mercredi 9 janvier 2019

Saintes/Vente du site Saint-Louis : « L’hôtel avant le musée est une erreur que la ville paiera pendant très longtemps » estime l’association Médiactions

Présente au débat organisé mardi soir par la mairie sur le futur aménagement du site Saint-Louis, l’association Médiactions réagit à cette vente au groupe Linkcity et aux perspectives présentées par la municipalité : 

Le projet global d'aménagement
« Vous avez dit « concertation » ? De toute évidence, l’aspect positif du projet Saint-Louis est de voir enfin arriver la renaissance d’un quartier phare de notre cité. Nous sommes donc tous très favorables à cette renaissance, mais le projet municipal donne cette impression amère que l’ensemble du site est vendu, non pas pour penser la ville de demain, mais pour compenser de seules urgences financières.
Le projet architectural, tel qu’il est présenté est un projet qui pourrait répondre à la renaissance de n’importe quel quartier, dans n’importe quelle ville, sans aucune identité ou signature patrimoniales.
La présentation qui a été faite était politique et les présentateurs se sont donné pour eux-mêmes un satisfecit. Le jeu des questions-réponses qui a suivi était à la limite de la malhonnêteté. Déçus par cette présentation et surtout par le manque de pertinence des réponses faites aux citoyens, nous sommes sur un discours "clichés", des phrases toutes faites qui ne répondent en rien à la réalité saintaise.

La vente de la surface du site est la première étape et est clairement définie : prix, surface etc.  La deuxième phase est le projet lui-même qui ne dépend plus de la municipalité, mais de Bouygues et des autres promoteurs qui n'ont émis qu'une intention d'investissement. On peut noter les réponses hésitantes de Christian Schmitt aux questions concernant les prestations proposées : le niveau de qualité et de standing de l'hôtel, du restaurant, de la résidence pour séniors, des commerces seront définis par l'acheteur. La municipalité n'est plus maître du jeu à ce niveau-là. A toute question un peu précise, il a été répondu que la décision ne leur appartenait pas, que ce n'était pas eux qui avaient fait les études... mais le promoteur:  « Vous pensez bien que s'ils investissent, c'est qu'ils ont fait des études. Pour en savoir plus, il faut leur demander »...
A aucun moment, il n’a été question des véritables besoins de Saintes, tandis qu’aucune analyse touristique et économique n’est donc présentée. On propose une renaissance dénuée de toute observation économique et touristique préalable.

Concernant les prix d’achat et de vente du site Saint-Louis, tout comme la prise en charge par la ville des fouilles préventives, les citoyens sont consternés et aucune explication concréte n’est apportée. On nous parle de plus d’une surface de rétrocession, seule partie soumise à la concertation des citoyens. En fait, il est ressorti de la présentation que très peu de choses vont dépendre d'une "concertation". L'espace public qui a été mis en avant à plusieurs reprises paraît important, mais quand on analyse réellement, il faut en retrancher l'escalier "monumental" (c'est le terme utilisé), toutes les voiries et les places de parking.

L'utilisation du terme "concertation" tout au long de la soirée est mensonger. C'est un leurre ! On ne dit pas que l’hôtel et les autres structures imposées, non pas par l’acheteur mais par la ville elle-même dans la rédaction de son appel d’offres, annulent tout espoir de voir s’ériger une construction digne d’un vrai projet touristique. Quel intérêt de proposer désormais une pseudo-concertation sur la rétrocession de rues ou d’escaliers ?

Quid donc de l’étude touristique concernant les besoins en hébergement touristique. Et à la demande « avons-nous vraiment besoin d’un hôtel ? », est répondu que si Mercure a dit, Mercure a raison. C’est bien la seule référence romaine du projet, celle de laisser le Dieu du Commerce choisir le destin de la cité. L’argument de répondre que le précédent projet Europan proposait lui-même un hebergement touristique de standing ne tient pas compte de la fermeture, entre temps, du musée archéologique et de nos véritables priorités locales.
Saintes regorge de trésors lapidaires qui sont une véritable manne pour l’économie touristique de demain. Il est incroyable de voir qu’avec ce projet hôtelier, on va laisser mourir tout projet muséal dans des caisses pendant des decennies.
Jean-Philippe Machon annonce cet équipement hôtelier comme un des « fondamentaux » de la ville. Il nous importerait plus de comprendre pourquoi cet emplacement extraordinaire, permettant de créer le lien entre les deux rives, ne peut être réellement le lieu de la construction d’un véritable musée. Un tel projet permettrait non seulement de répondre aux vrais besoins de la ville, mais il serait, de plus, la cohérence du projet global voulu par la ville, dont la mise en lien des deux rives sur un itinéraire touristique depuis l’Abbaye-aux-Dames jusquà l’amphithéâtre. Il serait une continuité historique et patrimoniale pour le quartier et loin de satisfaire uniquement les seuls amoureux des patrimoines, il serait surtout créateur d’emplois durables, source d’une véritable économie au profit de la ville entière, de ses habitants et de ses commerçants, au lieu d’être l’affaire de quelques privés. Le pavillon culturel promis est par ailleurs une piètre compensation face à ce que Saintes peut proposer.

Le reste du projet qui propose une mixité sociale peut être par contre une réussite, mais il est encore bien des questions majeures, telle celle du déplacement de la gare routière ou de la sécurité des écoliers ou celle de la pertinence et du coût d’un ascenseur. L’idée d’inverser le lieu d’entrée de l’amphithéâtre peut aussi être une bonne idée, sortant le dit monument de son enclavement. Mais là encore, il est à se demander encore et encore pourquoi le projet fait du site Saint-Louis « un vide touristique » au lieu de faire de cette renaissance la promesse d’une ville s’inscrivant gagnante face au tourisme du futur. L’hôtel avant le musée est une erreur que la ville paiera pendant tres longtemps.
Ce sont les membre de l’Observatoire du patrimoine qui travaillent aujourd’hui à un désir de concertation avec les autorités décisionnaires pour l'élaboration d’une modification du projet. Nous espérons que celui-ci sera écouté ».

Cécile Trébuchet, présidente
Guy Puyastier, secrétaire
Bureau de l’association MediaCtions

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