Dans le cadre de l’étude archéologique menée à l’amphithéâtre de Saintes en vue de la restauration et l’aménagement du site, des relevés topographiques et des sondages ont été réalisés par les équipes des agences d’architectes Sunmetron et de prospections archéologiques Eveha en décembre dernier. Les conclusions de ces recherches, en partenariat avec la DRAC, seront présentées officiellement en février prochain.
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Les arènes de Saintes (la Grande Porte) |
L’amphithéâtre de Saintes est l’objet de toutes les attentions. Fragilisé par le temps, les pierres étant victimes de l'érosion - phénomène naturel quand on est âgé de deux millénaires - ce témoignage d’une époque révolue mérite respect et intérêt. Pour les historiens, il incarne la puissance de l’Empire romain et l’ingéniosité des bâtisseurs. Au moment de sa construction, le monde était bien différent du nôtre. Sur ce vaste territoire, étaient vénérés de nombreux dieux (dont le fameux
Jupiter, sans oublier
Sol Invictus). Il n’est d’ailleurs pas exclu que des chrétiens aient pu être persécutés à Mediolanum, le christianisme ne devenant religion officielle qu’à la fin du IVe siècle…
« Accomplir des fouilles, des sondages, c’est aussi entrer dans la mémoire et le quotidien de ceux qui ont édifié ces monuments » explique un archéologue.
Des clés de lecture
La mairie de Saintes envisage de redonner vie aux arènes qui restent, pour les habitants, un endroit stratégique de la cité. Pourquoi ? Parce qu'elles ont toujours été un centre de rassemblements populaires et, plus tard, de spectacles. Si le projet de gradins lancé par Jean-Philippe Machon ne fait pas l’unanimité (d’où la naissance de deux associations de réflexion citoyenne, Médiactions et ACMS), les sondages conduits en décembre dernier (durant une quinzaine de jours) apportent un éclairage nouveau.
« En contribuant à mieux appréhender sa structuration et son évolution, ils ont permis d’affiner la connaissance de l'amphithéâtre » explique Isabelle Oberson, directrice des affaires culturelles de la ville de Saintes.
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Porte d'entrée de l'amphithéâtre : c'est par là que les vainqueurs des jeux,
dans l'antiquité, entrent et sortent ! |
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À l'opposé de la Grande Porte, la Porte des Morts suffit à indiquer sa destination. Elle est aujourd'hui située sous la route d'accès aux arènes |
Etaient donc ciblées certaines zones de l’édifice n’ayant jamais subi d’investigations. L’enjeu était de retrouver, dans la partie Sud, une symétrie en ce qui concerne les escaliers, les cheminements, de nombreux éléments étant enfouis. Des marches et le mur périphérique y ont été localisés selon toute logique. La partie ensablée de l’arène a été sondée afin d'établir son "niveau" originel. Du côté de la Porte des Morts, il est situé deux mètres en dessous de sa position actuelle. Les importants remblais qui se sont amoncelés au fil des siècles (malgré un grand « nettoyage » au XIXe) expliquent ce constat. L’arène centrale, telle que nous la connaissons, affiche une sorte de pente entre les parties occidentale et orientale.
« Le périmètre de la Porte des Morts n’est pas à son niveau de sol initial. La profondeur de l'égout antique, qui passait sous l’arène et drainait les eaux de ruissellement du vallon, a conduit les équipes à cette conclusion. Dans cette partie, il n’avait jamais été exploré » souligne Isabelle Oberson. Une évidence s’impose : les ingénieurs romains était efficaces et terriblement modernes !
« Il s’agissait vraiment de concepteurs hors pair. Dans le cas de l’amphithéâtre, les bâtisseurs sont parvenus à faire un ouvrage d’art remarquable en épousant avec adresse les reliefs et les contingences du terrain ».
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Porte des Morts : la profondeur de l’égout antique
démontre une différence de niveau de l'arène entre les parties orientale
et occidentale. |
Les récentes études sont importantes car elles ont permis de dresser un diagnostic sanitaire (état des lieux, compléter les données existantes, etc).
« L’objectif est de faire avancer et parfaire la lecture que nous avons du monument. Comment était-il conçu, agencé ? Comment fonctionnait-il à la période gallo-romaine ? L’important est d’avoir des clés » remarque Isabelle Oberson.
Durant le premier trimestre, des informations détaillées seront données au groupe récemment constitué auquel appartient la DRAC de Nouvelle -Aquitaine. On en saura plus sur les projets de la mairie, projets qui devront tenir compte des observations des archéologues (et de la population ?)…
• La construction de l’amphithéâtre gallo-romain de Saintes a commencé sous le règne de l'empereur Tibère (14-37 apr. J.-C.) pour se terminer sous Claude (41-54 apr. J.-C.). Mediolanum était alors capitale de la civitas Santonum, la cité des Santons.
• La capacité de l'amphithéâtre devait
être d'environ 15000 places, c'est-à-dire la totalité
des habitants de Medialanum aux premiers siècles de notre ère.
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