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dimanche 22 novembre 2009
• Copenhague :
Mobilisation en pays royannais !
Deux dates à retenir : vendredi 27 novembre et samedi 12 décembre
Pourquoi ? Du 7 au 18 décembre 2009, la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique se tiendra à Copenhague. Réchauffement climatique, épuisement des énergies fossiles et justice sociale doivent être pris en compte ensemble. Des associations et des ONG se sont réunies autour d’un appel : « ultimatum climatique justice sociale ». Il appartient en effet à la société civile de faire pression pour que les décisions prises soient à la hauteur des enjeux en terme d’environnement, mais aussi, économique et social. Car ces trois dimensions sont indissociables. À défaut, nous signerions pour la poursuite d’un développement qui n’aurait rien de durable, qui resterait inégalitaire entre les pauvres et les riches, le Nord et le Sud. Il appartient à chacun de prendre conscience des limites de notre système et de penser à notre avenir pour bâtir une société plus juste.
C’est dans ce contexte que des associations du pays royannais (ATTAC, la Ligue des droits de l’homme, Une pointe pour tous) en partenariat avec la Confédération paysanne et Europe Écologie ont décidé de porter ce débat auprès des Royannais. Où ? Quand ? Comment ? au Palais des congrès de Royan (entrée libre) vendredi 27 novembre, nous invitons la population à participer aux conférences et débats pour s’informer, échanger, débattre…
• Première conférence/débat (18/20 h) : « Défis alimentaires et respect de la planète : utopie ou espoir ? » avec Benoît Biteau (paysan bio de Sablonceaux, Confédération paysanne) et Alain Gioda (Hydrologue, Univ. de Montpellier, Europe écologie).
• Deuxième conférence/débat (21/23 h) : « Construire ensemble l’économique, le social et l’environnemental » avec Marc Seminel (animateur Environnement Développement durable à la LDH) et Jean-Marie Harribey (Économiste, co-président d’ATTAC).
À ne pas manquer : à 18 h et 20 h, projection du film « Tous à Copenhague : ultimatum climatique » sur les enjeux du réchauffement climatique et de la fin des énergies fossiles.
Encas et apéro bio entre 20 et 21 h
• samedi 12 décembre, nous invitons les citoyens du pays royannais à venir nombreux, marcher ou rouler (vélo, trottinette, patins) pour une manifestation pacifique, en même temps que des millions de personnes dans le monde. Départ 14 h 30 de la patinoire de la grande Conche (port) à Royan.
Saintes :
Une œuvre de Corot
adjugée 51000 euros
La vente aux enchères organisée à l’Abbaye aux Dames par J.R. Geoffroy et Y. Bequet, commissaires priseurs, a créé quelques “jolies“ surprises…
Samedi après-midi à Saintes. Catalogues à la main, les participants, qu’ils soient spécialistes ou simples amateurs, attendent le coup de cœur ou de la pièce qui constituera un investissement.
245 tableaux sont mis aux enchères dont un dessin du célèbre Jean Baptiste Corot. Le numéro 13 retient toute l’attention ! Son estimation se situe entre 6000 et 8000 euros.
Les acheteurs se pressent, tant dans la salle qu’au téléphone. La bataille est rude car les grandes galeries parisiennes n’entendent pas rester sur la touche. Via les portables, elles croisent le fer pour s’incliner devant un collectionneur allemand. Résultat de cette course âprement disputée : 51 000 euros pour ce personnage si tranquillement adossé à un rocher en forêt de Fontainebleau, vers 1835. Que son acquéreur soit galeriste ou particulier, une chose est sûre : il voulait cette plume et lavis sur trait de mine de plomb.
« Nous avions plusieurs personnes au téléphone. Il s’agissait de gens sérieux qui connaissent bien le marché. Corot est un maître, une signature. Que les enchères aient grimpé était prévisible » souligne J.R. Geoffroy qui ajoute : « En période de crise, la cote des grands artistes se maintient et va plutôt vers le haut. Le fossé se creuse entre les pièces exceptionnelles et celles qui sont plus courantes ».
Les toiles de l’atelier Valès ont, elles aussi, remporté un beau succès. Lors de la dernière “édition“, était proposée la période orientale de l’artiste au Maroc. Cette fois, le choix était varié : aux scènes d’Afrique du Nord, s’ajoutaient des peintures régionales avec des paysages de l’Île d’Oléron, Parthenay ou de la Tremblade.
Parmi les tableaux qui ont réalisé des prix intéressants - sans pour autant concurrencer Corot - se trouvent un "nu à l’éventail" de Paul Elie Gernez, provenant du Musée du Petit Palais de Genève (9 800 euros) ; une toile de Charles Atamian (4 500 euros) ; “la chasse aux loups“ d’Olivier Charles de Penne (5 000 euros). En ce qui concerne le mobilier, une superbe pendule Directoire, symbolisant l’Afrique, a atteint 23 000 euros et l’une des tapisseries (Bruxelles) 6000 euros.
Cette rencontre, animée, s’est terminée tard dans la soirée. Et pour cause, les enchères prennent du temps et J.R. Geoffroy ne compte plus ses coups de marteau ! Le prochain rendez-vous est fixé le 12 décembre à l’hôtel des ventes de Royan. Seront proposés du mobilier (commodes, meubles régionaux), des horloges, des tableaux et des bijoux.
Photos de cette vente qui a attiré un large public.
• La richesse des ventes démontre que la source artistique française ne se tarit pas. En effet, la France est une mine d’or quant au patrimoine culturel des XVIIIe, XIXe et XX siècles.
• Autour de J.R. Geoffroy, on notait la présence de Philippe Ravon (expert) assisté de Christine Chaton, Geneviève Baume (expert en bijoux), Stéphane Girardot (expert en horlogerie ancienne), Daniel Grenier (expert en dessin), Pierre Yves Machault (expert en tapisserie).
• Si les tableaux ont trouvé des acquéreurs, les bijoux ont quelque peu été boudés…
Samuel Champlain :
Explorateur,
sans jamais avoir été Gouverneur…
Vendredi dernier à Brouage, La Nouvelle France était à l’honneur avec la présentation de l’ouvrage de Christian Morissonneau, intitulé “Le rêve américain de Champlain” paru aux éditions Hurtubise.
Christian Morissonneau voue une grande admiration à Samuel Champlain. La parution de son nouvel ouvrage coïncide avec deux dates importantes : le 400e anniversaire du passage de Champlain dans la vallée du Richelieu en 1609, événement qui détermina notamment les alliances franco-amérindiennes et le 250e anniversaire de la bataille de Québec dans les plaines d’Abraham.
L’universitaire québécois a fait de minutieuses recherches afin d’offrir aux lecteurs des détails inédits sur la vie de ce soldat aventurier, né à Brouage aux alentours de 1570. Pour l’auteur, il est aux antipodes de Jacques Cartier qui incarne l’échec de la France. Pire, la braderie s’est terminée en 1803 quand Napoléon a vendu ses territoires américains (Louisiane) aux États-Unis pour 15 millions de dollars.
Et d’ajouter : « Si la France avait compris l’importance géopolitique des régions d’Amérique, ce n’est pas l’anglais qu’on parlerait aujourd’hui dans le monde, mais la langue de Molière !».
Unir Amérindiens et Français
Champlain croyait en ces terres nouvelles. Il arrive à Tadoussac en 1603. Avec Dugua de Mons qui a le soutien des Grands du royaume, il organise le commerce des fourrures (l’eldorado poilu !) et crée les premières habitations. Les arrivants sont surtout des volontaires.
Champlain effectue 23 traversées au total et malgré sa présence sur le terrain, il se contente d’être « le représentant de », sans jamais obtenir le titre de gouverneur. « Champlain est l’employé de Dugua de Mons qui a la chance d’être noble. Les hommes qui succéderont à Champlain le seront tous et, en conséquence, seront gouverneurs » explique Christian Morissonneau. On voit bien apparaître un “de“ entre Samuel et Champlain, mais il est plutôt de circonstance.
Champlain poursuit de nombreux desseins dont celui de se rendre en Chine. Le malheureux ignore qu’il est fort mal placé pour s’y rendre !
L’un de ses atouts est d’être géographe et dessinateur. Attentif au monde qui l’entoure, il réalise cinq volumes, 33 cartes et consigne tout ce qu’il voit. Il est courageux (il parcourt 35 000 km) et humaniste puisqu’il ne considère jamais les Amérindiens comme l’ont fait les Espagnols qui ont pillé et méprisé les autochtones. Au contraire, il rêve d’une communauté réunissant les deux populations. « Alors, nos garçons se marieront avec vos filles et nous ne serons plus qu’un peuple » dit-il lors d’un rassemblement en 1633 à Québec.
Cette “nation métisse“, où la société nouvelle sera faite de petits propriétaires terriens, libres et égaux, s’arrête le 25 décembre 1635, jour de sa mort…
Photo 1 : Christian Morissonneau avec Jean Glénisson, historien et Michel Servit, conseiller général de Royan
Photo 2 : Avec Xavier de Roux et Jean Glénisson
Photo 3 : Un public intéressé réuni à la Maison Champlain de Brouage
Photo 4 : Avec le conseiller général de Marennes, M.Pellacœur, représentant Dominique Bussereau, président du Conseil Général
Photo 5 : Samuel Champlain, un excellent sujet de discussion !
• L'info en plus :
Pas de date de naissance certaine, pas de portrait, pas de tombeau : le mystère Champlain reste entier. Nombreux ont recherché sa sépulture à Québec. Jusqu’à aujourd’hui, elle n’a jamais été retrouvée. On connaît mieux Dugua de Mons né à Royan et enterré au château d’Ardennes à Fléac, près de Pons.
Photos Nicole Bertin
Boris Vian :
Juste le temps de vivre !
Ceux qui avaient vingt ans dans les années 50 ont écouté avec nostalgie la rétrospective que leur proposaient les Feuillets d’automne au Théâtre du Château de Jonzac jeudi dernier.
Boris Vian, en effet, correspond à une époque assez gaie et parfois déraisonnable, faite aussi de militantisme contre les guerres coloniales qui se sont achevées en 1962.
Ce spectacle était donc une réminiscence de cette époque charnière où la France, meurtrie par la seconde Guerre mondiale et minée par l’Algérie, connaissait en même temps un essor économique considérable. Les “Trente Glorieuses“, c’était aussi à Paris les boîtes de jazz, le Tabou, Sidney Bechet, Jean-Paul Sarte, Aragon, Camus, les nuits au Flore et aux Deux Magots et tant de poètes oubliés depuis !
Recréer cet univers à Jonzac, le temps d’une soirée au début du XXIe siècle, était un pari à relever.
Si les plus jeunes spectateurs, visiblement, ne comprenaient pas très bien le film, leurs aînés ont apprécié cette mise en scène rendant hommage à un être né « sous le signe du poisson volant ». Auteur de "l’Écume des jours" et "J’irai cracher sur vos tombes", Vian était à la fois compositeur, chanteur, trompettiste, inventeur, polémiste, scénariste, traducteur, peintre, poète, pataphysicien et bien sûr romancier.
Bref, c’était un spectacle courageux et décalé. Et surtout, on n’était pas là pour se faire engueuler !!!
• Spectacle musical et théâtral monté par François Bourgeat sous la direction des Tréteaux de France. Mise en scène de Jean-Louis Jacopin avec Gabrielle Godart, Arnaud Laurens et Susanne Schmidt. Textes et chansons de Boris Vian présentés au théâtre de Ménilmontant avec étape à Jonzac !
• Le chanson du Déserteur n’a pas été chantée. « Trop connue » a déclaré le trio.
Photos Nicole Bertin
Jonzac :
Les Tréteaux de France présentent Oncle Vania
Cette année, c’est Anton Tchekhov qu’ils préfèrent ! Lundi et mardi derniers, les Tréteaux de France présentaient à Jonzac "Oncle Vania", une pièce à rebondissements qui met en scène les frustrations et les désirs que l’homme a parfois du mal à maîtriser…
Deux êtres surgissent et l’ordre habituel est bouleversé. Dès lors, le quotidien n’est plus un long fleuve tranquille. Subtil, Anton Tchekhov met en scène un rituel familial qui se tolère un moment pour mieux se déchirer.
L’intrigue est simple : Le vieux professeur Serebriakov s’est retiré à la campagne, dans la maison de sa première femme. Cette arrivée perturbe la vie paisible de son beau-frère Vania et de sa nièce Sonia qui exploitent le domaine. Pire, Eléna, la nouvelle femme de Serebriakov, suscite l’envie de Vania et du docteur Astrov. Tous deux rêvent de l’inaccessible étoile. Elle est belle et pourtant, elle se languit sous leurs yeux. Pourraient-ils lui rendre la joie de vivre ?
Le jeu prend forme peu à peu et chaque comédien fait avancer son pion sur l’échiquier.
Vania étouffe dans cette vie où il s’ennuie. Chassant ses illusions perdues, il rêve d’une existence où le bonheur aurait droit de cité. Mais quand Serebriakov veut lui couper les ailes, c’est-à-dire vendre le domaine, il se rebelle et règle ses comptes. Non, il ne baissera pas les bras devant celui à qui tout a souri.
Sonia, quant à elle, voudrait épouser Astrov, mais il ne la regarde pas. Fatalité cruelle d’une espérance envolée…
Hommes et femmes se révèlent pour le meilleur et pour le pire, amour et haine confondus. Ils s’observent et se confrontent dans un rapport de force. Qui tirera sa carte du jeu ? Ils continuent pourtant à y croire car l’aventure ne s’arrête jamais. Elle entraîne dans sa course ces êtres qui pensaient que le destin leur servirait la meilleure des vodkas sur un plateau d’argent.
Le couple parti, l’ambiance redevient calme, comme au temps d’avant…
Marcel Maréchal ne s’est pas trompé en choisissant cette pièce : « Le rythme est rapide, affolé parfois. On frôle le vaudeville. C’est que tous les personnages sentent confusément qu’ils dansent sur un volcan et qu’ils doivent saisir la dernière chance qui leur est offerte. Un autre monde est à réinventer. Mais ils ne savent pas encore lequel » explique t-il.
Félicitations aux Tréteaux de France qui continuent leur tournée sans jamais se lasser, conduits par Marcel Maréchal et François Bourgeat.
Jonzac est l’une de leurs étapes traditionnelles sur les routes de France.
Photo 1 : Un seul être apparaît et tout est bouleversé...
Photos 2, 3 et 4 : Eléna ou comment être heureuse ?
Photo 5 : Le professeur Serebriakov et Vania
Photos 6, 7, 8 : Deux représentations ont eu lieu à Jonzac
Photo 9 : Sonia et sa nourrice
Photo 10 et 11 : La colère de Vania
Photos 12 et 13 : Les Tréteaux de France vous saluent bien ! La troupe de Marcel Maréchal a présenté Oncle Vania, pièce de théâtre en quatre actes d’Anton Tchekhov qui mélange le drame et le comique. La pièce a été créée en octobre 1899. Elle revient sur le devant de la scène.
Photos Nicole Bertin
Pitié pour la justice,
le nouveau livre de Xavier de Roux
Les éditions Bordessoules viennent de publier le nouveau livre de Xavier de Roux "Pitié pour la justice". Fruit d’une observation minutieuse du monde judiciaire, il dresse un état des lieux sans complaisance et s’interroge sur l’avenir de la justice : en son état actuel, répond-elle aux attentes des citoyens ? La question est posée.
En toile de fond, se devinent la réforme de la procédure pénale et la suppression du juge d’instruction, dont le texte de loi sera étudié dans quelques mois par le Parlement. Il répond à nos questions :
À votre sens, pourquoi faudrait-il avoir pitié de la justice ?
Il faut avoir pitié de la justice parce que depuis des années, on dit qu’elle n’a pas suffisamment de moyens et en même temps, la classe politique ou d’autres parties de la société se mobilisent régulièrement contre les juges et leurs jugements. Enfin, les juges eux-mêmes ne sont pas exempts de critiques. Le drame d’Outreau en a été l’exemple. Finalement, tous les observateurs ont pensé qu’avec le système actuel, ils pouvaient y avoir beaucoup d’affaires d’Outreau.
Vous avez siégé dans la commission d’Outreau. Que retenez-vous de ce travail qui a mobilisé ses membres pendant des mois ?
Nous avons effectivement beaucoup travaillé, non pas pour juger un juge comme cela été dit, ce n’était pas l’objet de la commission. Elle n’avait aucun pouvoir pour juger le juge Burgaud. Nous avons tenté d’analyser le dysfonctionnement de la procédure accusatoire française puisque cette merveille, que le monde nous envie, avait réussi à faire emprisonner durant trois ans des personnes déclarées plus tard innocentes.
Se posait donc clairement la question de la détention provisoire, de l’incarcération et enfin et surtout du pouvoir du juge d’instruction. C’est donc à cette analyse que nous nous sommes livrés. Nous avons compris très vite que la solitude du juge, qui doit théoriquement instruire à charge et à décharge, le conduisait en réalité à instruire selon son intime conviction, en dehors de tout équilibre possible puisque dans une procédure accusatoire, la défense ne peut pas, à ce stade, s’exprimer complètement.
La commission d’Outreau a donc fait un certain nombre de propositions, de réformes de la procédure pénale, en mettant en question la procédure accusatoire. Malheureusement, les conclusions de la commission qui, pour une fois, étaient le fait unanime de parlementaires de la majorité comme de l’opposition, ont été vite enterrées sous les pressions corporatistes de la magistrature.
Cette Commission n’aurait donc servi à rien ?
Si l’on mesure les conclusions de la Commission aux mesures effectivement prises, on peut dire que ces huit mois de travail intense n’ont malheureusement pas servi à grand-chose.
Si l’on raisonne à terme, on peut dire toutefois qu’il y a eu une véritable prise de conscience du rôle de la justice dans la vie quotidienne des Français. Plusieurs millions de spectateurs ont, en effet, suivi régulièrement les séances de la Commission lorsque ces débats étaient télévisés.
Quand la réforme de la procédure pénale et la suppression du juge d’instruction seront-elles examinées ?
Le projet de loi sur la réforme de la procédure pénale n’est pas encore bouclé. Michèle Alliot-Marie, Garde des Sceaux, en annonce prochainement une version. Je ne crois pas qu’une date soit encore fixée dans le calendrier de Parlement. En 2010 sans doute.
Dans votre livre, vous déplorez que tous les acteurs de la justice ne soient pas issus du même creuset. Vous semblez souhaiter une seule et même formation pour les juges et avocats ?
Je pense, en effet, que la séparation de la formation des juges et des auxiliaires de justice, notamment des avocats, n’est pas une bonne chose.
Lors de mes débuts au Barreau, cette séparation n’existait pas et il me semble qu’il y avait beaucoup plus de convivialité entre les magistrats et les avocats. On se parlait librement « sous la foi du palais ». J’ai personnellement assisté à la montée d’une certaine méfiance entre les deux corps. Le comble a été atteint lorsque certains magistrats comme Eva Joly se sont mis en tête de perquisitionner les cabinets d‘avocats au mépris du secret professionnel et de la confiance qu’un client doit avoir vis-à-vis de son défenseur. Je suis d’ailleurs personnellement intervenu à l’Assemblée Nationale lors du débat sur le secret professionnel de l’avocat pour que ce dernier continue à être respecté.
Penser, comme cela a pu être écrit et publié par certains magistrats, notamment dans le journal Le Monde, que les cabinets d‘avocats étaient les sanctuaires du crime, me semble être la preuve d’un divorce fort entre les deux professions.
Faire des études ensemble, se connaître, serait aller dans le bon sens de la tolérance entre deux professions qui se complètent nécessairement.
D’où vous est venue l’envie d‘écrire ce livre ?
Tout simplement d’une longue expérience de la vie juridique et judiciaire. Je me suis inscrit au Barreau de Paris en 1962. J’ai mené une carrière d‘avocat à la tête d‘un grand cabinet français qui m’a amené à pratiquer, outre le droit français, le droit international et notamment la justice pénale internationale.
Vice-président de la Commission des lois à l’Assemblée Nationale, j’ai eu à connaître et à débattre d’un certain nombre de réformes et parfois à en être le rapporteur. J’ai donc suivi attentivement les évolutions parfois douloureuses de la justice française. Il me semblait normal d’en rendre compte alors que justement, le débat rebondit.
Photos 1 et 2 : Samedi dernier, dédicaces à la Maison de la Presse de Saintes
Cinéma :
2012 ou la fin du monde ?
Entre arche de Noé et syndrome du Titanic
Depuis quelques semaines, on ne parle que de lui : 2012 ou la fin du monde vue par un cinéaste s’inspirant (partiellement) d’une prédiction maya. À voir si vous aimez les effets spéciaux pharaoniques, les grands sentiments et les miraculés s’extirpant de situations extrêmes. À éviter si vous êtes une âme sensible et que le cliché du gentil héros US vous agace. Par la violence de son contenu, ce film est à déconseiller aux jeunes enfants…
2012 : les salles de cinéma ne désemplissent pas. Mais qu’à donc ce film catastrophe pour mobiliser les spectateurs ? Il traite tout simplement de la fin du monde. En mêlant observations scientifiques et religion, le réalisateur a touché une fibre sensible. Il rappelle aux pauvres Terriens qu’ils vivent sur un caillou perdu aux fins fonds de l’univers. Pire, ils foulent une écorce terrestre fragile et ignorent tout du noyau qui anime le cœur de leur vaisseau.
Évoquer la fragilité de l’espèce humaine est un créneau qui fait généralement recette. Bien sûr, il y a des précédents - Terre victime des envahisseurs ou menacée par un astéroïde, situations épouvantables sur fond de cataclysme - mais cette version-là a quelque chose de biblique et d’apocalyptique. C’est précisément par cette “ouverture“ qu’elle touche les esprits.
Serait-elle une nouvelle adaptation de la fin du monde (Harmageddon) que les Témoins de Jéhovah avaient annoncée pour 1975 ou une caricature des psychoses de l’an 1000 où les populations, victimes d’une hystérie collective, pensaient que le ciel allait leur tomber sur la tête ? Paco Rabanne en a d’ailleurs remis une couche en l’an 2000, annonçant que la station Mir menaçait Paris…
Que Roland Emmerich, le père de "Independance Day" et du "Jour d’Après" ait repris ce vieux thème n’a rien d’étonnant. L’anéantissement, ça marche au cinéma quant au nombre d’entrées. Seul problème, il ne mentionne pas qu’il s’agit d’une fiction.
Le péquin, qui va voir son film tranquillement, s’en prend plein les yeux et s’interroge : l’issue fatale de l’humanité serait-elle en marche ?
Autrement dit, il aurait été bon d’inscrire dans la bande annonce, comme sur les Tables de la loi : « ce film, tu ne goberas pas ! ».
C’est qui les plus beaux ?
Qu’en est-il du scénario ? Un écrivain américain, Jackson Curtis, travaille occasionnellement pour un richissime Russe. Au gré des rencontres, il fait la connaissance du professeur Adrian Helmsley qui appartient au staff du Président des États-Unis. Avec d’autres savants, l’éminent chercheur a remarqué un réchauffement de la Terre qui va la transformer en cocotte-minute.
Ce phénomène est dû aux fortes éruptions du soleil et aux neutrinos que cette aventure éclaire d’un jour nouveau. Sans reprendre un cours de physique, le neutrino, ce petit coquin, peut traverser la Terre entière sans pratiquement se faire détecter. Ce sont précisément ces neutrinos, victimes d’une étrange mutation, qui détraquent le noyau terrestre et provoque la fin des haricots.
Avertis d’une destruction imminente, les chefs d’État font construire des arches en Chine où la main-d’œuvre, plus nombreuse, y travaille également plus vite. Les sous-marins blindés, capables de résister au déluge, accueilleront des passagers “comptés sur le volet“ moyennant une somme importante. Ces rescapés seront chargés de repeupler la Terre dévastée. Que certains aient l’âge de la ménopause ou de l’andropause n’est pas dérangeant ! Le réalisateur n’a pas été sensible à la question, se focalisant sur le couple fétiche de 2012, Laura, la fille du président des États-Unis, et Adrien dont l’âge permet d’entrevoir une lignée !
Après moult péripéties, dont des courses épiques entre buildings qui s’écroulent et un jet de bombes volcaniques dans le parc de Yellowstone, l’écrivain retrouve, quant à lui, ses enfants et son ex-femme qui l’avait plaqué pour un chirurgien esthétique, lequel meurt d’une façon pathétique. Toutes ces infos sur l’échéance finale, il les tenait d’un écolo illuminé qui avait pénétré les secrets des « Grands ». Voyez comme les choses sont bien faites !
En finir avec Jésus et Bouddha, mais gare à Mahomet...
Le film, d’une durée de 2 h 40, est une suite ininterrompue de catastrophes qui scotchent le public sur son siège. Vive l’action : on ne s’ennuie pas ! Par contre, le côté américain « je suis le plus brave et j’appartiens au peuple élu » a des aspects franchement agaçants. Depuis le temps, nous devrions pourtant être habitués !
Même le pauvre Russe est liquidé, alors que la guerre froide est finie depuis longtemps. Tant pis pour lui : seuls ses fils embarquent sur l’arche. Ça l’apprendra à être communiste !
L’affaire se termine en Afrique, le berceau actuel de l’humanité. Selon toute vraisemblance, le drapeau US devrait flotter sur cette Terre promise. On est loin de la fameuse prédiction maya. Elle annonce, en effet, un changement radical, voire le retour des extraterrestres sur Terre le 21 décembre 2012, et non l’apocalypse selon Roland Emmerich.
Certains intellectuels prétendent que le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas. Pour l’instant, dans cette version cinématographique en tout cas, le cinéaste brasse de l’air en conjuguant science et croyances. Il pointe sa caméra sur les soubresauts d’une Terre qui secoue son échine pour accoucher d’une morale fondamentale : « aimez-vous les uns les autres avant que le grand Maître de l’univers ne vienne vous balayer, comme il l’a fait pour les dinosaures ». Les nations sont averties.
D’ailleurs, l’image la plus symbolique est la fissure qui apparaît dans la chapelle Sixtine (avant son écroulement) entre la main de l’homme et celle de son créateur. Michel-Ange doit se retourner dans sa tombe !
Si Chrétiens et Bouddhistes sont anéantis en direct par des tsunamis, Roland Emmerich s’est montré plus prudent avec les Islamistes. Il aurait coupé volontairement une scène, dit-on « où l’on voyait des Musulmans priant à La Mecque se faire balayer par une vague ainsi que la Kaaba détruite, afin de ne pas provoquer une fatwa et devoir vivre avec des gardes du corps ». Courageux, mais pas téméraire, notre cinéaste allemand installé outre-Atlantique !
Qu’importe, il a atteint son objectif : qu’on parle de lui. Et tant pis pour ceux qui croient naïvement à ses hallucinations, la boîte de tranquillisants n’est pas fournie à la sortie !
Et maintenant, si vous aimez les sensations fortes, rendez-vous avec Twilight 2. Les vampires sont de retour à l’écran…
• L'info en plus
Dans un entretien publié dans le magazine Science et Avenir, Harald Kloser, scénariste de 2012, déclare : « la science n’est là que pour soutenir notre scénario, lui donner une aura de crédibilité, mais elle vient en seconde position, sacrifiée pour l’émotion ». Et d’ajouter : « 2012 est différent des précédents. Ce qui nous intéresse n’est pas, comme dans le Jour d’après, d’alerter sur les risques climatiques que notre planète encourt. Dans notre film, nous montrons que les décideurs savent et se préparent en cachette. Si nous ne changeons pas notre manière de vivre ensemble dans nos sociétés, nous allons vers une apocalypse, même si celle-ci sera bien différente de celle décrite dans 2012 »…
• 2012, réalisé par Roland Emmerich avec Danny Glover (Président des Etats-Unis), John Cusack (Jackson), Chiwetel Ejiofor (Adrian), Thandie Newton (Laura), a coûté la coquette somme de 205 millions de dollars (studios Sony/Columbia).
• Destruction de Los Angeles par des tremblements de terre, apparition d’un énorme volcan dans le parc de Yellowstone, séismes sur toute la planète, Washington victime d’un tsunami géant, mort du président des Etats-Unis refusant de monter dans l’arche pour mourir avec son peuple, tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce film une fresque contant la fin du monde ou plutôt le dernier voyage des hommes…
Enfin, pas de tous puisqu’une poignée, choisie sur le volet de l’argent, va survivre dans des arches construites en Chine. Destination l’Afrique où s’érige désormais le sommet le plus haut du monde, l’Everest n’étant plus qu’un souvenir…
Après les films d’Al Gore et de Nicolas Hulot, cette fiction sur la fin des temps est une suite logique…
samedi 14 novembre 2009
Clam :
Exposition de perles noires de Tahiti au Vieux Logis
Juliette Philippe vous donne rendez-vous au Vieux Logis pour vous présenter sa nouvelle collection de perles noires de Tahiti dont un bel aperçu est visible dans une vitrine située à l’entrée du restaurant. Créés par Thierry Ottenwaelder, ces bijoux (colliers, bracelets, boucles d’oreilles, pendentifs) sont d’une très grande beauté car les perles ont des reflets irisés à nul autre pareil !
Par ailleurs, le propriétaire de l’établissement, Philippe Girard, vous invite à une nouvelle exposition de peintures le 10 décembre prochain. Seront accueillies deux artistes, Corela (toiles) et Sylvie Michel (sculptures et artisanat).
Des rendez-vous à ne pas manquer !
Photo 1 : Une large gamme de perles noires à découvrir
Photo 2 : Promouvoir les perles noires et le vin de Tahiti !
Nemanja Radulovic en concert à Jonzac :
Un pur moment de bonheur
Un archer suspendu aux étoiles d’un violon qui joue à l’unisson des cœurs : Quand la musique s’envole en un tourbillon de fête, l’émotion rejoint l’intime conviction d’un rendez-vous unique !
C‘était il y a un certain nombre d’années à Fontaines d’Ozillac. Invitée par Ghislaine Pineau qui organisait chaque été des rencontres musicales de grande qualité, la charmante harpiste Marielle Nordmann crée la surprise en présentant à ses côtés un jeune violoniste serbe. Nemanja Radulovic fait ses premiers pas dans le monde, intimidé de se trouver dans cette église du bout du monde. Son regard brun dégage une volonté et une vivacité qui retiennent l’attention. Sa prestation, que salue l’assistance nombreuse, laisse présager un long chemin…
2009 : l’eau a coulé sous les ponts et sur les partitions. Nemanja Radulovic a trouvé sa voie : « L'important, pour moi, c’est la musique ! » aime-t-il à rappeler.
Chevelure brune, silhouette longiligne, il fait corps avec son instrument, un violon de J.B. Vuillaume qui semble avoir été fait pour lui.
Sensible et intuitif, Il possède cette virtuosité propre aux artistes d'Europe centrale. Une oreille aussi qui lui permet d’identifier une note musicale en l'absence de référence.
Il a commencé à étudier la gamme à l'âge de sept ans. Le creuset était propice : dans sa famille, la musique occupe une large place et ses deux sœurs sont violoncellistes. À l'Ecole de Musique de Belgrade où il a fait ses premiers pas, ses professeurs ont considéré qu’il était doué de l'oreille absolue.
Partage
Ce don, le public, venu l’écouter samedi dernier en l’église de Jonzac, l’a tout de suite perçu. Accompagné par Dominique Plancade au piano, Nemanja Radulovic, dont la rigueur est perceptible dans l’interprétation, a offert la finesse de son talent. Il innove, invente son propre style… sans jamais trahir ses maîtres. Unique tout en étant multiple, il est l’héritier de ceux qui l’ont précédé et façonné.
Virtuose, il habille le silence de notes d’une telle limpidité qu’on en oublie le rythme pour ne retenir que l’émotion. Les œuvres de Mozart et de Beethoven se sont ainsi inscrites dans l’espace, telles des perles de rosée auréolées d’une délicatesse exquise ou d‘une solennité qui n’est jamais pesante.
Musicien accompli dont la valeur n’a pas attendu le nombre des années, il a littéralement transporté les spectateurs, séduits par son charme naturel. Sa complicité avec le pianiste (qu’il connaît bien) a renforcé cette approche intime.
Nemanja Radulovic ne joue pas, il partage. Le bonheur qu’il diffuse autour de lui rayonne et forge sa destinée. A n’en pas douter, les Saintongeais avaient devant eux un grand artiste qui leur a donné, avec tendresse et raffinement, ce que la musique a de plus beau. "Sans elle, la vie serait une erreur" estimait Nietzsche !
Félicitations à Nemanja Radulocic et à Dominique Plancade pour ce concert organisé dans le cadre des Feuillets d’Automne.
Photo 1 : Habitant Paris, Nemanja Radulovic possède la double nationalité serbe et française. « Quand je joue à l'étranger, au Japon par exemple, je suis fier et heureux de représenter ces deux pays » dit-il.
Photo 2 : Clouée au lit, Suzanne Manoff (à qui nous souhaitons un prompt rétablissement) a été remplacée par le pianiste Dominique Plancade. A noter la participation de Roman Orlov.
Photo 3 : Nemanja poursuit une carrière internationale, en Asie et aux États-Unis en particulier. Il a enregistré plusieurs albums dont l’un avec « Les Trilles du diable », formation qui s’est déjà produite à Jonzac. Ce quatuor comprend Patrice Fontanarosa, fils de Marielle Nordmann.
Photo 4 : Au programme de la soirée : Sonate pour piano et violon de Mozart ; Sonate en la majeur de Beethoven ; Sonate en la majeur de César Franck ; danses populaires roumaines de Bela Bartok et danse espagnole d’après Manuel de Falla.
Photo 5 : l'ovation !
Photos Nicole Bertin
France/Québec :
Christian Morissonneau a présenté son nouveau livre sur Samuel Champlain
Vendredi 13 novembre, La Nouvelle France était encore une fois à l’honneur avec la publication de l’ouvrage de l’universitaire québécois, Christian Morissonneau, intitulé “Le rêve américain de Champlain” paru aux éditions Hurtubise.
L’année 2009 a été marquée par deux anniversaires : d’abord, le 400ème anniversaire du passage de Champlain dans la vallée du Richelieu en 1609, événement qui détermina notamment les alliances franco-amérindiennes, puis le 250ème anniversaire de la bataille de Québec dans les plaines d’Abraham.
Cet ouvrage présente un bilan de l’œuvre de Champlain, une des grandes figures françaises du XVIIe siècle avec Dugua de Mons avec lequel il était intimement lié. De son enfance à Brouage jusqu’à sa mort en 1635, découvrez cet homme d’action sous ses multiples facettes !
Sous le parrainage de Dominique Bussereau, président du Conseil général et secrétaire d’Etat aux Transports, Marc Pellacœur, vice-président du Conseil général du canton de Marennes, a salué officiellement la publication de ce livre à la Maison Champlain de Brouage.
Avec sa verve habituelle, l'auteur a parlé longuement de Champlain, ce personnage qui le fascine et qui, estime-t-il, n'est pas assez reconnu. Il est vrai qu'il n'a jamais été gouverneur de ces terres lointaines. Ses origines, et malgré l'apparition d'un "de" devant son nom, sont vraisemblablement responsables de cette situation injuste.
Il n'en reste pas moins qu'il fut un homme extraordinairement courageux, excellent cartographe, attentif à la faune, à la flore et aux hommes tout simplement puisqu'il rêvait d'une société nouvelle où Amérindiens et Français de Nouvelle France constitueraient un seul et même peuple. Ses idées, généreuses, étaient-elles trop en avance sur son temps ? Il est permis de le penser… Il garde tout son mystère puisque sa tombe n'a jamais été retrouvée malgré des recherches opiniâtres.
Félicitations à Christian Morisonneau pour ses recherches qui offrent aux lecteurs des facettes cachées de Samuel Champlain le Saintongeais.
Chute du mur de Berlin :
Suse Pouillet « la liberté n’a pas de prix »
Cette semaine, l’actualité a célébré la chute du mur de Berlin, « ce fameux mur de la honte » construit en août 1961 à l’initiative de la République démocratique allemande. Vingt-huit ans plus tard, un formidable mouvement populaire insufflé par les Allemagne séparées, l’a jeté à bas dans la nuit du 9 novembre 1989. En septembre 1990, les deux parties, qu’un destin absurde avait scindées, se sont enfin retrouvées.
Suse Pouillet, qui a vécu sa jeunesse en Allemagne avant d’épouser un militaire français, originaire de Montendre, apporte son témoignage sur cette page d’histoire contemporaine :
En 1961, quand a été construit le mur de Berlin, quel sentiment avez-vous éprouvé ?
J’étais jeune à l’époque, mais j’ai aussitôt éprouvé un sentiment d’injustice, une emprise sur la liberté, quelque chose d'affreux qui arrivait au peuple allemand. Qu'une partie de la population se retrouve de l’autre côté du mur nous a complètement désemparés.
Aviez-vous de la famille en Allemagne de l’Est ?
Ma famille, qui habite la Rhénanie-Palatinat, n’avait pas de parents résidant en RDA. Nous n’étions donc pas touchés par cette séparation, mais nous compatissions en pensant à ceux qui étaient victimes du mur…
Quels souvenirs gardez-vous de cette époque ?
J’ai épousé un militaire qui allait régulièrement à Berlin en mission. Il me racontait que le train était entièrement bouclé et qu’on ne pouvait rien apecevoir des fenêtres. Il passait de la RFA à la RDA en vase clos car il ne fallait pas que les gens voient ce qui se passait à l’Est, je suppose. Le nombre de policiers était important. J'ai toujours refusé de l'accompagner car l’idée d’un pays séparé en deux m’était insupportable.
J'ai vu des films qui montraient la souffrance des habitants et en même temps, l’envie de s’en sortir. Je me souviens d’un couple qui a fabriqué une montgolfière pour s’enfuir à l’Ouest. Il a réussi !
Mon père, qui était artiste peintre, est mort un peu avant la chute du mur. Il détestait cette séparation car c’était un homme généreux et soucieux de l’entente entre les peuples. Quand le mur est tombé, j’ai beaucoup pensé à lui et j’ai pleuré en regardant la télévision. Il aurait aimé être là ! Mon père a passé cinq ans sur le front russe et mes deux oncles sont morts à Stalingrad. La charge émotionnelle était donc importante.
Le mur tombé, la réunification a commencé. Elle coûte très cher, d’où une certaine rivalité qui existe parfois entre l’Ouest et l'Est. Les contribuables de l’Allemagne de l’Ouest, en effet, apportent une contribution de 5,5% sur leurs salaires pour moderniser l'Allemagne de l'Est. Un travail colossal de reconstruction a été fait.
Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur la symbolique de ce mur ?
C'est une souffrance énorme de savoir que la liberté n’existe plus, que l’on peut se faire tirer dessus, donc être tué, si on essaie de franchir le mur… Les habitants étaient prisonniers. Les familles qui vivaient de chaque côté de cette barrière dite infranchissable étaient dans une situation épouvantable. Beaucoup en veulent au communisme qui a empêché les gens d’évoluer, de bouger.
Cette tragédie pourrait-elle se reproduire ?
Pas en Allemagne, mais je pense que de par le monde, on peut toujours tomber sur un cas de figure semblable. Je repense à ce que disait mon père : il croyait en l’Europe car seule une entité forte peut protéger des vieux démons. L’ampleur des cérémonies organisées à Berlin est compréhensible. Elles ravivent la mémoire en rendant hommage à ceux qui ont souffert ou sont morts. La liberté n'a pas de prix...
Photo : Comme son père, Suse Pouillet est peintre. Elle expose actuellement à Saintes, à la librairie du Croît Vif.
Le grand cabaret de Saintes :
Tous les Kadoriens et toutes les Kadoriennes !
Jeudi et vendredi derniers, s’est tenue la cinquième édition du Festival international des K’dors de cabaret. Une belle initiative portée par Eddie Lalonnier et le peintre Jean-Pierre Blanchard
Vendredi dernier, la salle Mendès France était pleine à craquer. Et pour cause, les Kadors proposaient leur traditionnelle soirée réunissant des talents qu’on applaudit généralement dans les cabarets des grandes villes. L’histoire de ces Kadors est amusante à rappeler : il s’agit tout simplement de repérer et promouvoir des artistes appelés à faire brillante carrière sur les places internationales.
La première édition a été portée par le Club Kiwanis de Saintes. L’affaire prenant de l’ampleur, une association a vu le jour, baptisée "les Kadors de cabaret", riche d’une cinquantaine de membres. « Ils sont arrivés avec leurs idées, leurs motivations, leur enthousiasme et une certaine capacité d’émerveillement » souligne le président Eddie Lalonnier.
Leur ambition est de faire des Kadors de Saintes « le festival de référence du monde du cabaret » ! Un sacré challenge qu’ils ont relevé en s’entourant de toutes les bonnes volontés et d’un maillage propice à valoriser l’image de la cité santone. Alors, direz-vous, on a tout de même cherché le conseil municipal de Saintes vendredi dernier parmi les convives, mais tout porte à croire que Jean Rouger et ses colistiers viendront, un jour ou l’autre, succombant au charme des nombreux numéros proposés. Car on peut être humaniste et apprécier le rire, à moins de ne pas aimer Rabelais et ses amis !
Une grenouille nommée Sacha !
Animée par Olivier Laurent, la soirée avait un peps extraordinaire. Cet artiste, qui possède un véritable talent d’imitateur, a beaucoup amusé la galerie. Dans la lignée de Thierry le Luron, il se dépense sans compter et ses facéties sont d’immenses gerbes de bonne humeur.
A ses côtés, la violoniste Alexandra Cravero a offert au public un répertoire digne des scènes tziganes et Nestor Hato a rappelé que la magie était la plus sûre façon d’inventer une autre vérité. Y’a un truc, mais on ignore lequel !
Price and Mc Coy incarnent le style « knockabout » de l’école australienne, sans pour autant mettre knock out le public, tandis que Paulo l’humoriste évoque le bon vieux temps, entre ouverture de la chasse et bal du samedi soir.
Le clou de ce gala a été incontestablement Sacha Yenivatov. Il se contorsionne de telle façon que vous craigniez le pire. Vedette du Cirque d’hiver et de Disneyland, il rappelle aux vieux rouillés de la création qu’un peu d’exercice suffit à faire bouger un corps endolori par les ans ! Les Chinois l’adorent et nous aussi par la même occasion !
Quant à Jean-Pierre Blanchard, il a offert un bel aperçu de son talent, dessinant en quelques minutes un superbe visage de Barbara, suivi du portrait de Serge Gainsbourg qui fut mis aux enchères.
Ce fut une belle soirée, pleine d’étoiles car c’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière ! Les stars de ce rendez-vous sont à féliciter avec les organisateurs.
Photo 1 : Eddie Lalonnier et Jean-Pierre Blanchard
Photo 2 : Belle ambiance
Photo 3 : Olivier Laurent, animateur de cette soirée
Photo 4 : Paulo, entre humour et émotion
Photo 5 : Sacha la grenouille
Photo 6 : Gainsbourg en quelques traits de pinceau !
Photo 7 : Le charme du vilon tzigane
Photo 8 : De la magie dans l'air !
Photo 9 à 13 : L’année 2009 est un tournant dans la vie des Kadors. Le festival off, qui avait lieu le 4 novembre à Saintes, permet de détecter les talents de demain. Ont suivi les deux soirées de gala des 5 et6 novembre au Parc des expos et le spectacle proposé aux 450 enfants au Gallia Théâtre samedi après-midi.
Photos 14 et 15 : Tirage de la tombola avec Miss Saintes. Les généreux donateurs ont fait des heureux…
Le repas était préparé par le traiteur Philippe Gault. L’accueil a été fait par la section BTS du lycée de Bellevue.
Photo 16 : Pour mener à bien leurs projets, les Kadoriens ont réalisé un travail de titan, partageant des moments d‘euphorie, de doute, de panique du trésorier et les moments d’interrogation de Carole pour la logistique : « Je suis fier de vous » souligne Eddie Lalonnier.
Photos Nicole Bertin