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lundi 13 juin 2011
Spectacle de jazz
au château de Jonzac :
Vive le Caroline Jazz Band !
L’autre jeudi, il y avait affluence à Jonzac. Une fois n’est pas coutume, le premier concert de jazz de l’année avait lieu au théâtre du château, mais les prochains rendez-vous seront organisés aux Carmes, en plein air, c’est promis !
La soirée était animée par le “Caroline Jazz Band“, un excellent quintet dont la qualité musicale n’est plus à démontrer. Les cinq musiciens, Bruno Braud à la guitare, Yves Buffetrille à la contrebasse, Henry Donnadieu au saxophone, Francis Guéro au trombone, Michel Mozet à la batterie ont montré les multiples facettes de leur talent. Quant à Florence Chauveau, elle a été époustouflante tant par son énergie que ses qualités vocales.
En seconde partie, le groupe a rendu hommage à Boris Vian avec des chansons et des poèmes qui n’ont pas pris une ride. Le reste du répertoire était consacré à un jazz plus “classique“ inspiré des rythmes noirs américains.
Le public a longuement applaudi cette formation avec qui il passé un sacré moment de détente, dans la joie et la bonne humeur. Il est d’ailleurs dommage que ces joyeux compères n’habitent pas Jonzac. Avec eux, on ne risquerait pas de s’ennuyer !
Le journaliste Michel Boujut
a rejoint son père, Pierre,
créateur de la Tour de Feu
Nous avons appris avec tristesse la disparition de Michel Boujut, grand Charentais, écrivain, critique de cinéma et journaliste. En 2006, l’Académie de Saintonge lui avait décerné le prix Chapsal. Il y a quelques années, Michel Boujout était l’invité de l’Université d’Eté de Jonzac, alors présidée par Pierre Nivet. Devant un nombreux public réuni au Cloître des Carmes, il avait parlé de son père Pierre Boujut, “tonnelier poète“ qui avait créé à Jarnac Charente une revue célèbre “la Tour de Feu“... Retour sur cette conférence.
« Amis, n’écoutez plus les fanatiques car la poésie est déclarée. Un seul mot d’ordre : Soyez heureux, la paix commence ! ». L’appel de Jarnac, imprimé sur un bulletin de la Tour de Feu dans les années cinquante, se passe de commentaires. Pour les créateurs de cette revue, il ne fait aucun doute que l’écriture, porteuse d’espérance, l’emportera sur la violence. Un tel enthousiasme n’a rien d’étonnant. À cette époque, les deux guerres mondiales hantent encore les esprits.
Parmi ces hommes qui souhaitent farouchement que les canons se taisent, figure un Jarnacais, Pierre Boujut. Un charentais au caractère déterminé, amoureux de la nature et de la belle langue de France, idéaliste, parfois rêveur… tout en gardant les pieds sur terre.
Témoin privilégié, Michel Boujut conte l’aventure poétique de son père et explique comment il a fondé, en province, une revue qui dépasse les limites administratives de la Charente. « J’avais un père qui ne ressemblait pas aux autres. En général, je parle de cinéma. Évoquer sa figure est pour moi un exercice particulier. Plus le temps passe et plus je me sens proche du poète qu’il était » déclare-t-il avec une émotion visible.
Journaliste, notamment aux “Nouvelles Littéraires“ à la fin des années 70, puis à “L’Événement du jeudi“ lors de la création de l’hebdomadaire en 1984, puis à “Charlie Hebdo“ à partir de 1993, Michel Boujut est également l’auteur de nombreux romans et essais, dont les remarqués “Wim Wenders“, étude consacrée au cinéaste allemand et plusieurs fois rééditée, et “Conversations avec Claude Sautet“. Au début de l’année, il avait publié un essai : « Le jour où Gary Cooper est mort ». Dans les années 80, il fut le créateur de “Cinéma, Cinémas“, émission “mythique“consacrée au 7e art et diffusée sur Antenne 2 de 1982 à 1991. Grand amateur de jazz, il fut également collaborateur de la revue “Jazz Magazine“. (Photo François Huchet)
Qui était-il, Pierre Boujut ? Selon Jean Glénisson, cette personnalité attachante conjuguait plusieurs cordes à son arc. Il était pacifiste, sensible et il croyait en l’homme. C’est pourquoi il avait en horreur les bassesses et les traîtrises qui précipitent l’humanité dans la barbarie. « Je partage sa vision du monde, même s’il nous arrivait d’être en désaccord » souligne Michel Boujut. Et de lire un passage touchant où son père s’adresse à un jeune homme imaginaire qui dirait à son sujet, longtemps après : « j’aurais aimé le rencontrer au coin d’une rue, pédalant pour la vie et jubilant d’amour »…
Le tonnelier poète
« Généreux, courageux, brouillon, Pierre Boujut était un jarnacais entêté. je l’aimais beaucoup ! » disait Claude Roy, journaliste et écrivain. Leur amitié, de longue date, avait connu des hauts et des bas. Ils avaient été brouillés à un moment, puis s’étaient réconciliés. En réaction au “poète mineur“ de Claude Roy paru en 1949, Pierre Boujut avait publié “le poète majeur“. Sans commentaires ! (photo archives)
Pierre Boujut est né en 1913 à Jarnac, en Charente. Après avoir effectué des études au collège de Cognac, il reprend la tonnellerie familiale, puis il devient marchand de fers et futailles. À cette activité liée au développement de la viticulture, il ajoute un jardin secret, l’écriture et la poésie. Avec des amis qui partagent sa passion, il fonde une revue baptisée successivement “Reflets“, “Regains“ et “la Tour de Feu“. Cette publication internationale de création poétique constitue un défi. Par pudeur, certains auteurs éprouvent de la honte à se déclarer poètes. Pierre Boujut n’échappe pas à la règle : « Je suis poète. C’est bon, inutile d’en rajouter ! » lance-t-il. La poésie coulant en lui « comme une source », il prend la plume dès l’âge de 18 ans. Sa rencontre avec Claude Roy est importante.
“Reflets” voit le jour dans les années 30. Sa devise est claire : « la poésie aide à vivre ». En 1937, elle change de titre pour s’appeler “Regains”. Pour les raisons que vous devinez, l’autorisation est demandée à Jean Giono qui conseille de mettre un “s” à la fin du mot. Ainsi, aucune confusion avec son propre livre ne sera possible.
« C’était déjà une vraie revue littéraire avec une véritable équipe » remarque Michel Boujut, « elle avait pris sa place dans le mouvement poétique français ». Une fois n’est pas coutume, la vie intellectuelle se déroule en dehors de Paris !
Malheureusement, la guerre met un terme à cette belle expérience. Bien qu’antimilitariste, Pierre Boujut rejoint l’armée. « Contre Hitler, il n’y a pas d’autre solution que de lutter et se battre ». Il est alors fait prisonnier. « Né en quarante, je n’ai vu mon père pour la première fois qu’en 1945 » se souvient Michel Boujut. En Autriche où il est retenu durant quatre longues années, il écrit sa « douleur » en pensant à sa famille et aux êtres qui lui sont chers. À la Libération, il peut enfin rejoindre sa terre natale. L’y attendent sa femme et surtout son petit garçon ! En voyant cette petite frimousse, il pense que le monde à venir, tirant les enseignements du passé, sera plus fraternel. Cette illusion est de courte durée puisque la guerre d’Indochine se profile à l’horizon. Il la condamne avec une violence extrême.
La tour de feu : Poète pour le salut de son âme !
En 1946, la revue prend un nouveau départ. Le soleil se lève sur “la Tour de Feu”, clin d’œil à la Tour d’Ivoire de Vigny. Pierre Boujut est entouré de poètes venant des quatre coins de l’hexagone (voire au-delà) : Adrian Miatlev, Emmanuel Eydoux, Roger Noël-Mayer, Edmond Humeau, Pierre Chabert, Fernand Tourret, Jacques Moreau, Pierre Chaleix, Jean Laurent, A.D. Grad, etc. L’équipe s’étoffe autour du “tonnelier poète”. Cette formule, donnée par un journaliste, ne lui déplaît pas. Elle éclaire les deux aspects de sa personnalité : « tonnelier pour subvenir aux besoins de sa famille, poète pour le salut de son âme ! ». Le temps s’écoule comme le grand fleuve qui traverse Jarnac. Il publie une quinzaine de recueils : faire danser la vie, le poète majeur, la vie sans recours, les poèmes de l’imbécile heureux, les mots sauvés. Ce sont des poèmes d’effusion, de foi humaine, d’exaltation dans la vie. Chacun est un morceau d’autobiographie.
Au bord de l’eau en 1951, à la même époque que la venue de Paul Strand à Gondeville en Charente (photo archives)
Outre ce travail personnel, sa principale préoccupation reste “La Tour de Feu” diffusée chaque mois. Elle vit jusqu’en 1981, soit quarante ans d’une aventure poétique sans égal. Aujourd’hui, Michel Boujut réalise combien son père était courageux : La Tour de Feu avait son siège en Charente, dans une petite ville de 5 000 habitants ! Animer un courant de pensée qui soit reconnu par les cercles littéraires (surtout ceux de la capitale) démontre un talent réel et une belle part d’originalité.
En dehors des modes, Pierre Boujut et ses amis ont avancé sur le chemin tracé avec simplicité et opiniâtreté. Doux rêveurs, les poètes peuvent se transformer en agitateurs. À titre d’exemple, nos amis jarnacais craignaient l’éventualité d‘une troisième guerre mondiale entre les États-Unis et l’URSS. « Ils n’ont pas hésité à le dire haut et fort ! ». Épris de liberté, ils rédigèrent le fameux manifeste de Jarnac “la poésie est déclarée“, symbole de renouveau et d’évasion. Chaque 14 juillet, ils avaient rendez-vous sous le ciel de Charente : « La poésie ne se concevait qu’ensemble. Je dirais que la Tour de Feu était le cercle des poètes disparates ! » constate Michel Boujut face à la diversité des personnages qui composaient le groupe, des médecins, des enseignants, des tonneliers.
Les Jarnacais étaient au nombre de deux, les autres venaient d’ailleurs. « Ils s’aimaient bien, c’est pourquoi ils se disputaient souvent. Quand ils se retrouvaient dans la tonnellerie, une authentique complicité les réunissait. Sur une carte postale, on les voit au bord du fleuve. Quand j’ai fait mes recherches sur le jeune homme en colère de Paul Strand, je me suis rendu compte que cette photo avait été faite au même moment, en 1951 ». À quelques kilomètres !
Pierre Boujut tenait sa revue d’une main de fer. Comment conciliait-il une foi protestante, très présente, et des pulsions libertaires ? Son fils admet que « ce n’était pas facile tous les jours ». Il évoque une histoire ancienne : « je me souviens d’un pasteur qui ne lui plaisait pas. Croyant, il se rendait au Temple mais, durant la cérémonie, il lisait un livre manifestant ainsi son désintérêt. Cette anecdote illustre bien son caractère, mon père était un réfractaire ». Autrement dit, il ne rentrait pas dans le moule et affichait ses positions.
Les poètes dans la tonnellerie Boujut. Pierre Boujut avait hérité de son père, mort durant la première guerre mondiale, de cette tonnellerie installée à Jarnac en Charente. « Il a repris le flambeau familial pour faire plaisir à sa mere » estimait son fils unique, Michel. Le nom «Boujut» aurait d’ail leurs un rapport avec les fûts : «quand un tonneau a du ventre, on dit qu’il a du bouje» (photo archives)...
« Pourquoi j’écris ? Pour faire du bien » disait-il à qui lui posait la question. Pierre Boujut se voulait optimiste avant tout. Il s’est éteint en 1992, à 79 ans. Un an avant sa mort, était paru le 150e et dernier numéro de la Tour de Feu. Les responsables y faisaient le bilan de leur expérience unique. Pierre Boujut avait également publié un volume de souvenirs : « un mauvais Français ».En hommage à cet homme qui marqua sa ville, une association a été créée en 1996 pour « perpétuer sa mémoire, entretenir ses archives et présenter au public des animations ». La tonnellerie est devenue l’espace poétique Pierre Boujut. L’été, une exposition est ouverte au public. Elle comprend des photos, des lettres d’écrivains, Jean Giono, Henri Miller, Jean Cocteau, André Gide. Une fois par an, un cahier, qui représente une suite à la Tour de Feu, est édité.
Nicole Bertin
• Dans la tonnellerie, les ouvriers avaient apposé la pancarte suivante : «les patrons sont les patrons, les ouvriers sont les maîtres !». Loin de s’offusquer, Pierre Boujut avait jugé la formule intéressante et l’avait laissée. Elle s’y trouve encore aujourd’hui.
• Le jeune homme en colère
Claude Grijalvas en 1951. Il s'apprête à partir à la pêche. Un photographe arrive dans le village. Vous connaissez la suite...
En 1951, le grand photographe américain Paul Strand est en Charente où il immortalise un « jeune homme en colère » dans le village de Gondeville. Cette photo de Claude Grijalvas fera le tour du monde. En 1995, Michel Boujut le retrouve dans la région parisienne et organise une reconstitution en présence du photographe François Huchet (ex propriétaire du “Vieux Logis“, restaurant situé à Clam en Charente-Maritime). Un moment intéressant et émouvant !
L’arte contra la morte :
La nouvelle exposition
de Jean-Michel Bénier
La nouvelle exposition du peintre Jean-Michel Bénier a ouvert ses portes vendredi dernier au Logis de la Massonne, sur la commune de La Gripperie Saint-Symphorien (Charente-Maritime). D’Anvers à Venise, l’artiste imagine un voyage initiatique aux côtés du peintre Pieter Bruegel…
Qu’allons-nous chercher par-delà l’horizon sinon la guérison d’être vivant ? Natif du Jura, il y a longtemps que Jean-Michel Bénier se pose cette question. Au-delà des cimes, des vertes vallées, quel est ce monde qui grouille et risque de nous avaler tout cru ? Cirque de l’absurde, harmonie déjantée, hommes perdus aux fins fonds d’une galaxie sans possibilité d’en sortir…
Par la peinture, art où il excelle, Jean-Michel Bénier essuie la buée qui envahit les grandes baies de l’existence. Appuyant fortement sa paume contre le verre froid, il fait jaillir les couleurs de sa palette.
En 2007, il s’est lancé un défi : entreprendre un voyage à travers l’Europe sur les pas de Bruegel l’ancien, peintre flamand qu’il admire.
Il prend alors son bâton d’humaniste, d’Anvers à Venise. Ce défi, il le relève avec patience et détermination. Jean-Michel Bénier sait donner du temps au temps, tout en combinant les époques. Avec son guide spirituel, il imagine un dialogue entre Bruegel, peintre du XVIe siècle dont le talent est universellement reconnu et lui, l’homme du XXIe siècle aux allures de Viking. « Devant son œuvre, je suis en pays d‘amour, la mer, la neige, les saisons, les paysans, le paysage. Il est le premier peintre avec Dürer et Vinci à avoir peint la montagne. Il a surtout ce regard lumineux posé sur les vanités humaines ».
Chaque jour, dans son journal, Jean-Michel Bénier note ses rencontres et ses émotions. L’Europe, que les états ont du mal à construire, défile sous ses yeux et la montagne l’appelle : « quand j’ai songé à ce projet, je l’ai appelé ascensions poétiques, juste pour voir un instant le monde d’en haut ». Puis viennent la plaine, les villes belges, la Suisse, le col du Saint-Bernard, le Val d’Aoste, et bientôt l’Italie, Mantoue, Vérone, Padoue, Venise. Venizia se dessine. Un bonheur que cette ville où chaque ruelle est un décor de théâtre !
D’Anvers à Venise
Ce voyage initiatique a inspiré à Jean-Michel Bénier une nouvelle exposition « L’arte contro la morte, l’art contre la mort », qu’il présente jusqu’en septembre au Logis de la Massonne. Il témoigne ainsi de sa trace, de sa vie face à la mort. L’œuvre, forte et habitée, conjugue paysages, figurations, collages, abstractions et une fresque magistrale. En effet, après la visite de la Brera à Milan et le choc de la Sainte Félicité de Mantegna, l’artiste a éprouvé la nécessité de peindre a fresco, “dans le frais“. Un exercice difficile s’il en est ! « L’art est né le premier jour où l’homme primitif a gravé sur la paroi. Il a eu conscience de sa fragilité et du mystère qui entourent son existence » explique t-il.
Aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction (Saint-Exupéry)
Inaugurée vendredi dernier, l’exposition attire un nombreux public. Les vastes bâtiments se prêtent à cette déambulation qui suscite la réflexion. Chaque toile recèle des secrets. Le sacré y apparaît en filigrane.
La première salle, consacrée aux étapes nordiques, offre une peinture réaliste. Parmi les tableaux, "les songeries érotiques d’une religieuse flamande" est l’un des clins d’œil qu’offre Jean-Michel Bénier à la galerie. Dans le second espace, le grand polyptyque, inspiré de « La pauvreté et de la mort » de Rainer Mara Rilke, s’impose. Le regard s’arrête, frappé par ces femmes de noir drapées dont les yeux apeurés crient l’incompréhension. Abandonnées à leur sort terrestre, elles semblent implorer le visiteur qui tend la main vers elles. La complicité entre les deux mondes est presque instinctive. « L’artiste revisite La descente de croix de Rubens. L’effet est fulgurant » soulignent les critiques.
La dernière étape est un havre de paix où la pensée se libère en musique.
Assortie d’un livre de souvenirs, “L’Arte contre la Morte“ est une œuvre importante que Jean-Michel Bénier a mis plusieurs années à réaliser. Pour lui, peindre est un acte de liberté : « je continuerai à faire de la peinture si j’en ressens la nécessité. Je ferai de l’abstraction si l’instant, la lisière entre deux couleurs, l’alliance ennemie de deux surfaces engendrent l’harmonie et si la note, justement pour finir, donne au tableau toute sa picturalité ».
Pieter Bruegel continuera-t-il à l’inspirer ? Il n’est pas interdit de le penser. Jean-Michel Bénier entrevoit un dernier échange avec lui sous le ciel de Toscane : « Tu as appris à danser parmi les anges. Maintenant, il va te falloir apprendre à danser parmi les serpents » aurait pu dire le Maître. Et d’ajouter : « on n‘apprend rien de l’avenir »… C’est pourquoi, il faut vivre le moment présent !
“L’Arte contre la Morte“ est une exposition à ne pas manquer par sa richesse, le message qu’elle transmet et la personnalité de l’artiste qui lui a donné vie !
• L’art contre la mort, l’art comme défi pour maintenir la vie
Dans une Europe en crise d’identité, où le culte de l’argent favorise le culturel au détriment de la culture, l’acte de peindre revêt alors toute sa dimension et sa gravité. Au retour de son voyage, Jean-Michel Bénier nous livre une œuvre puissante.
Exposition sur les lieux de vie et de création de l’artiste jusqu’au 18 septembre 2011 (tous les jours de 10 h à 19 h) au Logis de la Massonne, 17620 La Gripperie Saint-Symphorien, à mi-chemin entre Rochefort et Royan.
Jean-Michel Bénier a choisi d'exposer chez lui, dans de vastes bâtiments restaurés. Le lieu, unique, se prête à cette exposition.
• Informations : www.jeanmichel-benier.com
dimanche 12 juin 2011
Le monde fascinant
des fossiles et de la préhistoire
Mercredi 15 juin, de 10 h à 18 h, Michel Bureau vous invite à découvrir une exposition de fossiles et d’outils préhistoriques dans la salle municipale de Réaux (17).
Les élèves de l’école de Réaux ont été les premiers à découvrir l’exposition sur les outils de l’homme préhistorique proposée par Michel Bureau. « Il se sont montrés très intéressés » souligne ce collectionneur du Sud Charente qui se passionne depuis toujours pour la paléontologie. Il revient la semaine prochaine au centre culturel de Réaux où il réservera une journée au grand public mercredi 15 juin de 10 h à 18 h.
On y verra une large palette de fossiles, minéraux ainsi qu’un panel d‘outils préhistoriques : « mes expositions, très pédagogiques, ont surpris et émerveillé de nombreuses personnes de tous âges qui ont pu admirer une diversité étendue de fossiles animaux et végétaux. Les plus anciens datent de plus de 600 millions d’années » explique-t-il. Ses recherches dans les champs, carrières et à l’occasion de travaux ont largement contribué à la richesse de ses collections, ainsi que diverses acquisitions auprès de spécialistes.
Ne manquez pas cette expo qui se promet d’être riche et variée. L’entrée est libre. Une urne sera déposée dans la salle ; les fonds recueillis seront versés à l’école primaire de Réaux.
Tout contact avec Michel Bureau 06 12 20 07 89
• Parmi ses « trouvailles », Michel Bureau a eu la chance de trouver des dents d’un requin inconnu. Elles ont été examinées et répertoriées par l’Université de Rennes. Un sujet pour notre ami chercheur Didier Néraudeau !
Chaniers : Quand le verre
devient sculpture
Belle prestation de l’association Amarres qui a présenté à Chaniers sa biennale de verre. Un coup de chapeau aux artistes qui ont dévoilé les immenses facettes de leurs talents respectifs. Plusieurs œuvres ont retenu l’attention, dont les grands plats colorés soufflés par Simonin. Un travail difficile qui demande une attention de tous les instants.
Bref, ce fut un plaisir pour les yeux et même si certaines pièces paraissent inaccessibles financièrement, le public a pu les contempler en toute liberté !
Eric Simonin, verrier à Brantôme, explique les différentes techniques qui conduisent à un plat en verre soufflé. Un sacré travail !
Boresse et Martron :
Sylvia Devers n'est plus
Amie des arbres, des fleurs et de la nature chaleureuse qui l’entourait, Sylvia Devers ressemblait aux elfes qui apparaissent dans les contes de fées. Elle en avait le regard clair et cette part de mystère qui faisait d’elle un être à part.
D’origine suisse, elle s’était installée dans le Sud Saintonge par amour pour Michel, son époux. Artiste douée d’une grande sensibilité, elle était devenue une photographe renommée qui faisait notre admiration. Ses sujets de prédilection se situaient dans son environnement - dont les fameux lacs bleus - mais aussi dans l’actualité, avec une série importante sur les forêts déchiquetées après la tempête de 1999. Originale était cette étude sur les phares de voitures présentée à Boresse et Martron pour les Journées du Patrimoine.
Sylvia Devers a lutté durant de nombreuses années contre la maladie et son courage a été remarquable. Nous garderons le souvenir d’une femme libre et engagée dans une voie artistique où elle a révélé les multiples facettes de son talent.
Nous adressons nos condoléances à Michel Devers, son mari, André, Philippe et Sophie, ses enfants et leurs conjoints ; Guillaume, Matthieu, Anaïs, Roxane, Xavier, Juliette, Aymeric et Romain, ses petits-enfants ainsi qu’à toute la parenté.
• Hommage de Bernard Bordelais lors des obsèques de Sylvia Devers qui se sont déroulées dans le jardin de la maison familiale, à Bassinet, en présence de la famille de la défunte et ses nombreux amis, dont les maires de Neuvicq et Boresse et Martron.
« Sylvia a posé son appareil photo et a fermé ses yeux pour l’éternité Elle nous laisse seuls. Salut l’artiste, le spectacle merveilleux de la nature continue, cette nature pleine de vie du Sud-Saintonge, de la double saintongeaise que tu as tant chérie, tant aimée. Toi l’étrangère, venue de Suisse, née à Saint-Imier au début de la Seconde Guerre Mondiale, toi, la poétesse, la photographe amateur, l’autodidacte perdue parmi l’incompréhension locale, non reconnue à ta juste valeur, déracinée, meurtrie comme les arbres de la forêt après le passage dévastateur de la tempête, tu n’iras plus parcourir la campagne pour nous livrer ta vision très particulière du monde, tu n’iras plus respirer le parfum de la bruyère, ta fleur préférée, celle qui tous les ans, en souvenir, fleurira à cette même époque, fin mai. Notre environnement, le plus souvent insignifiant à nos yeux, souvent négligé, parfois agressé par le commun des mortels, prenait grâce à toi une toute autre dimension artistique. Les portraits des êtres chers ou anonymes, toujours sublimés, la photo d’une perle de rosée, d’une fleur, l’impact d’une pierre dans la boue, un phare de voiture, un arbre déchiqueté et bien d’autres clichés encore, traduisent à jamais ta grande sensibilité, ton sens inné de l’esthétique, ton immense talent. Ton regard sur les merveilles de l’univers environnant, animé par le feu de la passion, hors du commun, épris de beauté, à la gloire de la création dans laquelle nous évoluons dans un laps de temps bien trop court, va nous manquer. Tes nombreuses expositions et récompenses, le plus souvent loin d’ici, sont la preuve de ta dextérité intellectuelle, du bien fondé de ton action. Ta voix douce et mélodieuse ne sera plus audible pour Michel, ton époux, pour Sophie, André et Philippe, tes enfants et pour tes huit petits enfants et tes amis. Et pourtant, et pourtant, ton souvenir restera ancré dans notre mémoire, dans notre cœur. Artiste créateur, tu laisses en partant le témoignage de ton œuvre merveilleuse, de nombreux poèmes et des milliers de photos, ceci te permet de prétendre, à juste titre, malgré ta grande humilité, ici bas, à une parcelle d’éternité. Une vie vient de prendre fin après des années de souffrance, de lutte contre la maladie face à laquelle tu as combattu avec le plus grand des courages. Toujours, tu as gardé espoir, te projetant vers l’avenir, ignorant le mal qui te rongeait. Tu as fait montre d’exemplarité, emplie de combativité et d’espérance. Gardons souvenir des bons moments passés, de ton sourire espiègle, de la pertinence et de la justesse de ta pensée. Je garde le souvenir vivace de toi, au château de Montguyon, où, tous les ans, fleur parmi les fleurs, tu décorais, tu fleurissais le site médiéval. Ta délicatesse et ton sens artistique faisaient merveille, l’écrin de pierre dédié à la rose resplendissait. Comme le chantait le poète François de Malherbe, « tu as vécu ce que vivent les roses, l’espace d’un matin ». À n’en pas douter, ce jour fatidique du 25 mai 2011, jour de Sainte Sophie, la Sophia antique, la philosophie grecque, quelques gouttes de rosée, des larmes d’amour ont scintillé sur les pétales de roses au soleil levant. Cette rose, telle la rose mystique, restera fleurie dans nos cœurs. Nous continuerons à cheminer, à tes côtés, par la pensée, tu nous prendras la main et nous montreras l’indicible, le beau, le merveilleux. Grâce à toi, notre regard ne sera plus le même. Tes enfants et petits-enfants ont perdu une maman, une grand-mère, mais ils gardent précieusement en eux, un guide, une référence. Tu as éclairé le chemin, à eux, ici et maintenant, résolument tournés vers l’avenir, de poursuivre la route, à leur rythme, dans la joie et l’espérance, en mémoire de toi. Sylvia, repose en paix. Au nom de tous, merci ».
• Attention touchante
Sylvia Devers avait prévu un petit souvenir qui fut remis à chacune des personnes présentes : un message émouvant, illustré par l’une de ses photos représentant de la bruyère au pied d’un pin où s’enroule de la vigne sauvage.
« Chère famille, chers amis, J’espère que vous ne m’en voudrez pas pour ces obsèques hors de nos traditions. Je ne désire pas être enterrée dans un cimetière. Je préfère que mes cendres soient dispersées dans nos forêts pleines de bruyères, mes fleurs préférées. J’aime la nature magnifique à chaque saison. J’y retrouve mes forces et mon courage devant tant de merveilles. Merci à toutes les personnes qui m’ont offert leur amitié. Aujourd’hui, j’ai de la peine à vous abandonner. J’espère qu’il restera une petite place dans vos mémoires pour nos joies et nos peines partagées. Je vous demande de respecter la nature. Elle vous le rendra. Adieu Saintonge bien aimée ».