La nouvelle exposition du peintre Jean-Michel Bénier a ouvert ses portes vendredi dernier au Logis de la Massonne, sur la commune de La Gripperie Saint-Symphorien (Charente-Maritime). D’Anvers à Venise, l’artiste imagine un voyage initiatique aux côtés du peintre Pieter Bruegel…
Qu’allons-nous chercher par-delà l’horizon sinon la guérison d’être vivant ? Natif du Jura, il y a longtemps que Jean-Michel Bénier se pose cette question. Au-delà des cimes, des vertes vallées, quel est ce monde qui grouille et risque de nous avaler tout cru ? Cirque de l’absurde, harmonie déjantée, hommes perdus aux fins fonds d’une galaxie sans possibilité d’en sortir…
Par la peinture, art où il excelle, Jean-Michel Bénier essuie la buée qui envahit les grandes baies de l’existence. Appuyant fortement sa paume contre le verre froid, il fait jaillir les couleurs de sa palette.
En 2007, il s’est lancé un défi : entreprendre un voyage à travers l’Europe sur les pas de Bruegel l’ancien, peintre flamand qu’il admire.
Il prend alors son bâton d’humaniste, d’Anvers à Venise. Ce défi, il le relève avec patience et détermination. Jean-Michel Bénier sait donner du temps au temps, tout en combinant les époques. Avec son guide spirituel, il imagine un dialogue entre Bruegel, peintre du XVIe siècle dont le talent est universellement reconnu et lui, l’homme du XXIe siècle aux allures de Viking. « Devant son œuvre, je suis en pays d‘amour, la mer, la neige, les saisons, les paysans, le paysage. Il est le premier peintre avec Dürer et Vinci à avoir peint la montagne. Il a surtout ce regard lumineux posé sur les vanités humaines ».
Chaque jour, dans son journal, Jean-Michel Bénier note ses rencontres et ses émotions. L’Europe, que les états ont du mal à construire, défile sous ses yeux et la montagne l’appelle : « quand j’ai songé à ce projet, je l’ai appelé ascensions poétiques, juste pour voir un instant le monde d’en haut ». Puis viennent la plaine, les villes belges, la Suisse, le col du Saint-Bernard, le Val d’Aoste, et bientôt l’Italie, Mantoue, Vérone, Padoue, Venise. Venizia se dessine. Un bonheur que cette ville où chaque ruelle est un décor de théâtre !
D’Anvers à Venise
Ce voyage initiatique a inspiré à Jean-Michel Bénier une nouvelle exposition « L’arte contro la morte, l’art contre la mort », qu’il présente jusqu’en septembre au Logis de la Massonne. Il témoigne ainsi de sa trace, de sa vie face à la mort. L’œuvre, forte et habitée, conjugue paysages, figurations, collages, abstractions et une fresque magistrale. En effet, après la visite de la Brera à Milan et le choc de la Sainte Félicité de Mantegna, l’artiste a éprouvé la nécessité de peindre a fresco, “dans le frais“. Un exercice difficile s’il en est ! « L’art est né le premier jour où l’homme primitif a gravé sur la paroi. Il a eu conscience de sa fragilité et du mystère qui entourent son existence » explique t-il.
Aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction (Saint-Exupéry)
Inaugurée vendredi dernier, l’exposition attire un nombreux public. Les vastes bâtiments se prêtent à cette déambulation qui suscite la réflexion. Chaque toile recèle des secrets. Le sacré y apparaît en filigrane.
La première salle, consacrée aux étapes nordiques, offre une peinture réaliste. Parmi les tableaux, "les songeries érotiques d’une religieuse flamande" est l’un des clins d’œil qu’offre Jean-Michel Bénier à la galerie. Dans le second espace, le grand polyptyque, inspiré de « La pauvreté et de la mort » de Rainer Mara Rilke, s’impose. Le regard s’arrête, frappé par ces femmes de noir drapées dont les yeux apeurés crient l’incompréhension. Abandonnées à leur sort terrestre, elles semblent implorer le visiteur qui tend la main vers elles. La complicité entre les deux mondes est presque instinctive. « L’artiste revisite La descente de croix de Rubens. L’effet est fulgurant » soulignent les critiques.
La dernière étape est un havre de paix où la pensée se libère en musique.
Assortie d’un livre de souvenirs, “L’Arte contre la Morte“ est une œuvre importante que Jean-Michel Bénier a mis plusieurs années à réaliser. Pour lui, peindre est un acte de liberté : « je continuerai à faire de la peinture si j’en ressens la nécessité. Je ferai de l’abstraction si l’instant, la lisière entre deux couleurs, l’alliance ennemie de deux surfaces engendrent l’harmonie et si la note, justement pour finir, donne au tableau toute sa picturalité ».
Pieter Bruegel continuera-t-il à l’inspirer ? Il n’est pas interdit de le penser. Jean-Michel Bénier entrevoit un dernier échange avec lui sous le ciel de Toscane : « Tu as appris à danser parmi les anges. Maintenant, il va te falloir apprendre à danser parmi les serpents » aurait pu dire le Maître. Et d’ajouter : « on n‘apprend rien de l’avenir »… C’est pourquoi, il faut vivre le moment présent !
“L’Arte contre la Morte“ est une exposition à ne pas manquer par sa richesse, le message qu’elle transmet et la personnalité de l’artiste qui lui a donné vie !
• L’art contre la mort, l’art comme défi pour maintenir la vie
Dans une Europe en crise d’identité, où le culte de l’argent favorise le culturel au détriment de la culture, l’acte de peindre revêt alors toute sa dimension et sa gravité. Au retour de son voyage, Jean-Michel Bénier nous livre une œuvre puissante.
Exposition sur les lieux de vie et de création de l’artiste jusqu’au 18 septembre 2011 (tous les jours de 10 h à 19 h) au Logis de la Massonne, 17620 La Gripperie Saint-Symphorien, à mi-chemin entre Rochefort et Royan.
Jean-Michel Bénier a choisi d'exposer chez lui, dans de vastes bâtiments restaurés. Le lieu, unique, se prête à cette exposition.
• Informations : www.jeanmichel-benier.com
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