Alors que la gauche a gagné de nombreuses villes, la Charente-Maritime renforce sa position au centre droit. « Elle ne fait jamais rien comme les autres » plaisantent les Centristes radicaux qui savent qu’en ce département, les valeurs républicaines passent avant les étiquettes politiques...
Effectivement, il faut s’attendre à tout dans ce département ! Ségolène Royal, présidente de la Région Poitou Charentes, doit s’arracher les cheveux. Depuis trois ans, la Charente Maritime joue les villages gaulois en conservant une coloration bleu clair. Les habitants préféreraient-ils l’azur du ciel, qui berce l’estuaire et l’océan ? La question reste posée car le cas de figure est original dans un pays qui vient de connaître une vague rose.
Déjà, en 2004, alors que le département devait logiquement basculer à gauche, après avoir été dirigé par François Blaizot (CDS) et Claude Belot (radical valoisien), il resta ô surprise dans le giron de la droite, un accord inattendu ayant eu lieu. En effet, Jean-Paul Berthelot, un élu classé divers gauche, conseiller général de Cozes, apporta sa voix in extremis à Claude Belot qui l’emporta face au leader socialiste, Bernard Lalande.
Nombreux se souviennent de cette élection serrée et des tractations qui avaient précédé le scrutin. Deux hommes étaient au centre de toutes les convoitises : Jean-Paul Berthelot, comme nous l’écrivions précédemment, et Marc Pellacœur, vainqueur de Roger Hattabe à Marennes.
Après moult ronds de jambes, coups de fil et autre parade nuptiale, ils avaient finalement rejoint la majorité départementale. À l’époque, Jean-Paul Berthelot, aujourd’hui décédé, ne cachait pas qu’il avait grande confiance en Claude Belot.
Prendre le bastion charentais-maritime
Trois ans après, il était évident que la gauche voulait prendre sa revanche. Elle était sûre de gagner et y serait parvenue sans ce fameux centre radical, venu fausser la donne. En fait, le radicalisme a bon dos. Il n’est plus tout à fait ce qu’il était autrefois et s’est adapté aux temps modernes, selon la bonne vieille théorie darwinienne de l’évolution. De ce fait, de nombreux candidats se sont présentés aux élections sans étiquette. Opposés à des candidats de gauche, ils ont été classés “Divers droite“. C’était sans doute leur façon de ne pas cautionner totalement la politique nationale de Nicolas Sarkozy ou, du moins, de se montrer prudents à son égard. Le Président de la République, il est vrai, vient de connaître une traversée du désert. Depuis, sa cote semble se stabiliser, de même que ses envolées conjugales. À moins que les portes de sa vie privée ne soient désormais fermées aux journalistes de la presse people !
Bref, les Socialistes espéraient bien l’emporter et Bernard Lalande, responsable des Forces de progrès, était confiant quant à l’issue finale. Il avait raison de l’être pour l’Aunis... mais pas pour la Saintonge...
Le Sud Saintonge bascule au centre droit
Les résultats du premier tour ne permettaient pas de se prononcer : « tout était jouable » prétendaient les deux camps. Toutefois, les reports de voix penchaient en faveur des candidats de gauche. Les mathématiques sont une science exacte, mais il est des tiroirs dont on ne possède pas la clé. Les chiffres de dimanche dernier l’ont prouvé.
Si la gauche a confirmé sa supériorité à La Rochelle - où Jean-François Douard a été battu par J. Dillenbourg - à Courçon et à la Jarrie, la Saintonge, quant à elle, est davantage contrastée. À Saintes, comme prévu, la gauche a fait un grand chelem : Jean Rouger a enfin « conquis » la mairie (après les déconvenues qu’il a connues en 2001), victoire à laquelle s’ajoutent les élections des deux candidats socialistes, Christophe Dourthe sur Saintes Nord (contre J. Philippe Ardouin) et Jean-Yves Quéré sur Saintes Est (face à Frédéric Rateau).
La surprise vient plutôt du Sud avec l’arrivée de deux Divers droite sur le canton de Montguyon où Francis Savin succède à Pierre Jean Daviaud, et à Mirambeau où Louis Joseph Bernard l’emporte sur Roland Caillé (Michel Rigou, PRG, ne se représentait pas).
La majorité départementale s’impose également sur le secteur de Saint Jean d’Angély où Paul Henri Denieuil a littéralement délogé Jean Combes (PS) de son hôtel de ville. Aux cantonales, elle décroche Saint-Hilaire de Villefranche, longtemps tenu par le socialiste Roland Beix, Saint-Savinien (le sortant était Cyril Chappet, PS) et Matha où Corinne Imbert gagne face à Jean Rouger, le suppléant de la député Catherine Quéré aux dernières Législatives.
Qui sera le pilote de l’avion ?
Lundi matin, la majorité départementale, réunie autour de Claude Belot, était donc satisfaite des résultats puisqu’elle ne marche plus sur un fil. Elle dispose désormais de plusieurs sièges d’avance (cinq), une bonne nouvelle à laquelle elle ne s’attendait pas ! Elle n’a donc plus besoin d’alliance pour garder les rênes !
Restait donc à se mettre d’accord sur la personne du président. Un moment donné, les Jonzacais avaient une crainte : que Claude Belot, président en exercice, ne les abandonne une nouvelle fois après cette victoire. Allaient-ils avoir Jean Claude Texier pour maire, Claude Belot leur annonçant que, finalement, il préférait garder son fauteuil à La Rochelle ? « Dimanche soir, dans une interview, sa position paraissait floue et je me demandais bien quelle position il allait adopter » souligne un élu. Finalement, il a tenu promesse et c’est Dominique Bussereau qui s’est présenté, jeudi matin, aux suffrages de ses collègues. Que les Charentais Maritimes aient un secrétaire d’État à la présidence ne sera pas pour leur déplaire. Dominique Bussereau, qui fut longtemps le député de la circonscription Royan/Jonzac (poste occupé par son suppléant Jean-Claude Beaulieu), est un homme de consensus, à la fois entreprenant et rigoureux. Âgé de 56 ans, il incarne une nouvelle génération et bénéficie d’un véritable capital de sympathie.
Quelles seront ses priorités ? François Blaizot fut l’homme des ponts, Claude Belot celui des grands projets, il pourrait être associé aux grandes infrastructures...
Difficile reconquista
Bien que déçue, La gauche poursuit sur sa lancée. Certes, les municipales n’étaient pas le troisième tour de l’élection présidentielle, mais elles ont redonné du courage aux Socialistes. Après la défaite de 2007, ils s’étaient mis à douter et pensaient que l’avenir était plombé. Il leur reste aujourd’hui à fédérer leurs courants, à la Région en particulier, où les dissensions entre Ségolène Royal et Jean-François Fountaine sont plus que réelles... La partie n’est pas facile pour Ségolène Royal en Charente-Maritime où elle a rencontré certes des joies, mais aussi des peines avec les échecs de deux vice-présidents. Jean Combes a été battu à Saint Jean et Catherine Quéré à la mairie de Chaniers.
Par ailleurs, l’un de ses proches, Bernard Lalande, conseiller général de Montendre, n’a pas réussi la reconquista du Conseil Général. La déception est d’autant plus cruelle qu’elle n’était pas prévisible. Cette femme décidée n’a pas réussi à unir, sous sa bannière, les quatre départements de la Région. Le siège continue mais, contrairement à l’histoire, il ne se déroule pas à La Rochelle !...
Photo 1 : Jeudi à La Rochelle, la déception de Bernard Lalande était visible.
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