Dans la lettre ouverte qui suit, le président de la CDA explique pourquoi il se retire de la présidence de cette collectivité. Quatorze de ses vice-présidents ayant démissionné (à l'exception de Céline Viollet), l'élu donne aujourd'hui cette démission qu'attendent avec tant d'impatience ses détracteurs. « Tout cela relève de l'irrationnel. Il a à la fois contre lui l'opposition, ce qui est de bonne guerre, mais également des gens de son camp dont certains semblent lui en vouloir depuis les dernières municipales alors qu'ils ont été élus avec lui » souligne un membre de la CDA qui se demande de quoi cette histoire accouchera : « dans un premier temps, la majorité applaudira le départ de Jean-Philippe Machon mais ensuite, l'équipe devra cohabiter. Les alliés actuels le resteront-ils ? L'avenir de la CDA repose sur la cohésion et n'oublions pas que nous avons un budget à voter et des projets à conduire à bien ».
Le prochain président de la CDA, qui sera élu mercredi prochain à Chaniers, devrait être Jean-Claude Classique. Il y a fort à parier que les vice-présidents ne devraient pas beaucoup changer. Jean-Philippe Machon, quant à lui, souhaite se consacrer entièrement à la ville de Saintes qui, soit dit en passant, le mérite car c'est l'une des plus belles cités de la région. Il conservera également son statut de conseiller communautaire. Un point qui a son importance puisque la ville centre de la CDA est Saintes et que le nouveau bureau devra forcément avoir son appui pour conduire ses grands projets...
Lettre ouverte de Jean-Philippe Machon : « Je ne peux pas rester président d'une CDA qui tourne le dos à son avenir »
Voilà presque deux ans, j’ai été élu Président de la Communauté d’Agglomération de Saintes (CdA).
Cette élection est intervenue dans un contexte de multiples réformes territoriales qui modifient les compétences et la structure du paysage administratif français, en particulier avec la naissance de la grande région Aquitaine. C’est un véritable changement culturel qui doit s’opérer, afin de développer une vision pour le territoire saintongeais, et sécuriser sa place et son avenir dans la nouvelle région.
Parallèlement, les règles du jeu financier ont été renversées : après des décennies de croissance continue des budgets de recettes et de dépenses, l’Etat a entamé une baisse historique des dotations aux collectivités. Il faut désormais gérer une baisse des ressources et par conséquent maîtriser les dépenses de fonctionnement.
Une situation financière assainie
Pour répondre à ces enjeux, j’ai proposé avec les vice-présidents un projet ambitieux pour la CdA, sans augmenter les impôts : doter la CdA d’une capacité d’investissement, rendre notre territoire plus attractif et l’élargir pour qu’il occupe une place significative dans la nouvelle région. C’est ainsi que nous pourrons doper l’activité dans tous les domaines, pour offrir plus d’emplois pour tous, plus de bien-vivre pour nos familles, et des situations d’avenir pour nos jeunes.
Ce projet nécessite des moyens pour investir et pour développer notre territoire. En deux ans, nous avons réussi à remettre l’agglomération sur la voie de l’investissement : l’épargne brute a augmenté de plus d’un million d’euros. Et surtout, les impôts n’ont pas été augmentés alors que dans le même temps les dotations de l’État baissaient fortement.
En continuant dans cette voie, notre capacité d’investissement pour réaliser des projets est d’au moins 5 millions d’euros par an dès 2016.
Des projets économiques et sociaux ambitieux
Conjointement à ce travail de redressement financier, nous avons lancé des projets pour assurer le futur économique et social de nos communes. Nous avons signé avec l’Etat et la région des engagements nécessaires pour l’attractivité de nos communes dans tous les domaines, y compris celui de la santé. Pour accueillir de nouvelles entreprises, nous avons commencé la commercialisation des terrains de la zone Parc Atlantique.
Des actions au service de la population et des entreprises
Nous avons amélioré la disponibilité du foncier par l’extension et l’aménagement de la Zone d’activité des Charriers à Saintes, de la zone de la Sauzaie à Fontcouverte, ou encore de celle de Champs Breuillet à Corme Royal. Pour nos commerces et le rayonnement de Saintes et du territoire, nous avons finalisé l’étude de positionnement touristique.
Pour l’avenir de nos jeunes et pour attirer de nouvelles entreprises, nous avons accéléré le déploiement du réseau Très Haut Débit et créé le premier forum du numérique. Pour les familles, les frais de fonctionnement des écoles ont été maîtrisés, et les tarifs de restauration scolaire, harmonisés.
Enfin, un relais d’assistants maternels a été ouvert, ainsi qu’une unité d’enseignement maternel pour enfants autistes. Ce dispositif est unique dans le département.
Les enjeux sont considérables :
Pour aller plus loin, il faut grandir
Il reste encore beaucoup à faire, et j’ai proposé de construire un projet de territoire autour de trois axes qui sont l’attractivité pour les entreprises, pour le tourisme, pour les habitants, ainsi que l’autofinancement, notamment avec la transition énergétique, et les valeurs d’humanisme et de solidarité.
Nous devons prendre les bonnes décisions, car il y a beaucoup à perdre ou à gagner. Imaginons la Saintonge de 2025 : nous pouvons être un territoire dynamique, dans lequel les entreprises reviennent, où l’on trouve du travail, où le visiteur nous enviera notre art de vivre et nos initiatives... Ou alors, nous prenons le risque de décliner doucement, de devenir un « arrière-pays bordelais », en marge de l’économie, charmant mais dépassé. Par exemple, nous devons anticiper l’arrivée du TGV grâce à l’électrification de la ligne Angoulême- Royan, et travailler sur les structures d’accueil, notamment le projet de gare multimodale, la rénovation du quartier de la gare à Saintes, ou encore sur la fréquence des liaisons avec la métropole Bordeaux. La nouvelle région Aquitaine est sensiblement de la même taille que l’Autriche ; au sein de cette région, les villes et les territoires redoublent d’efforts pour attirer l’activité. Pour ne pas nous retrouver à la traîne, nous devons être ambitieux pour notre avenir. Pour ne pas être si petits que nous perdons notre autonomie, nous devons grandir plus vite. Audace et ambition : c’est le sens des actions entreprises avec les élus, avec l’objectif de construire un territoire et une ville-centre qui soient dynamiques, rayonnants, innovants, et qui valorisent leur patrimoine pour créer de l’activité et du bien-être pour les habitants.
J’ai proposé la formation
d’une grande CdA de 75.000 habitants
C’est pourquoi j’ai déposé le 11 Mars un amendement devant la commission départementale de la coopération intercommunale, pour que notre agglomération fusionne avec la Communauté de Communes (CdC) de Gémozac. Nous pourrions ainsi former une agglomération plus grande, plus forte, de 75.000 habitants, qui se donne les moyens de porter des grands projets de territoire. L’objectif est que l’ensemble du Pays de Saintonge Romane se transforme en une grande CdA de 100.000 habitants avec Saintes pour ville-centre. Les villes et les élus de la CdA et des CdC de Gémozac et de Saint-Porchaire y prendraient toute leur place. Ils y entreraient avec l’expérience de deux années de bonne gestion qui ont permis, non seulement de redresser la barre, mais en plus de dégager des moyens pour investir sur l’avenir.
Je ne peux pas rester Président d’une CdA
qui tourne le dos à son avenir
Les élus de la commission départementale n’ont pas retenu cet amendement. La majorité d’entre eux a préféré une configuration qui, au contraire, affaiblit la CdA de Saintes avec le regroupement des CdC de Gémozac et de St-Porchaire.
Pour représenter efficacement la CdA, son président doit être convaincu de la validité de la
stratégie du territoire et de son efficacité pour le rendre plus
attractif. Or je ne le suis pas. A mon avis, malheureusement
minoritaire, la configuration retenue ne donne pas à Saintes et son
territoire toute leur place ni toutes leurs chances. Elle présente un
risque pour l’avenir, celui de devoir réduire nos ambitions car, avec
un territoire fragmenté, nous ne serons pas assez forts.
Après m’être tant investi pour faire partager une certaine vision, il me semble impossible à présent d’en défendre efficacement une autre. C’est pourquoi j’ai décidé de me retirer de mes fonctions de Président de la CdA de Saintes, avec effet à la date de l’acceptation par M. le Préfet.
En tant que maire de la ville-centre, je vais continuer à travailler avec les maires et les élus de la CdA qui savent pouvoir compter sur moi, afin de faire avancer les grands projets que nous conduisons avec l’ensemble des élus saintais, pour rendre Saintes plus attractive et plus agréable à vivre.
"Des projets économiques et sociaux ambitieux...": Aucune allusion au départ du siège social du Crédit Agricole! (270 emplois supprimés à Saintes dès le mois de septembre prochain). Faut t-il en conclure que le grand projet de "citée entrepreneuriale" dans les locaux du Crédit Agricole n'est plus d'actualité?
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