L'assemblée générale de l'Association des Archives Historiques de l'Aunis et de la Saintonge s'est déroulée samedi dernier à l'Abbaye de Sablonceaux sous la présidence de Pascal Even. Elie de Foucauld, directeur de l'OTC de la Communauté d'Agglomération Royan Atlantique (CARA), a détaillé deux projets dont la valorisation du site de Sablonceaux et la création du Centre d'Interprétation de l'Art roman. Le volume 74 des Archives historiques, consacré à cet édifice religieux, a été présenté par Bertrand Beauvoit qui a transcrit de nombreux documents relatifs à la réforme de l'établissement au XVIIe siècle. Il contient également la transcription des registres de la fabrique de Saint-Denis d'Oléron par Marc Seguin et de différents textes présentés par Jean-Claude Bonnin et Jacques Boucard.
La journée s'est poursuivie par la découverte du site, une déambulation dans les salles voûtées du grenier, le logis du début du XVIllème siècle et les différents lieux qu'abrite cette abbaye, commentées par Omer Baudry et Bertrand Beauvoit.
Omer Baudry a guidé la visite |
Edifiée sur les vestiges d'une place forte léguée par le Duc Guillaume d'Aquitaine aux chanoines réguliers de St Augustin, l'abbaye est fondée en 1136 et construite pour sa majeure partie au cours du XIle siècle par Geoffroy de Lauroux, disciple et ami de Saint-Bernard. A l'origine, l'abbaye est entourée de fossés et de murs, appuyés de tours dont certaines sont encore visibles au XVIIIe et dont une seule est parvenue en façade principale. Selon un parti très fréquent, les bâtiments abbatiaux se développent au sud de l'église autour de deux cours : le cloître entouré de bâtiments affectés aux chanoines et à leurs activités spirituelles d'une part ; la basse cour entourée de bâtiments affectés aux frères convers et liés à la vie matérielle de l'abbaye d'autre part. Il faut imaginer au Moyen-âge une trentaine de moines et pratiquement une centaine de convers.
La Guerre de Cent ans, responsable de la destruction du clocher et du chœur roman de l'abbatiale, provoque l'édification d'un chœur gothique lumineux, flanqué de chapelles, ainsi que la reconstruction du clocher.
Abimée et désorganisée au plan spirituel comme au plan matériel par les attaques incessantes des XIVe et XVe siècles, l'abbaye est mise à sac au cours des Guerres de religion, jusqu'à l'incendie de l'abbatiale en 1622 par Soubise. L'abbaye se voit alors imposer jusqu'à la fin du XVIlle un abbé commendataire nommé par le pouvoir royal, personnage puissant, chargé d'assurer un entretien convenable des religieux comme des bâtiments, jouissant de ce fait de l'ensemble des revenus de l'abbaye. Les abbés commendataires vont transformer l'aile de l'ancien réfectoire du bâtiment Sud en "logis abbatial", appartements plus conformes à l'époque et à leur mode de vie.
Après six siècles de vie difficile à travers des époques troublées, la vie et la prière monastique s'éteignent à la Révolution Française emportées par la tourmente révolutionnaire en 1791, date à laquelle l'abbaye est vendue à un armateur de Rochefort comme bien national. Au cours du XIXe siècle, l'abbaye réduite à l'état d'exploitation agricole voit une partie de ses bâtiments disparaître ainsi que l'apparition de bâtiments agricoles complémentaires au Sud Ouest.
En 1962, la restauration de l'abbatiale, remarquée par André Malraux, alors ministre de la culture, est engagée. Les travaux achevés, l'abbatiale est alors rendue au culte le 8 mai 1983.
En 1986, l'Evêché de La Rochelle et Saintes acquiert l'ensemble des bâtiments et en confie la revitalisation à la Communauté du Chemin Neuf, sur un projet d'animation spirituel et culturel. Celle-ci engage dès 1988 une campagne de restauration des bâtiments soutenue depuis 1991 par les pouvoirs publics sous la direction des Monuments Historiques.
De nouvelles recherches ont été menées sur le site de l’abbaye de Sablonceaux en 2021. L’objectif était de mieux appréhender les parties des bâtiments conventuels qui se développaient sur la partie orientale du domaine abbatial. Des chapelles gothiques sont en effet conservées à l’état de ruines à l’arrière du chevet et des salles souterraines sont connues dans ce secteur, ce qui indique un prolongement des annexes qui reste méconnu. Une étude du bâti des chapelles et des prospections géophysiques ont été réalisées pour apporter des éléments de réponses sur leur développement et leur agencement. Ces méthodes ont aussi été l’occasion de continuer les investigations sur le secteur de la nef pour en comprendre le plan initial. Les recherches ont été conduites par Juliette Masson, archéologue et ingénieure d’études à la DRAC et Vivien Mathé, maître de conférence en géophysique à l’Université de La Rochelle.
L'ancien cellier |
Les parties les plus anciennes de l'Abbaye |
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