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mercredi 28 juin 2017

Enigme : qui étaient les "gardiens" du château de Jonzac ?

Faisant l’objet d’une restauration qui va se poursuivre avec le castelet, le château de Jonzac a retrouvé une "copie" des bustes qui l’ornaient avant que la Révolution ne vienne les saccager. 

Devant la mairie de Jonzac, à partir de la gauche, Condé, Agrippa d'Aubigné et Mazarin
Initialement, qui étaient-ils ces personnages posés en bonne place sur leur socle en façade et contemplant le monde d'en bas ? En fait, aucun document - du moins pour l’instant  - ne mentionne leur identité. « Nous n’avons que des procès-verbaux concernant le château et des inventaires, mais rien ne concerne ces sculptures » souligne l’historien Marc Seguin. Jean Glénisson, pour sa part, les présentait comme des connétables (personnages illustres du royaume).
Sous le porche, les trois qu’on aperçoit en levant la tête sont censés être d’origine, c’est à dire du XVIIe siècle (malmenés par les révolutionnaires, ils ont retrouvé leur emplacement malgré des mutilations, sur la face en particulier). Il pourrait s’agir de Louis XIII (avis que ne partageait pas Jean Glénisson) et de deux connétables lui faisant face, le duc de Luynes (favori de Louis XIII) et le duc de Lesdiguières (fait pair de France en 1611 par Marie de Médicis).

Sculpture du XVIIe. Ce pourrait être Louis XIII mais les avis sont partagés !
En face, des connétables, les ducs de Luynes et de Lestiguières ?

Les nouvelles personnalités qui ont été sculptées par la société Socra (de Marsac-sur-l'Isle en Dordogne) ont été choisies en fonction de l’importance qu’elles occupent historiquement : Geoffroy de Sainte-Maure, époux de Viviane de Polignac, Léon de Sainte-Maure qui posséda le château de Jonzac (grand rival de Charles de Montausier à qui l’on doit la fameuse guirlande de Julie, offerte à sa femme Julie d’Angennes), Agrippé d’Aubigné, le Prince de Condé, Mazarin et Louis XIV.
Un panneau explicatif sera prochainement apposé devant la mairie afin que le public puisse se retrouver dans ce who’s who ! Le rapport de ces personnages avec Jonzac est intéressant à découvrir.
Il reste encore des supports vides situés dans les autres parties, la sous-préfecture et la propriété de Philippe Gautret. Dans un avenir qui reste à déterminer, d’autres bustes sont donc appelés à compléter la première édition.

Mazarin, Geoffroy de Sainte-Maure et Louis XIV
• Outre les bustes, on peut admirer les signes du zodiaque en terre cuite, le cadran solaire et des gargouilles dont l’une est signée Boulanger Charbonnière (1709).

Geoffroy de Sainte-Maure
• Extrait du Cercle généalogique de Sud Saintonge que préside Jean-Claude Arrivé :
• Agrippa d’Aubigné : Né en 1552 près de Pons, il était le fils d’un juge, petit seigneur des terres de Brie-sous-Archiac. D’origine modeste, le jeune Agrippa reçut une stricte éducation protestante ; il devint un brillant étudiant dans les disciplines littéraires. Pourtant, c’est vers une carrière militaire qu’il s’orienta en s’engageant très tôt dans les troupes calvinistes de Condé ; il y fit son apprentissage  en faisant des « coups de mains »  dans des localités des environs (Archiac, Pons, Oléron, Jarnac). C’est ainsi qu’à Jonzac en 1570, le jeune intrépide, tout juste âgé de 18 ans, se plaça à la tête d’une vingtaine de jeunes arquebusiers pour essayer de prendre le château de Jonzac. Celui-ci, défendu par deux compagnies françaises et deux compagnies italiennes, était protégé par une rangée de barricades formées de pieux, de planches et de barriques. L’attaque des assaillants engagea un corps à corps avec les défenseurs du château et leur fougue entraîna un retrait de la garnison à l’intérieur de la forteresse. Agrippa d’Aubigné et ses compagnons furent dans l’impossibilité de les déloger.


Louis XIII : Son passage au château de Jonzac en 1623 fut marqué par une récompense offerte à Léon de Sainte Maure pour les services rendus à la couronne de France. Le Roi érigea la terre d’Ozillac en marquisat.

Le Prince de Condé : Un prince de sang réputé pour ses victoires militaires, mais un prince arrogant, ayant une haute idée de lui-même. Il prit la tête de la Fronde avec les nobles insurgés, s’opposant au cardinal Mazarin et au jeune roi Louis XIV. Il dévasta les campagnes saintongeaises et notamment la paroisse d’Ozillac dont « la moitié des habitants, portant la moitié des tailles » quittèrent les lieux pour s’installer dans des paroisses voisines, victimes des agissements et des excès commis par la soldatesque à l’égard de la population. Après avoir conquis Saintes et Cognac, Condé perdit en 1651 cette dernière ville défendue par Léon de Sainte Maure, demeuré fidèle au roi malgré une inclination inavouée pour la Fronde des Princes. Quelques mois plus tard, en janvier 1652, revenant de guerroyer à Libourne, Condé fit une halte au château de Jonzac où la Comtesse de Sainte Maure le reçut en l’absence de son époux.

Le Prince de Condé
Le Cardinal Mazarin : Durant la Fronde, il rendit visite en 1652 à Léon de Sainte Maure pour, dit-on, « réchauffer l’ardeur de ses partisans et les mettre en garde contre les intrigues du Prince de Condé ». Ce dernier, ennemi intime de Mazarin, avait même fait alliance avec l’Espagne.
Mazarin fit, une seconde fois, étape au Château de Jonzac le 11 Juillet 1659, précédant d’un mois le roi Louis XIV, en vue de préparer la signature du traité de paix des Pyrénées entre la France et l’Espagne. Son éminence « fut reçue par le marquis de Jonzac, Léon de Sainte Maure, dans le cadre d’un somptueux régal » selon les chroniques de l’époque.

Le cardinal de Mazarin
Léon de Sainte-Maure
• Le jeune roi Louis XIV, accompagné de la Reine mère Anne d’Autriche, de Monsieur, frère du Roi et d’une partie de la Cour, séjourna au Château de Jonzac, le 16 Août 1659. La visite fut de courte durée car il rejoignait sa future épouse, l’infante Marie-Thérèse d’Autriche à Saint-Jean de Luz. L’événement dut mettre en liesse toute la contrée de Jonzac et l’effervescence devait être à son comble sur l’esplanade du château à l’arrivée du convoi royal pénétrant sans doute par la Porte de Ville. Il faut imaginer les gens de la cour accompagnant le souverain et logeant dans le château, mais aussi les soldats chargés de la protection du Roi trouvant le gîte dans les maisons des alentours. Léon de Sainte Maure, encore une fois, sut satisfaire ses hôtes d’un jour. « Ce seigneur généreux sçavoit l’art de traiter quelques fois les roys et les reynes. Estant arrivées en cette place de Jonzac, elles furent même complimentées par tous les députez des villes circonvoisines ».
Louis XIV repartit le lendemain en direction de Blaye et quelques semaines plus tard, il signa avec la Reine mère et Mazarin le traité des Pyrénées scellé par son mariage avec l’infante Marie-Thérèse.

Louis XIV. L'ensemble des nouvelles sculptures a été réalisé par la société Socra de Marsac en Dordogne
• Illustration du château de Jonzac par François Brosse, Studio Différemment.
"Publication dans "le magazine du Département de la Charente Maritime" n°49, Décembre 2013.


Basée à Marsac (24), la société Socra est spécialisée dans la restauration et la conservation d’œuvres d’arts et monuments anciens.
Parmi les ateliers qui participent à la conservation des biens culturels, Socra occupe une place particulière du fait de la spécificité de sa démarche et de l’étendue de son champ d’action. Elle intervient à la fois sur les monuments historiques, les œuvres d’art et les vestiges archéologiques en offrant des services tels que la restauration des décors en pierre, la statuaire métal, les décors mosaïques, les études techniques, etc.

Socra  a acquis une grande notoriété dans le domaine de la conservation du patrimoine en raison de son expérience développée depuis plus de cinquante ans en France et à l’étranger.
La diversité de ses domaines de compétences l’amène à participer à de grands projets de rénovation du patrimoine bâti et à collaborer aujourd’hui avec des grands noms de la création contemporaine.

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