Cette 10ème Petite Journée de Patristique, organisée par l’Association Caritaspatrum, se déroulera à la Maison diocésaine, 80 cours Genet, à Saintes (Charente-Maritime), samedi 10 mars de 9 h à 16 h 30. Faites-vous inscrire !
Egérie nous a légué le texte le plus long et le plus ancien que nous conservions écrit de la main d’une femme. Il s’agit de la relation d’un voyage qu’elle rédigea à l’intention de ses sœurs résidant en Occident (Espagne du nord ou Aquitaine), un voyage qu’elle effectua au début des années 380 en quête des lieux saints du christianisme, de l’Égypte à la Mésopotamie, du Sinaï à Jérusalem car Egérie est chrétienne.
Témoin des tout-débuts de ce
phénomène extraordinaire que va devenir le pèlerinage en Terre Sainte, elle
s’informe de tout : des diverses formes de liturgie, de l’origine des lieux
vénérés, de la vie des moines et autres ascètes qui semblent maintenant présents
un peu partout là où se rend Egérie.
Écrivant dans un latin parlé
tout en faisant montre d’une réelle culture classique, Egérie nous offre un
extraordinaire instantané sur la vie des communautés chrétiennes du
Proche-Orient au début du règne de l’empereur Théodose Ier à qui elle est peut-être apparentée, nouant des
amitiés avec les uns, se faisant accompagner par les autres, toujours
enthousiaste, toujours aussi passionnée. Sous sa plume alerte revivent pour nous
les grandes liturgies stationnales de la Ville Sainte conçues et mises en place
par Cyrille de Jérusalem, les impressionnantes basiliques saintes de Jérusalem
élevées sur l’ordre de l’empereur Constantin et de sa mère Hélène, les
conditions inconfortables du pèlerinage dans le Sinaï quand rôdent les
Saracènes, le retour des évêques orthodoxes exilés un peu plus tôt par l’arien
Valens…
C’est à la découverte de
cette figure attachante et incroyablement infatigable que nous invite cette
dixième Petite Journée de Patristique. Nous partagerons ainsi la curiosité de
ses compagnes qu’elle avait laissées en extrême-Occident, au sujet des dernières
nouvelles en provenance du pays des Pères.
Les communications :
Professeur Pierre MARAVAL (Université de Paris IV –
Sorbonne)
Égérie et le
mont Sinaï
L’édition et la publication
du « journal de voyage » d’Egérie nous convient d’abord à un retour sur les
origines et les premiers développements des pèlerinages chrétiens au Sinaï en
recensant en particulier les pèlerins connus par des textes, des papyrus ou des
inscriptions. Nous nous attacherons alors aux les sites qu’ils visitaient autour
du Sinaï, les itinéraires qui leur étaient proposés, les grandes étapes du
pèlerinage et leurs conditions de voyage avant de nous intéresser aux pratiques
de dévotion propres aux pèlerins du Sinaï.
P. Pascal-Grégoire DELAGE (CaritasPatrum)
Dames
d’extrême Occident en Terre Sainte
Il est bien connu que le
pèlerinage en Terre Sainte fut initié par l’impératrice Hélène dans les années
326/7. D’autres femmes issues de l’aristocratie ne tardèrent pas à l’imiter dans
les décades qui suivirent. Si l’exemple des matrones romaines comme Mélanie et
Paula est bien connu, des femmes du sud de la Gaule et d’Hispanie à l’instar
d’Egérie ne tardèrent pas à leur emboîter le pas et à prendre la route de
l’Orient à leur tour. En nous attachant plus spécialement au cas des femmes
liées aux notables d’Aquitaine, nous nous intéressons à leurs motivations et à
la mise en œuvre de leur pèlerinage en essayant de les suivre au gré de nos
sources dans cette expérimentation d’horizons nouveaux et de libertés
inédites.
Mme Marie-Laure CHAIEB
(Université catholique de l’Ouest)
Les notes
d’Egérie sur les ministères, instantanés d’une ecclésiologie en
construction.
Le Journal de
voyage d’Égérie est une formidable source de renseignements sur les usages
au sein des églises antiques, notamment celle de Jérusalem. Il est très
intéressant, en particulier, de se pencher sur les statuts, ministères, et
tâches diverses des membres de la communauté. Si cela a été souvent étudié dans
les détails au niveau liturgique, on peut également prendre du recul pour
considérer la vision de l’Église engendrée par cette « répartition des rôles » :
en cette fin du IVe siècle, l’Eglise vit en
effet une profonde mutation de son rapport au monde, qui influence aussitôt sa
propre compréhension d’elle-même. Egérie nous donne accès à quelques-unes des
questions ecclésiologiques majeures issues de ces bouleversements
historiques.
Mme Marie-Joseph PIERRE
(Ecole Pratique des Hautes Etudes)
Le Sinaï et
l’Exode, l’Echelle de Jean Climaque
Un regard concret sur
l’histoire et la géographie du Sinaï est requis pour entrer dans l’expérience du
désert (de ses saints, mais aussi de ses brigands, selon le récit des 40 martyrs
du Sinaï et de Raithou, massacrés par des barbares sur les mêmes chemins
qu’avait suivis Egérie !…). Les moines y sont installés au cœur du parcours de
l’Exode, près du Buisson ardent, au pied de la montagne où Dieu a donné sa Loi à
Moïse, montagne impressionnante qui rugit encore de la violence de ses
tonnerres. Jean Climaque y rédige son livre de l’Echelle, qui
est d’abord son propre « journal » retraçant les étapes concrètes de sa vie et
de ses combats. Organisée en 30 échelons ou degrés (logoi) sur
le modèle des 30 ans de la vie du Christ jusqu’à son ascension, cette
construction paradigmatique se transforme en « règle » monastique pour les
habitants de la Montagne, qu’ils soient cénobites ou solitaires, et pourquoi
pas, simples laïcs…
M. Michel COZIC (Université de Poitiers)
Egérie, une
pèlerine de haute spiritualité ecclésiale
Dans le récit du pèlerinage
d’Egérie en 381-384 (malheureusement sans le début et la fin), le lecteur de
bonne foi est tout de suite « accroché » dans les hauteurs géographiques et
spirituelles avec l’évocation du Sinaï et, presque à la fin du texte (ch.
43-44), par celle de la Pentecôte. En nous intéressant principalement à ce deux
passages conséquents, nous découvrirons une chrétienne attachante aux
motivations diverses, et nous nous interrogerons plus particulièrement sur les
liens - toujours actuels - entre le pèlerinage comme expérience religieuse
originale et la liturgie pour avancer sur le chemin du Salut…
Mme Annie WELLENS
(écrivain)
Égérie au pays
du « Journal de voyage »
Le « Journal de voyage » est
un genre littéraire multiforme qui traverse les siècles. Celui d’Égérie se lit
comme une vivace composition relevant du carnet de route, de la correspondance
et de l’autobiographie spirituelle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire