samedi 31 octobre 2009

Après Royan, Saint Georges de Didonne dans la tourmente


• Une facture de rue peut en cacher une autre !

• Jean-Michel Renu démissionne de ses fonctions de maire


Élu d'opposition depuis dix-huit mois, Jean-Marc Bouffard, tête de la liste "Émergence" aux dernières municipales, est un élu soucieux de la bonne gestion des deniers publics. Ancien directeur technique chez EDF, il a relevé, dans la comptabilité publique de Saint-Georges de Didonne, « un certain nombre d'erreurs » qui agitent actuellement l'opinion. L'affaire pourrait finir devant la justice.


Alors que certaines communes votent leurs budgets en vingt minutes chrono, d'autres connaissent une situation bien différente.Est-ce en raison de l'iode aux vertus stimulantes, toujours est-il que la Côte atlantique semble attirer des habitants ayant suffisamment de temps et de réflexion pour analyser la gestion municipale. Les raisons sont en général liées à l'escalade de la fiscalité locale ou à des règlements de compte sous jacents.

Il en est ainsi à Royan où le nouveau délégataire chargé de l'eau n'est toujours pas désigné, le dossier présenté par Véolia ayant été disséqué par des conseillers municipaux, puis "rétorqué" par une majorité "hétéroclite".
C'est maintenant le cas à Saint Georges de Didonne, la ville de Dominique Bussereau, dont les rênes sont tenues depuis 2008 par Jean-Michel Renu.
Alors que les observateurs pensaient la situation royannaise exceptionnelle (elle oppose ardemment la Droite, ancienne et nouvelle génération), une déferlante vient d'atteindre la cité voisine où plusieurs affaires agitent les conversations.

Les travaux changent de rues

Jean-Marc Bouffard, conseiller municipal du groupe Émergence, aime les choses claires. Depuis qu'il a été élu, il s'intéresse à la gestion publique. En juin dernier, par exemple, lors de la présentation du compte administratif, il a relevé une erreur de 600.000 euros quant à la dette de la commune. « En se penchant sur les tableaux d'amortissement des crédits, les services se sont aperçus que l'erreur était de 1,4 million d'euros. Néanmoins, lors de la réunion où j'ai soulevé ce problème, la majorité a voté les chiffres présentés, sans tenir compte de mon observation » souligne-t-il.
Il a remarqué d'autres "bizarreries", dont l'une a retenu son attention. En effet, cinq factures, d'un montant global de 330.000 euros, ne correspondent pas aux rues où des travaux sont censés avoir été réalisés. D'où l'étonnement de Jean Marc Bouffard. « Les factures émanent de la société Eurovia dont le responsable est maire adjoint aux travaux depuis mars 2008 ». En fait, les réfections, financées par une subvention de la réserve parlementaire, concernent d'autres artères. Deux rues ont fait l'objet d'un aménagement, « mais pas intégralement ». Sans avenant, l'élu se demande si la garantie décennale peut marcher.
Estimant que les comptes communaux ont été confisqués par une « bande de politiciens », ce quinquagénaire sans étiquette, se disant « démocrate et humaniste », envisage de porter l'affaire devant la justice.
« Nous devons cibler notre action car nous avons remarqué plusieurs erreurs, allant de dépenses non expliquées à des situations qui nécessitent des éclaircissements ».

« Je ne suis pas là pour égorger qui que ce soit »

La situation devenant délétère, Jean-Michel Renu a démissionné de son mandat de maire mardi dernier. Il reste cependant conseiller municipal, ainsi que membre de la Communauté d'Agglomération du Pays Royannais. Le nom de son successeur n'est pas encore connu.
Il veut ainsi échapper aux critiques qui circulent à son sujet. D'aucuns pensent qu'il est bien difficile de concilier une profession d'agent immobilier et celle de premier magistrat dans une station balnéaire où le prix du m2 est élevé et attractif. Attaques que bien évidemment, il dément.
Bref, le vent souffle sur la Côte de Beauté. La désignation du prochain maire à Saint Georges devrait se dérouler dans une ambiance assez tendue (elle aura lieu le 8 novembre et une élue est pressentie). Jean-Marc Bouffard souhaite carrément une nouvelle élection municipale afin que les élus travaillent dans une ambiance apaisée : « Mon seul objectif est la bonne utilisation des deniers publics. Je ne suis pas là pour égorger qui que ce soit ! Quand je vois mes feuilles d'impôts locaux, je pense que toute collectivité doit être transparente ».

Inutile de vous dire que Dominique Bussereau suit de près les événements. À quelques mois des Régionales, il cherchera à calmer ce contexte quelque peu "explosif", le directeur des services de la mairie de Saint-Georges ayant été mis en disponibilité jusqu'à la fin de l'année…


• Le groupe Emergence réagit :

A la suite des récents évènements qui se sont déroulés au sein du Conseil Municipal, la majorité en place s’apprête à remplacer le maire démissionnaire sans se préoccuper de l’avis des habitants de Saint Georges. C’est son droit !
Toutefois les faits récemment mis en lumière impliquant un certain nombre de membres de l’équipe municipale et les conflits permanents entre les élus de la majorité révélés par le maire démissionnaire lui-même dans sa lettre aux Saint Georgeais sont autant d’obstacles majeurs à une conduite apaisée, transparente et rigoureuse de l’action municipale. La situation risque donc de s’aggraver. Et cela sans que les contribuables n’aient leur mot à dire !
Le Groupe Emergence a décidé de donner la parole aux Saint-Georgeais, principales victimes des dysfonctionnements enregistrés depuis plusieurs mois.
Une pétition permettant à chacun d’exprimer son avis sur la démission collective du Conseil Municipal et sur la nécessité de refaire des élections vient d’être lancée. Cette consultation permettra ainsi, au groupe EMERGENCE, de sonder l’opinion des Saint georgeais afin d’adapter sa ligne de conduite dans les prochains mois.

J.M. Bouffard

• L'info en plus

Je te tiens, tu me tiens par la barbichette !

À Saint-Georges comme à Royan, on dit les choses au grand jour et c'est tout de même un avantage pour la démocratie. Il est d'autres communes, par contre, où l'omerta politique l'emporte.
Dans celles-ci, si un élu de l'opposition remarque une anomalie fondée dans un budget, il ne le dit pas publiquement, mais le fait savoir au responsable de la majorité. Un équilibre est alors recherché. Si l'élu accepte de se taire, il peut tirer certains avantages de la situation, quitte à balancer l'info à la presse si la confiance est trahie par la partie adverse.
Les accords, qui ainsi peuvent s'instaurer, s'expliquent par certaines amitiés entre élus de droite et de gauche dont le citoyen lambda n'a aucune idée. Sur la Côte, les choses sont différentes : les affaires sont soulevées par de simples élus qui n'ont pas l'ambition de devenir président de CDC ou de CDA, voire président du Conseil général !

• Didier Quentin, député maire de Royan, saisit le Tribunal Administratif

Rappelez-vous, il y a quelques semaines, lors d'un conseil municipal, opposition et majorité dissidente ont voté pour le retrait des délégations générales accordées à Didier Quentin en début de mandat. Depuis, le député maire n'a plus aucune marge de manœuvre. En conséquence, il a saisi le Tribunal Administratif pour juger du bien fondé de ce vote. Désormais, toutes les décisions municipales (y compris l'achat de ramettes de papier !) doivent être votées par l'ensemble du conseil municipal. Les opposants à Didier Quentin doivent bien rigoler : il a les pieds et mains liés...

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