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lundi 14 mars 2016

Gérard Larcher, président du Sénat :
Il connaît bien Jonzac où
il a animé une réunion sur l'emploi...

Le 25 mars prochain, Claude Belot, maire et président de la Communauté de Communes de Haute Saintonge, recevra les insignes de Chevalier de la Légion d'Honneur de Gérard Larcher, président du Sénat. Gérard Larcher connait bien Jonzac où il est venu plusieurs fois. En 2005, il avait réuni les chefs d'entreprises pour parler emploi. Seize ans plus tard, les préoccupations n'ont pas changé et le travail reste la priorité... 

Retour en 2005… 
Gérard Larcher à Jonzac (© Nicole Bertin)
Pour relancer l’économie, il n’existe pas de formule miracle sinon celle de réduire le nombre de chômeurs. « Le travail, c’est la santé », cette formule est d’autant plus vraie que les cotisations d’URSSAF, qui financent la Sécurité Sociale, sont prélevées sur les salaires. Le Gouvernement mise donc sur les nouveaux contrats (CNE, RMA, etc) qui devraient permettre, par leur souplesse d’application, d’offrir un emploi aux personnes inscrites à l’ANPE ou aux allocataires du RMI. Une façon efficace de combattre la sinistrose qui atteint bon nombre de Français, peu optimistes quant à l’avenir...

Chaque époque a ses préoccupations. Du XIXème siècle où le jeune enfant était affecté aux tâches les plus dures à l’actuel bénéficiaire du Revenu Minimum d’Insertion, il existe un monde. Un monde fait de lutte et d’acquis obtenus par la mobilisation et l’objectif constant de faire avancer la société, dans un but d’égalité et de fraternité. Cette situation est d’ailleurs à manipuler avec précaution. Quelques heures d’avion suffisent pour revenir en arrière, dans des pays où les adolescents exploités travaillent pour un salaire de misère pour de grandes marques. On peut toujours crier à l’injustice : les civilisations et leurs traditions sont ainsi faites. Les améliorations sont lentes et les peuples avancent à leur rythme, en fonction des régimes politiques et des influences religieuses.
Malgré les difficultés liées à la mondialisation, l’Europe se porte bien. Pourtant, les Français ont un moral en demi-teinte. Le gouvernement Villepin a parfaitement compris que pour redonner un peu d’enthousiasme à des citoyens désabusés, il serait bon d’arrondir leurs fins de mois en améliorant leur pouvoir d’achat. C’est dans l’immédiateté que l’homme trouve des réponses aux questions purement matérialistes. Imaginer l’avenir dans un contexte international délicat devient, en effet, de plus en plus difficile...

Un salaire significatif

Collant aux réalités du terrain, Jonzac accueillait, vendredi dernier, une rencontre sur le thème de l’emploi qu’animaient deux Ministres, Gérard Larcher et Dominique Bussereau. Leur périple avait commencé à Rouillac, chez Martell, pour se poursuivre en Haute-Saintonge, à la tonnellerie Radoux. Cette entreprise, spécialisée dans les tonneaux et fûts, abrite une école qui forme plusieurs apprentis chaque année. Ainsi se transmet le savoir-faire de génération en génération.
Réunissant de nombreuses personnalités, la réunion, qui se tenait dans l’enceinte de la société, aurait pu être une grand’messe, sans odeur, ni saveur. Il n’en fut rien, les intervenants faisant preuve de pragmatisme.
La Communauté de Communes possède un "commando" qui travaille en partenariat avec les structures liées à l’emploi, l’ANPE en première ligne. En cours de réalisation, la Maison de l’Emploi (virtuelle car sans murs) sera un guichet commun. L’objectif est de ramener le taux de chômage, actuellement de 8,6% sur le territoire de Haute-Saintonge, à 5% environ (Nicolas Sarkozy veut faire la même chose à l’échelon national sur dix ans).
La gestion prévisionnelle des emplois est une action à souligner et surtout à poursuivre. Estimer les possibilités de développement avec les décideurs régionaux permet une meilleure réactivité (postes à pourvoir, départs à la retraite, créations, etc). A la CDCHS, une chargée de mission s’intéresse à la question : une centaine d’entreprises ont été contactées et 1800 postes de travail analysés.
Pour Claude Belot, président de la CDCHS, cette « bataille » ne peut être gagnée sans la conjugaison de toutes les forces. Aujourd’hui, des contrats, type RMA, s’adressent aux plus démunis : « La précarité surgit au moment où l’on s’y attend le moins. Ce jour-là, une main tendue peut être salvatrice ». Il remercia les entreprises qui jouent la carte de la confiance. 1579 dossiers ont été signés : « nous pouvons doubler ce chiffre en peu de temps si nous restons mobilisés ». Les intéressés sont satisfaits : « Il y a les gens avant et les gens après. Nous avons tous besoin d‘être reconnus avec une utilité sociale, quelle qu’elle soit » admit l’élu. A 25 ans, il est évident que la possibilité de percevoir le RMI ne peut être une issue finale et fatale. Il est toujours possible de changer de situation, à condition de le pouvoir et surtout de le vouloir.
Jean-Louis Léonard, député de Rochefort, en est persuadé. A son sens, l’écart entre le salaire, le RMI ou les indemnités de chômage doit être suffisamment convaincant pour inciter les personnes à travailler. Par ailleurs, il souligna un autre point sensible : la difficulté, pour le maire, de se procurer la liste des allocataires du RMI, le seul organisme à la fournir spontanément étant la Caisse d’Allocations Familiales : « Personnellement, je pense que le maire est le mieux placé pour aider cette population dans ses recherches. J’ai moi-même tenté une expérience dans ma commune en convoquant 84 Rmistes. Quarante sont venus. Sur ce nombre, quinze m’ont expliqué qu’ils voulaient uniquement une couverture sociale. Certains, par contre et après plusieurs courriers, ne se sont jamais déplacés. Une telle attitude me semble discutable et, dans ce cas, leur RMI devrait être temporairement suspendu, jusqu’à ce qu’ils viennent en mairie ». La formule est sans doute choc mais, dans la salle, de nombreux participants approuvèrent ces propos : croire que la solidarité est systématiquement un dû n’est pas une solution. En Haute-Saintonge, « les bénéficiaires du RMI sont contactés régulièrement et des offres leur sont proposées tout au long de l’année » précisa Claude Belot.
Plusieurs intervenants dont Martine Botella ou M. Nadeau, de la MSA, apportèrent leurs témoignages quant aux actions conduites sur le territoire afin de favoriser le retour à l‘emploi. L’équipe de la Mutualité Sociale Agricole, en contact avec les exploitants, s’est enrichie de deux nouveaux agents. De nombreuses personnes, venant du régime général, se tournent vers les métiers de la ruralité. Françoise Neiser, responsable de la PAIO détailla le système du parrainage où jeunes et employeurs sont mis en contact. Aux Antilles de Jonzac, par exemple, une formation a été proposée au sein du complexe aquatique. A son terme, six CDI ont été signés.

Réunion dans les locaux de la Tonnellerie Radoux

Claude Belot au micro
Différentes interventions

Gérard Larcher aux côtés du préfet Tomasini, Dominique Bussereau, Claude Belot 
et Jean-Michel Rapiteau
L'assistance (Photos Nicole Bertin)
  « J’ai fait un rêve »...

Il est bon de rêver et Gérard Larcher ne s’en prive pas, si l’on en croit ses déclarations officielles : « Je n’imaginais pas à quel point vous étiez mobilisés pour l’emploi. Vous êtes le symbole d’une société qui ne se laisse pas aller à l’assistanat ». Et d’ajouter « cette nuit, j’ai fait un rêve ». Ah bon, dites-nous tout, Monsieur le Ministre... « Il y avait une centaine de Claude Belot dans ce pays, maîtrisant le chômage structurel qui ronge l’hexagone ». Le président ne pouvait qu’être touché par ces paroles élogieuses…
Le Ministre s’interrogea plus généralement sur les complexités actuelles : « La France n’a pas profité de sa pleine croissance pour réduire le chômage qui s’est accru dès que l’économie a été moins bonne, à partir de 2001. Pendant que d’autres Etats réduisaient leurs charges, comme le Danemark, la France a gaspillé sa période prospère en occultant les réformes qui s’imposaient ». Aujourd’hui, le chômage est à 10% et le contrat de cohésion sociale, proposé par le Gouvernement et le Ministre Jean-Louis Borloo, vise précisément à inverser la tendance. Le pays ne peut pas continuer à être fractionné en deux, la population active croulant sous le poids des charges qui lui incombent. À moins que Total, qui vient de dégager des bénéfices conséquents, n’accepte de partager ses dividendes !
Pour réussir, il faut tout d’abord que les contrats « nouvelle formule » soient connus du grand public. D‘où la nécessité de faire circuler l’information : « Emparez-vous des outils proposés » lança le représentant de l’État !  En fait, les mentalités doivent progresser dans leur ensemble, rompant avec les vieux clichés qui hantent certains esprits. Dans le domaine de l’éducation, par exemple, la revalorisation des métiers manuels, "recherchée" depuis vingt ans, est une nécessité. Un métier est bon quand la personne qui l’a choisi l’accomplit avec plaisir, qu’il s‘agisse d’arracher des carottes, de poser des carreaux ou de construire une charpente ! Pourquoi ce mépris pour tout ce qui n’est pas paperasserie, fonctionnariat ou professions libérales ? Il est grand temps de dépoussiérer Neandertal en privilégiant l’orientation ! L’apprentissage doit retrouver sa « vraie » place, c’est pourquoi des professionnels seront présents trois heures par semaine dans les classes de troisième. Ils viendront y présenter leur métier et, qui sait, susciter des vocations. La formule du maître et de l’apprenti a toujours porté ses fruits !
La France a un défi à relever. Elle doit retrouver son dynamisme tout en protégeant l’esprit de solidarité sur lequel reposent ses fondements. Cependant, « il ne doit pas être un droit de tirage sur la société » souligna Gérard Larcher. Face à un "Nico" en expansion, Dominique de Villepin est condamné à réussir. Si la situation stagne, la morosité des Français risque de ternir son passage à Matignon. Imaginez un grave choc pétrolier (provoqué par la demande croissante de l’Inde et de la Chine), une production ralentie débouchant sur une récession : le rêve de Gérard Larcher se transformerait alors en cauchemar...

Qu'ajouter en 2016 ? La situation n'a pas évolué. Sarkozy, qui voulait travailler plus pour gagner plus, a effectivement réussi pour lui-même mais pas pour ses concitoyens ;  Villepin a tiré sa révérence et Hollande n'a pas réussi à dynamiser l'emploi. Quant au projet de loi El Khomri, il provoque de vives réactions qui conduisent les syndicats dans la rue sous un gouvernement de gauche (un comble !). Bref, les gouvernements se suivent et les résultats attendus ne sont pas vraiment au rendez-vous…

Un repas avait suivi au casino de Jonzac
Bruno Albert, maire de Montlieu La Garde, Maurice Marzal, maire de Mirambeau
Le pontois Daniel Laurent et Bernadette Schmitt alors maire de Saintes
Claude Belot et Christophe Cabri sous le charme de Sud-Ouest !
Au centre, Jacky Quesson (photos Nicole Bertin)



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