• Bruno Drapron : « Après la restauration, notre objectif est d'accueillir 70 000 visiteurs à l'amphithéâtre »
• Porte des morts : La chouette effraie a failli bouleverser la visite !
Samedi, avait lieu l'inauguration de la porte dite "des morts" de l'amphithéâtre de Saintes en présence de Bruno Drapron, maire, Brice Blondel, préfet, Guillaume Brault, sous-préfet, Fabrice Barusseau, député, Corinne Imbert et Daniel Laurent, sénateurs, Véronique Abelin Drapron, Philippe Callaud, Alexandre Grenot, conseillers généraux, des élus, Karine Robin et Victorine Mataouchek, archéologues, Elsa Ricaud et Marion Delsant, architectes du patrimoine, Catherine Gaillard Remontet, représentant la Fondation du patrimoine, des artisans, l'INRAP, la DRAC, etc.
Connu sous le nom familier des "Arènes", ce site est un témoin emblématique de l'époque gallo-romaine et surtout du prestige de la cité aux premiers siècles de notre ère. Mediolanum était en effet capitale régionale ! En conséquence, elle disposait d'un amphithéâtre où patriciens et plébéiens assistaient à des spectacles dont les fameux combats de gladiateurs. De cette structure imposante en son vallon (dont des pierres ont été "empruntées" pour bâtir d'autres constructions), ne reste que le squelette. Ne sont visibles que les murs qui soutenaient les gradins et les escaliers. Mais ces témoins sont suffisants pour imaginer l'ampleur du monument d'antan ! La restauration, lancée en 2017, avance lentement, mais sûrement. Le changement de municipalité, en particulier, a modifié les projets. Jean-Philippe Machon rêvait de gradins végétalisés. Son successeur, Bruno Drapron, mise sur une protection des vestiges tout en privilégiant l'environnement et la biodiversité.
Le chantier se poursuit. Après la consolidation de la porte des vivants et la porte des morts, suivront le décaissement de l'aréna et la refonte complète du réseau d'évacuation des eaux pluviales. Ces travaux s'achèveront en 2026. La quatrième phase de restauration concerne les dernières travées et la valorisation d'un accueil dans la maison Audiat.
Imaginez cet amphithéâtre deux fois plus haut qui pouvait accueillir 15000 spectateurs |
Détail amusant : L'inauguration a failli être troublée par la présence d'un nid de chouettes effraies sur un pilier de la porte des morts. Si la dame avait couvé, impossible de la déranger ! Cette espèce est protégée nationalement et inscrite sur la liste rouge des oiseaux nicheurs de Poitou-Charentes avec mention "vulnérable". En conséquence, impossible de découvrir les travaux réalisés ! Fort heureusement, après une enquête minutieuse des services spécialisés, on s'est aperçu qu'un pigeon avait pris possession du nid. Dans ces conditions, le public a pu apprécier les réalisations et la chouette effraie a sans doute trouvé un autre lieu pour sa future lignée.
Après la découverte des lieux, Bruno Drapron, maire de Saintes, a pris la parole :
« En restaurant la Porte des Morts, nous honorons non seulement le génie des bâtisseurs de l'Antiquité, nous assumons aussi notre responsabilité envers les générations futures en protégeant les savoir-faire, le patrimoine et les espèces naturels »
Les allocutions |
« C'est avec une immense émotion que nous célébrons l'achèvement de la restauration de la Porte des Morts de l'amphithéâtre de Saintes. C'est un jalon décisif dans ce qui est le chantier du siècle pour ce monument emblématique. Il y a quelques mois, nous avons inauguré la restauration de la Porte des Vivants. Aujourd'hui, la Porte des Morts, témoin silencieux des combats de gladiateurs, retrouve sa stabilité et sa dignité, après d'énormes travaux. Notre amphithéâtre, protégé en tant que Monument historique depuis 1840, compte parmi les mieux conservés de l'Ouest de la Gaule. Construit sous les règnes de Tibère et de Claude, dans les années 40 après J.-C., il précède de près de 30 ans le Colisée de Rome !
Avec ses dimensions impressionnantes de 126 m sur 102 m, il accueillait jusqu'à 15 000 spectateurs. C'est le stade de la défense Arena aujourd'hui ! Autre spécificité de l'édifice : son système de construction ingénieux. Adossé au vallon des Arènes, il combine une structure "pleine" avec des gradins appuyés sur le relief naturel, et une structure "creuse" aux extrémités Est et Ouest. Il ressemble ainsi aux amphithéâtres de Pompéi ou de Fréjus, et démontre le génie des bâtisseurs romains.
La restauration de la Porte des Morts est un gros défi technique et architectural. Cette porte servait à évacuer les gladiateurs tombés au combat. Son état structurel était alarmant : affaissement de la structure, instabilité des voûtes et infiltrations d'eau récurrentes. Tout l'édifice et ses abords, y compris la route, étaient fragilisés et exigeaient une intervention urgente d'envergure. Nous avons relevé ce défi. Comment sauver les structures de ce monument tout en respectant son authenticité, ses vestiges et sa biodiversité naturelle ? Il a fallu être innovants. Première étape : la construction d'une paroi de soutènement en profondeur, invisible pour les visiteurs, mais cruciale pour contenir le glissement des terres et drainer les eaux de pluie. Cette prouesse d'ingénierie a nécessité des travaux d'excavation minutieux réalisés sous contrôle archéologique permanent. Les voûtes ont ensuite été consolidées selon des méthodes héritées des techniques antiques. Les pierres trop dégradées ont été remplacées par des blocs de calcaire local, taillés à l'identique par des artisans. Pour garantir l'étanchéité, la voûte de la Porte a été entièrement découverte et protégée par des techniques alliant tradition et innovation.
L'entrée de la porte des morts |
Que de chemin parcouru depuis l' acquisition de parcelles privées sur lesquelles avaient été construites des maisons et les campagnes de déblaiement et de restauration (la dernière remontait à l'entre-deux-guerres) ! C'est donc bien le chantier du siècle que nous menons actuellement car au défi technique hors normes, s'ajoutent des trésors archéologiques. Chaque voûte, chaque maçonnerie ont livré des secrets sur les techniques de construction employées il y a deux millénaires. Lors du dégagement des fondations, les archéologues ont, par exemple, découvert des inscriptions lapidaires et quelques objets rituels, peut-être liés à des cérémonies accompagnant le départ des gladiateurs tombés dans l'arène ».
Dévoilement de la plaque commémorative |
Autre défi de taille, les enjeux environnementaux
« Ce qui fait que les Arènes de Saintes ne sont pas celles d'Arles ou de Nîmes, c'est leur authenticité et leur richesse naturelle. La biodiversité qui les entoure en fait un lieu à l'énergie si particulière. Notre responsabilité est à la fois de transmettre le bijou et l'écrin. Et cet écrin abrite des colonies de chauves-souris, de crapauds accoucheurs, de papillons, de faucons crécerelles ou encore des espèces végétales rares. Nous protégeons le vivant et grâce à l'équipe formidable des patrimoines, nous faisons vivre ce qui n'est plus ! Pour la réalisation de cette seconde phase, nous avons investi 1 876 450 euros HT.
Cet investissement aurait été impossible sans le soutien de nos partenaires que je tiens à remercier chaleureusement : tous les services de l'Etat, ceux de la DRAC Nouvelle-Aquitaine- Conservation régionale des monuments historiques, Service régional de l'archéologie, UDAP, architecte des bâtiments de France, DREAL, le Préfet, le sous-préfet, le Département de la Charente-Maritime, le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, la Fondation du patrimoine et un remerciement très reconnaissant aux nombreux mécènes et donateurs particuliers. Sans eux, impossible de préserver ce témoin de notre territoire et le transmettre aux générations futures. Ces dons prouvent l'attachement à ce patrimoine exceptionnel. Je veux également rendre hommage aux équipes qui ont réalisé ce chantier exceptionnel. Notre maître d'œuvre, l'agence Sunmetron, avec une mention spéciale pour Elsa Ricaud et Marion Delsant, deux architectes du patrimoine hors pair qui ont relevé les défis techniques et bravé l'adversité climatique avec sérénité. Les artisans d'Hory-Chauvelin, conduits par Mickaël Capera et Antony Baudry, qui ont affronté inondations, tempêtes et gel. Les équipes d'ALM Allain. Les archéologues du département et de l'INRAP, particulièrement Karine Robin et Victorine Mataouchek. Les experts en écologie qui ont veillé au bien-être de toutes les espèces présentes sur le site. Merci également aux équipes municipales : mon équipe, particulièrement Joël Terrien, adjoint en charge des grands travaux, Charlotte Toussaint, adjointe en charge du cadre de vie et de la transition écologique et Véronique Abelin Drapron en charge du patrimoine, les agents municipaux, Franck Pollet, directeur des services techniques, les équipes de la direction du cadre de vie, de l'infrastructure et de la voirie, le service communication, les agents d'entretien. Merci aux riverains et habitants pour leur patience, aujourd'hui récompensée ! Et puis un merci tout particulier à Stéphane Donnat et aux équipes de la direction des patrimoines de Muriel Perrin et Damien Jaen. Ce sont des équipes exceptionnelles qui ont tout fait pour que le site reste ouvert pendant les travaux. C'est grâce à elles que nous pouvons proposer un casque immersif aux visiteurs empêchés d'accéder à l'arène. C'est grâce à elles et aux associations telles que les Fabbri ou l'école de gladiature que nous faisons vivre ce monument pendant les travaux et malgré les inondations. Et je voudrais également remercier particulièrement Médiactions, association engagée très tôt pour préserver l'authenticité de l'édifice. Avec l'achèvement de cette deuxième phase, nous avons franchi un cap décisif dans notre projet global de restauration. La troisième phase débute en cette fin d'année et concerne le décaissement de l'aréna et la refonte complète du réseau d'évacuation des eaux pluviales. Ces travaux s'achèveront en 2026. En parallèle, nous travaillons sur la création d'un site d'accueil à la maison Audiat dans le vallon.
Les explications de l'architecte |
En 2024, malgré les inondations et le chantier, les Arènes ont accueilli 35 000 visiteurs. Elles sont le troisième site patrimonial des Deux Charentes, seul amphithéâtre de cette taille dans tout l'Ouest de la France. Notre objectif, après la restauration, est d'accueillir 70 000 visiteurs. Cette restauration est un acte de transmission, un dialogue entre les générations. En restaurant la Porte des Morts, nous honorons non seulement le génie des bâtisseurs de l'Antiquité, mais nous assumons aussi notre responsabilité envers les générations futures en protégeant les savoir-faire, le patrimoine et les espèces naturelles. Les arènes de Saintes, une fois restaurées, constitueront indéniablement le plus bel exemple d'architecture romaine en Gaule, et un atout touristique, culturel et naturel majeur pour notre territoire ».
En avant vers 70.000 visiteurs ! |
• Sylvie Marcilly, présidente du Département : « Le Département prend toute sa part dans la préservation de son riche patrimoine. Il y a tellement à faire ! Ici, il y aura un décaissement de 60 cm du sol à l'instar de ce qui a été fait à Nîmes. Les Gallo-Romains ont fait preuve d'ingéniosité »
Sylvie Marcilly et les archéologues |
• Brice Blondel, préfet : « Le parcours a été long depuis 2017 avec un comité de pilotage à 2025 où il y a encore des étapes à accomplir. Merci à l'ensemble des intervenants. Saintes redevient la capitale de l'Aquitaine au moins au niveau patrimonial ! 40 millions d'euros ont été investis par la DRAC en Charente-Maritime, cathédrale Saint-Louis à La Rochelle, tour Saint-Nicolas, pont transbordeur à Rochefort, maison Pierre Loti, fort Boyard, citadelle de Brouage, pont suspendu de Tonnay-Charente, marché de Royan, arènes et église Saint-Eutrope de Saintes ».
• Catherine Gaillard Remontet de la Fondation du patrimoine : « La Fondation aide à la recherche de dons de particuliers et de mécènes, soit 31000 euros et 169 donateurs pour l'amphithéâtre. C'est un lieu emblématique après la maison Pierre Loti à Rochefort.La plaque remise aujourd'hui symbolise le partenariat et la qualité du travail accompli ».
• Fabrice Barusseau, député : « L'amphithéâtre est un site exceptionnel au niveau du patrimoine et en biodiversité. Les élèves et leurs enseignants ont à leur porte du concret dans le domaine historique »
Fabrice Barusseau, Bruno Drapron, Brice Blondel |
• L'école de gladiature Mediolanum Ludus propose un spectacle dimanche 4 mai et dimanche 1er juin à 15h à l'amphithéâtre. Suivez les gladiateurs afin d'en apprendre plus sur l'armement, les techniques de combats et la vie de ces guerriers antiques !
La porte des vivants |
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