mercredi 9 octobre 2024

Saintes/Nuit du Droit : Les élèves du lycée Palissy mettent en scène deux procès fictifs

Le 3 octobre dernier, avait lieu la 7ème édition de la Nuit du Droit en Nouvelle-Aquitaine. Saintes faisait partie de la vingtaine d’institutions à avoir organisé une soirée ouverte au public. 

Cette année, le Tribunal de Saintes avait choisi de présenter des procès fictifs interprétés par des élèves du lycée Bernard Palissy, aujourd’hui en classe de première (Défense et Sécurité Globale promotion 2023-2024). Ce travail leur a ouvert les portes du monde judiciaire, leur montrant la préparation et le déroulement d’une audience. Ils ont aussi incarné différents rôles allant du Président de la Cour, la partie civile aux prévenus et avocats. Une belle expérience pour ces jeunes qui suscitera, qui sait, des vocations ? 

Elèves et professeurs dans la salle de la Cour d'assises
Jeudi dernier, un nombreux public se pressait au Tribunal de Saintes, attendant impatiemment dans la salle des pas perdus l’ouverture de procès particuliers. En effet, les acteurs de ces rencontres judiciaires n’étaient autres que des lycéens ayant choisi de faire « revivre » deux dossiers déjà traités par le tribunal correctionnel qu’ils se sont « appropriés » en quelque sorte, qu’ils ont réexaminés, réécrits et mis en scène à l'occasion de la Nuit du Droit. Un véritable défi pour ces jeunes qui se sont transformés en président, magistrats, procureur, avocats, plaignants, prévenus, témoins parlant une langue étrangère (anglais et espagnol), traducteurs, gendarmes, journalistes, aux côtés de leurs professeures Mmes Allioux, Bernazeau, Chartoire, Coustaty, Grégor et Porquet ainsi que des professionnels du droit.

Benjamin Alla, procureur, et Jérôme Hars, président, ont accueilli le public
A l’ouverture du premier procès, la salle était pleine. Cadre grandiose, imposant ; jeunes en effervescence entre trac et joie d’entrer en scène : Parents, familles et amis n’auraient pas manqué l’aboutissement de « cet évènement citoyen ». Endosser le rôle du mis en examen, par exemple, n’a pas toujours été facile ! Enfiler la robe d’avocat fut aussi un moment émouvant, d’autant que le port de ce vêtement s’accompagne d’un exercice d’éloquence, la fameuse plaidoirie. « Les élèves de l’établissement Palissy ont élaboré des scenarii d’audience à partir d’affaires déjà jugées. L’objectif est de sensibiliser le public, notamment la jeune génération sur des thématiques pénales, et transmettre les valeurs fondamentales de la justice qui constituent le socle de notre démocratie » ont souligné Benjamin Alla, procureur, et le président Jérôme Hars. Il rappelle que « la justice apparaît souvent opaque aux citoyens » ; il les invite donc à participer aux audiences publiques. Par ailleurs, des groupes scolaires sont régulièrement accueillis au Palais. Ainsi, s’établit un pont entre l’école et la justice, porte ouverte sur le fonctionnement de la société et l'activité judiciaire.

Les deux procès jugés concernaient des violences conjugales et un conducteur sans permis, sous l’emprise de stupéfiants. 

La plaignante du premier procès et son avocate
Plaidoirie
La procureure

Le premier prévenu, tonnelier, a frappé sa compagne qui s’est réfugiée chez son voisin avec leur enfant, avant de se rendre à l’hôpital (ITT de trois jours). Derrière ce drame malheureusement courant, l’enquête fait ressortir une situation délétère ; elle pointe le doigt sur les coups dont sont victimes les femmes et les séquelles que subissent les enfants face à la mésentente des couples. Le travail d’enquête est rondement mené. Le témoignage du voisin, dont les propos sont en anglais, est traduit. L’homme et la femme ont des versions contradictoires. La procureure prend ses réquisitions, les avocats plaident. Le tribunal se retire pour délibérer et déclare le prévenu coupable (prison avec sursis, retrait parental, interdiction de détenir une arme pendant 5 ans). 

Seconde affaire. Dans le box, un jeune homme plutôt décontracté dont l’enfance a été malheureuse. Il était sur les rails avec la préparation d’un CAP quand tout a basculé.  De retour d’un voyage en Espagne, il refuse de s’arrêter quand les gendarmes l’interpellent. Il roule sans permis et a consommé des stupéfiants fournis, dit-il, « par son cousin » (lequel dément). Appel à un traducteur car le fameux cousin ne parle pas français ! Le contexte est préoccupant pour le conducteur. Son avocat fait ressortir son hypersensibilité et la volonté de s’en sortir : « il réalise qu’il a fait une erreur ». Il écope de prison (dont sursis) et d’une obligation de soins. Il aura la possibilité de poursuivre ses études de CAP en semi-liberté.

Scènes du procès fictif


Ces deux thèmes de la Nuit du Droit 2024 n’ont pas été retenus au hasard. Ils rejoignent de plain pied l’actualité, d’où l’investissement personnel de chaque lycéen (il n’y avait d’ailleurs pas assez de rôles pour le nombre de postulants !). Des affaires de ce type, ils en entendent parler tous les jours dans la presse ou à la TV. Elles les sensibilisent, les attristent, les questionnent et ils ont tenu à apporter leur pierre à l’édifice. Ils l’ont fait brillamment, cet engagement débuté en 2023 ayant demandé plusieurs heures de travail par semaine avec enseignants et encadrants. Certains ont même planché pendant les vacances. Qu’ajouter de plus sinon un énorme bravo à tous et à toutes !

• A la fin de la rencontre, Marie-Isabelle Coustaty a remercié le tribunal de Saintes, le barreau et Mme Diabira de leur avoir donné une telle opportunité. Les magistrats et avocats ayant assisté aux répétitions. Régis de Jorna, premier président de chambre à la Cour d’appel de Paris, s’est déplacé plusieurs fois au lycée et au tribunal pour faire profiter les élèves de son expérience. Alain Paillou, dessinateur judiciaire, pour ses précieux conseils.

• Félicitations aux 27 élèves pour leur prestation : Raphaël Baiola, Scott Bertonnier, Luca Besnard, Eva Bidard, Samuel Bossuet, Marius Brion, Agathe Chartier, Synclair Chastenet, Manuela Chety, Noémie Comberton-Boulanger, Alexis Coueille, Emma Crompas, Léo Dardant, Lison Guyonnaud, Rudi Glangeaud, Amir Ali Khorasani, Grégoire Lemoine, Mathys Longuet, Alice Loret, Emmanuel Lys, Maxence Pelé, Gwenaëlle Pesa, Hugo Poulailleau, Adèle Rabier, Pacôme Rafin, Clarisse Selosse, Nina Tissandier.   

Pour cette Nuit du Droit, Régis de Jorna (à gauche de la photo), premier président de chambre à la Cour d’Appel de Paris, s’est déplacé plusieurs fois au lycée et au tribunal de Saintes pour faire profiter les élèves de son expérience

• Créée en 2017 à l’initiative de Laurent Fabius, Président du Conseil constitutionnel, La Nuit du Droit est un événement culturel étendu dès 2018 à toute la France. Elle vise à sensibiliser le public à l’importance du droit, ses métiers, les institutions qui le créent, l’enseignent et l'appliquent en allant à la rencontre des professionnels du droit (parlementaires, magistrats, avocats, notaires, universitaires, etc). Comme chaque année, les thématiques sont librement retenues par les institutions organisatrices qui ont à cœur d’intéresser le public à leurs missions. Ces thématiques reflètent les préoccupations qui animent la société : environnement, harcèlement scolaire, violences familiales, crimes de guerre, constitution, etc. 

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