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lundi 30 novembre 2015

Rendez-vous à l'Ermitage
de Mortagne le 22 décembre
pour le solstice d'hiver

Tous les ans, lors du solstice d’hiver, le soleil - quand il veut bien se montrer - inonde d’une lumière éblouissante l’autel de l’ermitage de Mortagne (Charente-Maritime). Témoignage visible du renouvellement de la course du soleil en fin de cycle. Visite d’un lieu qui livre difficilement ses secrets… 


Habitat et lieu de culte aménagés dans la falaise (© Nicole Bertin)
On les appelle les falaises mortes de Mortagne. Situées sur la rive droite de l’estuaire de la Gironde, elles forment un alignement de calcaire blanc où apparaissent, figés, coraux et bivalves. Plus qu’un élément pittoresque du paysage, elles rappellent la présence de la mer en des temps reculés. Bien avant qu’il ne soit question du réchauffement climatique ! De la route, elles ressemblent à des sentinelles que les terres retiendraient prisonnières.

Au cœur de cette muraille du Crétacé, se trouve l’ermitage monolithe, l’un des plus anciens lieux de culte de France, dit-on. Propriété de l’Évêché, cette halte parmi les curiosités à découvrir en Haute Saintonge se situe le long de la route verte, à la sortie du village. Pourquoi « curiosité » ? Tout simplement parce que l’ensemble n’a pas livré tous ses secrets !
« Pour moi, c’est un lieu fascinant. J’y suis venu la première fois quand j’avais une quinzaine d’années. Arrivant de Saint-Thomas, je faisais du vélo dans les marais. Les promeneurs ont toujours été nombreux » confie le père Pascal Delage, doyen de la paroisse de Royan.

L’été en particulier, les touristes ne manquent de s‘arrêter, intrigués par cet endroit original qui a longtemps abrité une communauté religieuse. Après avoir traversé un pré, le visiteur gravit une série d’escaliers qui le conduisent à une terrasse. « Naturellement ombragée par des ormeaux, des grenadiers, des amandiers, des figuiers, des arbres de Judée », écrivait au début du XXe siècle le père Poirier, elle offre une vue imprenable sur l’estuaire. Et d’ajouter « les moines peuvent s’y reposer et s’y rafraîchir en contemplant la côte ensoleillée de Gironde. Panorama immense de 50 kilomètres vraiment grandiose où l’on aperçoit le fleuve sillonné par des grands paquebots transatlantiques qui montent vers Bordeaux ou les embarcations plus modestes des pêcheurs d’esturgeon ». De nos jours, les arbres sont un peu moins nombreux, de même que les créas…

D’autres marches, taillées dans une faille naturelle, mènent au plateau. S’y trouvent les vestiges d’une tour ou d’un amer. Dans la falaise elle-même, ont été aménagées les pièces à vivre des ermites. Leur simplicité démontre une grande sobriété : la cuisine et sa cheminée, le réfectoire, le cellier, les cellules et dortoirs. S’y ajoutait un cimetière qui a disparu. Des mentions, relevées sur un registre du XVIIIe siècle, font état de plusieurs inhumations.

Une chapelle d’un seul bloc 

La perle de l’ermitage, c’est la chapelle « qui ne forme qu’un seul bloc ». On peut y admirer un autel, un retable (aménagé au XVIIIe siècle par les Récollets), un déambulatoire ainsi que les statues de Saint-Antoine d’Égypte, mort au IVe siècle, et de Saint-Martial, évêque de Limoges au IIIe siècle (après avoir évangélisé le Médoc, il aurait résidé quelque temps à Mortagne). Sur le côté gauche, une sépulture a été creusée dans le rocher et sur la droite, on remarque l’ancien sillon d’une source, aujourd’hui tarie, qui guérissait les problèmes de vue. Ainsi, avons-nous sous les yeux les témoignages de diverses époques allant des tout premiers siècles de notre ère au XVIIIe. Seul le travail de chercheurs pourrait en faciliter la compréhension ! « J’ai demandé à l’Université de Bordeaux qu’un étudiant puisse consacrer sa thèse à l’ermitage classé Monument historique depuis 1987 » déclare le père Delage.

Le même éclairage qu’au temple d’Abou Simbel 

 

Le phénomène le plus étrange de l’ermitage réside en ses ouvertures qui laissent passer la lumière de façon totalement maîtrisée. « Un éclairage magnifique obtenu uniquement par la lumière solaire, véritable chef-d’œuvre de science optique » écrivait le père Poirier. « Les bâtisseurs qui ont réalisé cette fenêtre et ces quatre lucarnes avaient de grandes connaissances en astronomie » estime le père Delage.
En effet, ils ont utilisé la même technique qu’au Temple d’Abou Simbel, en Égypte, construit au XIVe siècle avant JC. Comment le savoir antique est-il parvenu jusqu’en Saintonge ? Question !

Au solstice d’hiver, dans l’après-midi, la lumière frappe le chœur de l’autel d’une lumière vive. Elle se déplace ensuite sur Saint-Antoine qui devient une sorte de torche tant l’éclat peut être intense !

Au solstice, le soleil inonde Saint-Antoine de mille feux. Sa statue semble alors irradiée...
Tout objet ou être vivant se trouvant sur le parcours du rayon semble alors irradié (comme le montrent les photos faites sans trucage). Et, détail qui a son importance, il n’y a jamais d’ombre !

Le rayon du soleil est tellement puissant que les pattes arrières 
de ce chien semblent d'être dématérialisées (© Nicole Bertin)
« Pour les architectes comme pour les bâtisseurs de cathédrales, la lumière est un élément déterminant. Mortagne est un site habité de longue date. À l’époque romaine, il était situé sur l’axe de communication entre la Méditerranée et l’Atlantique. Médiolanum Santonum était proche du grand port du Fâ à Barzan. Ces grottes ont même pu être habitées par des hommes préhistoriques » explique le père Delage. Les anciens se souviennent que des silex y ont été mis au jour.

L'autel illuminé lors du solstice d'hiver. Le site est ouvert aux beaux jours, 
le week-end et pendant les vacances scolaires. Un guide, 
qui dépend de l'Evêché, se tient à la disposition des visiteurs
Ici, tout est énigme 

 Avant son occupation par les premiers Chrétiens, le site aurait-il pu être dédié à une divinité païenne, celtique ou druidique par exemple ? Rien ne le prouve, mais rien ne s’y oppose.
À l’époque romaine, y avait-il un temple consacré à la déesse Cybèle (non loin, il s’en trouve un à Aubeterre en Charente) ? Ou un culte au Sol Invictus, dieu solaire imposé par l’empereur Aurélien au IIIe siècle qui fit du 25 décembre une fête officielle ?
Le père Delage ne le pense pas en ce sens où le culte au Soleil invaincu n’a pas duré assez longtemps pour se répandre en Gaule. Un culte à Mithra, où existe une initiation avec des grades, lui semble également improbable. « Dans l’empire romain qui est immense, les religions s’entrecroisent. C’est à la fin du IVe siècle que Théodose 1er impose le christianisme. Il fait ainsi cesser les sacrifices d’animaux, qu’ils soient privés ou publics. La Gaule est alors devenue chrétienne, mais des communautés s’étaient formées antérieurement, comme à Lyon. L’église de Saintonge remonte au début du Ve siècle. Des ascètes ont dû s’installer dans ces cavités naturelles. Ausone qui sait ? À ce sujet, circulent de nombreuses légendes » ajoute le père Delage qui enseigne l’histoire des pères de l’Église au Séminaire de Bordeaux.

Selon Charles Connoué, spécialiste de l’architecture religieuse en Saintonge, la chapelle, qu’il date du IXe siècle, aurait été remaniée. « Ici, tout est énigme. Pourquoi Saint-Antoine, l’anachorète du désert, dont le culte a été peu diffusé en Gaule, est-il vénéré à Mortagne ? Quant à Saint-Martial, il était évêque de Limoges. À Mortagne, il aurait été proche d’Ausone, originaire de ce lieu et parent du célèbre poète latin dont l’une des propriétés était dans la région, "sous les murs de Saintes". En fait, nous n’avons aucune certitude sur ce qui est avancé, c’est pourquoi une étude approfondie et sérieuse doit être engagée » remarque le père Delage. D’autant que les moines quittèrent l’ermitage pendant les guerres de religion pour y revenir par la suite et que des fermiers s’y installèrent après la Révolution, le lot ayant été vendu comme bien national !

L’histoire de l’ermitage deviendra-t-elle un jour plus limpide ? Des fouilles permettraient sans doute de percer certains mystères. Rendez-vous le 22 décembre prochain pour le solstice d'hiver...

Saint-Jacques de Compostelle 

Au Moyen Âge, les eaux de l’estuaire étant plus élevées, l’accès à l’ermitage se faisait par bateau (l’autre voie était terrestre, par le plateau et l’escalier). Les moines marins proposaient leurs embarcations aux pèlerins pour rejoindre l‘autre rive. Le site majeur de passage était Blaye.

Autrement, les eaux de l'estuaire de la Gironde touchaient la falaise.
Où se trouvait la deuxième chapelle ? 

Si l’on se base sur les recherches du père Poirier (curé de Mortagne et gardien des lieux au début du XXe siècle) et selon la tradition orale, une seconde chapelle, qui a mystérieusement disparu, aurait existé à l’ermitage. En effet, dans des documents du XVIIIe siècle, il est mentionné que certains ermites sont enterrés « dans la chapelle basse de l’ermitage de Mortagne ». Et non dans le cimetière. Or, dans la chapelle que nous connaissons, n’existe qu’un tombeau et encore a-t-il été vidé de ses ossements. Aucune mention sur la et les personnes qui auraient pu y reposer ne figure sur la paroi. Où était donc cette seconde chapelle ?
Certains pensent qu’il s’agirait d’une crypte placée sous l’église actuelle ; d’autres estiment qu’elle devait être située sur le promontoire. Dans ce dernier cas, la chapelle qui se visite serait en réalité la chapelle basse… Mais où se trouveraient les fameuses sépultures ?

Outre cette chapelle, où se trouvait la seconde 
mentionnée dans des textes ? (© Nicole Bertin)
Le père Poirier avançait une hypothèse : l’entrée de cet édifice, au niveau des escaliers d’entrée, aurait été obstruée par des éboulements. Seules des fouilles apporteraient des réponses à cette délicate question. Notons que la falaise est constituée d’un calcaire friable et qu’avec le temps et les affaissements, certaines salles ont pu être comblées. Une fracture importante apparaît d’ailleurs dans la voûte de la chapelle monolithe.

Le fameux mal des ardents 

L’ermitage était connu pour guérir le mal des ardents, baptisé « feu de Saint-Antoine » qui a frappé l’Europe aux Xe et XIe siècles en particulier.
Les malades souffraient d’hallucinations et de mouvements incontrôlés. Ils étaient ensuite dévorés par un feu qui gangrenait leurs extrémités. Les membres se détachaient et le malade mourrait dans d’affreuses souffrances sans qu’aucun remède ne puisse le guérir. Pour les autorités, le responsable de tous ces maux était le Diable !
Ce n’est qu’au XVIIe siècle que le pain fait avec de la farine de seigle fut soupçonné. En 1777, après avoir administré le champignon parasite du seigle à des canards, l’Abbé Teissier démontra que l’ergot du seigle était à l’origine de cette calamité. Les boulangers étaient loin d’imaginer qu’en utilisant des céréales parasitées, ils contaminaient les villageois. Les derniers cas d’ergotisme ont été relevés dans les Pays de l’Est, dans la première partie du XXe siècle.

• Un pèlerinage avait lieu à la chapelle jusqu'à une époque récente. Il y avait foule comme le montrent des cartes postales anciennes.

• Le père Pascal Grégoire Delage : Historien de formation, le père Pascal Grégoire Delage, doyen de la paroisse de Royan, assure des cours sur les origines chrétiennes et les pères de l’Eglise au Séminaire de Bordeaux. Il anime régulièrement des colloques à Saintes et à la Rochelle. 

Photos faites avec l'aimable autorisation 
de l'Evêché de La Rochelle

La Louisiane à Royan

Jeudi 3 décembre à 15 h salle de spectacle de Royan, 
découverte de la Louisiane. 
Un souvenir de France de Jean-Louis Mathon


Louisiane… la terre du roi Louis XIV, premier empire colonial de la France. C’était sans oublier un certain Bonaparte qui cédait cet immense territoire à une jeune nation américaine en 1803. Le réalisateur J-L Mathon vous immerge aujourd’hui, au cœur de la Louisiane chez les cajuns, derniers témoins d’une histoire émouvante du premier état francophone des États-Unis d’Amérique.
Le Jazz est né dans le port de la Nouvelle-Orléans où la musique est omniprésente. Des musiques toujours vibrantes, profondes et envoutantes. Jean-Louis Mathon nous offre un voyage savoureux au cœur des bayous.
Dès l’âge de 16 ans, Jean-Louis Mathon se retrouve sur le pont des navires bourlinguant de port en port. A 22 ans, il effectue ses premiers voyages en Iran, puis en Afghanistan. Son premier documentaire fut une immersion au cœur de Londres, il poursuivra son travail en Ecosse puis Irlande, Canada et enfin Islande. Dernièrement, le conférencier nous a proposé de découvrir sa région natale à travers son film : La Loire. Aujourd’hui, il vous propose la découverte de la Louisiane.
• Billetterie et réservation : mardi, jeudi et samedi de 9h à 12h et avant la projection.

Saintes : forum bien manger, bien bouger !

La Communauté d’Agglomération de Saintes (CDA) accueille le 2 décembre prochain le forum régional « Bien Manger, Bien Bouger » en présence de Michel Chauliac, responsable et coordonnateur du Programme National Nutrition Santé (PNNS) à la Direction Générale de la Santé.
Organisé de 8 h 30 à 13 h à l’Abbaye aux Dames, ce forum initié par l’Agence Régionale de Santé du Poitou-Charentes rassemble le réseau des collectivités labellisées au titre du « Programme National Nutrition Santé ».
La CDA de Saintes est labellisée depuis 2013 pour sa politique de restauration scolaire. Lancé en 2001, le PNNS est un plan de santé publique visant à améliorer l’état de santé de la population en agissant sur l’un de ses déterminants majeurs : la nutrition.
Le programme de la matinée est le suivant :
8 h 45 Accueil des participants et mot introductif de Jean-Claude Classique, premier vice-président de la Communauté d’Agglomération de Saintes.
De 9 h 30 à 13 h, organisation de 5 tables rondes thématiques sur « la petite enfance et la nutrition », « le portage de repas à domicile », « les activités périscolaires », « l’encouragement « mobilisation des territoires ». 
13 h Bilan de la matinée par Michel Chauliac
13 h 15 Buffet préparé par les équipes de restauration scolaire de la Communauté d’Agglomération.
La politique de la CDA de Saintes en matière de restauration scolaire s’appuie sur la recherche constante de la qualité et de l’éducation au goût. Les menus sont préparés sous le contrôle de la diététicienne de l’intercommunalités pour conserver une cuisine traditionnelle, avec des produits frais, en privilégiant les circuits courts, les commerces de proximité et le bio. 
4500 enfants mangent chaque jour dans les 36 restaurants scolaires et les 9 offices de l’agglomération. Les équipes de restauration sont également associées aux projets pédagogiques dans le temps scolaire que mènent les enseignants et interviennent sur le temps périscolaire par des ateliers d’apprentissage à la cuisine.

Journée de dépistage
anonyme et gratuit du sida

Dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le service de médecine interne, maladies infectieuses et tropicales du Centre hospitalier universitaire de Poitiers propose une campagne de dépistage anonyme et gratuit les mardi 1er, mercredi 2 et jeudi 3 décembre de 8 h 30 à 18 h 30 au sein de ses consultations, au rez-de chaussée de Jean-Bernard, couloir A1, sur le site de la Milétrie.
Le sida est la forme clinique avancée et visible d’une infection au départ sans symptôme, causée par le VIH (virus de l’immunodéficience humaine). Au fur et à mesure de l’évolution de la maladie, le système immunitaire se dégrade et devient incapable de défendre l’organisme contre toutes sortes d'agressions microbiennes et contre le vieillissement des cellules.
Pour qu’il y ait contamination, il faut avoir été en contact soit par des relations sexuelles, soit par le sang, avec une personne séropositive, pas forcément malade du sida, mais porteuse du VIH. Le sida se soigne, mais on n’en guérit pas, et l’accès aux traitements progresse moins vite dans le monde que les nouvelles contaminations.
 En 2015, malgré l’offre de prévention, l’épidémie ne faiblit pas. Plus de 30 ans après la découverte du VIH, plus de 35 millions de personnes sont aujourd’hui infectées dans le monde et 1 séropositif sur 4 ignore qu’il est porteur du virus. En France, ce sont environ 150 000 personnes qui sont séropositives aujourd’hui, mais on estime que 30 000 seraient porteuses du virus sans le savoir. Or le pronostic de cette maladie s’est nettement amélioré grâce aux traitements à condition d’être pris en charge précocement et donc diagnostiqué.
Il est donc plus que jamais nécessaire d’être correctement informé de ces réalités pour mieux agir pour soi et pour les autres, et de se faire dépister !

• Pour tout renseignement : Contacter Sida info service www.sida-info-service.org 0800 840 800 (appel anonyme et gratuit)

Renée Lauribe : « plus le cours du pétrole
et les trafics d'armes baissent,
plus les attentats augmentent
en fréquence et en gravité »

Réaction de Renée Lauribe, du bureau des Radicaux de Gauche de Charente-Maritime, aux attentats du 13 novembre à Paris


Hommage aux victimes du 13 novembre (© François Huchet)
« Concernant les terroristes qui se sont faits sauter autour du stade de France car ils ont été refoulés par le service d'ordre du stade faute d'avoir un billet d'entrée, je n'y ai d'abord pas vraiment cru. Ça avait quelque chose de surréaliste : une bande de bras cassés qui veulent faire un attentat en resquillant ! On marche sur la tête ! Et puis, voyant qu'il y en avait plusieurs et qu'aucun de ceux-là n'avait réussi à pénétrer dans l'enceinte, j'ai éprouvé une sorte de soulagement. Le choc médiatique de l'attentat retransmis en direct à la télé et la panique de la foule qui aurait, elle aussi, fait des centaines de victimes supplémentaires - si leur entrée dans le stade avait été possible - m'ont glacé le sang.
Dans un premier temps, j'ai trouvé que dans notre malheur d'avoir sur notre sol, dans notre population, des assassins pareils, nous étions finalement un peu chanceux qu'ils n'aient pas complètement réussi leur coup. Puis, quand les nouvelles ont fait état de la tragédie du Bataclan, des tueries des terrasses des Xème et XIème arrondissement, un mouvement de panique m'a envahie car mon fils est étudiant à Paris et habite dans le XIème arrondissement. Et comme tous les jeunes, ça lui arrive de prendre une pizza avec des copains en fin de semaine, dans un troquet de son quartier, pour décompresser et échanger avec des amis.
 Angoisse, horreur... Je ne suis pas sûre d'avoir les mots pour d'écrire l'affolement total, brutal, irrépressible dans lequel nous étions, mon mari et moi-même, jusqu'à ce qu'enfin notre fils réponde à son téléphone. Ce soir-là, il était resté chez lui pour travailler car il avait beaucoup de "rendus" à produire pour le lundi suivant.
Au fur et à mesure que les nouvelles se précisaient, on pouvait mesurer l'étendue et la violence du massacre. Tous ces jeunes gens assassinés parce qu'ils étaient la jeunesse et la joie, parce qu'ils étaient l'avenir d'une société qui prône et qui défend comme valeurs fondamentales la liberté, l'égalité et la fraternité. On passe alors, en quelques instants, de l'incompréhension totale à la peine la plus profonde et à la révolte devant tant d'inhumanité. Comment un être humain peut-il à ce point nier l'humanité des autres avec un tel fanatisme, un tel obscurantisme ? Ces agissements sont-ils ceux d'êtres encore humains eux-mêmes ?
Bamako, Bagdad, Jérusalem, Tunis, Londres, Madrid.... ne sont que des répliques de ce séisme. Hélas prévisibles : plus le cours du pétrole et les trafics d'armes baissent, plus les attentats augmentent en fréquence et en gravité. Peut-on raisonnablement croire qu'on puisse réussir à envoyer un être sain de corps et d'esprit se faire exploser en miettes aux abords d'un stade ou d'un marché pour enrichir davantage une poignée d'hommes déjà indécemment riches ?
Alors que pour le dogme, qu'il soit idéologique, politique ou religieux, on a été capable d'envoyer des hommes combattre la tempête, la peste et le désert pour libérer le tombeau du Christ et piller l'Orient au passage !
Alors que dans le grand Reich, le pillage total de l'Europe a débuté par l'extermination totale des opposants, des fous, des juifs, des homosexuels, des tziganes... des untermenschen.
Alors qu'en Chine, la grande marche a commencé par des chaudières de train alimentées par des opposants politiques ou supposés l'être.
Alors qu'en Amérique, les natives...
Alors qu'au Cambodge les boat people...
Alors que pour accroître la prospérité ignoble de certains hommes, encore aujourd'hui, des enfants, qui n'ont pas deux chiffres à leur âge, cousent des vêtements toute la journée en Inde, portent des armes et font la guerre en Afrique, creusent des mines d'amiante en Amérique latine ou satisfont les fantasmes de certains adultes sur les trottoirs de Manille...
Tous sont des crimes contre l'humanité. Quand une société n'apprend plus à ses enfants que la haine de l'autre, la violence, l'assassinat et la certitude absolue en son dogme, elle est condamnée à la haine contre elle-même, la violence contre ses enfants, l'assassinat de ses partisans et la servitude absolue de tous ses adeptes. Les femmes et les hommes qui auront su rester libres et intègres dans cette jungle dépenseront toute leur énergie, toute leur intelligence et toutes leurs ressources pour détruire ce danger et construire une société plus juste pour leurs enfants.
Alors la France doit-elle s'attendre au pire? Oui. Alors l'Europe doit-elle s'y préparer? Oui. Alors le monde doit-il agir ? Oui. C'est possible car dans l'histoire du monde, il y a un peintre qui imprime sa main sur une grotte du Néolithique, il y a un Léonard de Vinci qui illumine son siècle, il y a un Galilée qui révolutionne la compréhension de l'univers, il y a un Schoelcher qui lutte contre l'esclavage, il y a un Pasteur qui découvre la vaccination, il y a un Gandhi qui invente la non violence...
Je suis citoyenne du monde. Je veux et je travaille, tous les jours de ma vie, pour un monde meilleur pour nos enfants. Je commence par mon jardin, ma ville et ... j'espère mon pays pour qu'ils soient plus beaux, plus justes, plus équitables, plus durables. Et nous avons besoin d'être nombreux pour contribuer, comme le petit colibri de la légende indienne à lutter contre l'incendie de la grande forêt amazonienne, et faire chacun notre part de ce grand chantier ! Non pas parce que nous sommes meilleurs, mais parce que nous n'avons pas d'alternative »...

Saintes : vive la cloche de Saint-Eutrope !

Après plusieurs mois de restauration, la cloche de St-Eutrope retrouve la salle des cloches de la basilique mardi 1er décembre. 



Ayant subi les méfaits du temps, elle s’était oxydée et avait été décrochée pour ne laisser que trois cloches en fonctionnement. La ville a alors décidé de faire restaurer cet héritage du XIXe siècle. C’est à l’entreprise Bodet, experte en horlogerie d’édifices et clochers, que cette mission a été confiée.
Dès cette semaine, cette cloche de 500 kg sonnera de nouveau dans le quartier Saint-Eutrope où la basilique est une composante du bien culturel des « Chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France » classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
• Programme de la remontée en salle des cloches mardi 1er décembre 11 h : Remise du dossier de restauration à l’élue présente (M-L. Cheminade) ; présentation de la méthode de restauration par le responsable de l’entreprise Bodet ; Questions/Réponses sur les techniques utilisées ; remontée de la cloche en salle des cloches ; fixation de la cloche et carillons.

samedi 28 novembre 2015

Violé par son beau-père, Philippe Bellenger raconte son calvaire
dans un livre "Derrière les volets"

Il en faut du courage pour raconter ces actes que la morale réprouve et qu'un silence gêné entoure généralement. Installé dans la région, Philippe Bellenger a choisi d'écrire et de décrire des situations qui le hantent depuis sa prime jeunesse. Les gestes déplacés de son beau-père, viol, violence. L'homme, aujourd'hui disparu, n'a pas répondu de ses agissements devant la justice, ou bien peu. Pourtant, il a brisé de jeunes vies.
Ce livre, paru à la Société des Ecrivains, s'intitule "Derrière les volets". Une séance de dédicace est prévue à l'espace culturel du Centre Leclerc de Jonzac le 5 décembre de 15 h à 18 h. Venez nombreux soutenir cet auteur dans sa démarche. Et ouvrir le débat. 

• Philippe Bellenger, dans ce premier livre, vous traitez de sujets gravissimes, l'inceste, le viol et la violence dont vous avez été victime et auparavant votre mère. Comment êtes-vous parvenu à libérer la parole ? 

Ce passé était trop lourd à porter. Le fait d'écrire fait prendre conscience que des situations similaires à la mienne ont toujours lieu. Avec le temps, la société s'y est habituée ou plutôt elle préfère fermer les yeux. Je veux être le témoin des enfants qui souffrent. En pareil cas, ça peut être n'importe qui, le père, le beau-père. Dans l'entourage, on ne veut pas le dénoncer pour de nombreuses raisons dont la honte parfois, la peur de représailles. En France et ailleurs, de nombreuses personnes se font violer et elles n'en disent rien.

•  Ce livre a-t-il été long à écrire ?

J'ai mis cinq ans. Pourquoi ? Parce que le fait de l'écrire déclarait des crises d'angoisse, j'avais mal d'avouer ces terribles moments. La douleur ne se guérit jamais même si j'ai suivi une psychothérapie pendant sept ans.

• Dans votre existence, le bourreau n'est autre que votre beau-père. A quel âge ont commencé ses agissements ? 

Quatre ans et demi jusqu'à 14 ans. Il avait aussi des attouchements avec ma sœur et mon frère.

• Pourquoi votre mère ne disait-elle rien ? 

Ma mère m'a juré qu'elle n'avait jamais rien vu. Toutefois, dans certains cas de violence physique à mon égard, arrivés à la limite, elle intervenait pour calmer son mari. Lequel agissait envers nous quand elle était absente…

• Quand avez-vous brisé le silence ?

A quinze ans, j'ai décidé de le dénoncer. Mon professeur de français se doutait de quelque chose et m'avait dit  "si tu veux partir, tu peux venir chez moi". Le déclic, c'est que je voyais mon beau-père faire la même chose avec mon frère qu'avec moi. Je ne supportais pas non plus sa violence : il prenait tous les motifs possibles pour me frapper, y compris devant tout le monde.

• Etes-vous resté traumatisé ? 

Tout à fait. Mal-être, humiliation, des mots et des situations que je ne supportais pas, manque de confiance, regard terrible sur la société. J'ai fait des cauchemars longtemps ainsi qu'une dépression. Aujourd'hui, je me reconstruis.

• En devant adulte, vous auriez pu devenir bourreau à votre tour ?…

Je savais que je n'étais pas pédophilie, j'ai eu cette chance. Mes enfants peuvent témoigner, ils savent que ce sont pas des enfants battus, ni malmenés.

• Quel message voulez-vous délivrez ? 

Si quelqu'un voit ou se doute de quelque chose, qu'il ne baisse pas les yeux. Il y a des gens qui ne veulent pas voir, on ne veut pas faire d'histoires dans les familles. Il faut abattre ce mur d'hypocrisie, ne pas baisser les bras, avoir la force de prévenir la gendarmerie.

• Le livre commence par les malheurs de votre mère qui, elle aussi, a été violée. Comment avez-vous obtenu tous ces détails ? 

J'ai voulu savoir la vérité. Un jour, nous avons eu une vraie conversation. Elle a fini par avouer qui était mon véritable père. Est-ce qu'une situation de viol en amène une autre ? C'est la question que je me pose. Une suite sera donné à ce premier ouvrage, la période de l'adolescence.

• Craignez-vous des réflexions désagréables ? 

Pas du tout, je prends la responsabilité de ce que j'ai écrit. J'assume tout de A à Z. Je défends ceux qui souffrent en silence, sans main tendue. Se soumettre au silence, s'obstiner à se noyer dans le regard des autres, vouloir désespérément s'oublier, s'acharner à étouffer sa douleur, activent un feu dévastateur qui nous consume jusqu'à notre mort, les quelques rescapés lambeaux de notre intégrité. Être l'acteur soumis ou un témoin silencieux d'une ignominie ne doit pas nous emprisonner indéfiniment dans nos irréfrénables peurs.

• Derrière les volets, société des Ecrivains, en vente au Centre Leclerc de Jonzac prix 18,95 euros. Copie numérique à la FNAC et Amazon


Téléthon, Cagouille de Noël :
Les rendez-vous
de l'office de tourisme de Mortagne


TELETHON

VENDREDI 04 - SAMEDI 05 DECEMBRE 


Vendredi 4 décembre 2015
Salle de l'ancien cinéma
Démonstration Judo (Club Judo)  17 H 30 19 H 30
Vente de gâteaux-Buvette-Boutique Téléthon
à confirmer Théâtre (Les baladins de l'estuaire) de 20 H à 20 H 30

• Samedi 5 décembre 2015 A PARTIR DE 10 H 
Salle de l'ancien cinéma
Départ de la marche (Les par chemins) 10 H (pour 2 H environ)
participation minimum 2€
 Installation des différents ateliers et stands
Ecoles (vente cadeaux de noël fabriqués par les enfants)
Foyer de la Charmille (vente d'objets fabriqués par les résidents)
Atelier Maquillage (Club des 400 Coups)
Vente de livres (Bibliothèque)

La dictée (M Mouseaux) commencera à 15 H Salle des écoles participation minimum 3€

Tournoi de poker (Club poker) de 15 H à 19 H à l'ancien temple participation minimum 5 € (lots pour les premiers)

Pendant la durée du téléthon, le fil rouge sera cette année la vente de fleurs en tissu afin de réaliser un ou plusieurs rideaux de porte (participation à fixer)

La buvette avec vin chaud, chocolat, crêpes, gaufres sera ouverte toute la durée du téléthon (Comité des fêtes)

Renseignements : Office de tourisme au 05 46 90 52 90

MARCHE DE LA CAGOUILLE DE NOËL

DIMANCHE 06 DECEMBRE 2015 de 9h à 18h place du stade

Ce Marché de Noël rappelle une tradition locale très ancienne qui faisait croire que pour avoir de l’argent toute l’année, on devait manger des cagouilles à Noël, mais que si l’on voulait encore devenir plus riche il était nécessaire d’en avaler une, crue, pendant la messe de minuit !
Le feu d'artifice tiré à cette occasion rappelle « le tambour des cagouilles ». C’est ainsi que l’on appelait l’orage : les escargots entendant le tonnerre, sortaient à ce moment-là de leur cachette, pressentant l’arrivée de la pluie et il suffisait alors d’aller les ramasser.
Comme chaque année, ce marché devrait remporter un vif succès. Déjà de nombreux  exposants se sont fait inscrire pour cette 11ème édition.

Animations tout au long de la journée avec des promenades en calèche avec le Père Noël, et feu d'artifice tiré à 17 h 30.

Buvette et restauration rapide sur place.

Perquisitions menées
en Charente-Maritimedans le cadre de la
mise en œuvre de l'état d'urgence

Dans le cadre de l'état d'urgence et des nouvelles dispositions législatives de la loi n°2015-1501 du 20 novembre 2015*, huit perquisitions administratives ont été menées en Charente-Maritime depuis l'application de l'état d'urgence. L'analyse des résultats de ces perquisitions est en cours. Il est rappelé qu'une perquisition administrative peut être ordonnée par le préfet en tout lieu, y compris un domicile, de jour et de nuit, lorsqu’il existe des raisons sérieuses de penser que ce lieu est fréquenté par une personne dont le comportement constitue une menace pour la sécurité et l'ordre publics.
Le procureur de la République territorialement compétent est informé sans délai de cette décision. Lorsqu'une infraction est constatée, l'officier de police judiciaire procède à toute saisie utile et en informe sans délai le procureur de la République, sous l'autorité duquel s'effectue la suite de la procédure.

* loi prorogeant l'application de la loi n°55-385 du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence et renforçant l'efficacité de ses dispositions.

La France doit-elle s'attendre au pire ?
Réactions et témoignages
après les attentats du 13 novembre

Vendredi matin, François Hollande, président de la République, a rendu aux Invalides un hommage national aux morts du 13 novembre. Il y a une semaine, en effet, la capitale vivait un véritable cauchemar. Alors que la France souhaitait faire de 2015 l'année des lumières rayonnant à travers le monde, graines que portèrent les grands philosophes précurseurs de la pensée moderne, le pays a été frappé de plein fouet par l'obscurantisme. Rien n'est jamais acquis, surtout la liberté. Ce brutal retour en arrière rappelle la fragilité des démocraties. La pensée des uns n'étant pas celle des autres, la simple différence d'appréciation peut condamner à mort.
La France se mobilise militairement et pleure ses innocentes victimes, sacrifiées au nom d'une guerre aux intérêts religieux. Officiellement du moins. Pourquoi avoir déstabilisé le Moyen Orient au nom des printemps arabes et ouvert la boite de Pandore ? Les interrogations quant à la politique étrangère française sont nombreuses, que ce soit en Syrie ou concernant nos relations avec la Russie, la Turquie et l'Iran…



A Paris, hommage aux victimes devant le Bataclan (© François Huchet)

« Quelles sont vos réactions après les dramatiques attentats de Daesh du 13 novembre à Paris et la prise d'otages du 20 novembre à Bamako ? La France doit-elle s'attendre au pire ? ». Telle est la question que nous avons posée à dix personnes dont le point commun est d'être originaires de Charente-Maritime et de Gironde. L'ensemble des clichés a été réalisé par François Huchet, photographe qu'on ne présente plus. Voici leurs témoignages. 


Place de la République à Paris



• François Huchet, photographe

Depuis des décennies, François suit l'actualité. Avec finesse et talent, tout en noir et blanc. Les événements du 13 novembre l'ont bouleversé. Armé de ses objectifs, il est parti pour Paris sur les lieux des drames. « Pas un chat dans le train » se souvient-il. Pays tétanisé. Il s'est rendu dans les quartiers martyrs, endroits qu'il connaît bien pour avoir vécu dans la capitale.
Sur place, l'émotion l'envahit. Pray for Paris. « A Charlie hebdo, on a pleuré une rédaction. Les morts du 13 novembre sont anonymes, des jeunes pour la plupart. Chacun se recueille et prie en silence ». Règnent une gravité et une paix que nul ne viendrait troubler. Place de la République, un lama tibétain égrène inlassablement les secondes. Qu'il pleuve ou qu'il vente. Assis sur le bord du trottoir, trois Musulmans clament leur incompréhension face à ces actes barbares, un message à la main. Pas besoin de paroles pour se comprendre. Les télés campent dans les parages, une quinzaine, à l'affût. 
Même tristesse au Petit Cambodge, au Carillon rue Alibert, à la Bonne Bière et Casa Nostra rue de la Fontaine au roi. Des roses ont été plantées dans les trous laissés par les impacts de balles. Et puis il y a le Bataclan, boulevard Voltaire, scène de carnage qu'il sera difficile d'oublier.
Les gens écrivent des messages, déposent des fleurs, allument des bougies. Le poids émotionnel que dégagent les photos incarne la douleur ressentie face à cette tuerie organisée. Les signes de violence sont encore présents, sang caché sous le sable et la sciure.
« Faire des photographies ne veut pas dire être voyeur, au contraire. A travers elles, je partage le drame que vit le pays. J'ai travaillé de manière frontale. La confrontation avec la réalité des faits a été pour moi une charge d'une grande intensité que je ne peux décrire avec des mots. 
Les images que j'ai faites parlent d'elles-mêmes ». Au point qu'à son retour, François en a oublié qu'il descendait à Angoulême... 
Photographe engagé et averti, François Huchet est l'un des témoins de son temps dans les bons comme les mauvais moments. Tel celui que nous traversons...

Place de la République, un lama tibétain égrène les secondes

• Jean-Philippe Beaulieu, astrophysicien
« nous avons passé des années 
de “navigation à vue”, 
nourries de bons sentiments utopiques  »

Je n’ai qu’une analyse de citoyen français, sans expertise géopolitique particulière. J’ai été très perturbé par ces attentats qui se sont passés dans des lieux que je connais bien. 130 personnes qui étaient juste heureuses de vivre, abattues un vendredi soir à Paris, pour dire “mort à la vie”. Nous sommes dans une nouvelle ère. En ce qui concerne le sang et les larmes, j’ai bien peur que nous ne soyons qu’au début.
En temps que citoyens, il faut être vigilants sans être paranoïaques, soutenir et saluer le travail des forces de l’ordre et des forces spéciales. Il faut aussi célébrer ces citoyens anonymes qui ont offert de l’humanité au péril de leur vie.
A l’échelon de l'Etat, j’ai eu une certaine impression que nous avons passé des années de “navigation à vue”, nourries de bons sentiments utopiques et déplacés. Remplacer des dictateurs laïcs par des zones de chaos total livrées à des dictateurs Islamistes me semble être le plus grand échec de ce début de XXIème siècle.
En France, nous devons rester dans le cadre de l’Etat de droit et ne pas abandonner nos valeurs, même en combattant ces intégristes. Au niveau international, il faudra faire preuve de pragmatisme en Syrie (coalition contre Daesh). Si Daesh est écrasé par cette coalition, on peut présager que rapidement, des sous-entités se formeront. Nous allons devoir vivre longtemps avec ce type de menace, je le crains…
Bref, une inquiétude pour l’avenir, mais nous n’allons tout de même pas donner à ces barbares ce qu’ils veulent. Continuons à vivre et n’oublions pas les 130 victimes. Des gens comme nous.



Le Bataclan et cette inscription : la liberté est un monument indestructible...


• Jean-Michel Méchain, 
ancien colonel de gendarmerie : 
« Sur la réaction du monde politique, 
c’est le bal des faux culs »

Sur la survenance de l’événement, je ne suis pas surpris, je l’ai déjà dit, écrit et répété. En bonne logique de guerre subversive, la saturation des moyens, qui montrerait les limites définitives de nos capacités de réaction, devrait être la prochaine étape. Il s’agirait donc, pour ces malades, de réaliser une opération  « simultanée » sur les grandes agglomérations et/ou les moyens de transport collectifs. Ils en ont les moyens car « leurs troupes » sont prêtes pour agir.
Sur la réaction opérationnelle, je ne peux que reconnaître le dévouement et la compétence des forces d’intervention, de secours et médicales. Dans le même temps, nous étions à saturation ce qui en dit long sur notre capacité réelle à faire la « guerre » dont les Politiques  parlent.
Sur nos capacités de renseignements, c’est un échec relatif. L’amont de l’événement est calamiteux. L’aval est une réussite. Entre les deux, il y a 130 morts et 80 estropiés ou traumatisés, c’est un drame atroce. On est minable.
Sur la réaction de l’Exécutif, elle est bonne dans la forme et sur le fond. Elle est conforme au possible immédiat. Dans le même temps, il faut le rappeler,  il récolte d’une façon tragique « les  dividendes de la paix » chers à ce M. Fabius. Politiquement, il est définitivement idéologiquement mort.
Sur la réaction du monde politique, c’est le « bal des faux culs » en majesté. Tous ces aimables plaisantins, qui se pavanent avec suffisance et se nourrissent sur le dos des citoyens, sont  devenus amnésiques ou pensent que reconnaître leurs erreurs les blanchit. C’est absolument insupportable. Si la France est dans la situation actuelle, c’est parce que Droite et Gauche ont conduit une politique de gribouille en matière européenne, de démagogie et d’inconséquence en matière sociétale. Enfin, tous sans exception ont sacrifié l’outil de défense sur l’autel d’une générosité électoraliste soumises aux injonctions de penseurs irresponsables… vendant leurs mythes et leurs phantasmes au point d’oublier la réalité du monde dans lequel nous vivons.
Sur la réaction des intellectuels, ils sont morts.
Sur la réaction de « la communauté musulmane », je ne connais pas de « communauté » en France et je ne veux pas en connaître. Seul le citoyen compte à mes yeux.
Sur la réaction des représentants de la religion musulmane, ils ne sont pas crédibles. D’ailleurs, j’irai beaucoup plus loin : je ne crois pas que la religion musulmane soit compatible avec la République. La volonté de créer un islam dit « moderne » est une illusion et n’a d’ailleurs théologiquement aucun sens. C’est faire preuve de tolérance que de dire cela. Poser ce principe de réalité ne signifie aucunement avoir le moindre mépris pour ceux qui croient au Coran. Il faut nommer les choses.
Demain exige une réaction qui engage totalement notre manière de vivre et penser, particulièrement pour les plus jeunes, et la fin des illusions de la post modernité. Cette déconstruction rendue indispensable prendra du temps, elle exigera du sang et des larmes. Ceux qui nous agressent ont, en effet, un avantage décisif aujourd’hui sur nos sociétés : ils n’ont rien à perdre.



La Bonne Bière, rue de la Fontaine au Roi. La violence des impacts se passe de commentaires


• Didier Catineau, écrivain et journaliste : 
« Rester attentif et non attentiste »

Ma première réaction à cet événement fut la sidération (littéralement) qui s’empara de moi. Beaucoup a été dit sur cette horreur, certes. J’ai eu l’impression d’être très seul et de nombreux Français avec moi face à cet événement. Ce ne sont pas tous ces drapeaux nationaux brandis par le monde entier qui y changent grand-chose. Cette solitude est mêlée d’incompréhension et surtout d’une avalanche de questions dont je n’ai pas les réponses. On connait les méfaits de la religion, on connait les prêches dévastateurs de certains imams, on sait que des attentats étaient à redouter ….
Qu’a-t-on retenu des événements de janvier dernier ? Toutes ces perquisitions subites en si peu de temps n’auraient-elles pas pu se faire dès le début de l’année ? Et cette décision quasi unanime de nos parlementaires et du gouvernement de décréter un état d’exception de trois mois me dit que toutes les libertés auxquelles, en tant que Français je suis plus qu'attaché, sont mises en pièce. Les lois anti-terroristes déjà promulgués ne suffisaient donc plus ? Beaucoup de questions donc et bien peu de réponses car nous restons dans l’urgence et la sidération.
La France paie son engagement dans des pays comme le Mali avec ses effets mortifères comme cette prise d’otage dans un hôtel de la capitale malienne. Mais faut-il pour cela sombrer dans la peur, la terreur ? Je ne le crois pas. Il n’y a jamais eu d’insouciance dans ma vie, mais ce que je peux dire à présent, c’est que mon attention au quotidien est aiguisée sans pour cela sombrer dans la psychose. Rester attentif et non attentiste. Ne rien attendre, mais rester éveillé me semblent être les actions prioritaires à adopter.
Il est trop tôt encore pour prendre du champ, du recul. Ce que je puis assurer avec force, c’est que ce changement majeur qui affecte notre civilisation occidentale et ses valeurs n’atteindra son but de destruction que si nous, Français, nous faisons semblant de ne pas y porter toute l’attention nécessaire. Soyons vigilants avant toutes choses et surtout n’oublions pas notre humanité.
« Il y a sur cette terre des gens qui s’entretuent ; c’est pas gai, je sais. Il y a aussi des gens qui s’entrevivent. J’irai les rejoindre » Jacques Prévert.
Faisons notre choix ! 



Priez pour Paris...
Message laissé sur les murs par Yosh

James Poirier, 
retraité de la fonction publique 
« Le lieu de la guerre n'est pas la Syrie, 
c'est la France. Nos vieilles valeurs 
et nos jeunes morts sont ici, pas là-bas »

Amis, un seul mot d'ordre : survivez ! Ouvrez l'œil, tendez l'oreille, flairez l'ennemi.
La sale gueule n'est pas un délit, c'est un indice parmi d'autres. Le terrorisme n'existe pas, car nous ne sommes pas terrorisés.
Le conflit qui commence n'est pas une guerre civile, c'est une guerre d'indépendance.
Le lieu de la guerre n'est pas la Syrie, c'est la France.
Nos vieilles valeurs et nos jeunes morts sont ici, pas là-bas.
Hollande fait en Syrie des gesticulations dérisoires qu'il appelle « la guerre ». A grands frais, les avions français bombardent, loin de chez nous, des champs de ruine et de désert d'où les ennemis armés ont fui, avertis par le discours public. Hollande se rengorge et se grise tout seul avec le mot « guerre ». Il croit que c'est bon pour sa com. D'ailleurs, des téléspectateurs et des sondés le trouvent « bon ». La société du spectacle et de la sonde fonctionne encore, mais c'est la fin. Cambio de tercio, comme on dit en tauromachie.
Le matin Winnie l'Ourson est « impitoyable », il fait la guerre ; l'après-midi il déclare que la France « répond à la violence par la fraternité ». Pas bête, Winnie, ça lui fait des points dans les sondages.
Vraiment, là, on sent que la France est gouvernée...
 Les citoyens conscients de la situation trouvent Hollande-Valls-Fabius lamentables, comme leurs prédécesseurs Sarkozy-Juppé qui ont « fait la guerre » en Lybie, quand l'évident intérêt de la France était de consolider les régimes laïques aussi bien en Irak, en Tunisie, en Egypte, en Libye, tout comme en Syrie et au Liban...  Ces gouvernants style BHL ont juste oublié de défendre la France.
Notre politique extérieure, c'est la sauvegarde de "nos" intérêts et rien d'autre.
Au lieu de cela, contractant des alliances ahurissantes, nos dirigeants sous influence ont agi contre les intérêts vitaux de la France, se risquant à faire de la police politique hors de nos frontières, voulant soi-disant « punir » tel vilain dictateur, alors qu'ils agissaient pour d'obscurs intérêts. D'abord de quel droit ? Ensuite, pour quel bénéfice côté français ?
Le bénéfice, on l'a vu au Bataclan. C'est ce que l'on appelle de la haute trahison. Notre nation n'est pas née d'hier. Notre constitution et nos lois ont sagement prévu dans la sérénité les situations extrêmes que nous vivons aujourd'hui dans la sidération. Mais on passe très vite de la sidération à la considération des réalités.
Les jeunes de France ont commencé. Par milliers, ils veulent s'engager dans l'armée. Tiens, tiens... Normal, au Bataclan et dans les rues, ce sont eux qui étaient visés. Déjà, 17000 vont être recrutés comme soldats en 2015, c'est-à-dire dans le mois qui vient. 17000 bien motivés, merci. On parle de 16.000 en 2016, en tenant compte des « contraintes budgétaires », comme on dit.

Or, c'est oublier ce qu'est une économie de guerre. Les contraintes de papier vont voler comme feuilles au vent. L'économie qui, aujourd'hui, prétend tout gouverner va retourner à la place qui est la sienne, c'est-à-dire au rang le plus subalterne. L'intendance c'est ce qui suit, ce n'est pas ce qui précède. La politique n'est pas l'économie. Ceux qui ont cru le contraire vont vite réapprendre ce qui  gouverne un pays en temps de guerre. Ils vont redécouvrir ce que sont les réquisitions dans l'intérêt de la patrie. Les moyens ne manquent pas, l'Etat n'a qu'à se servir.

Encore un attentat sanglant en France, et la semaine suivante, ce ne sont pas 17000 jeunes qui voudront combattre, mais des centaines de milliers. A ceux-là, l'Autorité publique pourra de moins en moins parler de « contraintes budgétaires ». D'ailleurs, à ce moment-là, il n'en sera même plus question. Alors, quand l'état-major de nos armées le jugera nécessaire, il pourra lever sans délai une armée de 500.000 hommes et femmes au cœur brave, autant qu'il voudra en fait.

Les soldats de l'An II c'était hier, et c'est demain. Nous, Français et Européens, sommes les héritiers d'une très longue histoire guerrière. L'invasion barbare, on connaît. La violence organisée, on connaît. La fureur et la discipline, on connaît. Dans l'Histoire, nous, Français, Anglais, Espagnols, Portugais, Allemands, détenons pour toujours la médaille d'or des étripages en règle.
Nous vivons en paix, pleins de bons sentiments, apparemment assoupis sur notre prospérité, mais il ne faut pas venir nous faire des agaceries à domicile. Le sol de la patrie est sacré, notre sang aussi est sacré. Que l'un soit versé sur l'autre, et renaissent aussitôt les réflexes antiques qui nous ont maintes fois transfigurés dans l'Histoire.

Le terrorisme n'existe pas.
Il n'y a en circulation que de lâches criminels, tueurs par surprise de civils désarmés. Nous les éliminerons. La guerre sera faite aussi à ceux qui les aident à se dissimuler. Comme dans toutes les guerres, il faudra choisir son camp : ou bien avec nous, ou bien contre nous, ce sera la seule alternative. Ce n'est plus la guerre d'Algérie, c'est la guerre de France. Cela veut dire que, sur notre sol, le combattant qui sera comme un poisson dans l'eau, ce sera le Français. Les portes lui seront ouvertes, les soutiens et les renseignements lui seront acquis. Sera considéré comme Français, toute personne de nationalité française qui aura pris parti aux côtés de l'armée française. L'autre camp sera le camp ennemi, et traité comme tel.

La question des Français musulmans ne se pose même pas puisqu'elle reçoit la réponse générale : avec nous ou contre nous. Il ne pourra pas y avoir de double allégeance. C'est là que l'intégration deviendra lisible au grand jour ; elle impliquera un choix, avec toutes ses conséquences.
Si, pour certains, ce choix s'avère impossible - et on peut l'imaginer - alors il faudra renoncer à vivre en France. On ne peut pas être Français, habiter en France et soutenir le camp ennemi. Les trois en même temps, c'est impossible. Il faudra que chacun s'interroge sur sa vraie préférence.
Et c'est à l'heure du choix qu'on verra que la nature humaine a de grandes ressources. Mis au pied du mur, chacun ira tout naturellement vers ce qu'il préfère vraiment. C'est la vie. Et ce ne sera pas un drame !
Mourir au Bataclan, ça c'était un drame. Renoncer à un mode de vie, c'est encore la vie.


Assis sur le trottoir, trois Musulmans délivrent un message d'apaisement


• François Julien Labruyère, ancien directeur de l'Académie de Saintonge
« De jeunes Français manifestement frustrés 

et totalement paumés, souffrent 
d’un évident malaise »

En période d’émotion comme celle que nous vivons actuellement et qu’à l’évidence je partage, il est toujours difficile de répondre sereinement à des questions comme celles que vous posez.

A part l’émotion très vive que j’ai ressentie, j’essaie d’y comprendre quelque chose car je dois dire que ni les commentaires des médias, ni les discours officiels ne me convainquent. Tout d’abord, je n’aime pas le mot « guerre » dont tout le monde semble se réjouir. Parce que je ne le trouve pas du tout adapté à la situation. Il est le mot qui certainement plaît aux islamistes de Daesh. Il est celui qu’ils attendaient. Qu’un président de la République le prononce m’apparaît en effet comme la réponse idéale que souhaitait Daesh !
Tout le monde sait que même avec une coalition unique, élargie à la Russie, on en restera aux bombardements dont les effets laissent dubitatifs et que les pays principaux directement intéressés à la question, c’est-à-dire ceux qui entourent la Syrie et l’Irak, ne feront rien de significatif de peur d’enflammer toute la région, côté chiite et côté sunnite. Il est impossible d’intervenir de l’extérieur dans une guerre de religion. Plus les "croisés" russo-occidentaux le feront, plus ils rendront méfiants l’ensemble des pays de la région. Et à la fin, ils échoueront (cf. Afghanistan, Irak, Syrie et Lybie).
Le problème dure depuis le traité de Sèvres (1920) qui n’a pas résolu le démantèlement de l’empire ottoman : échec vis-à-vis des Kurdes, les éternels dindons de la farce, découpage artificiel de la région pour plaire aux Anglais et aux Français, sans parler de la naissance de la problématique largement conflictuelle de l’existence d’Israël – accentuée par ses positions de plus en plus extrêmes.
Depuis Sèvres, à chaque occasion, les Russo-Occidentaux ont visé au plus court terme, sans se rendre compte de la précarité dans laquelle ils enfonçaient peu à peu l’ensemble du Moyen Orient. La caricature la plus étonnante de cet aveuglement ayant été le mensonge éhonté de Bush-Blair concernant les armes de destruction massive de Saddam Hussein ! On en paie le prix car les patrons de Daesh sont nés directement de ce mensonge.

Certes, ces réflexions géopolitiques doivent être prises en compte si on veut éviter une guerre de Cent Ans dont personne ne peut deviner l’issue car l’épuisement psychologique des nations occidentales est leur point le plus faible (voir Vietnam).
Mais pour moi, elles ne vont pourtant pas à l’essentiel. Et l’essentiel, c’est que de jeunes Français – et d’autres jeunes russo-européens – manifestement frustrés et totalement paumés, souffrent d’un évident malaise. De plus en plus rejetés par une société englobante qui ne s’occupe d’eux qu’en discours (la « politique de la ville » dotée de budgets ridicules !) et qui focalise ses propres angoisses de crise à travers la montée de populismes à mon sens de plus en plus dangereux car de plus en plus auto-centrés. Ces jeunes se tournent vers ce qu’ils croient être un idéal réconfortant : devenir un héros, un martyr, qui plus est une icône dont va parler la télé en boucle, voilà où me semble se situer le vrai problème de fond.
Notre responsabilité y est énorme. Particulièrement en France et en Belgique où sont regroupés la majorité des émigrés maghrébins francophones frappés par des taux de chômage dépassant toutes les mesures.
Voilà ce qui me trouble beaucoup plus que les fantasmes géopolitiques qui agitent tout le monde. Qu’on se rappelle les émeutes urbaines de 2005, qu’on se rappelle les grossières erreurs qui se sont succédé depuis en matière d’organisation policière et judiciaire, qu’on se rappelle nos querelles politiques, minuscules et hypocrites, qui retiennent l’attention de tous comme une sorte de comédie de boulevard du plus bas niveau, tout cela est le signe de notre aveuglement collectif à envisager de réels efforts budgétaires pour les banlieues que tout le monde a tendance à fuir, pour que la police, la justice et ses prisons, ainsi que l’école et les logements sociaux retrouvent leurs statuts d’antan.

Face à ce laisser-aller collectif auquel j’ai participé, peut-être même plus qu’un autre en raison de mes anciennes responsabilités professionnelles, mon émotion confine à la honte.



Rue de la Fontaine au Roi
Devant le Petit Cambodge et le Carillon



• Bernard Mounier, journaliste de télévision
« Luttons pour plus de culture »

Je suis très éprouvé par l’attentat de Bamako, une ville où j’ai de nombreux amis.
Que ce soit à Paris ou à Bamako, soutenons le combat contre l’intolérance, l’obscurantisme, la xénophobie, le fanatisme, d’où qu’ils viennent. Luttons pour plus de culture, d’éducation, de bien-être social, au profit de tous.
Ce sont des mots ? Passons aux actes, et le pire sera écarté.



Place de la République, recueillement et profonde tristesse

• Jean-Paul Négrel, ingénieur retraité
« Allons-nous tomber dans le piège terrible 
que nous tend Daesh ?»

Nous avons eu tous les récits, témoignages, supputations, analyses, images, de ce qui, cette fois, s'est déroulé non pas au loin, mais chez nous, pour venir endeuiller notre quotidien. Et celui du pays ami qu'est le Mali .
Comment réagir devant la tragédie engendrée par un fanatisme haineux, totalement arbitraire et crétin qui dépasse absolument notre logique et notre entendement? Quels sont les périls qui nous guettent ?
Paradoxalement, la lutte contre ce type de terrorisme ne risque-t-elle pas de lui fournir l'opportunité de le voir se fortifier et s'étendre ? Cette lutte mal entreprise, mal comprise, ne risque-elle pas notamment d'amplifier l'exclusion d'une jeunesse qui l'est déjà en partie , et dont, semble-t-il, une petite frange est d'ores-et-déjà fascinée par les sirènes perfides du djihadisme, et extraordinairement séduite par l'éventualité et la promesse du sacrifice suprême ? Cette exclusion, la misère, le chômage, ne constituent-ils pas un riche terreau sur lequel peut s'épanouir et se fortifier une telle radicalisation ? Le recrutement terroriste n'est-il pas de cette façon assuré ?

Dans l'état d'urgence dans lequel nous nous retrouvons actuellement, comment préserver le fragile équilibre entre maintien de l'ordre public et préservation des libertés publiques ? Tout excès par avance opportunément justifié, ne risque-t-il pas de s'intensifier, se pérenniser, ou se retrouver dans les mains dangereuses d'un pouvoir politique extrémiste malheureusement toujours envisageable ?

Allons-nous tomber dans le piège terrible que nous tend Daesh, à savoir la stigmatisation, la mise en accusation de nos concitoyens et compatriotes de confession musulmane ? Communauté religieuse importante dans notre pays. Communauté très majoritairement paisible.
Daesh ne rêve-t-il pas de déclencher ainsi une guerre civile chez nous en dressant les uns contre les autres ? Car les extrémistes des deux bords ne sont-ils pas déjà à l'affût ? La haine n'appelle-t-elle pas malheureusement la haine ?

N'avons-nous pas à notre disposition les valeurs de notre République nous permettant d'éviter tous ces dangereux écueils ? A savoir les valeurs de la laïcité, de la fraternité, de la tolérance mutuelle... Et de l'intelligence citoyenne ?



Les télévisions, place de la République
Devant le Carillon

• Jean-Pierre Boutet, conseiller municipal 
de Saintes : « La démocratie et l'esprit républicain ne se décrètent pas, ils se vivent »

Les événements à Paris, St-Denis ou Bamako ont provoqué des attitudes marquées : solidarité entre la population française et une majorité de la classe politique ( à quelques couacs près) et utilisation des faits par le Front National qui s'embourbe dans un dogmatisme honteux. Une grande partie de la planète s'est montrée également solidaire. La peur du danger est partout . Le président de la République et le gouvernement ont su se montrer à la hauteur des événements. Malheureusement, on constate forcément de la récupération idéologique, ne serait-ce que sur le plan local : J.P. Machon veut armer la police municipale de Saintes. Que fera t'elle face à des enragés largement plus entraînés qu'eux !
Bientôt, le grand rendez-vous de la COP 21 nous apportera une image de la cohérence des puissants de ce monde... Je demande à voir. Enfin, la démocratie et l'esprit républicain ne se décrètent pas mais se vivent : combien de votants aux élections régionales ? Souvenons-nous de la piètre participation aux élections qui ont suivi les événements de janvier. J'espère... mais mon optimisme sur la durée de cette chaîne d'union demeure modéré.



L'établissement Casa Nostra

• Françoise Barbin Lécrevisse, 
auteur culinaire
« C'est aux Musulmans de régler 
le problème avec les islamistes »

La montée du terrorisme, et plus précisément de cette question des djihadistes, s'est mise en place depuis longtemps. L'état islamique n'a pas attendu les frappes en Syrie pour viser la France et d'autres pays. S'il y avait eu moins d'angélisme, de politiquement correct et d'appels au "pas d'amalgame", sans doute y aurait-il eu moins d'attentats tragiques. Il n'y a pas d'islamistes sans Islam. Alors, oui, d'accord, pas d'amalgame, d'autant plus que le Coran ne profère pas tout à fait ce que font les islamistes, mais dans ce cas, c'est maintenant aux Musulmans de régler le problème. S'ils ne le font pas, on peut légitimement se poser des questions et s'attendre au pire. Mais... tout ceci n'est pas politiquement correct !

La devise de Paris : le bateau est battu par les flots, mais ne coule pas
Nos pensées sont dédiées à toutes les victimes de l'intégrisme de par le monde
Les USA ont été touchés par les attentats. Que l'esprit de la liberté l'emporte sur l'obscurantisme.
• Renée Lauribe, bureau des PRG 17 : 
« plus le cours du pétrole et les trafics d'armes baissent, plus les attentats augmentent 
en fréquence et en gravité » 

« Concernant les terroristes qui se sont faits sauter autour du stade de France car ils ont été refoulés par le service d'ordre du stade faute d'avoir un billet d'entrée, je n'y ai d'abord pas vraiment cru. Ça avait quelque chose de surréaliste : une bande de bras cassés qui veulent faire un attentat en resquillant ! On marche sur la tête ! Et puis, voyant qu'il y en avait plusieurs et qu'aucun de ceux-là n'avait réussi à pénétrer dans l'enceinte, j'ai éprouvé une sorte de soulagement.
Le choc médiatique de l'attentat retransmis en direct à la télé et la panique de la foule qui aurait, elle aussi, fait des centaines de victimes supplémentaires - si leur entrée dans le stade avait été possible - m'ont glacé le sang. Dans un premier temps, j'ai trouvé que dans notre malheur d'avoir sur notre sol, dans notre population, des assassins pareils, nous étions finalement un peu chanceux qu'ils n'aient pas complètement réussi leur coup.
Puis, quand les nouvelles ont fait état de la tragédie du Bataclan, des tueries des terrasses des Xème et XIème arrondissement, un mouvement de panique m'a envahie car mon fils est étudiant à Paris et habite dans le XIème arrondissement. Et comme tous les jeunes, ça lui arrive de prendre une pizza avec des copains en fin de semaine, dans un troquet de son quartier, pour décompresser et échanger avec des amis. Angoisse, horreur... Je ne suis pas sûre d'avoir les mots pour d'écrire l'affolement total, brutal, irrépressible dans lequel nous étions, mon mari et moi-même, jusqu'à ce qu'enfin notre fils réponde à son téléphone. Ce soir-là, il était resté chez lui pour travailler car il avait beaucoup de "rendus" à produire pour le lundi suivant.
Au fur et à mesure que les nouvelles se précisaient, on pouvait mesurer l'étendue et la violence du massacre. Tous ces jeunes gens assassinés parce qu'ils étaient la jeunesse et la joie, parce qu'ils étaient l'avenir d'une société qui prône et qui défend comme valeurs fondamentales la liberté, l'égalité et la fraternité. On passe alors, en quelques instants, de l'incompréhension totale à la peine la plus profonde et à la révolte devant tant d'inhumanité. Comment un être humain peut-il à ce point nier l'humanité des autres avec un tel fanatisme, un tel obscurantisme ? Ces agissements sont-ils ceux d'êtres encore humains eux-mêmes ?
Bamako, Bagdad, Jérusalem, Tunis, Londres, Madrid.... ne sont que des répliques de ce séisme. Hélas prévisibles : plus le cours du pétrole et les trafics d'armes baissent, plus les attentats augmentent en fréquence et en gravité. Peut-on raisonnablement croire qu'on puisse réussir à envoyer un être sain de corps et d'esprit se faire exploser en miettes aux abords d'un stade ou d'un marché pour enrichir davantage une poignée d'hommes déjà indécemment riches ? Alors que pour le dogme, qu'il soit idéologique, politique ou religieux, on a été capable d'envoyer des hommes combattre la tempête, la peste et le désert pour libérer le tombeau du Christ et piller l'Orient au passage ! Alors que dans le grand Reich, le pillage total de l'Europe a débuté par l'extermination totale des opposants, des fous, des juifs, des homosexuels, des tziganes... des untermenschen. Alors qu'en Chine, la grande marche a commencé par des chaudières de train alimentées par des opposants politiques ou supposés l'être. Alors qu'en Amérique, les natives... Alors qu'au Cambodge les boat people... Alors que pour accroître la prospérité ignoble de certains hommes, encore aujourd'hui, des enfants, qui n'ont pas deux chiffres à leur âge, cousent des vêtements toute la journée en Inde, portent des armes et font la guerre en Afrique, creusent des mines d'amiante en Amérique latine ou satisfont les fantasmes de certains adultes sur les trottoirs de Manille...
Tous sont des crimes contre l'humanité. Quand une société n'apprend plus à ses enfants que la haine de l'autre, la violence, l'assassinat et la certitude absolue en son dogme, elle est condamnée à la haine contre elle-même, la violence contre ses enfants, l'assassinat de ses partisans et la servitude absolue de tous ses adeptes. Les femmes et les hommes qui auront su rester libres et intègres dans cette jungle dépenseront toute leur énergie, toute leur intelligence et toutes leurs ressources pour détruire ce danger et construire une société plus juste pour leurs enfants.
Alors la France doit-elle s'attendre au pire? Oui. Alors l'Europe doit-elle s'y préparer ? Oui. Alors le monde doit-il agir ? Oui. C'est possible car dans l'histoire du monde, il y a un peintre qui imprime sa main sur une grotte du Néolithique, il y a un Léonard de Vinci qui illumine son siècle, il y a un Galilée qui révolutionne la compréhension de l'univers, il y a un Schoelcher qui lutte contre l'esclavage, il y a un Pasteur qui découvre la vaccination, il y a un Gandhi qui invente la non violence...
Je suis citoyenne du monde. Je veux et je travaille, tous les jours de ma vie, pour un monde meilleur pour nos enfants. Je commence par mon jardin, ma ville et ... j'espère mon pays pour qu'ils soient plus beaux, plus justes, plus équitables, plus durables.
Et nous avons besoin d'être nombreux pour contribuer, comme le petit colibri de la légende indienne à lutter contre l'incendie de la grande forêt amazonienne, et faire chacun notre part de ce grand chantier ! Non pas parce que nous sommes meilleurs, mais parce que nous n'avons pas d'alternative »...