de “dail“ ou bien encore les pierres figurées du pays d’Aunis, les changements arrivés aux côtes de la Rochelle et les fossiles qu’on peut y trouver.
Cette époque d’éclosion intellectuelle, le Muséum d’histoire naturelle vous invitera à la partager dès l’an prochain, quand le fameux médailler aura été restauré.
En l’attente, il reste les nombreuses autres salles ! Quant à Clément Lafaille, il vous faudra seulement l’imaginer car il n’existe de lui aucun portrait. Peut-être s’est-il perdu dans quelque déménagement ou une admiratrice l’aurait-elle secrètement gardé...
Détails pratiques : • Muséum d’histoire naturelle, 28 cours Albert 1er à la Rochelle (parking à proximité). Ouvert tous les jours sauf le lundi. Tél. 05.46.41.18.25.
Photo 1 : Grâce à l’Académie de La Rochelle, l’Académie de Saintonge a visité ce superbe cabinet de curiosités.
Photo 2 : Le cabinet de curiosités se trouve désormais au muséum. Restauré, il sera ouvert au public en 2008 quand le médailler aura retrouvé sa place. Les meubles, authentiques, datent du XVIIIè siècle.
Photo 3 : Belle collection de coquillages.
Photo 4 : Exposition de différentes espèces d'animaux sauvages.
Nuits chaudes à Jonzac !
Décidément, le Casino crée la surprise en proposant un programme varié. Suivez le guide…
Vendredi soir. Une animation fébrile règne au casino. Dès 20 heures, des femmes se pressent devant la salle de gala. Elles discutent, lancent des sourires complices. Nombreuses ont sorti des tenues sexy pour l’occasion : en effet, elles ont rendez-vous avec la troupe d’Angelo au nom terriblement évocateur : Body Exciting. « Les réservations ont explosé et il n’y a plus aucune place pour les deux soirées » souligne Patricia de Lafranqui qui supervise les “opérations“ ou, tout au moins, l’organisation !
Le principe est simple : ces soirées sont réservées aux femmes seulement, “for girls only“ in english. Leurs compagnons n’ont donc qu’à aller se rhabiller ! Sur la scène, les héros de la fête font exactement le contraire : peu à peu, ils se dévoilent devant ces dames. Une sorte de Lido à l’envers ! De l’imper en cuir virevoltant en guise de hors d’œuvre, on arrive lentement mais sûrement au string où seront placés les fameux dollars en quelque endroit intime...
Il fait chaud. L’ambiance, un peu survoltée, est ponctuée de cris d’allégresse (appelons-les comme ça) et de coups de cuillers qui résonnent dans la salle de restaurant située à proximité. Les convives se demandent un instant ce qui déchaîne autant les participantes. C’est assez facile à comprendre : sur les planches, les chippendales affichent des corps musclés qui auraient sans doute inspiré les célèbres sculpteurs grecs de l’antiquité. Pas le moindre défaut physique, une peau lisse minutieusement épilée et une belle gueule sont les critères requis par Angelo qui dirige cette troupe à l’activité clairement définie : exciter le corps (ou les sens)...
Leur venue près des tables fait monter la tension. « J’aime bien ces soirées car nous venons entre copines pour rigoler. On ne se prend pas la tête. D’habitude, ce sont les femmes qui se déshabillent. Là, c’est le contraire ! Il n’y a rien de mal à cela » glisse Élisabeth, déjà présente à la dernière édition.
Bref, tout le monde semble apprécier et le succès remporté par ces spectacles laisse supposer une nouvelle programmation du casino en 2008 !. « Jonzac est un endroit sympa, nous y avons été très bien accueillis » déclare Angelo.
Angelo : « Je sépare ma vie privée de mon métier »
Quand il n’est plus sous les feux de la rampe, Angelo parle de son métier et ma foi, il s’est plutôt bien débrouillé. Voici cinq ans qu’il a créé sa propre troupe. Elle compte quatorze garçons : « nous nous produisons dans toute la France, soit environ une vingtaine de manifestations par semaine ». Il y a huit ans, il a commencé au sein d’un autre groupe et, suite logique, il s’est mis à son compte : « je fais ça parce que j’apprécie le monde du spectacle et son ambiance particulière ». Et d’ajouter, l’œil perçant et terriblement bleu « j’aime bien les femmes aussi ! ». Ça vaut mieux car elles constituent essentiellement le public de ces soirées ! Cela ne l’empêche pas de respecter Lola, sa compagne. Streapteaseuse, elle possède elle aussi sa compagnie.
Dans la famille, vous l’avez compris, on reste attentif à son apparence physique. Angelo fait de la musculation tous les jours. Le footing est plus difficile à caser en raison d’un emploi du temps serré.
Les critères de recrutement de ces messieurs sont aisés à deviner : le corps doit être agréable à regarder et harmonieusement proportionné. « Actuellement, j’ai une liste d’attente » avoue Angelo. Preuve que ce job fait des envieux : « il s’agit bien d’une profession, c’est un vrai boulot. Les filles viennent pour passer un bon moment et notre rôle est de ne pas les décevoir. Le fait que nous soyons des sex-symbols à leurs yeux est plutôt sympa. Il nous arrive souvent de poser pour des photos de magazines. Toutefois, je fais une séparation entre ma troupe et mon foyer. Je suis marié et père d’un garçon de trois ans. Il arrive parfois que des filles mettent leur numéro de téléphone sur les dollars qu’elles nous glissent, mais nous ne donnons pas suite, précisément parce qu’il ne faut pas tout mélanger ». Jamais dans l’Evêché, disait Talleyrand ! Voilà de quoi rassurer Lola qu’il a rencontrée... lors d’un show.
Laissons-lui la parole : « Je connais bien le métier de mon mari et je sais que les femmes regardent les hommes, peut-être plus que les hommes ne regardent les femmes ! Fort heureusement, je ne suis pas d’une nature jalouse. On se fait confiance, c’est indispensable car nous sommes appelés à nous produire en des lieux différents, chaque week-end. Je préfère un chippendale fidèle à un plombier infidèle ! » avoue-t-elle avec bonne humeur.
Comme le rappelle Angelo, « il faut faire une séparation entre la scène et la vie privée. Le spectacle représente notre activité professionnelle à part entière. Il y a de la danse et une véritable chorégraphie : l’aspect visuel est privilégié ».
Bref, les affaires sont les affaires, ce qui n’empêche pas le plaisir (de la salle) et sur ce chapitre, les Body Exciting remplissent leur mission !!!
Photo 1 : Les chippendales sont prêts pour le spectacle
Photo 2 : Et un petit tour dans la salle !
Photo 3 : Les chippendales finissent rarement “dénudés“ sur la scène. Si c’est le cas, ils cachent leurs parties intimes derrière un chapeau, par exemple, ou une serviette. Il y a aussi la feuille de vigne !!! En fin de soirée, des dollars sont glissés par le public féminin dans les boxers ou chaussettes de ces messieurs. « Ces dollars servent à payer les frais liés à nos déplacements, transport, nourriture » explique Angelo. (Cette photo n’a pas été prise à Jonzac, elle a été fournie par Angelo).
Philipe Callaud à coeur ouvert
C’est maintenant décidé, vous ne rejoindrez pas la gauche plurielle saintaise pour constituer votre propre liste. Quelles sont les raisons de ce choix ?
Effectivement, la liste de Jean Rouger n’est pas vraiment une liste de gauche plurielle puisque les Radicaux, qui sont une vieille tradition de gauche dans le département, en seront absents. Notre position aurait été totalement différente avec Dominique Barella, ami et complice de longue date, ou avec Margarita Sola avec qui j’entretiens les meilleures relations. Au sein du PRG local, nous avons unanimement décidé de ne pas nous associer à une liste conduite par Jean Rouger car les élections de 2001 ont laissé des traces, dans les esprits saintais, et permis à la majorité actuelle sortante d’être aux affaires. Les problèmes qui existaient en 2001 sont donc reportés en 2008... Je suis personnellement désolé de pas partir sur la liste de la gauche plurielle car de nombreux amis y sont présents.
Avez-vous eu la tentation de rejoindre une des autres listes en lice ?
Absolument pas. Je suis un homme de gauche et il était hors de question que je rejoigne une autre équipe, de droite ou d’extrême gauche. La liste que je conduirai est en cours de constitution. Elle est presque bouclée d’ailleurs et comptera, entre autres, Lolita Courroy-Urdiales, assistance sociale très engagée dans les associations, Serge Lacomare, ancien adjoint aux sports sous Michel Baron, Cécile Trébuchet, etc. Raymond Tillaud, également ancien adjoint, nous apportera son aide. Cette liste, qui portera le nom de « Saintes ambitieuse », sera présentée fin décembre, début janvier. Le mot d’ordre est une équipe renouvelée.
Regrettez-vous de ne pas être aux côtés des Verts ?
Oui, je le regrette, d’autant que j’ai toujours eu de bons rapports avec Christian Couillaud. Je respecte son choix de partir avec Jean Rouger. Je m’entends bien aussi avec le socialiste Frédéric Mahaut.
Au second tour, aurez-vous un accord de désistement avec Jean Rouger ?
Pour l’instant, ce n’est pas à l’ordre du jour. Pour être franc, ce n’est pas prévu...
Que le PRG vole de ses propres ailes à Saintes est un signe de vitalité. Quelles idées allez-vous défendre ?
Les idées que nous allons défendre sont de renouer le dialogue avec les associations ; effectuer un véritable travail avec la jeunesse sur Saintes et notamment mettre à leur disposition une véritable salle de concerts afin que leurs activités aient lieu sur place ; travailler dans le domaine festif à l’intention de toutes les générations ; promouvoir le tourisme dans son ensemble et donner à l’Office de Tourisme une dimension communautaire loupée par la majorité sortante ; se pencher sur les animations estivales et renouer avec la grande tradition des Jeux santons ; plancher sur le site Saint Louis pour y faire ce que Michel Baron avait envisagé, c’est-à-dire un pôle gallo-romain et non pas des activités de promotion immobilière ; dans le domaine sportif, réaliser rapidement une nouvelle piscine, reprendre en main le golf , développer la politique de la ville en donnant toute sa place à l’environnement et en tenant compte des préoccupations des personnes handicapées. Tous ces projets seront développés dans le cadre de la campagne. Actuellement, des commissions étudient l’ensemble de ces questions. Nous avons un blog interactif : saintesrepublicainemunicipales destiné aux personnes qui souhaitent s’informer ou s’exprimer.
• Mauvais œil ?
Mardi, Philippe Callaud a failli être victime d’un grave accident sur la rocade de Bordeaux. En effet, un camion, transportant un chargement, a perdu un madrier qui a fini sa course dans le pare-choc de sa voiture. Bref, le chef de file des PRG a eu de la chance, la collision se limitant à des dégâts matériels...
• Et Philippe Nivet ?
On dit qu’il serait cette liste PRG. Après tout, il ne ferait que revenir à ses amours premières...
Photo : Philippe Callaud
jeudi 29 novembre 2007
Jean Rouger (P.S) : "Je ne me laisserai pas déstabiliser"
Rendez-vous au bar du Théâtre, lundi après-midi. Quelques heures auparavant, Ségolène Royal est venue à Saintes pour signer, avec le pays de Saintonge Romane, les fameux Contrats de Territoire. Jean Rouger était à ses côtés, moins proche que la famille Quéré, mais ce médecin n’a pas pour habitude de s’exposer. L’homme est discret et en public, il sait garder la mesure.
Vers 16 h, il a donc convoqué la presse dans ce sympathique bistrot situé près du Gallia. La présidente de la Région est partie pour Aulnay. Aurait-elle pu venir à cette présentation ? « Ce n’était pas à l’ordre du jour. Elle a dit sa disponibilité pour participer à la campagne, c’est ce qui compte » répond Jean Rouger.
En ce 26 novembre, s’ouvre le deuxième acte de la pièce des élections municipales, le premier ayant été sa désignation, par les membres du PS saintais, en tête de liste. Il a ainsi devancé l’autre candidate, Margarita Sola, et « virtuellement » le redoutable Dominique Barella, absent de la course après avoir fait régner le suspense. « Trop parisien » avaient lancé les militants à l’époque. Était-ce la vraie raison ?
Rassuré par ce résultat, Jean Rouger reste sur ses gardes. Il n’entend pas vivre un « remake » de 2001 quand Michel Baron, tirant les ficelles, le pressa tant qu’il en démissionna. On connaît la suite qui aboutit à la nomination de l’avocat Jean Moulineau. « Il y avait des gens très ambitieux qui ne supportaient pas que d’autres les devancent. C’était comme dans un jeu de dames » avoue l’intéressé. Sauf que dans le cas précis, les figures étaient des messieurs !
Six ans se sont écoulés et Jean Rouger a tiré la morale de l’histoire : après les élections, il est rentré dans son jardin, comme Candide.
Aujourd’hui, il revient, pleinement conscient de la mission qui lui a été confiée : « les choses ont changé. Nous sommes organisés et ferons tout pour gagner les élections ». À ses côtés, Michèle Carmouse et Christian Couil-laud acquiescent. Les Verts ont été sollicités par d’autres listes (de droite). Toutefois, ils ont répondu négativement : « nos projets, nous les réussirons avec la liste de gauche » déclarent-ils. Même sentiment chez la responsable communiste : « je ferai tout pour que la situation de 2001 ne se renouvelle pas. Jean Rouger n’a pas été le seul candidat visé par l’ancien maire de Saintes. Baron s’en est également pris à moi. Récemment, en faisant dire des méchancetés à Bernard L’hostis dans la presse quotidienne, ces mêmes personnes ont voulu, une fois encore, jeter la suspicion. Une telle attitude a assez duré, il faut regarder de l’avant. Saintes a besoin d’avancer ».
Allier l’économie à l’écologie
Vous l’avez compris, la liste de gauche travaillera dans l’entente et l’esprit d’entreprise, même si les sensibilités qui la composent sont différentes. Certes, il manque les PRG qui ont choisi de faire bande à part, une nouveauté dans le paysage habituel de la gauche plurielle. Ce « vent d’indépendance » est lié à Philippe Callaud qui souhaite conduire une liste et non pas se retrouver dans les dix premières places (il explique ses raisons dans l’entretien qui suit). Jean Rouger a bien essayé de lui tendre la perche, mais « de telles situations sont parfois difficiles à gérer ». Chacun fera campagne comme il l’entend !
Jean Rouger présentera son projet politique avant Noël, les grands points seront détaillés en janvier. Ils graviteront autour de l’exercice de la démocratie (formation, éducation, apprentissage, justice dans la vie quotidienne), la défense du territoire, le développement durable, le logement, les transports. S’y ajouteront les volets écologie et patrimoine avec la prise en compte du fleuve Charente et la place Bassom-pierre, l’aménagement du site Saint-Louis et des quais. « Notre objectif est que notre liste soit identifiée et identifiable » insiste Jean Rouger. Il est vrai qu’en mars prochain, les formations seront au nombre de sept sur la ligne de départ : il pourrait en résulter une certaine confusion dans l’esprit des électeurs. Quoi qu’il en soit, Jean Rouger est décidé à gagner ce scrutin et pour y parvenir, « il ne se laissera pas déstabiliser comme en 2001 ». Les Verts et les Communistes sont sur la même longueur d’ondes...
Savant dosage !
Sur les 35 partants, la liste de la gauche plurielle comptera cinq élus communistes et trois écologistes (dont J. Boisset et Brigitte Arnaud ?). Le PC et les Verts désignent actuellement les candidats qui y figureront par vote des militants.
Les trois premiers noms de cette liste devraient être Jean Rouger (PS), Michèle Carmouse (PC), Patrick Couillaud (Verts). Suivraient Margarita Sola, Fréderic Mahaut, etc. Aux dernières nouvelles, Jean Moulineau, qui fut tête de liste PS en 2001, ne souhaite pas se représenter. Il y a d’ailleurs longtemps qu’il n’assiste plus aux séances de conseil municipal. « Au parti socialiste, il y a plus de candidats que de places à pourvoir » avoue Jean Rouger. Il faudra donc faire un choix...
La moyenne d’âge de la liste se situe entre 45 et 50 ans.
Photo 1 : Jean Rouger
Photo 2 : Deuxième mariage de Michèle Carmouse (PC) avec le PS de Jean Rouger pour les municipales de 2008. Idem pour les Verts.
jeudi 22 novembre 2007
Pour sauver le théatre, Marcel Maréchal fait des scènes !
Cette année, les Tréteaux de France ont changé de chapiteau. Il est plus petit que le précédent et rouge. Comme le nez d’un clown. Installé sur la place du Champ-de-Foire, on remarque aussitôt cette toile colorée qui scrute l’horizon jonzacais.
Pour célébrer la saison nouvelle, Marcel Maréchal propose un “rêve de théâtre“ mettant en scène des extraits de pièces célèbres. Vifs, les passages s’enchaînent sans se contrarier, à la manière d’une grande famille qui se mettrait à défiler sur les planches.
Le parrain ne pouvait être que Molière ! Il apparaît, fringuant et séducteur dans son habit de lumière. Il n’a pas pris une ride et la façon dont il regarde ses propres “créatures“ - les tourtereaux du Malade imaginaire - est touchante. Combien de comédiens ont incarné ces deux rôles depuis que leur père spirituel a tiré sa révérence au monde ?
Non loin, se trouve le Cid du fertile Corneille : Chimène et Rodrigue sont réunis dans une tragédie cousue de fils rouges, épaisse comme le sang. Plus léger est Dom Juan, le mythique bourreau des cœurs. Pour l’occasion, Molière endosse la peau de ce personnage qui vivait le moment présent. « On ne badine pas avec l’amour » aurait rétorqué Musset.
Le passage le plus émouvant reste la superbe tirade qu’Edmond Rostand décoche au nez de Cyrano de Bergerac. Quelle formidable description de l’appendice nasal...
Ce rêve de théâtre se termine joyeusement par une satire qui vise la télévision. L’attaque s’adresse aux émissions grand public qui gomment l’envie de s’instruire et privent l’esprit du vagabondage nécessaire (tout le monde ne regarde pas Arte !). Les artistes se moquent de ces présentateurs qui mènent la danse devant les caméras, illuminés par leurs sourires Email diamant. Dans les mémoires, ces animateurs pédants ne dureront pas aussi longtemps que Perdican !
Le songe s’achève sur une note d’espoir et des chansons qu’on fredonne encore quand le rideau est tombé !
Cet hommage aux classiques cache, en réalité, la sombre crainte qu’éprouve le héros de l’histoire, Merlin L’enchanteur. Son théâtre ayant été détruit par la tempête, il ignore si les comédiens y reviendront un jour. Pire, que dira-t-il à la relève quand il n’y aura plus de spectacles à présenter ? Angoisse. Qu’il fasse rire ou pleurer, l’essentiel n’est-il pas que le théâtre continue à exister ? Marcel Maréchal y croit, c’est pourquoi il se bat avec la volonté qui le caractérise en tendant la main à la jeune génération...
Une mission
En parcourant le pays, les comédiens des Tréteaux de France poursuivent leur vie de saltimbanques et accomplissent courageusement la mission qui est la leur : faire découvrir et apprécier le théâtre aux populations. Leur tâche n’est pas évidente face aux nouveaux vecteurs de communication, aux grandes salles de spectacles magnifiquement agencées et aux copieuses programmations.
Aller de ville en ville, un chapiteau sur le dos, peut-il sembler ringard ? La réponse est bien sûr négative en ce sens où ce chapiteau immense rappelle le temps d’avant, celui où l’on se rassemblait pour partager une aventure humaine. Plaise au ciel qu’elle se perpétue car la disparition de ces espaces de proximité culturelle ressemblerait à une partition vide de résonances.
Photo 1 : Les Tréteaux de France vous saluent bien !
Photo 2 : Les spectateurs sont encore une fois ravis !
Mettre un t(h)erme aux maux de bureau !
«On appelle maux de bureau l’ensemble des douleurs qui apparaissent dans les différentes parties du corps, suite à de mauvaises postures de travail » souligne Stéphanie Régnier, assistante commerciale aux Thermes de Jonzac.
L’établissement de la Chaîne Thermale du Soleil, qui a enregistré une progression de 14% de sa clientèle en 2007, continue d’innover. Parmi les nouveautés actuelles, se trouve une formule d’attaque contre les désagréments qui naissent après une journée de travail devant un ordinateur ou au volant. Ces petites douleurs entrent dans le quotidien sans qu’on y prenne garde. Au départ, on essaie de les ignorer, mais à la longue, elles s’installent et font souffrir.
«Ce soin a été créé par la Chaîne voici un an. Il se vendait avec l’hébergement compris» précise Stéphanie. À Jonzac, Georges Favre et son équipe préfèrent la souplesse : il est proposé sous forme d’atelier. Grâce à la connaissance de quelques exercices d’étirements et de relaxation, les douleurs peuvent être atténuées et mieux encore, on peut les prévenir en adoptant les bonnes habitudes. Le traitement dure deux heures : devant un groupe d’une dizaine de personnes au maximum, un animateur fait d’abord le point sur les gestes susceptibles d’apaiser. Ensuite, les patients sont invités à se rendre à la piscine pour une gymnastique douce. L’ensemble est complété par des jets massants et un bain de boue (kaolin). « Nous allions information et relaxation » ajoute Stéphanie. Par la même occasion, elle rappelle que cet atelier est unique dans la région : « nous ciblons les salariés des entreprises ainsi que les retraités. Si des personnes souhaitent des renseignements, il suffit de nous contacter ».
Mercredi, la station recevait justement le premier groupe : « cette rencontre est importante car elle nous permet de tester le produit et de savoir s’il correspond aux attentes de la clientèle ». Il semblerait que la réponse soit positive puisque les eaux curatives, en décontractant les muscles, réduisent les tensions et apportent une détente, indispensable pour se sentir bien dans son corps et ses baskets !
À sa réouverture, le 25 février 2008 (la station ferme ses portes le 12 décembre), cette formule “maux de bureau“ s’insérera dans le cadre de la remise en forme, aux côtés des soins traditionnels prodigués à Jonzac : rhumatologie, phlébologie et voies respiratoires.
- Georges Favre est optimiste : les thermes ont reçu quelque 8600 curistes cette année. Seul le nombre de kinésithérapeutes (deux) reste une préoccupation. Toutefois, ce problème n’est pas propre à la capitale de la Haute-Saintonge...
Photo 1 : Les curistes sont toujours aussi nombreux aux thermes !
Photo 2 : Stéphanie Régnier et les hôtesses d’accueil se feront un plaisir de vous renseigner au 05 46 48 59 59 / jonzac@chainethermale.fr
Christian Morin : de Jonzac à Plus belle la vie !
Samedi soir, Christian Morin était au casino de Jonzac où il se produisait avec ses amis musiciens, Marc Fosset et Michel Denis. Saviez-vous que Christian Morin a passé une partie de sa jeunesse en Charente-Maritime ? Dans l’entretien qui suit, il parle de ses origines « cagouillardes » et de sa carrière professionnelle à la radio, puis à la télévision. Il possède de nombreuses cordes à son arc, mais la matière qu’il préfère, c’est bien encore la musique assortie de sa fameuse clarinette ! Récemment, on l’a vu dans le célèbre feuilleton de France 3 “Plus belle la vie“ et sur des scènes de théâtre. Ce touche-à-tout a du talent et il est bougrement sympathique, ce qui ne gâte rien !
Christian Morin, vous êtes né à Bordeaux. Ce que les lecteurs savent moins, c’est que vous avez fait vos premiers pas en Charente-Maritime...
Effectivement, j’ai du sang cagouillard. Ma mère est née près de Cognac, à Brizambourg, mon père à Saint-Jean d’Angély et moi-même à Bordeaux. J’ai commencé à marcher à Fontaine Chalandray. Mon oncle, Robert Morin, était prêtre du côté de Matha et des Touches de Périgny. Pendant une vingtaine d’années, il a enseigné à la Rochelle, au lycée Fénelon, où il était professeur et aumônier. Il a terminé sa carrière comme curé de la Flotte en Ré. J’ai fait plusieurs concerts en l’église Sainte-Catherine en souvenir de lui. Il est enterré à la Couarde.
Je connais bien la Charente-Maritime. Enfant, j’allais me promener avec mon oncle sur les bords de la Boutonne, quand il allait lire son bréviaire.
La proximité que vous aviez avec votre oncle vous a-t-elle donné l’envie d’entrer au Séminaire ?
Oui, mais je vais vous dire de quelle manière... Je passais toutes les grandes vacances chez mes grands-parents qui habitaient le presbytère des Touches de Périgny avec mon oncle. Enfant, j’étais fasciné par le vélo, les premiers avions à réaction, le fameux Mystère IV, et par des amis de Séminaire de mon oncle qui travaillaient sur le continent noir.
Quand ces missionnaires arrivaient, j’écoutais ce qu’ils racontaient et je faisais un parallèle avec les histoires de Tintin et Milou, personnages qu’on retrouvait aux quatre coins du globe dans les bandes dessinées d’Hergé. Pour moi, ces albums constituaient une évasion. C’est précisément le côté explorateur que j’admirais chez ces hommes qui allaient prêcher la foi catholique dans des pays africains. J’avais envie de les imiter. Toutefois, ce n’était pas tellement l’aspect religieux qui me motivait, c’était la tentation de découvrir des terres lointaines et de vivre des aventures nouvelles...
Ensuite, j’ai rêvé d’être pilote et j’étais fasciné par les locomotives à vapeur. En fait, je n’ai suivi aucune de ces voies. À Bordeaux où mon père était imprimeur, j’ai fréquenté les Beaux Arts. Je suis graphiste, affichiste, diplômé des Beaux-Arts. J’ai commencé par faire des dessins humoristiques dans le journal Sud-Ouest et j’ai réalisé, entre autres, des affiches pour le démarrage de la semaine Sigma à Bordeaux. Par la suite, je suis parti à Paris.
À quel âge avez-vous appris à jouer de la clarinette ? Une véritable complicité vous lie à cet instrument !
À l’âge de 13 ans. Mon père voulait que j’apprenne la musique et je n’étais pas enthousiaste en ce sens où ce cours supplémentaire allait s’ajouter aux autres. Le programme était un peu chargé.
Un jour, j’en ai parlé à un copain dont le père enseignait le sax et la clarinette. J’ai été séduit car à cette époque, vers les années 60, le rock déferlait en France avec Presley, Eddy Cokran. Tout le monde jouait de la guitare. En moi-même, je me suis dit que cette mode ne durerait pas, c’est pourquoi j’ai opté pour la clarinette et j’y suis resté fidèle. J’ai aimé cet instrument dès le départ car son enseignement est complémentaire de l’étude aux Beaux Arts, c’est le même état d’esprit !
Après mon service militaire au service cinématographique des armées, pour arrondir mes fins de mois à Paris, j’ai joué dans des clubs de jazz avec Claude Luter et Maxim Saury.
Claude Luter, qui était mon idole, est rapidement devenu un ami. C’était l’époque de Saint-Germain de Près, de Sidney Bechet. Quelle ambiance !
À quel moment êtes-vous entré dans l’audiovisuel ?
Après la mort de mon père, j’ai fait le bilan de tout ce que j’avais fait entre la musique, le dessin, les génériques de télé, la participation à des émissions de radio à Bordeaux, l’art contemporain - j’ai croisé des gens comme Arman, Ben, Pinoncelli - et me suis dit : comment pourrais-je regrouper toutes les activités qui me plaisent ? Pour être franc, le travail en agence de pub m’ennuyait un peu.
Or, j’avais un ami qui était assistant de Jacques Chancel. J’allais donc sur les plateaux pour me faire une idée et j’ai très vite réalisé que la télé m’impressionnait. Par contre, la radio m’est apparue comme une possibilité. J’ai alors poussé la porte d’Europe N°1 en demandant s’il y avait des stages pour devenir speaker. On m’a répondu qu’on ne disait plus « speaker mais animateur, meneur de jeu ». Après les essais de voix, j’ai commencé par faire des remplacements la nuit parce que c’était un temps où l’on nous permettait d’apprendre. J’ai fait de la radio pendant quinze ans, jusqu’en 1987.
Quels souvenirs gardez-vous de la radio justement ?
C’était formidable. De nos jours, l’état d’esprit qui se rapproche le plus de cette époque est à RTL. En toute franchise, je préfère la radio à la télévision où je suis resté vingt ans. À la radio, on est beaucoup plus libre. La télé vous oblige, avec une imagerie à entretenir - maquillage, lumière, projecteurs, public sur le plateau - à un comportement, ce qui n’est pas le cas à la radio. Elle est le seul média actuel qui peut donner une grande part à l’imaginaire. La radio est accessible, elle est partout.
Est-ce à dire que vous gardez un mauvais souvenir de la télévision où vous avez animé des émissions de variétés dont la Roue de la Fortune ?
Voici quatorze ans que je m’en suis éloigné. Ce n’est pas pour esquiver votre question, mais je ne souviens pas des mauvais moments parce que je ne garde en mémoire que les bons. D’une manière générale, chaque être a différentes tranches de vie. En ce qui me concerne, les relations que j’ai entretenues avec les professeurs aux Beaux-Arts étaient formidables. Ensuite, la radio m’a permis des rencontres extraordinaires, de Paul Émile Victor à Amilia Rodriguez en passant par Georges Brassens - j’ai passé huit heures chez lui pour l’interviewer et nous n’avons parlé que de jazz ! - Sylvie Vartan, Alain Delon, Nicole Calfan, etc. Je pense aussi à Salvatore Adamo qui est un homme très sympathique. En ce qui concerne la télé, j’ai conservé des rapports avec Michel Drucker et Jean-Pierre Foucault qui appartiennent à ma génération.
Les choses ont beaucoup changé à la télévision. Les systèmes audiovisuels, tels qu’ils existent aujourd’hui, sont des entreprises de spectacle. Tout le monde rêve d’avoir une émission qui fasse l’unanimité aux heures de grande écoute...
Puisqu’il est question de grande écoute, de nombreux spectateurs vous ont vu dans le feuilleton de France 3, Plus belle la vie, où vous avez des déconvenues avec votre femme, Charlotte. Comment avez-vous vécu cette expérience marseillaise ?
À Paris, j’ai un agent avec qui je travaille étroitement. Il a appris que le réalisateur de Plus belle la vie recherchait un homme dans ma tranche d’âge. Je connaissais ce feuilleton que je trouve bien dessiné dans l’écriture. Tous les soirs, six millions de spectateurs le suivent, signe de son succès auprès du public ! La force de cette série réside au travers de comédiens qui ne sont pas connus au départ.
J’ai donc passé un casting en sachant que le rôle se terminait tragiquement dans une piscine. Ce n’est pas la première fois que je connais pareille destinée puisque je suis déjà mort dans une fiction à la télévision, assassiné à coups de cendrier. J’ai même été un salaud, trafiquant de drogue, dans une série de TF1. Dans Plus belle la vie, je commence à ne plus être recommandable vers la fin, quand j’apprends que je suis trompé. C’est plus drôle d’être cocu chez Feydeau, au théâtre...
Bref, au départ, nous étions assez nombreux à postuler pour ce rôle. Dix jours après le premier casting, on m’a demandé de descendre à Marseille pour en refaire un autre, cette fois avec Hélène Medigue qui joue le rôle de Charlotte. Je pensais être le seul. Or, il restait en lice deux ou trois autres comédiens. J’ai finalement été choisi.
Comment s’est déroulé le tournage ?
Tout est tourné en plan séquence, c’est-à-dire en quelques minutes. Il faut donc savoir son texte par cœur. Quand vous avez neuf ou dix séquences dans la même journée, il vous arrive d’avoir dix-sept pages de textes par jour à apprendre. Le tournage commence vers 7 heures du matin. Il y a quinze réalisateurs et vingt auteurs.
Personnellement, j’ai tourné trois semaines pour une existence à l’écran d’environ un mois. Ça ne chôme pas ! Charlotte, qui est la femme de Samuel Labarthe dans la vie, est une très bonne comédienne qui a fait le Conservatoire ainsi que des tournées de théâtre, notamment avec Jean-Pierre Marielle. Quand on est confronté avec des personnes qui travaillent aussi bien, il faut être à la hauteur. C’est ce que j’ai essayé de faire.
Je n’ai jamais entendu “crier“ sur les plateaux. Richard Guedje, qui vient de chez Marcel Maréchal, dirige les acteurs. Il vous prend en main et vous met de bonne humeur. C’est très professionnel.
Où sont tournées les séquences ?
Il y a deux plateaux. L’un, de 1000 m2, est en studio. Le quartier du Panier de Marseille y a été reconstitué. Vous vous trouvez dans une vraie rue avec des figurants. L’autre, de 800 m2, réunit le commissariat, les intérieurs des appartements, le Mistral, l’hôtel, etc. Cet ensemble mérite le détour ! Certaines prises sont également tournées en extérieur.
Pour conclure, parlez-nous de votre groupe de jazz, Art Trio ?
J’ai toujours fait de la musique. Ce trio existe depuis sept ans et c’est pratiquement son anniversaire. Nous avons commencé aux alentours du 11 novembre 2000, à Bordeaux.
Je tenais à monter un trio sans basse qui ne pouvait exister qu’avec l’ancien guitariste de Stéphane Grappelli, Marc Fosset. Michel Denis, quant à lui, est un très grand batteur de jazz qui a joué avec Memphis Slim pendant quinze ans. Dans la variété, il a également travaillé avec Roger Pierre et Jean Marc Thibault. Pour choisir le nom du groupe, ce fut simple : Marc a fait les Arts appliqués, Michel les Arts déco et moi les Beaux Arts. Art trio était logique !
Notre manager producteur, Jacques Chartier, est de Bordeaux. Producteur de Stéphane Grappelli et de Claude Luter, il s’occupe de moi depuis une dizaine d’années.
Nous sommes très heureux d’avoir joué à Jonzac samedi soir. Avoir plusieurs formes d’activités est réjouissant car elles permettent de rencontrer des publics variés. J’adore !
Photo 1 : La dédicace de Christian Morin pour les lecteurs de la Haute-Saintonge.
Photo 2 : Christian Morin joue avec son instrument préféré : la clarinette !
jeudi 15 novembre 2007
Gilles Clavel (P.S.) : "Gagner les municipales de 2008"...
À Jonzac, Gilles Clavel anime les forces de gauche depuis un certain temps. En mars 2008, il conduira la liste pour la seconde fois aux Municipales, cette mission ayant été assumée dans le passé par Claude Benayoun et Patricia Jeannaud. Il se présente également aux élections cantonales avec Sylvie Ruiz pour suppléante.
Vendredi, tous deux étaient réunis dans la salle du château qui leur sert de PC (non loin de la permanence de J.C. Beaulieu et du bureau de Claude Belot !) afin de donner les résultats du questionnaire soumis récemment aux habitants. Ce fut surtout l’occasion de dresser le bilan du dernier mandat : « nous avons assisté à toutes les commissions et nous nous sommes beaucoup impliqués » soulignent-ils. D’où « une bonne connaissance des dossiers ».
En cours de constitution, la formation de gauche sera officiellement dévoilée en début d’année prochaine. Les cinq conseillers municipaux, qui siègent déjà au conseil, y figurent, prêts à affronter « cet homme de droite qu’est Claude Belot » et sa future équipe renouvelée. Le groupe socialiste travaille donc à remporter la victoire : ce serait une grande première puisqu’il ne s’est pas imposé sur Jonzac depuis des lustres.
Plus que Jean-Claude Texier, devenu maire par l’opération du saint cumul, c’est plutôt l’actuel président du Conseil général que visent leurs remarques : entre autres les Antilles d’abord confiées à un gestionnaire privé (la Financière Sport et Loisirs) avant d’en donner les rênes à la CDCHS, l’ancienne piscine qui stagne en centre ville et la culture “centralisée“ face à un comité des fêtes toujours en sommeil. Sur ce dernier chapitre, les deux élus sont critiques : « on ne nous informe pas des spectacles. Le contenu des manifestations est annoncé en séance publique » remarque Sylvie Ruiz qui aimerait davantage de concertation sur les Feuillets d’automne par exemple. « L’avis de l’ensemble du conseil sur les programmations devrait être demandé » ajoute Gilles Clavel qui souhaiterait que les adjoints “compétents“ puissent avoir leur mot à dire (il pense sans doute à L. Chalié). « Ce manque de transparence » agace nos élus qui citent un exemple de “l’omerta“ ambiante : « nous avons appris que Catherine Queille s’occuperait du Téléthon par le journal la Haute Saintonge » (d’où l’utilité de cet hebdomadaire !), « en effet, son nom n’avait pas été cité en séance publique. Si nous sommes élus, notre fonctionnement sera lisible auprès de la population. Nous ne sommes pas là pour nous faire plaisir, mais pour répondre aux attentes des habitants ». Dans le chapitre des festivités, ils voudraient redonner à la Mont Carmel ses fastes d’antan, tandis que les animations de Noël ne doivent pas reposer uniquement sur les épaules des commerçants : « la mairie, elle aussi, doit s’impliquer ».
«Des projets pharaoniques »
De là à parler tourisme et future salle des congrès (qui doit voir le jour près des Antilles), il n’y a qu’un pas : « nous sommes d’abord partis sur une nouvelle salle municipale, l’ancienne étant hors normes, pour aboutir à un palais des congrès avec une salle de 1200 places et un amphithéâtre de 500 places. Qui en assurera la gestion et l’organisation car il faudra bien que ce vaste espace vive ? Pour l’instant, nous sommes dans le flou. Il est impossible de savoir qui fera quoi. On s’est écarté du projet initial et ce n’est pas l’actuelle commission culture, qui ne s’est pas réunie depuis plusieurs années, qui nous éclairera » déplore Gilles Clavel, favorable à des projets qui concerneraient tous les habitants et non pas une poignée.
Dans le domaine économique, il s’inquiète de la pérennité de l’activité du centre hospitalier, « le plus gros employeur de la ville en nombre de salariés ». « En toile de fond, se dessine l’avenir des hôpitaux de proximité. En 2007, le déficit d’activité de Jonzac a été compensé par des réserves, mais qu’en sera-t-il en 2008 ? Il faut que les usagers prennent conscience qu’aujourd’hui, on demande aux hôpitaux d’être des producteurs de soins afin d’assurer leur rentabilité »... Non loin, le service chirurgie de l’hôpital de Barbezieux serait appelé à fermer. Malgré ses bâtiments réaménagés et une inauguration récente, le CH de Jonzac doit donc rester vigilant...
Sur la région, l’emploi reste une préoccupation pour l’opposition : « il n’y pas assez de magasins en centre ville » estime Sylvie Ruiz qui vient d’ailleurs d’ouvrir une boutique bio près du Champ de foire.
L’environnement n’est pas ou-blié : la réfection du centre ville se fait attendre (les trottoirs surtout), valorisation du Jonzac intra muros qui n’a jamais été étudiée dans son ensemble, mais par quartiers avec des architectes plus ou moins talentueux, manque de vision globale, mise en valeur du patrimoine très médiocre, etc.
Côté voies de communication, il est difficile d’occulter la future rocade qui devrait relier la route de Montendre au casino et à la route de Barbezieux : « nous sommes réticents quant au second tronçon qui traverse une zone Natura 2000. Un viaduc va franchir les rails. Je voudrais bien qu’on me démontre l’utilité de cet investissement qui coûtera tout de même 11 millions d’euros. Encore une fois, les paysages seront gâchés, mais qui s’en soucie ? » déclare Gilles Clavel. De surcroît, il ne porte pas une affection particulière au Casino : « Je ne joue pas, c’est une règle de conduite. Un jour, Belot m’a dit : alors il faut le fermer ? Sa question n’était pas opportune car si j’avais été à sa place, je n’aurais pas ouvert cet établissement ». On ne peut être plus franc sur le sujet !
Il n’en reste pas moins que le Casino est très généreux puisqu’il verse à la ville un pourcentage sur ses jeux de l’ordre de 700.000 euros : « cet argent vient directement de la poche des citoyens. Juste retour ces choses, il faudrait l’affecter à des animations collectives offertes gratuitement ou à des investissements dont bénéficierait le plus grand nombre »...
Ses projets, la gauche les étudie à travers des commissions, avec l’appui de l’association Vivre à Jonzac. « Nous sommes en bonne position pour remporter cette municipale » conclut Gilles Clavel. En 2001, l’écart n’était que de 300 voix : « Nous constituons une véritable alternative et les Jonzacais peuvent nous faire confiance. Notre équipe est aussi performante que celle qui est actuellement en place, sinon plus »...
Les mois à venir seront animés, à n’en pas douter. En face, l’équipe que conduira Claude Belot ne devrait pas se laisser faire !
• L’ouverture Belot/Clavel ?
Claude Belot a déjà pratiqué l’ouverture une première fois en offrant un poste d’adjoint à un ancien élu de gauche, Pierre Jean Ravet. S’il (re)devient maire de Jonzac, pourquoi ne ferait-il la même chose avec Gilles Clavel ? Non pas pour le “débaucher“ du parti socialiste, mais pour agir à la manière de Nicolas Sarkozy, c’est-à-dire en montrant que la politique n’a pas d’œillères entre la droite et la gauche. Reste à savoir si Gilles Clavel accepterait...
• Au sujet de Pierre Jacques Rambeaud
II aurait fait un appel du pied à Gilles Clavel, lequel serait réticent à prendre sur sa liste cet élu communiste bien connu des Jonzacais. « Il faut être solide dans sa tête pour être dans l’opposition » explique le chef de file du PS. En effet, dans un passé récent, Pierre Jacques Rambeaud a déjà démissionné de ses fonctions de conseiller municipal. Ceci expliquerait-il cela ? Claude Belot pourrait pratiquer l’ouverture en lui tendant la main, dit-on...
Michel le jardinier rejoint Bernadette Schmit
À quelques mois des Municipales, Bernadette Schmitt affiche un calme olympien. Cet ancien ingénieur a non seulement appris à gérer la cité santone, mais à découvrir les subtilités de la politique politicienne. Elle résiste, n’a toujours pas d’étiquette et déclare pouvoir travailler tant avec la droite qu’avec la gauche, à condition que les personnes souhaitent apporter leur pierre à l’édifice. Elle dévoilera sa liste renouvelée à 50 % en janvier prochain et préfère ne pas répondre aux attaques de l’un de ses adjoints, Thierry Faure, qui ne repartira pas à ses côtés. La campagne risque d’être animée car le nombre de candidatsest important ! Pour l’heure, elle est heureuse d’annoncer la présence, à ses côtés, de Michel Lis, l’emblématique jardinier, radical de gauche. Elle répond à nos questions :
Bernadette Schmitt, vous arrivez au terme de votre premier mandat. Lors du dernier Congrès des maires, vos collègues ont souligné combien leur mission était devenue compliquée. Si vous aviez eu à témoigner ce jour-là, qu’auriez-vous dit ?
J’aurais dit que la fonction de maire est passionnante. Je n’ai jamais regretté de m’être lancée, un jour de mars 2000, dans la campagne pour les Municipales. Pourquoi ai-je choisi de me présenter ? D’une part parce que j’avais été sollicitée et que j’ai du temps à donner aux autres, d’autre part parce que mes parents et ma famille m’ont transmis un certain nombre de valeurs. Actuellement, notre société ne va pas très bien, c’est un constat. La situation des jeunes est préoccupante. Récemment, salle Saintonge, des journées étaient organisées sur ce thème et sur les mutilations que s’infligent les adolescents. Les enfants se tatouent ou pratiquent des scarifications pour marquer leur mal-être. Un travailleur social a apporté un témoignage poignant : il a reçu une gamine de dix ans qui a passé trois heures à tourner en rond, sans en connaître la raison. Il a avoué son impuissance à l’aider. Nous autres, élus, avons aussi notre part de responsabilité : quelle société offrons-nous aux jeunes ? Quels repères ont-ils ?
Ces questions ne concernent pas uniquement les adolescents. Lors de mes permanences, je reçois de nombreuses femmes qui élèvent seules leurs enfants. Elles sont dans des situations difficiles et elles me disent : « on a tout essayé, on vient voir, Madame le Maire, car vous êtes notre dernière porte de secours ». Dans certains cas, la personne ne pourra jamais trouver un travail, on le sait. Je fais tout pour qu’elle dispose alors d’un logement décent dont le loyer sera assuré par les aides de l’État et je lui indique l’épicerie solidaire qui s’est ouverte récemment dans l’ancien centre de tri postal, boulevard Guillet Maillet. Les produits y sont vendus à 10 % de leur valeur. Je crois qu’aujourd’hui, les élus doivent être capables de rendre l’espoir aux personnes qui n’en ont plus. C’est à eux, chacun à leur niveau de compétences, de faire des propositions de développement.
Quand vous avez été élue, c’était pour concrétiser des projets. À vous entendre, on a l’impression que le rôle du maire est celui d’une assistance sociale ?...
Le maire doit être proche de ses habitants, il les écoute dans leurs joies et malheureusement dans leurs peines. Le maire doit avoir une vision d’avenir de sa ville, mais en même temps, il ne peut pas être insensible aux laissés pour compte. Aider les autres est une mission difficile en ce sens où il vous arrive de ne pas avoir de solutions miracles. Il y a également ceux pour lesquels vous vous investissez pleinement et qui ne vous diront jamais merci. Il faut être solide psychologiquement et avoir des valeurs : honnêteté, humanisme, sens de l’intérêt général avant l’intérêt particulier.
Puisque nous parlons d’intérêt général, votre liste était très unie en 2001 quand elle a sollicité les suffrages des électeurs. Aujourd’hui, on a l’impression que le climat s’est un peu altéré. Votre adjoint, Thierry Faure, l’a dit clairement dans un entretien et de votre côté, vous avez annoncé que votre liste sera renouvelée à 50%...
Effectivement, sur vingt-sept, trois ou quatre conseillers ne se sont pas retrouvés dans le travail de l’équipe élue en 2001. Pourquoi ? Parce que nous avions une vision différente de la ville. En 2001, nous étions unis par le projet qui était de gagner. Une fois en place, la façon de conduire la ville n’était pas la même pour tous. Certains avaient mené une réflexion sur l’avenir de Saintes qui avait abouti à un programme écrit et distribué dans toutes les boîtes à lettres. D’autres étaient dans une autre démarche, beaucoup plus politique. Ils voulaient tourner la page Baron et régler des comptes. Ce n’était pas ma façon de travailler car j’apprécie les personnes en fonction de leurs compétences et non de leur étiquette.
À ce sujet, vous êtes toujours sans étiquette ?
Oui, je suis sans étiquette. D’ailleurs, personne ne m’a jamais demandé d’adhérer à un parti...
En 2001, votre liste s’est constituée en partenariat avec le député Xavier de Roux, alors UDF. Elle était opposée à la formation de droite que conduisait Alain Bougeret, soutenu par deux poids lourds de la politique, Jean-Pierre Raffarin et Claude Belot. Vous avez gagné l’élection. Comment la situation a-t-elle évolué ?
Elle a bien évolué ! Toutefois, je tiens à préciser qu’au lendemain du premier tour, Jean-Pierre Raffarin m’a appelé pour m’assurer de son soutien au second tour. Sa position était claire. Pour Claude Belot, c’était plus difficile car il était l’ami d’Alain Bougeret. Il a essayé d’intervenir entre les deux tours et m’a dit : « si vous gagnez, tant mieux. Sinon, advienne que pourra ». Aujourd’hui, nos relations sont cordiales.
Les listes aux Municipales seront nombreuses sur la ligne de départ en mars 2008. Cela vous inquiète-t-il ?
Non, Saintes est une ville qui intéresse les citoyens. Politique-ment, on s’aperçoit que ce n’est pas une ville de droite, on l’a vu aux derniers scrutins. Entre 1971 et 1977, la ville a connu une direction de droite avec M. Josse. Auparavant, il y avait eu 24 ans de socialisme, ensuite il y a encore eu 24 ans de socialisme. En 2001, j’ai toujours dit que la droite n’avait pas gagné : il s’agissait plutôt d’une autre façon de faire de la politique. Depuis, j’ai appris à connaître les gens de droite et de gauche et il y a des gens sectaires de chaque côté. Je ne me reconnais ni dans les uns, ni dans les autres, d’où mon choix d’être sans étiquette.
Philippe Delacroix, qu’on croyait proche de vous jusqu’à l’affaire Bassompierre, sera sur la liste Landreau opposée à la vôtre. Cela vous surpend-il ?
Apparemment non puisqu’en 2001, il avait voté Bougeret. Je ne le savais pas, je l’ai découvert dans une interview. Il faisait partie de personnes que j’avais contactées. Il m’avait répondu qu’il ne pouvait pas se positionner car il était proche de Claude Belot.
Deux mots sur Ségolène Royal qui exerce une attraction sur vous, semble-t-il...
Elle m’avait intéressée à une époque : elle n’était pas bornée quant aux 35 heures où elle avait le courage de dire ce qu’elle pensait. Sous de nombreux aspects, elle a fait une campagne qui a ressemblé à la nôtre en 2001. Toutefois, je n’ai jamais hésité à voter Sarkozy aux Présidentielles et je ne m’en cache pas !
Dans le domaine de l’intercommunalité, une communauté d’agglomération se mettra t-elle en place sur Saintes ?
Des décisions auraient du être prises en 2001 et 2008 à propos d’une communauté d’agglomération autour de Saintes. Quand on regarde les chiffres de l’Insee, on voit que Chaniers est rattaché à l’aire urbaine de Saintes. Elle totalise globalement 50.000 habitants, c’est-à-dire la taille d’une communauté d’agglomération. Contraire-ment au premier projet de C.A. que j’avais soutenu avec Gémozac et qui n’a pas abouti, le bon territoire me semble être Saintes avec Chaniers. La situation devrait évoluer favorablement.
Que pensez-vous d’un rapprochement avec Cognac ?
Avec Cognac, nous travaillons très bien en association. Par contre, je ne pense pas qu’une Communauté d’agglomération soit le bon choix car se poserait le délicat problème de la présidence entre les deux villes. Une rivalité risquerait de se créer. Si nous sommes à égalité, nous serons complémentaires !
Jardin public : la fin du blockhaus
Quels sont les projets que vous souhaitez mener à bien ? D’importants travaux sont prévus au Jardin public, semble-t-il...
Notre programme sera présenté en février. Nos projets sont déjà très avancés, il n’y a pas de révolution car nous sommes dans la continuité de 2001. Bassompierre se réalise par petites phases. La première étape est la construction du parking Eugène Pelletan qui sera achevé aux environs du 20 décembre, juste avant Noël. Il sera payant. À quatre minutes de la passerelle, un autre parking de 300 places, gratuit celui-là, sera réalisé le long de la Charente, après le Jardin public. Le personnel travaillant dans les commerces du centre ville est concerné. Le nombre de salariés s’élève tout de même à 1.700.
Parallèlement, l’entrée du Jardin public sera refaite. Ce dernier s’ouvrira désormais sur le fleuve. Le blockhaus de la dernière guerre, actuellement dissimulé sous un monticule de terre, sera démoli et la stèle de F. Chaspal sera déplacée. Quand on prendra la belle allée du Jardin public, entre ce parking et la passerelle, on sera dans l’axe du musée lapidaire et de l’antenne de l’Office de tourisme. L’aménagement de Bassompierre avance doucement avec la réfection des rues. Par contre, la construction d’une nouvelle passerelle et le décaissement des quais sont stoppés.
En ce qui concerne le projet visant à mettre en valeur les vestiges gallo-romains et les Arènes, j’en parlerai plus amplement lors de la campagne électorale.
Pour conclure, où en est le projet de rénovation urbaine, mieux connu sous le nom d’ANRU ?
Le projet est dans sa phase de concrétisation. Au Vallon, les démolitions auront lieu fin en d’année et les immeubles sont vides. Avant de quitter leur ancien lieu de résidence, des manifestations ont été organisées avec les habitants : films, théâtre, dessins. Il y a eu des moments forts où les gens ont pu évoquer leurs souvenirs avant de tourner la page. Désormais, ils sont installés dans d’autres quartiers. Au sujet de l’enveloppe financière de l’ANRU, il n’y a aucun problème. Si nous ne l’avions pas eue, le projet n’aurait pas démarré...
Michel le jardinier rejoint Bernadette Schmitt
En mars prochain, Michel Lis sera sur la liste de Bernadette Schmitt où il occupera la dernière place : « c’est déjà un honneur, ma santé ne me permet pas de vous accompagner dans votre combat qui est aussi le mien. Le radical de gauche que je suis est aujourd’hui un jardinier plein d’expérience qui a appris la tolérance et la liberté au fond de son jardin. Aucune inégalité n’y règne entre les fleurs et les légumes et les mauvaises herbes sont aussi précieuses au jardin que les bonnes ! Jean Jacques Rousseau affirmait qu’il n’y avait pas de bonnes et de mauvaises herbes, mais seulement des herbes dont on ne connaît pas encore l’usage. Le jardinier, en effet, sait que ces passagères clandestines, ces SDF, apportent souvent par leur biodiversité un enrichissement de notre flore cultivée et réservent d’heureuses surprises en apportant des fleurs nouvelles...
La cité idéale à laquelle nous aspirons doit être une solide construction républicaine. Pour cela, je vous fais confiance ».
Michel Édouard Leclerc : "Les OGM vont nous envahir"
Quelle est votre position par rapport aux OGM ?
Aujourd’hui, je pense que les produits OGM vont nous envahir sans que nous soyons complètement sécurisés, non pas sur les problèmes nutritionnels de santé, mais sur les aspects écologiques. Militant de la première heure pour la biodiversité et la qualité de l’environnement - je suis un ancien militant des Amis de la Terre - je considère qu’il faut faire barrage à cet envahissement prévisible des OGM. De chaque producteur, il faut exiger des garanties qui ne sont pas à la hauteur aujourd’hui. Chez Leclerc, l’ensemble de nos produits alimentaires fait l’objet de contrôles. En France, ils sont exercés par dix-sept laboratoires à qui nous confions la responsabilité de procéder à l’aveugle à des prélèvements dans nos magasins. Nous sommes informés des résultats et ainsi, nous avons un réseau de veille sanitaire. Dès qu’il y a un doute, le produit est retiré de la vente et le fournisseur est interpellé. À titre d’exemple, voici quelques années, les terreaux venant d’Europe de l’Est présentaient un taux de radiation trop élevé...
Certains canards du Sud-Ouest auraient été gavés avec du maïs génétiquement modifié. Risque-t-on de retrouver ces foies gras dans les rayons des supermarchés ?
Normalement, nous n’avons pas le droit de vendre du foie gras de canards nourris aux OGM. Donc, nous allons demander à nos fournisseurs de certifier leurs pratiques et des contrôles seront effectués en complément. Cependant, il ne faut pas que cette affaire porte préjudice aux foies gras de la région du Sud Ouest qui sont excellents !
Puisque nous parlons écologie, il est grandement question des biocarburants, éthanol, diester. Avez-vous l’intention d’en proposer dans les stations services de vos supermarchés ?
Leclerc a été le premier en France à ouvrir des stations services de biocarburants. Je suis d’ailleurs venu à Angoulême, en présence de Dominique Bussereau, pour procéder à une inauguration.
Aujourd’hui, Leclerc et Carrefour ont autant de stations services que le groupe Total en ce qui concerne le bioéthanol. En plus, tous les Centres Leclerc français ont adjoint des biocarburants au carburant normal. Vu le nombre modeste de moteurs “flexfuel“ mis en circulation par les constructeurs, l’affaire ne sera pas rentable pour nous avant quatre ou cinq ans.
Par ailleurs, ces nouveaux carburants sont accusés de faire grimper les cours mondiaux du prix des céréales. Je suis perplexe à ce sujet et je n’arrive pas à comprendre qu’en un an, tous les arguments qui ont amené l’État à subventionner les biocarburants deviennent soudain non recevables. On est en pleine irrationalité ! Il est faux de dire que les biocarburants ont fait grimper le cours des céréales, c’est de la désinformation. Le prix des céréales a flambé parce que les récoltes ont été mauvaises en Europe Centrale, dans les pays méditerranéens et aux USA. On prévoit aussi que la récolte australienne souffrira de la sécheresse. En conséquence, il est tout à fait possible que le prix des céréales redescende en 2009.
Personnellement, je pense que les biocarburants restent un projet d’avenir. Chacun apporte sa pierre à l’édifice. Dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, je travaille avec les Centres Leclerc pour étendre l’équipement des cellules photovoltaïques sur les toits de nos magasins.
Michel Édouard Leclerc, on vous sent très impliqué dans les affaires du pays.
Pourrait-on vous retrouver un jour en politique ?
L’opportunité s’est déjà présentée, mais je n’ai pas sauté dans le train de la politique professionnelle. La question que je me pose est de savoir où je suis le plus utile. Franchement, je crois que c’est dans mon métier avec l’équipe de centres Leclerc. Avec mon père, depuis vingt ans, j’ai fait bouger des réglementations sur la concurrence et nous nous sommes attaqués à bien des monopoles au profit des consommateurs. La distribution a un rôle social, elle peut aider les consommateurs à accéder à l’acquisition de biens qui, jusqu’alors, étaient trop chers.
En matière d’emplois, nous offrons de nombreuses opportunités. Ce sont des métiers méritants, au contact du public. Comment vous pouvez en juger, j’ai encore de nombreuses actions à mener...
1 - marges arrières : sommes que fait payer le distributeur aux producteurs pour avoir leurs produits bien placés dans les rayons des grandes surfaces (tête de gondole).
Michel Édouard Leclerc : "les hausses de prix des industriels sont scandaleuses"...
«Imaginez un entrepreneur qui a des idées et qui ne se gêne pas pour les exprimer. Au regard des résultats de son entreprise, il est interrogé par les médias et devient le poil à gratter de son secteur d’activité, la grande distribution. Or, l’évolution du traitement de l’information par les grands médias permet de moins en moins de développer des arguments à l’appui des prises de position. C’est trois minutes à la télévision pour traiter le problème des OGM ou quelques lignes dans la presse sur le pouvoir d’achat » : ainsi s’exprime Michel Édouard Leclerc, président des centres Leclerc, dans son blog «de quoi je me M.E.L». Dans l’entretien qui suit, il remarquera qu’en province, les hebdomadaires offrent des espaces d’expression non négligeables... Avec lui, nous abordons différents sujets liés à la baisse du pouvoir l’achat, la réforme de la loi Galland, les biocarburants, la hausse des prix du laitet des céréales...
Comment se porte le groupe Leclerc sur le plan européen ?
Leclerc se porte bien. En France, le groupe a réalisé plus de trente milliards d’euros de chiffres d’affaires et créé 3.000 emplois en 2006. Les effectifs, sous son enseigne, sont de 85.000 salariés répartis dans 600 magasins indépendants. Notre implantation reste encore à dominance hexagonale. Néanmoins, une centaine de gros supers et d’hypers portent nos couleurs en Espagne, au Portugal, en Slovénie, Italie et Pologne. Pour nous, le plus important est d’être bien placés au niveau des prix en France. C’est sans doute ce qui nous vaut d’être l’entreprise préférée des Français, d’après un récent sondage Ipsos.
Vous faites actuellement une campagne nationale contre la baisse des prix. Quelles nouvelles mesures le Gouvernement pourrait-il prendre ?
La hausse des matières premières agricoles, lait et céréales, est incontournable.
Aujourd’hui, vu la faiblesse des marges des producteurs, cette hausse des cours doit être répercutée sur le consommateur. C’est vital pour les économies régionales. Elle permettra aussi aux agriculteurs d’investir dans des conditions de production plus écologiques que tout le monde réclame. C’est d’autant plus vrai que la PAC, dans les dix ans qui viennent, va diminuer les revenus assistés, autrement dit les subventions. Il faudra bien trouver un moyen pour que nos agriculteurs puissent vivre du prix de leurs denrées. Dans ce contexte, les prix agricoles bruts vont donc augmenter. Il n’y a rien de choquant à cela, je crois que c’est une nécessité quitte à ce que l’État, pour les revenus les plus modestes, contribue par des allocations à compenser cet effet négatif.
En revanche, s’agissant des produits transformés par l’industrie agro-alimentaire et par l’industrie en général, je conteste les hausses qui ont été annoncées aux centrales d’achat. Je les trouve même scandaleuses. C’est la raison pour laquelle j’en ai publié quelques-unes dans les journaux. Prenez, par exemple, un détergent comme Ajax qui a augmenté de 19 %, l’eau aquarelle de Nestlé qui frise les mêmes hausses ou encore des confitures et des compotes dont l’augmentation tarifaire, proposée pour 2008, tourne autour de 15 et 20 %. C’est du délire ! Ces industriels utilisent le prétexte de la hausse des matières premières pour engranger des marges. Il suffit d’ailleurs de lire leur communication en bourse pour s’apercevoir que c’est leur vraie motivation. Des groupes alimentaires, comme Bonduel ou Lactalis, ont écrit à leurs actionnaires ou leurs coopérateurs qu’ils envisagent une augmentation de leurs profits en 2008 et que des hausses seraient appliquées dans cet objectif-là. Nestlé, quant à lui, a annoncé un doublement de ses bénéfices. Sa marge nette actuelle est de 12 %. Le président Peter Brabeck voudrait doubler ce bénéfice en cinq ans. Franck Riboub, du groupe Danone, n’a pas fait mystère qu’il voulait se constituer une cagnotte pour acheter d’autres groupes en Europe.
Je ne conteste ni leur stratégie, ni leur dynamisme et encore moins leur capacité à monter ces opérations. Cependant, il faut arrêter de faire croire que ces hausses de tarifs découlent de l’augmentation des prix agricoles ! La Coordination rurale du Sud Ouest l’a compris en dénonçant leur attitude. Dans un communiqué, elle explique que l’impact réel des dernières hausses du prix du lait sur les crèmes dessert est de l’ordre de 1,4 % et non pas 14 %...
Le Gouvernement ne devrait-il pas intervenir auprès de ces groupes pour les mettre en garde, une hausse excessive du prix des denrées “ordinaires“ (pain, lait, etc) pouvant entraîner une crise sévère auprès des revenus les plus modestes...
Personnellement, j’ai publié les hausses des tarifs des fournisseurs pour montrer, principalement à la classe politique, qu’il fallait qu’elle arrête de parler de baisse des prix. Si elle veut augmenter le pouvoir d’achat, elle doit prendre le taureau par les cornes en réformant le système français de la concurrence. D’une part, la formation des prix est une chaîne qui n’est pas assez transparente, d’autre part, les acteurs économiques se retranchent toujours derrière les barrières de la réglementation ou des situations particulières pour refuser d’être mis en concurrence les uns par rapport aux autres.
À mon sens, la baisse des prix ne pourra venir que d’une concurrence renouvelée.
Contrairement à l’image qu’elle veut donner, La France ne se bagarre pas pour les prix. Nous sommes quelques-uns à mener la bataille, mais dans de nombreux secteurs, se trouvent des planqués de la concurrence et les consommateurs paient plein pot les surmarges qu’ils pratiquent. C’est pour cette raison que Nicolas Sarkozy a demandé à Jacques Attali de repérer les gisements possibles de baisse des prix. Les grandes marques sont trop chères et il faudrait s’attaquer à cette situation rapidement. Pourtant, dans le projet de réforme Chatel, le Gouvernement n’envisage pas la suppression des marges arrières (1). Personnellement, je souhaite qu’on revienne à une discussion des prix et qu’on supprime ces fameuses marges arrières.
Récemment, une réunion s’est tenue à l’Élysée en présence des représentants des industriels, la CGPME et les grands distributeurs. Le président Sarkozy, conscient des enjeux, a fustigé très clairement les hausses exagérées des industriels. Au printemps prochain, après les Municipales, il engagera la réforme de la loi Galland - elle interdit à la grande distribution de revendre à perte - et l’on devrait revenir à la renégociation des tarifs. Il m’a d’ailleurs déclaré, en riant et en me tutoyant : « à partir de maintenant, tu peux arrêter de faire pression sur moi avec tes publicités. Je m’engage et que je sache, quand je m’engage, je tiens mes promesses » !
La grande distribution est répartie en cinq grandes centrales qui assurent 90 % des achats des fournisseurs. Ce monopole n’est-il pas préjudiciable aux équilibres et à la concurrence ?
S’agissant des produits agricoles et des produits faiblement transformés, il n’y a pas cinq, mais une quarantaine de centrales d’achat en France. Les premiers acheteurs de l’agriculture française sont les transformateurs. Vient ensuite l’exportation. La grande distribution se place en troisième position, à égalité avec la restauration.
La distribution ne fait pas à elle seule le cours des produits agricoles. Les centres Leclerc n’ont pas de centrale d’achat nationale de fruits et légumes par exemple. Ils achètent directement auprès de producteurs locaux ou bien ils se regroupent en région pour acheter ensemble un train ou un camion entier de fruits pour économiser les coûts de transport. Ce n’est donc pas le pot de fer contre le pot de terre !
Par contre, s’agissant de négocier avec des groupes comme Cocacola, Unilever, Danone ou Yoplait, la France compte une dizaine de centrales d’achat de la grande distribution, auxquelles s’ajoutent les centrales d’achat de la restauration, Server, Accor. Quelles que soient la puissance et la notoriété que nous avons, la loi nous empêche de négocier nos tarifs car elle nous interdit de vendre à perte. Le tarif d’un fournisseur ne peut pas être remis en cause : c’est une spécificité française.
Les choses sont différentes à l’étranger. Le groupe Leclerc est associé avec d’autres partenaires en Europe. Je suis président d’une coopérative européenne qui regroupe le numéro 2 allemand Rewe, l’italien Conad, les coopératives suisses, le groupe belge Colruyt. Tous mes collègues achètent à des tarifs plus bas que nous et sont libres de fixer leurs prix. Personnellement, je plaide pour ce système-là. Les grands industriels, pour qui la France est une rente, y sont bien sûr hostiles...
La baisse du pouvoir d’achat entraîne-t-elle de nouveaux réflexes d’achat ? L’avez-vous constaté dans vos magasins ?
En effet, on remarque deux points : les effets de mode qui ne sont pas durables et de véritables variations de comportement. Les mouvements de mode concernent les produits technologiques, téléphones portables, appareils photo numérique, ordinateurs, le plus souvent vendus en promotion. Les ventes durent deux ou trois mois pour retomber ensuite. Parallèlement, on remarque que les dépenses alimentaires continuent de décroître dans le budget des ménages. Si on achète moins de nourriture, cela ne veut pas dire qu’on mange moins. On passe plus de temps au restaurant ! De même, en ces périodes de difficulté de pouvoir d’achat, les dépenses de textiles et d’alimentation sont restreintes.
Les Français se sont organisés autour des 35 heures et le temps consacré aux loisirs a généré de nouvelles dépenses, malgré l’augmentation lente des salaires. Désormais, les familles qui le peuvent vont en vacances l’été et l’hiver. Il y a dix ans, elles choisissaient entre la Tunisie et la station de ski. Désormais, elles font les deux et les dépenses de loisirs sont budgétisées par les ménages.
Ayant conscience de ces évolutions, nous avons diversifié, sous l’enseigne de Leclerc, les secteurs du voyage, de la cosmétique, la parapharmacie, l’équipement de la maison.