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lundi 31 juillet 2023

Jonzac/Restauration du châtelet : La ministre de la culture, Rima Abdul Malak, fait étape au château de Jonzac

Vendredi dernier, Rima Abdul Malak, ministre de la culture, a découvert deux lieux emblématiques de Jonzac : le châtelet, qui vient d’être restauré, et le théâtre du château où se déroulent des spectacles. Cette visite était initiée par Raphaël Gérard, député, Claude Belot, président de la CDCHS et Christophe Cabri, maire de Jonzac.

La ministre de la culture, Rima Abdul Malak, aux côtés de Raphaël Gérard et Claude Belot
Patrick Carré, adjoint au maire, suit les travaux du château de Jonzac

La liste des personnages illustres ayant fait étape au château de Jonzac s’allonge. Aux figures de l’Ancien Régime dont Louis XIV qui s’y arrêta avant de se rendre à Saint-Jean-de-Luz afin d'y rencontrer sa future femme, s’ajoutent de nombreuses personnalités à une époque récente. Parmi elles, Charles de Gaulle, puis des ministres et secrétaires d'État. La dernière ministre en date n’est autre que Rima Abdul Malak, chargée de la culture. 

Vendredi dernier, Claude Belot, président de la CDCHS, l’a accueillie aux côtés de Nicolas Basselier, préfet, Raphaël Gérard, député, Chantal Guimberteau, conseillère départementale et des conseillers municipaux dont Patrick Carré, adjoint chargé des travaux. En effet, Jonzac a entrepris de restaurer son châtelet pour l’ouvrir à la visite. L'ambition est d'y créer un musée sur l’histoire de la cité. Ce nouveau grand chantier incarne l'esprit d'entreprise de la Haute-Saintonge ! Pour preuve, le centre de congrès, dont le design architectural ne passe pas inaperçu, devrait être prochainement labellisé en tant que construction contemporaine remarquable.
 
Rima Abdul Malak, Laurent Cathiard, Claude Belot
Le château de Jonzac a connu plusieurs phases de travaux : le châtelet daté de 1449, puis la création de parties d'habitation, et enfin des transformations au XIXème siècle dont le percement d'une rue intérieure et l'occupation d'une grande partie
des bâtiments par la mairie et la sous-préfecture
Superbe restauration du châtelet

Laurent Cathiard, architecte du patrimoine, a apporté des explications. L’état des lieux explique la nécessité d'une restauration : le chemin de ronde, par exemple, n’avait pas bougé depuis que les soldats d'antan guettaient d’éventuels assaillants. Seule fréquentation, les pigeons semblaient adorer l’endroit et il avait fallu repousser leurs ardeurs avec des grillages. « Dispositif défensif, ce chemin étroit et dont les petites ouvertures permettaient de voir les mouvements extérieurs est un parfait exemple de la défense militaire telle que la concevaient les bâtisseurs du XVe » estiment les spécialistes. Afin d’éviter un cul de sac, les Monuments Historiques viennent d’accepter une seconde issue à cet endroit stratégique (escalier de bois à partir d’une fenêtre existante), offrant aux visiteurs une circulation plus aisée. Un lit de chaux recouvre le sol afin de le sécuriser. Des grilles ont été apposées sur les meurtrières et des vitres sur les bouches à feu pour éviter aux fameux pigeons de faire des incursions.

Jusqu’à présent, on découvrait des murs très épais, des pièces tristes et peu spacieuses, beaucoup d’escaliers. L'ensemble des extérieurs (dont l'immense toiture) a été pris en compte. La deuxième phase des travaux concerne les aménagements intérieurs dont le décrépissage et les joints réalisés par l’entreprise Dagand, les menuiseries et charpentes effectuées par « Les Métiers du Bois » qui travaillent sur Notre-Dame de Paris. Certaines poutres, qui maintiennent les planchers, vont être changées ; le plancher qui se trouve sous la charpente tout en haut sera refait à neuf : « On essaie de garder un maximum d’éléments » souligne Patrick Carré. L’électricité a été confiée à l’entreprise Maroc : la charpente sera mise en valeur par un éclairage avec des spots. L’entreprise Albert installera des chauffages. « Si on fait venir des tableaux, la température doit être constante pour leur conservation » remarque l'élu. Les graffitis découverts sur un mur à l'étage seront sauvegardés (un second mur fera l'objet d'une recherche fin août). Le coût de cette phase est d’environ 800.000 euros, elle devrait être achevée fin 2023, début 2024. 

La scénographie du futur musée est à l’étude. Rien n’est décidé entre une proposition qui est d’axer l’éclairage sur la famille de Sainte-Maure (dont Léon, comte de Jonzac, qui agrandit et embellit le château au milieu du XVIIe siècle) et le thème de la Guerre de Cent ans jusqu’à nos jours. La partie préhistoire, gallo-romaine et mérovingienne, quant à elle, pourrait être exposée au cloître des Carmes avec l’achat de la partie qui libérera la quatrième galerie. « A la Ville de définir de manière collégiale ce qu’elle souhaite mettre en valeur dans le musée du châtelet. Dans un premier temps, quand la seconde phase sera achevée, il pourrait être ouvert au public avec des visites commentées par l’office du tourisme » souligne Patrick Carré.  

Le châtelet est appelé à accueillir un musée

 La richesse du patrimoine local

Après de longs mois où le châtelet était entouré d’échafaudages et d’une sorte de "sarcophage", il est sorti de sa chrysalide récemment, avant la cérémonie du 14 juillet et la manifestation Drôles de Rues. Le voici arborant fièrement son blason, sa lucarne flamboyante où le temps s’est arrêté (en l’attente du fonctionnement de l’horloge), ses tours et son aspect défensif car à l’époque où il a été réalisé (1449), on ne parlait pas encore de guerre en Ukraine, mais de rivalité entre les royaumes de France et d'Angleterre. 

Le travail de la pierre (sculptures, gargouilles, etc) a été remarquablement exécuté par les compagnons : aucune différence de couleur n’apparaît entre les parties anciennement traitées et les récentes. Il reste cependant le côté sous-préfecture qui n’entre pas dans les budgets municipaux. Cette partie droite, louée par l’Etat, appartient au Conseil départemental. Croisons les doigts pour que la façade soit au moins rénovée, cela permettrait d’obtenir une cohérence architecturale et visuelle de l’ensemble. 

Une ancienne ardoise du châtelet offerte à la ministre

Dans son allocution, Claude Belot a rappelé que « le château de Jonzac est l’un des témoins majeurs des édifices du XVème siècle en Charente-Maritime ». A cette occasion, il a offert à Rima Abdul Malak un morceau d‘ardoise de l’ancienne toiture du châtelet portant le sceau de la ville de Jonzac. Une visite du théâtre, aménagé dans la cour du château au XIXème siècle, a également été organisée. Ce lieu, où de nombreux artistes ont été reçus et applaudis, a été salué par la ministre. C’est vrai qu’il est beau, notre théâtre à l'italienne, parfois qualifié de « bonbonnière » !

Ces visites ministérielles en province sont intéressantes : elles mettent l’accent sur la richesse du patrimoine local et rappellent que l’histoire ne s’est pas seulement écrite dans les grandes agglomérations où tout est censé se dérouler. « Je suis très heureux de la venue de la ministre à Jonzac, l’Etat a largement contribué financièrement à la rénovation du châtelet. Je remercie Raphaël Gérard d’avoir demandé à Rima Abdul Malek d’inscrire la capitale de la Haute Saintonge sur sa feuille de route » déclare Christophe Cabri (absent vendredi car se trouvant en vacances). 

Le château de Jonzac a été construit sur un éperon rocheux

• L’objectif de la municipalité est d’ouvrir le châtelet au public

Parmi les pistes étudiées, pourraient figurer un musée de la Guerre de Cent ans et un éclairage sur les occupants du château dont Pierre Bouchard d’Esparbès de Lussan d’Aubeterre. Un tableau, peint par J.P. Lescrimier en 1727 et exposé à la mairie, est dédié à ses enfants à travers les cinq sens. Louis XIV, Charles de Gaulle et d’autres personnages sont venus au château de Jonzac. La ville de Jonzac est également connue pour ses deux résistants de la Seconde Guerre mondiale, Pierre Ruibet et Claude Gatineau. L’édifice a été classé en 1843 au titre des Monuments historiques. 

Découverte du théâtre du château

• Le coût des travaux : 

Phase 1) 1 446 692 euros financés par la DRAC (40%) ; le Département (20%) ; la Région Nouvelle-Aquitaine 60.000 euros ; l’Etat (15%) ; Fondation du Patrimoine 100.000 euros ; dons issus de la Fondation du Patrimoine, souscription jusqu’à fin septembre (vous pouvez contribuer !) ; Participation de la mairie : environ 230000 euros.

Deuxième phase : 793837 euros, demande de subventions en cours  

Troisième phase : à l’étude, chiffrée à environ 800.000 euros. 

Charpente monumentale
Le chemin de ronde
 • Un peu d'histoire : 

Déjà mentionné au Xle siècle, le premier château a été détruit pendant la guerre de Cent ans. Une date figure sur l'entrée actuelle : 1449. L'édifice a été plusieurs fois agrandi et remanié au cours des siècles. Le châtelet, dont la mission était défensive avec son chemin de ronde, a été réaménagé au XXème siècle en logement réservé au concierge et en lieu de stockage (documents et accessoires). L'une des tours abritait l'Office de tourisme et Radio-Jonzac. ll a été laissé progressivement vacant, en proie aux vicissitudes du temps. La municipalité a pour objectif d'y faire un musée.

PHOTOS NICOLE BERTIN

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