En décernant, dimanche dernier, son grand prix à Pierre-Marie Lledo, l’Académie de Saintonge a distingué un éminent chercheur dont les travaux portent sur le cerveau.
Ce fut une belle cérémonie. En effet, sous le regard attentif de Danièle Sallenave, de l’Académie française, et Jean Mesnard, membre de l’Institut, Marie-Dominique Montel a remis le grand prix de l’Académie de Saintonge à Pierre-Marie Lledo qui dirige à l’institut Pasteur l’unité
« perception et mémoire ». Comment ce scientifique, directeur du laboratoire
« gène, synapse et cognition » au CNRS s’est-il retrouvé à Saintes par un dimanche de septembre ?
Tout simplement parce que ses origines sont charentaises. Ses parents vivaient à Cognac et lui-même a grandi dans cette cité renommée.
Enfant déjà, Pierre-Marie Lledo avait la tête bien pleine et il l’a montré en effectuant un parcours universitaire brillant. Son champ d’intérêt est le cerveau, ce formidable instrument à qui il a dédié un livre
« le cerveau sur mesure » paru chez Odile Jacob.
Ses découvertes bousculent les théories communément admises. En effet, il est courant d’entendre dire qu’avec l’âge, l’individu décline. Pire, il pourrait radoter. Autrement dit, il perd de précieux neurones indispensables à son épanouissement.
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Pierre-Marie Leddo et Marie-Dominique Montel, directrice de l'Académie de Saintonge |
Avec son équipe, le professeur Lledo a démontré le contraire. Quel que soit l’âge, le cerveau continue à fabriquer des cellules souches.
« Nous les produisons à condition que notre cerveau soit nourri spirituellement et affectivement » explique-t-il. Autrement dit, en le stimulant, nous avons le potentiel de nous tailler un cerveau sur mesure. De l’amour et de l’action !
La solitude, l’abandon et le neurone affiche alors, comme l’a montré le film diffusé en avant-première, une espèce d’ancrage à son extrémité qui ne présage rien de bon.
« Les contributions scientifiques du professeur Lledo se situent dans le cadre d’une branche relativement récente de la biologie : les cellules souches neurales chez l’adulte, dont il a été l’un des pionniers. Ses travaux ont permis de caractériser l’origine, puis la nature des cellules souches neurales chez l’adulte ; les modalités de migration qui permettent aux nouvelles cellules d’atteindre leurs cibles ; leur capacité de survie ainsi que la façon dont elles acquièrent leurs propriétés de véritables neurones dans les sphères de la perception sensorielle de l’apprentissage » expliquent les spécialistes. Le public, nombreux dans l’amphithéâtre, a reçu cette information avec plaisir, se disant qu’avec de la volonté, il ne finirait pas gâteux avec le temps !
Doté d’un large front d’intellectuel, Pierre-Marie Lledo était ému. Il remercia l’Académie et dédia sa récompense à sa famille et à sa mère, récemment disparue.
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Un nombreux public |
Les cent ans de la LPO
Suivit la remise des prix, dont celui de la Mer décerné à la Ligue de Protection des Oiseaux. Allain Bougrain-Dubourg en personne avait fait le déplacement. Alain Braastad rappela que la LPO, fondée en 1912, avait certes 100 ans, mais 100 ans de combat, de détermination et d’actions pour la nature.
« Depuis 1977, le siège de la Ligue pour la Protection des Oiseaux est à Rochefort. Elle compte 140 salariés, 5 000 bénévoles actifs et 45 000 adhérents. En France, elle est présente dans 71 départements. La LPO dispose actuellement de 17500 refuges sur 35 000 ha, c’est le premier réseau français de jardins écologiques. Elle gère de nombreux sites sensibles : 20 000 ha en milieux naturels soit 130 sites dans 21 régions.
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Alain Bougrain Dubourg et la LPO récompensés par Alain Bastraad |
En Charente-Maritime où elle est très implantée, les marais de Landelène et ceux du Nord-Rochefortais (Voutron, Fouras), les réserves naturelles (baie d’Aiguillon, marais d’Yves, de Lilleau des Niges en Ré), le marais de Moeze-Oléron et la station de lagunage de Rochefort ». Touché, Allain Bougrain Dubourg (dont le bleu à la figure n’était pas dû au coup-de-poing d’un chasseur, mais à un problème dentaire !) lança une idée : que les Journées du Patrimoine, qui se déroulent en septembre, puissent inclure le patrimoine naturel, les marais et la biodiversité.
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François Julien Labruyère remet le prix de la ville de Saint-Jean d'Angély à Jean-Michel Bénier |
Le prix Madeleine Labruyère, quant à lui, a été décerné à Jean-Paul Chabrier pour son livre « Avril en octobre » ; celui de la ville de Royan à Daniel Estève pour sa comédie musicale
« De phare en phare, un amour d’estuaire » ; le prix Chabasse à Jean Gaumy, reporter photographe ; le prix de Saint-Jean d’Angély à Jean-Michel Bénier, peintre pour son exposition et son livre
« L’arte contro la morte » ; le prix de l’agglomération de Royan à Catherine Monfajon pour son film
« La vague d’espoir d’Ismaël » ; le prix Louis Joanne aux Amis de Gaston Balande pour leur catalogue ; le prix du Patrimoine à Jean-Luc Labour pour le musée bunker de La Rochelle ; le prix Jehan de la Tour de Geay à Nadine et Jean-Claude Forestier Blazart pour
« Le sacrifice de Joseph Bellot à la recherche de Sir John Franklin » ; le prix de La Haute-Saintonge à Jehan de Villiers, sculpteur, et le prix Champlain à Jea-Claude Roy pour
« La tapisserie du French Shore » à Terre Neuve.
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Jacques Bouineau, professeur de droit à l'Université de La Rochelle et Nicole Bertin, journaliste, tous deux membres de l'Académie de Saintonge |
Enfin, l’Académie de Saintonge a salué l’arrivée dans ses rangs de Roselyne Coutant Bénier, ancienne responsable et fondatrice de l’Aquarium de La Rochelle. Elle a été présentée par Bernard Mounier qui lui souhaita
« une longue et joyeuse immortalité parmi ses collègues ».
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Danièle Sallenave et Jean Mesnard en habit d'académicien |
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Bernard Mounier et Roselyne Coutant Bénier |
• Danièle Sallenave, de l’Académie française, et Jean Mesnard, spécialiste de Pascal, membre de l’Institut. En habit vert remarqué, ils ont présidé la séance.
« À travers moi, l’Académie française adresse un signe d’amitié, d’accueil et de confraternité à l’Académie de Saintonge » a souligné Danièle Sallenave. Pour elle, il n’y a pas d’antagonisme entre la culture nationale et les cultures régionales :
« La défense des cultures régionales doit aussi passer par la défense des particularités régionales de notre langue, le français ».
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Mme Dubois, Marc Seguin, Pascal Even |
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