Du 24 août au 11 septembre, exposition photographie "Esprit de l'Eau" de l'artiste Claude Guyon. Ouvert tous les jours de 15 h à 18 h 30 au cloître des Carmes de Jonzac. Entrée libre. Renseignements : 05 46 48 49 29, vernissage le 30 Août à 18 h 30
Claude Guyon, plasticien diplômé des Beaux Arts de Bordeaux, est un artiste bien connu des Jonzacais pour avoir participé à la restauration du décor classé du Théâtre du Château. Peintre, sculpteur, décorateur de cinéma, son univers entrecroise les cultures premières et la nature. Il aime traiter la photographie comme une œuvre picturale originale. Ses variations autour de l’eau et de la cristallisation sont proposées à Jonzac, ville qui porte dans son ADN l'élément aquatique.
Claude Guyon et Christelle Brière, adjointe à la culture |
L’infini était visible ici également par l’immensité et la beauté de la force de vie. Ce territoire plonge ses racines à l’aube de l’humanité, ainsi naquirent mes émotions les plus marquantes, rencontre entre l’émerveillement de la biologie naturelle et d’une mémoire ancestrale puissante. Je ne savais pas alors à quel point mon cœur était attaché à cet environnement privilégié. Très souvent mes rêves reviennent en ces lieux et entrecroisent les mémoires.
A 22 ans, j’ai eu le plaisir et l’honneur de restaurer les peintures du petit Théâtre du château de Jonzac, souvenir d’enfance en ce lieu abandonné, du haut de mes 5 ans, les décors enchevêtrés murmuraient des tirades évanouies. Ma taille donnait à ce lieu le mystère majestueux du tombeau de Toutankhamon, dont je viens de visiter l’exposition récemment. C’était pour moi une joie d’intervenir pour cette rénovation. Mes cinq années de Beaux-Arts à Bordeaux m’avaient préparé à l’expression Artistique et Technique, par une pratique diversifiée des formes d’art. Ainsi, je rencontrais la photographie. La palette picturale enrichie de la précision photographique devaient m’amener à partager le plaisir d’observer, d’inviter au voyage.
Quinze années de décors dans des ateliers de cinéma suivirent, pendant lesquelles j’ai pratiqué la peinture décorative, les patinées, les effets spéciaux, la sculpture pour des films de prestige en exemple, « Ridicule » de Patrice Leconte ayant obtenu le césar du décor par notre réalisation de la copie de Versailles... « Le Masque de fer » avec les sociétés les plus prestigieuses du cinéma américain, anglaises et françaises, « Le Pacte des loups », etc...
Au fil des années, le flux des vagues, les espaces naturels me manquaient. Ma rencontre avec plus de six gardiens des traditions autochtones d’Amérique du Nord, du Sud, Pygmées du Gabon, m’amènera à considérer l’eau au-delà du concept simple d’un élément précieux et vitale, mais surtout sous la forme d’un esprit vivant, une pensée créatrice. Pendant trois années, j’ai eu à cœur de photographier la diversité des formes moins connues de l’eau, qui apparaissent en utilisant les hautes vitesses ou la macrophotographie. Ainsi la structure du vivant par delà une forme transitoire laisse entrevoir son empreinte annonciatrice d’une autre manifestation de vie. Elle en démontre la structure. L’eau devint une confidente, cet esprit amical qui évoque avec poésie mes amis amérindiens et africains. De retour dans la région pour accompagner les derniers jours de mon père, je fis un rêve. Un soleil blanc se présentait à moi, en un cercle blanc magnifique et parfait, il abritait des losanges de couleur or, dont les diagonales étaient soulignées d’un trait fin noir. Cette vision était porteuse de joie, de perfection, à la manière d’une bénédiction sacrée et protectrice.
Pendant cette période d’accompagnement, je décidais de photographier l’évaporation d’une goutte d’eau salée. A ma grande surprise, je vis apparaître le cube de sel qui comportait une pyramide à degrés en creux, celle-ci était soulignée par une croix parfaite en diagonale. Subjuguée par cette « apparition », j’ai exploré le champ de la cristallisation, et observé la construction de cette force de création originelle. Un mode opératoire accéléré qui figure la création des cristaux en 10 à 15 000 ans au cœur de la Terre. Un témoin des énergies à l’œuvre pour créer un monde, le matérialiser. La vision de Platon rendue visible. Les « indiens » huichols du Mexique représentent le divin, l’œil de Dieu, par un losange coloré tissé sur une croix carrée. Ainsi mes rencontres avec ces peuples des Origines, le départ de mon père, et l’eau, devenaient des messagers de l’éternel. En cette dimension universelle qui rapproche les peuples, j’invite à partager l’émerveillement sous un regard bienveillant à l’adresse de la matière vivante, sur l’onde de la découverte, de l’interrogation et du partage. Voguons ensemble de l’infini au microscopique, la force de vie en grâce, offrira son sourire par le regard vivant de chacun en un cristal lumineux.
Cristallisation du sel :
Le sel est une matière ionique et hydrophobe, elle s’organise en rejetant l’eau, parfois une bulle se trouve prisonnière. Elle se construit étage par étage, par des mouvements sympathiques, d’attirance et de répulsion en fonction des charges magnétiques des éléments. Par ces mouvements à l’intérieur de la goutte d’eau, le sel manifeste ce que j’appellerais « la danse des éléments », une figuration des mouvements possibles dans l’espace au moment de la naissance des planètes.
La goutte d’eau devient un microcosme, l’atmosphère d’une terra prima. Les mini cristaux flottent à la surface de la goutte, d’où l’origine de la fleur de sel. Ils se construisent sur une base triangulaire, les pointes du cube dans un axe vertical, la pointe vers le bas se construit en premier et s’enfonce dans l’eau, couche par couche. Il est remarquable que les angles du triangle se forment en premier, de façon partielle, un champ d’énergie semble façonner les parois lisses des faces du cube de manière interrompue. Les pointes croissent vers le centre. L’intérieur du plan de la cristallisation semble chaotique, sous un ordre plus aléatoire alors que les faces lisses semblent connaître et suivre un plan parfait. A partir du plan médian, le processus s’inverse, la forme se referme sur elle-même, la pointe achevée le cristal « coule » et rejoint le fond, là où il peut poursuivre une cristallisation collective et se relier. Dans le cas de la fleur de sel, il reste à la surface tenu en floraison par une surface plus large et irrégulière. Là, se produit un phénomène étonnant de beauté. La face tournée vers le sol laisse apparaître une forme pyramidale à degré en creux, les diagonales sont ainsi soulignées par les arrêtes de cette pyramide. Cela évoque la structure des ^pyramides à degré en Egypte et au Mexique.
Dans le cas de la goutte d’eau posée sur une plage de verre, la pyramide en creux sera tournée vers le ciel (la base). Ce processus d’évolution des formes, sur une base de tétraèdre, qui devient cubique, en portant en son cœur dans l’axe terre ciel, une pyramide intermédiaire entre le carré et le triangle, semble rendre visible la pensée philosophique de Platon autour de l’alchimie des planètes et des éléments. Des petits carrées en losanges garderont cette formes au début de la cristallisation et, voyageront à la manière des météorites traversant un champ d’attraction, ou s’éloigneront d’un autre cristal. Ceci est visible dans mon petit film « Cristallisation » publiée sur Youtube.
Sel d’Alun
Le sel d’Alun se cristallise dans un schéma de forme triangulaire trônée. D’une grande transparence, il laisse apparaître les inclusions de bulles et des étages triangulaires. Les cristaux sont plus semblables, la face hexagonale est plus rare. Une structure interne triangulaire sous formes d’équerre apparaître dans des conditions particulières. Lorsque la forme cubique se manifeste, elle révèle les diagonales et un carré médian dans ce cas l’apparence du cube est laiteuse, seules les lignes diagonales et de contours sont transparentes et d’apparence fine et dessinées. Des formations en plaquettes longues existent. Le carré en diagonal porte une croix en son centre, parallèle au bord du cube, elle se présente souvent de manière significative. La rencontre du sel d’Alun et du vivant dans le cadre d’un bain de tannage fait apparaître une structure en « radiolaire » ressemblant aux oursins dont les pics ont la forme des couteaux. Le mélange sel d’Alun et peau animale produirait-il une forme élémentaire du début de la vie marine ? »...
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